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Procès du coup d’État : « Arrêter le président, pour moi, ce n’est pas normal » (soldat de 1re classe Issaka Ouédraogo)

Publié le dimanche 2 septembre 2018 à 15h25min

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Procès du coup d’État : « Arrêter le président, pour moi, ce n’est pas normal » (soldat de 1re classe Issaka Ouédraogo)

Ce samedi 1er septembre 2018, l’accusé Issaka Ouédraogo a comparu devant le tribunal militaire. Il est poursuivi pour des faits d’attentat à la sûreté de l’État, meurtre de treize personnes et coups et blessures volontaires sur 42 autres. Les deux dernières accusations sont la conséquence prévisible de l’attentat à la sûreté de l’Etat. L’accusé a rejeté ces trois accusations. C’est ainsi que le président du tribunal, le juge Seydou Ouédraogo, l’invita à s’expliquer.

L’accusé Issiaka Ouédraogo a rejeté les charges qui pèsent contre lui, lors de son interrogatoire, ce samedi 1er septembre 2018. Il dit n’avoir participé à aucun évènement qui pourrait le rattacher aux faits. Pour preuve, explique-t-il, le 16 septembre 2015, il était de garde au domicile privé du président de la Transition, Michel Kafando. Il dit avoir appris l’arrestation des autorités de la Transition à travers la radio. Aussitôt, il s’est résolu à se rendre au camp Naaba-Koom, aux environs de 16h, dans le but de se renseigner. À son arrivée, il y avait un rassemblement.

Étant malade (hypertendu), il a préféré rester couché dans sa voiture, en attendant la fin du rassemblement, dit-il. À l’issue de la rencontre, il est ressorti que le quartier était consigné. Il lui était donc impossible de retourner à son poste de garde. Cependant, étant malade, il pouvait rentrer à la maison. En bon militaire, et comme tout bon soldat dans ces circonstances, il a décidé de rester auprès de son chef, déclare-t-il.

La seule mission qu’il a effectuée a été de conduire le major Badiel et l’adjudant Ouekouri Kossé, le 18 septembre 2015, au domicile de Salifou Diallo, car l’on faisait cas de pillage de ladite maison. « Comme c’était pour arranger, je suis parti », se justifie-t-il.

Le procureur militaire n’est pas convaincu de sa narration. Il lui demande donc s’il est normal, selon lui, que le président soit arrêté. À cette interrogation, l’accusé répond par la négative. « Arrêter un président, pour moi, ce n’est pas normal », confesse-t-il. Pour le parquet, il a soutenu le coup d’État. Pour preuve, il révèle que l’accusé a reçu de l’argent de la Côte d’Ivoire par l’intermédiaire de l’adjudant Jean Florent Nion, lui aussi inculpé dans ce dossier. L’accusé, sur ce sujet, invitera le parquet à se référer à ce dernier.

Les avocats de l’accusé, maîtres Baziemo et Yamba, ayant parcouru le dossier, estiment qu’il n’y a aucun acte qui puisse rattacher leur client aux faits. Pour eux, le fait que le client se soit rendu au camp Naaba-Koom ne constitue nullement un acte de complicité. Pour ce qui est de la question de l’argent reçu, la défense estime que cette question n’a pas fait l’objet de débat avec le juge d’instruction. Les avocats souhaitent donc que la pièce soit retirée.
Le parquet s’y oppose, en faisant savoir que la loi l’autorise à apporter les preuves par tous les moyens. En plus, la pièce existe dans le dossier, rétorque-t-il. Il n’y a donc pas de raison qu’elle soit rejetée, conclut le parquet. L’exception soulevée, selon le président, sera traitée plus tard. Son interrogatoire a pris fin au bout de deux heures.

Moutian Koumbia lui succède à la barre.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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