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Liberté d’expression au Burkina : « Je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont » (Naïm Touré)

Publié le jeudi 30 août 2018 à 22h05min

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Liberté d’expression au Burkina : « Je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont » (Naïm Touré)

Les membres du Comité d’initiative pour la défense et la protection des utilisateurs des réseaux sociaux ont rencontré les journalistes dans la matinée du jeudi 30 août 2018, à Ouagadougou. Il s’est agi pour eux de donner leur point de vue sur la détention du lanceur d’alerte, Naïm Touré, et de faire un briefing des actions entreprises et qui ont permis sa libération le 19 août dernier, après avoir purgé deux mois de prison ferme à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour « trouble à l’ordre public, provocations non-suivies d’effets ».

Pour s’être indigné face au sort réservé à un gendarme blessé lors d’une intervention anti-terroriste au quartier Rayongo de Ouagadougou, le lanceur d’alerte, Naïm Touré, avait été condamné à deux mois de prison ferme par le Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Un verdict que le Comité d’initiative pour la défense et la protection des utilisateurs des réseaux sociaux, à travers son porte-parole, a qualifié d’une cabale répressive politico-judiciaire contre non seulement ce dernier, mais aussi et surtout contre ceux qui ont une liberté de ton.

« Toutes les personnes qui ont effectué le déplacement au palais de justice lors du procès ont compris que le dossier de l’activiste était vide (…) », a affirmé en substance Almamy K.J. De son avis, cette manière de condamner l’activiste fait l’affaire des politiques « fossoyeurs » de la liberté d’expression au Burkina Faso. Une liberté pourtant chère aux Burkinabè ; que ce soit sur les réseaux sociaux ou en dehors. C’est ce qui a d’ailleurs justifié la forte mobilisation qui a été notée autour de cette affaire, tant au niveau national qu’international.

Finalement, le lanceur d’alerte a été libéré le 19 août dernier, après avoir purgé sa peine. Reconnaissant, le porte-parole a adressé ses remerciements à tous ceux qui ont spontanément élevé la voix, écrit et posé des actes pour la libération de leur « camarade ». Il a spécialement fait un clin d’œil au Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et le collectif d’avocats. Le comité, faut-il le rappeler, n’est pas resté en marge de cette affaire. Il a, en effet, tenu un concert-meeting le 27 juin dernier pour la défense de la liberté d’expression et s’est assuré d’un séjour acceptable pour Naïm Touré en prison.

A cet effet, Almamy K.J. a confié que certaines de ces actions ont été possibles grâce à une collecte de fonds initiée du 20 au 27 juin 2018. 2 107 008 F CFA, c’est la somme qui a été collectée. 1 486 000 F CFA ont été injectés dans les dépenses (ndlr : concert-meeting, contribution aux dépenses de Naïm Touré durant la période de détention et après sa libération). Le reliquat pour les activités à venir est de 621 008 F CFA. Dès demain (vendredi 31 août), Naïm Touré, accompagné du comité, ira remercier le MBDHP pour l’appui. Le 29 septembre prochain, un panel est prévu sur la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, la mise en place d’une organisation formelle défendant les cyber-activistes, etc.

La liberté d’expression tient à cœur les responsables de ce cadre de défense. Dans ce sens, ils ont repris l’écrit d’un internaute sur sa page Facebook, qui salue la libération de Naïm Touré. « Il faut espérer que plus jamais un webactiviste [ne] soit incarcéré au Burkina Faso sur [la] base de ses écrits. L’internet est et doit rester un espace de liberté d’expression citoyenne, un endroit où on peut parler, (…) critiquer sans avoir peur, se clasher si besoin, sans censure. La liberté d’expression n’est pas à géométrie variable. Soit elle est effective, et s’applique à tout le monde, soit elle n’existe pas », a-t-il dit.

Naïm

Présent à la conférence de presse, Naïm Touré a donné son point de vue sur la liberté d’expression dans notre pays : « Je suis très inquiet, parce que nous constatons un recul grave de la liberté d’expression au Burkina Faso. Depuis l’accession du président Roch Kaboré au pouvoir, il y a eu plusieurs signaux. Je crois que ça fait la quatrième fois que je suis convoqué et écroué pour mes opinions. Également, Madi Ouédraogo [plus connu sous l’appellation de Madi de Gounghin, ndlr], a été convoqué à la gendarmerie pour répondre par rapport à une publication sur les réseaux sociaux. Hier aussi, on a appris que Safiatou Lopez a eu des problèmes. Nous ne pouvons que penser que c’est juste à cause de ses opinions qu’elle est harcelée en ce moment. Nous attendons un communiqué des autorités judiciaires pour être situé ».

Il a, en outre, défié quiconque pouvant apporter une preuve qu’il appartient à un parti politique. Avant de rejeter en bloc toutes les accusations à son encontre. « Si le climat social est fragile, ce n’est pas notre faute. Ce n’est pas Naïm Touré qui demande aux syndicats de sortir. Ce n’est pas Naïm Touré qui ordonne aux terroristes d’attaquer. Je n’ai rien à voir. Si le MPP n’arrive pas à gérer le pouvoir, qu’il ne m’accuse pas. Moi, je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont. Et en général, toutes les informations que je donne sont vraies », a poussé le lanceur d’alerte.

Par la suite, les journalistes ont voulu savoir si les réseaux sociaux sont des espaces où chacun a la liberté de s’exprimer, quitte à mettre le pays en danger. « Notre action ne peut pas mettre en danger le pays. Bien au contraire, ce sont des actions d’interpellation », a répondu Oumarou Hébié, membre du comité.

Sur les limites des activistes dans l’utilisation des réseaux sociaux, il répond : « C’est la limite que la loi impose. Mais il y a une différence entre la loi telle qu’elle est, et l’utilisation que les pouvoirs publics veulent en faire pour réprimer. Dans les chefs d’accusation retenus contre Naïm [Touré], c’est comme si on avait arrêté un terroriste. Il n’a pas fait trois jours de garde-à-vue, mais cinq [14 au 18 juin] ».

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2018 à 08:14, par Merde Alors En réponse à : Liberté d’expression au Burkina : « Je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont » (Naïm Touré)

    Le gars a fait ces deux mois de prison et vous voulez nous faire croire que ce sont vos actions qui ont permis sa libération.
    Quand on a rien a dire, on se tait. Vous allez le pousser à se gonfler et il retournera en prison. Avec les temps qui courent, le peuple ne tolèrera personne qui tente de semer la merde pour ajouter à l’existant.
    Merde alors !

  • Le 31 août 2018 à 09:00, par hampathe En réponse à : Liberté d’expression au Burkina : « Je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont » (Naïm Touré)

    Il faut que les cyberactivistes du Burkina sachent que l’information en tant de guerre est une donnee sensible.
    La question qu’ils doivent se poser est : Sommes-nous en guerre contre le terrorisme ?
    Si la reponse est oui, alors il faut eviter toute action qui pourrait galvaniser les terroristes et decourager les notres, surtout via la toile qui est de portee illimitee.
    Si la reponse est non, alors continuez a defendre la liberte d’expression.
    J’ose esperer que le but de nos cyberactivistes n’est pas de creer le buzz.

  • Le 31 août 2018 à 09:48, par Pathe Diallo En réponse à : Liberté d’expression au Burkina : « Je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont » (Naïm Touré)

    La liberté d’expression a des limites même en temps de paix. Dans ces conditions, quand nous sommes en tant de guerre chacun devra faire attention à ce qu’il dit, il y va de l’intérêt suprême de la nation. A défaut de ne pas être aux côtés de nos troupes sur le terrain, veillons au moins à ne pas les démoraliser !

    Que Dieu sauve le Faso

  • Le 31 août 2018 à 15:40, par Bodo En réponse à : Liberté d’expression au Burkina : « Je ne fais que dire les choses telles qu’elles sont » (Naïm Touré)

    M. TOURE, voyez-vous, vous pouvez demander à être chroniqueur sur une radio ou dans un journal. En ce moment, vous avez une structure dans laquelle vous travaillez et qui a un rédacteur en chef, une ligne éditoriale. Vous pourrez même bénéficier d’une formation.

    Car donner l’information en soi, c’est une activité pour laquelle des gens ont des études, jusqu’au Doctorat même : c’est-à-dire une dizaine d’année de formation. C’est une science qui en appelle à beaucoup d’autres sciences.

    Regardez un peu : vous dites que vous avez relatez les faits, tels quels. Hé bien non. Vous avez insulté des personnes. Vous n’avez donc pas le sens des valeurs.

    Un conseil : vous souhaitez le retour d’un régime. Bien c’est votre droit le plus absolu. Mais en souhaitant la destruction des structures en place, vous faites dans le désespoir et vous souhaitez la désagrégation du pays. Cela ferait votre bonheur. Mais n’est-ce pas mieux de prendre les rennes d’un pays en marche ?

    Ne soyez pas comme ces personnes qui souhaitent le choléra à leur voisin, afin d’être les seuls heureux dans la ville. Car en fin de compte, le choléra pourrait le toucher ou toucher leurs proches. Seront-ils heureux ?

    Et puis, vous personnellement, dans 30 ans que diront les Burkinabè de vous ? Pensez-y, mais ne réfléchissez pas seulement à ce que vous gagnez de matériel ou de financier, jusque pour quelques jours. Il y a des personnes qui sont immensément riches, qui ont gagné de l’argent et des bien en spoliant les autres, en insultant... Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Pensez-y

    Une idée : si vous pouvez utiliser votre aura sur les réseaux sociaux, pour sensibiliser à la propreté à Ouaga ou au respect les uns des autres : imaginez ce que vous gagnerez comme dignité et Dieu vous le revaudra. Et c’est le plus important à mon humble avis.

    Regardez comment va notre monde en général et notre Burkina Faso en particulier : tout le monde s’insulte, les maladies sont légions, les jeunes se donnent à l’alcool et à la drogue, à la prostitution, ils ne veulent plus étudier, il y a la corruption...

    Est-ce que le Prohète Mahomet (PSL), Jésus, Bouddah... ont insulté les gens qu’ils sont venus convertir ? Non. Et pourtant, ils sont venus car ces gens-là étaient à s’améliorer.

    Que Dieu vous bénisse surtout, et nous avec. Amen !

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