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CENI : Arrêtez la passe d’armes !

Publié le jeudi 4 octobre 2018 à 23h48min

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CENI : Arrêtez la passe d’armes !

Ce n’est un secret pour personne. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) vit aujourd’hui une situation de crise, par médias interposés. Cette passe d’armes nous interpelle tous. D’aucuns diront, de quoi je me mêle ! Et pourtant le jeu en vaut la chandelle.

« Je jure d’exercer mes fonctions en toute intégrité, objectivité et probité en m’abstenant de tout comportement susceptible de nuire à la totale transparence dans l’organisation, la supervision des opérations électorales et référendaires, et en accomplissant, conformément à la loi, avec loyauté, honneur et patriotisme, les tâches liées à ma fonction ».

C’est en ces termes lourds de responsabilité que chacun des quinze commissaires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a prêté serment devant le Conseil constitutionnel, pour un mandat de cinq ans. C’était mercredi, 27 juillet 2016 à Ouagadougou, lors d’une audience solennelle présidée par le magistrat de renom Kassoum Kambou.

Ce serment qui sacre les quinze personnalités au titre prestigieux de commissaires de la CENI, au-delà de son rituel juridique, de sa solennité conventionnelle et de sa symbolique politique, est une profession de foi. En effet, il engage désormais les commissaires « devant le peuple et sur leur honneur » dans un contrat de droits mais surtout de devoirs et d’obligations envers la Nation toute entière.

La responsabilité de l’engagement est lourde en termes de labeur, d’ardeur, de dévouement, de loyauté, de maturité, de morale vertueuse, de don de soi et d’énormes sacrifices. Surtout dans ce Burkina Faso post-insurrectionnel où la vie est faite d’une succession de défis dont la régulation requiert du bon sens, de l’endurance, de la volonté, du courage, une certaine hauteur d’esprit et une lecture éclairée des actions à entreprendre.

Toutes ces valeurs imbriquées d’une même force, sont indispensables aux commissaires de la CENI pour ennoblir la démocratie et la gouvernance burkinabè, pour mériter la confiance et la fierté que le peuple est en droit d’attendre d’eux.

Mais que constatons-nous aujourd’hui ? Une passe d’armes entre certains commissaires de la CENI et leur premier responsable, Newton Ahmed Barry.

Notre mission ici, ce n’est nullement de dire qui a raison et qui a tort ! Laissons ce jugement au tribunal de l’histoire. Une chose est certaine, si la CENI, dans sa configuration actuelle, ambitionne de réussir et d’accomplir la mission à elle confiée, elle se doit de faire preuve de plus de capacité et d’aptitude à forger son propre destin, en se débarrassant de ses tares, de ses incohérences et de ses insuffisances (supposées ou réelles), qu’elle arbore aujourd’hui par presse interposée.

C’est en partant essentiellement de l’intérêt du peuple, de ses attentes et préoccupations (et non des intérêts partisans et des égoïsmes politiques) que les actions de la CENI devraient être pensées et exécutées avec noblesse. Et cela dans un esprit de sagesse et de notoriété, de perspicacité et de sacrifices. La CENI ne doit pas être ce temple des manigances, des démonstrations de force, encore moins des défiances, des méfiances et des influences sous tutelles.

La CENI mérite mieux que cela. Alors, il faut rompre, pendant qu’il est encore temps, avec ce rituel de la violence verbale, de la haine politique, pour cultiver le langage de la contradiction certes, mais le langage de l’argumentation, de la responsabilité et du fair-play. D’aucuns diront que c’est l’ambiance du moment, où tous les coups sont permis. Soit ! Mais n’oublions pas que le jeu démocratique a ses règles, sa déontologie voire son éthique qu’il convient de respecter pour ne pas verser dans le registre des querelles de clochers, des batailles rangées et surtout dans la rhétorique du dénigrement systématique ou dans le jeu du « ping-pong ». Car très souvent, ceux qui parlent « politique » prennent ceux-là qui les écoutent, pour ce qu’ils ne sont pas : les dindons de la farce.

Alors, sachons rester dans la juste mesure ! Car la fonction de commissaire ou de président de la CENI est ambitieuse et interpelle au devoir d’humilité et de réalisme, au devoir du savoir-faire et du savoir-être, au devoir d’efficacité et de rigueur, au devoir du bon exemple et de la référence, au devoir d’amour de la Patrie.

Moulé dans cet esprit, il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette structure saura porter les valeurs d’une relation intime et fructueuse avec les populations ; et les vertus d’un entrain collectif sur les chantiers de la construction de la démocratie, dans un environnement de tolérance et dans une ambiance de rassemblement qui privilégient le bien-être pour le Burkina Faso et l’épanouissement dans « la gestion et la conduite des élections à venir » de façon transparente, équitable et paisible.

La CENI, dont les commissaires sont issus de divers milieux sociopolitiques, sera-t-elle à la hauteur de l’espérance ? Difficile de jouer au prophète des lendemains. Surtout dans ce domaine bien particulier qu’est la politique, un sport où la clarté du jeu n’est pas toujours de mise.

Au regard de tout cela, le moins que l’on peut souhaiter à ces quinze commissaires de la République, c’est qu’ils puissent tirer leurs inspirations des grandes actions qui font les grandes institutions de l’histoire. Car il n’y a rien de plus sacré que de servir une cause noble. C’est cela, pensons-nous, qui donnera un sens à leur serment.
Sans rancune, Messieurs et Mesdames de la CENI !

Sita TARBAGDO (collaborateur)

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 octobre 2018 à 16:13, par Idrissa OUEDRAOGO En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    On a vraiment du plaisir à vous lire toutes tendances confondues. C’est du propre !

  • Le 4 octobre 2018 à 18:18, par Tilaï En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Merci pour votre contribution, M. Tarbagdo, mais je ne partage pas votre avis !
    Ne mettons pas du sparadrap sur une plaie non désinfectée !... Les accusations (fondées ou pas) des 5 commissaires sont gravissimes. Conscient de cela, le Président de la CENI a saisi les structures compétentes pour éclairer l’opinion publique. Alors, attendons les résultats et que le ou les fautifs soient châtiés pour manquement à leur serment.
    Dieu bénisse le Burkina Faso. Amen !

  • Le 4 octobre 2018 à 20:19, par gohoga En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Merci tout est dit. Malheureusement adresser aux politiciens dont la majorité est claire comme la robe du juge ;
    méchant comme un génocidaire ;
    menteur comme dentiste ;
    hypocrite comme diplomate.

  • Le 5 octobre 2018 à 07:24, par Folendé En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Oui, c’est vrai, il faut arrêter ça. Cela devrait être un linge sale qui méritait d’être lavé en famille. Maintenant que tout est déballé et la crise de confiance est si profonde que seule une repentance collective au sein de la structure peut ranimée. A défaut, que les autorités prennent leur responsabilité pour renouveler tous les commissaires, y compris ceux qui croient ne rien avoir à se reprocher, et que la nouvelle équipe sache tirer leçon des insuffisances de la précédente pour rassurer les Burkinabè et réussir dans le calme et la discrétion la mission à eux confiée..

  • Le 5 octobre 2018 à 08:19, par Nikiema En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Sita TARBAGDO, je voulais juste vous demander si les accusations portées contre Newton Amed Barry par les commissaires de la CENI sont fondées ou pas ?
    Parce que ce que j’ai lu dans l’article précédent, tout était clair et bien annoncé par les commissaires de la CENI. De la singularité de sa démarche au sein de la structure. Du caractère captieux de sa déclaration, truffée de contre-vérités. De la plateforme multicanal de révision du fichier électoral qui risque de créer une crise pré électorale. Des marchés publics octroyés de gré à gré.
    Comme quoi, il n’y a pas de fumée sans feu. Newton Amed Barry doit se remettre en cause, car c’est la première fois d’entendre une telle crise au sein de la CENI.

  • Le 5 octobre 2018 à 08:28, par YAAM SOBA En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Mais que voulez vous ?
    Vous voulez que les commissaires de la CENI se taisent face à la gestion autocratique du Président Newton Amed Barry ?
    Dès l’installation de la nouvelle équipe, vous, NAB, en plantant le décor sur ses supposés prérogatives, n’a pas manqué de confondre nomination et recrutement en recrutant, sans aucune procédure légale, des agents qu’il a nommés directement à des postes de responsabilité. Rattrapé par les exigences administratives et financières, il a tenté de régulariser, sans succès, cette situation par l’intégration de ces agents dans la Fonction publique. Nul doute que tôt ou tard, cette question fera surface ! Et ces allégations sont vérifiables.

  • Le 5 octobre 2018 à 08:41, par RIGOBERT En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Il faut reconnaître que l’actuel président de la CENI gère cette institution de manière autocrate.
    Lors de l’assemblée plénière, convoquée pour échanger sur le processus électoral, les commissaires ont émis l’idée salvatrice d’une retraite au cours de laquelle ils devraient s’approprier les nouvelles dispositions et analyser les implications de celles-ci sur le mode opératoire de l’enrôlement des électeurs et les activités liées au vote. La proposition a été rejetée par le président Barry au motif que l’institution devait attendre la prise du Décret officiel convoquant le corps électoral.

    Mais, à la surprise générale, les commissaires apprennent qu’il a fait confectionner, par les services techniques, une maquette de récépissé à remettre à l’électeur après son enrôlement. Cette maquette, assortie d’un budget additionnel de plus d’un milliard de francs requis, a été présentée par le président Barry au Gouvernement. Ainsi, ni la forme, ni le contenu et encore moins le budget supplémentaire induit par l’exigence de délivrer un récépissé d’enrôlement n’ont été soumis à l’appréciation des commissaires, violant, de ce fait, le règlement intérieur de l’institution et l’article 53 du Code électoral. C’est seulement le 11 septembre, après avoir été probablement avisé du courroux de certains commissaires, qu’il a pensé que, pour contenir ce courroux, il fallait faire machine arrière, sauver ainsi les apparences.

    Pour ce faire, la maquette a été transmise aux membres du bureau pour examen à la réunion à venir, après l’avoir déjà présentée officiellement aux Autorités administratives du pays. Par cet agissement, Newton Barry vient de démontrer, encore une fois, que le fonctionnement de l’institution devrait s’accommoder des désidératas d’un individu.
    Est-ce possible qu’il y ait entente dans un tel climat ?

  • Le 5 octobre 2018 à 10:13, par le paysan En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    La contribution de M TARBAGDO nous interpelle tous. Voila des gens qui prêtent serment et voila ce qui se passe. Cela même doit interpeller même des magistrats, des DG et autres qui sont des décideurs dans ce Faso. Que Dieu nous guide.

    • Le 5 octobre 2018 à 13:56, par YAAM SOBA En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

      Je suis désolé mon cher internaute "le paysan", mais son analyse très partisane, car la personne ne pose pas le problème de fond sur la table pour ne pas envoyer la responsabilité à NAB.

  • Le 5 octobre 2018 à 13:45, par Ferkêbougou En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Au regard de la situation délétère qui prévaut à la CENI, l’interrogation est permise sur le départ, en l’espace d’un an, et comme par hasard, de deux cadres de la chaîne financière (le Directeur de l’Administration et des Finances et le Directeur des Marchés publics), tous nommés par Newton Amed Barry himself.
    Sita TARBAGDO comment expliquez vous celà ?

  • Le 5 octobre 2018 à 14:24, par Le réaliste En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Il faut être réaliste, cet écrit est très pertinent et digne du Burkinabè. Malheureusement, l’honneur et la dignité ne disent rien à beaucoup d’entre nous depuis la longue mal gouvernance de l’autre. Voilà des gens dont le budget prend en compte à cent pour cent la couverture sanitaire de tous les membres de leurs familles respectives à l’hôpital de Tingandogo (ex Blaise COMPAORE) et même hors du Burkina sans compter les nombreux autres avantages, et malgré tout, ils n’arrivent pas s’entendre pour contribuer à la paix sociale tant attendue pour l’intérêt national. Chacun réclame que les avantages soient les mêmes pour les quinze (15) qu’ils sont, et chacun prend des directives politiques avec son soit disant président de parti pour exiger la prise en compte par tous les commissaires. C’est dommage que leur budget soit suffisamment gonflé tout comme celui de l’Assemblée qui est passé du simple au double pour des activités totalement irréalistes. Du gachi !!!!!!!!!!. Dommage pour le Pays des feux Thomas Noel Isidore SANKARA et de Norbert ZONGO.

  • Le 6 octobre 2018 à 13:28, par jeunedame seret En réponse à : CENI : Arrêtez la passe d’armes !

    Patron Sita TARBAGDO ; votre message sans rancune, mais avec parti pris. Un journaliste ne peut pas être objectif ou neutre. En attendant, s’il y a trop de mesquineries dans la CENI, réclamez des démissions ou expulsions. Car, tout manque d’éthique est imputable au chevet.

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