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Procès du coup d’Etat manqué : les deux versions du sergent Lamoussa Badoum divisent le parquet et la défense

Publié le mercredi 29 août 2018 à 00h23min

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Procès du coup d’Etat manqué : les deux versions du sergent Lamoussa Badoum divisent le parquet et la défense

Le sergent Lamoussa Badoum est passé à la barre, ce mardi 28 août 2018, dans le cadre du procès du coup d’Etat de septembre 2015. Il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, et dégradation volontaire aggravée de biens. Lamoussa Badoum a plaidé non-coupable.

Avant tout propos, le sergent Lamoussa Badoum a tenu à rendre grâce à Dieu de lui avoir permis d’être devant le tribunal et de pouvoir se prononcer sur ce qui s’est passé durant le coup d’Etat.
Lamoussa Badoum fait partie du commando qui, lors du putsch, a interrompu les signaux des radios, dont Savane Fm et Omega FM. De son récit, l’on retient que c’est parce qu’il était « transmetteur » au sein du Groupement des unités spéciales (GUS) que son supérieur, le major Badiel, lui a confié cette mission.

L’accusé a indiqué s’être rendu, dans la soirée du 16 septembre 2015, aux centres d’émetteur de Gounghin et de Kamboincin pour « couper les signaux ». Il dit y avoir été en compagnie du sergent Amidou Pagabelem et du conducteur Tambila Ouédraogo. À l’entendre, cette mission s’est effectuée dans de bonnes conditions et sans incident.

C’est sur le chemin de retour de Kamboincin, que le major Badiel les a contactés pour dire de continuer à la radio Omega, pour la même mission. Arrivés devant le siège de ladite radio, un militaire, habillé en civil, leur a ouvert la porte et les a conduits dans l’immeuble.
À l’intérieur, ils ont trouvé quatre journalistes, en plus du directeur de la radio, Jean Paul Badoum. Ce dernier était son oncle, révèle le sergent Lamoussa Badoum. Ce lien parental n’aura cependant pas d’effet sur la mission initiale. « Notre chef nous a envoyés pour vous dire de couper la radio afin d’éviter le gâchis », a-t-il rapporté.

C’est en substance le message que les éléments ont passé aux journalistes qui, à en croire le sergent Badoum, ont coopéré. À sa sortie du bâtiment, l’accusé dit avoir « constaté avec regret » des motos en flamme au parking. C’est ainsi qu’il a demandé au sergent Pagabelem s’il était l’auteur de cet incendie. Ce dernier lui aurait répondu par la négative. D’où sa conclusion que l’acte est du militaire en civil qui leur a ouvert la porte du bâtiment. Il avait quitté les lieux.

L’accusé a expliqué également la manière dont ils se sont rendus à la radio Savane FM et à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), le 17 septembre.
De toutes ces missions citées, le sergent Lamoussa Badoum se dit blanc comme neige, car ayant exécuté des ordres de son supérieur, sans incident.

La question qui a divisé…

À la question de savoir ce que faisait l’accusé le 16 septembre 2015, au moment où le Conseil des ministres a été interrompu par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), Lamoussa Badoum donne une version contraire à celle contenue dans le Procès-verbal (PV) de son audition. Il explique qu’il était ce jour de garde au poste intermédiaire qui sépare le palais et la présidence (au sein de Kosyam). Pourtant, sur le PV, le sergent Badoum assurerait la garde devant l’entrée principale de Kosyam.

L’accusé dit ne pas se reconnaître dans ce qui a été lu, pendant que le tribunal et le parquet lui demandent de choisir l’une des deux versions.

Cette perplexité pousse l’avocat de la défense, Me Stéphane Ouédraogo, à prendre la parole. L’audience sera finalement suspendue pour tirer la situation au clair. À la reprise,les points d’achoppement ont persisté. Finalement, Me Stéphane Ouédraogo va demander une suspension d’au moins 24h afin de se concerter avec son client.

Le président du tribunal a accédé à cette requête de la défense. Ainsi, le sergent Lamoussa Badoum s’est retiré de la barre pour faire place au sergent Amidou Pagabelem, appelé à répondre des mêmes chefs d’accusation. Lui également a plaidé non-coupable. Sa partie se poursuit demain, mercredi 29 août.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

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