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Procès du coup d’État manqué : Abdou Compaoré, le « mécanicien » armé de kalachnikov

Publié le samedi 15 septembre 2018 à 00h28min

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Procès du coup d’État manqué : Abdou Compaoré, le « mécanicien » armé de kalachnikov

Le soldat de première classe Abdou Compaoré était à la barre ce 14 septembre 2018, pour répondre de trois chefs d’accusation dans le cadre du coup d’État de septembre 2015. Assisté d’un interprète, le mooréphone a plaidé non-coupable, tout en reconnaissant avoir effectué une sortie à la Place de la nation, en vue de dépanner une moto. Sur la route du retour au camp Naaba Koom, il a dû faire usage de son arme pour se soustraire d’une foule en colère, alors que son chef de mission avait mis les voiles.

Complicité d’attentat à la sûreté de l’État, meurtres sur treize personnes, coups et blessures sur 42 autres. Ces charges pèsent sur le soldat de première classe Abdou Compaoré, qui ne se reconnaît nullement dans ces infractions. Le mécanicien du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a cependant reconnu avoir effectué deux sorties pendant les événements, chaque fois pour des raisons de dépannage.

« Nous ne sommes pas sortis faire de patrouille, je ne fais pas de patrouille. Mon travail c’est au garage », a-t-il insisté tout au long de son audition.

La première sortie, c’est le sergent Guiré qui est venu au garage lui demander de l’accompagner à la Place de la nation pour y dépanner une moto. À cette mission, le soldat est parti armé. Pourtant, il a déclaré à la barre qu’en ce moment, il ne savait pas qu’une situation anomale se passait au Burkina. « C’est à la barre ici que le parquet m’apprend qu’il y a eu coup d’État », a-t-il laissé entendre.

« En temps normal, les missions de dépannage se font-elles armé ? », demandera le parquet à l’accusé. Pour le soldat, le fusil est un instrument de travail et il ne pouvait pas le laisser au garage pour aller sur le terrain. Le faire, c’est courir le risque qu’une tierce personne l’utilise pour lui faire endosser les conséquences après. C’est seulement par mesure de précaution qu’il a amené son arme avec lui.

En route pour le retour, un incident s’est produit. Juché derrière la moto conduite par le sergent Guiré, le commando rencontre des manifestants déchainés. La route est barricadée. Le chef de mission, qui a le grade de sergent, donne l’ordre au subordonné de descendre pour les dégager.
En ce moment, les manifestants se montrent violents, et selon le soldat, ils leur jetaient des cailloux. Le chef de mission est parti le laisser. « Ils m’ont jeté des cailloux dans le dos, jusqu’à présent j’ai toujours mal », confie l’accusé. Alors, pour se soustraire, il a dû effectuer des tirs en l’air. Une vidéo l’atteste d’ailleurs et l’accusé n’a pas nié les tirs.

À ce moment, le ministère public lui demande si lors de son interrogatoire au fond devant le juge d’instruction, une vidéo montrant une personne agonisant lui avait été présentée. Après moult tournures, il notera qu’il a juste tiré en l’air et que cela ne pouvait pas avoir de telles conséquences. « Quand on tire en l’air, les balles vont très loin, et quand elles reviennent, elles peuvent, au pire des cas, blesser, mais sans être mortelles », s’est défendu le mécanicien.

Le parquet a, quant à lui, rappelé au soldat qu’il y avait une disproportion des forces. Entre des cailloux et une kalachnikov. Pour sa défense, le client de Me Kéré a noté qu’il était coincé et n’avait pas d’autre choix, surtout que son chef est parti le laisser avec les manifestants sur le dos...

Avant de rejoindre sa place, le soldat de première classe Abdou Compaoré a présenté ses condoléances aux parents des victimes, prompt rétablissement aux blessés, longue vie au président du tribunal et à tout le monde.


Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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