LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Grillade de maïs frais : Une activité de survie économique pour plusieurs femmes à Ouagadougou

Publié le mercredi 5 septembre 2018 à 22h00min

PARTAGER :                          
Grillade de maïs frais : Une activité de survie économique pour plusieurs femmes à Ouagadougou

Le maïs grillé entre de plus en plus dans les habitudes de consommation quotidienne des citoyens de Ouagadougou. Par plaisir ou par nécessité. Pour leur permettre d’avoir cette céréale, plusieurs femmes s’adonnent à l’activité de grillade de maïs frais aux abords des rues de la capitale burkinabè. Toute chose qui leur permet d’engranger des revenus. Une activité qui n’est pas sans difficultés.

Odile Nikiema est mère de deux enfants. Son mari est vigile dans une société de la place. Depuis trois ans, dame Nikiema a abandonné l’activité de nettoyage (femme de ménage) qu’elle exerçait, pour se consacrer à la grillade de maïs frais. « Avant, je travaillais comme femme de ménage. Mais depuis trois ans maintenant, je vends du maïs frais. Je me lève à 4h du matin pour aller à la recherche du maïs frais. À mon retour vers 8h, j’achète du charbon et je commence à griller et vendre jusqu’à 18h », relate-t-elle. Pour s’approvisionner en « matière première », elle parcourt souvent plusieurs kilomètres, à vélo. « Nous sommes quatre femmes à se suivre pour aller chercher le maïs frais. De Tampouy où nous habitons, nous partons souvent à Zabre-daaga, Kouweogo ou Laarlé », explique-t-elle.

Comme Odile, elles sont des centaines de femmes à s’adonner à cette activité, surtout en cette période d’hivernage. À quelques mètres de la mairie de l’arrondissement n°3 de Ouagadougou où elle exerce, plusieurs autres femmes ou jeunes filles font la même activité. À notre arrivée, un tricycle rempli de maïs stationne.

Plusieurs femmes se bousculent dans un tohu-bohu général pour s’y approvisionner. « Je viens de Bassenga à 25 km d’ici, je vends trois épis de maïs à 200 F CFA. J’approvisionne plusieurs quartiers de Ouagadougou. Par jour, je peux vendre pour 100 000 F », explique Halidou Kongo, le conducteur du tricycle. S’il reconnait faire de bonnes affaires, ce n’est pas toujours le cas pour ses clientes qui le trouvent cher.

« C’est cher ! Pourtant, je dois beaucoup vendre pour scolariser mes enfants », lance Bibata Kouama. « C’est parce qu’il n’y a rien à faire, sinon ce n’est pas facile d’exercer cette activité », renchérit Yamine Badini, élève qui vend du maïs grillé pour payer ses frais de scolarité. Odile, qui s’est approvisionnée ailleurs, est du même avis que ses « collègues ». « L’an dernier, on achetait cinq [épis de] maïs frais à 225 F CFA. Cette année, c’est trois maïs frais à 200 F.

Hier, j’ai acheté pour 6000 F, mais je n’ai pu revendre que pour 4500 F. Donc, il y a des jours où on fait des pertes, parfois aussi on fait de petits bénéfices », explique Odile. Si elles s’appesantissent sur les difficultés, elles reconnaissent aussi que l’activité est rentable. C’est d’ailleurs pourquoi elles continuent depuis plusieurs années. « Cela fait cinq ans que je vends du maïs grillé. Je gagne souvent des bénéfices qui me permettent de scolariser mes enfants et de subvenir à mes petits besoins », confie Bibata Kouama. Sa voisine aussi embouche la même trompette. « Je pratique l’activité depuis trois ans. Avant de m’y lancer, je coupais les herbes pour vendre aux éleveurs, mais cela n’était pas rentable.

Maintenant, j’arrive à soutenir mon mari dans la scolarisation des enfants », soutient-elle. Lydia Tiogo est nouvelle dans l’exercice de ce métier. « Je travaillais avant dans un restaurant. Vu les mésententes entre mon patron et moi, j’ai décidé de pratiquer cette activité. Le plus souvent, je m’approvisionne chez un livreur à Tampouy. Par jour, je peux gagner 500 à 525 F CFA comme bénéfice », précise-t-elle.

Cette activité de grillade de maïs permet à des centaines de personnes d’avoir quelques subsides pour assurer à leurs familles le pain quotidien, surtout en cette période de soudure. Avec tous les risques et difficultés que cela comporte.

Edouard Samboe (stagiaire)
Lefaso.net

Portfolio

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique