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Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

Publié le mercredi 22 août 2018 à 22h21min

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Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

Elle a l’initiative dans les veines. Virginie De Clercq née Coulibaly est une figure qui commence à faire parler d’elle dans l’entreprenariat féminin et plus spécifiquement dans le domaine agro-alimentaire. Née un 28 juillet à Toussiana, dans la région des Hauts-Bassins, à environ 400 km au Sud-Ouest de la capitale, Virginie De Clercq a su se doter de ressources mentales nécessaires à son succès.

D’un grand-père cheminot, d’une grand-mère ménagère, Mme De Clercq-Coulibaly est d’un père conducteur de camions à Abidjan en Côte d’Ivoire, et d’une mère commerçante à Toussiana. Si cette réalité n’a pas émoussé en elle le germe d’être propriétaire de sa propre initiative, cela ne la prédisposait pas non plus à l’entreprenariat agricole. Preuve qu’effectivement devenir entrepreneur demande que l’on ait une personnalité forte, pour Virginie De Clercq-Coulibaly entreprendre c’est d’abord adopter les dispositions mentales pour franchir les obstacles qui se dressent en chemin, et ensuite ne jamais tomber dans le défaitisme, quel que soit le domaine d’activité. Virginie De Clercq-Coukibaly, sourire facile aux expressions pleines de tonus et de conviction, possède sans doute cette force d’esprit. ‘’ Nombreux sont les gens qui pensent que l’agriculture est un travail salissant, où l’on souffre, on se fait brûler par le soleil et on gagne peu » campe-t-elle.

Mais entreprendre c’est répondre à un besoin de travail, quelles que soient les conditions. « L’entreprenariat, parce que nous voulons, nous cherchons à travailler. (…). Il suffit de bien s’organiser et de prendre au sérieux ce que l’on fait », conseille Mme De Clercq-Coulibaly pour qui toutes les activités mènent à un épanouissement de soi. « Pourquoi l’agriculture ?
Le Burkina Faso a besoin d’un développement agricole moderne, mieux adapté aux nécessités du pays », justifie-t-elle, jetant au passage un regard sur d’autres initiatives en matière d’agriculture au Burkina. ‘’Il y a déjà l’exemple de Bagré, où de grandes surfaces sont exploitées. Mais, Bagré est une action publique tandis qu’ici c’est une initiative privée, en accord avec les autorités locales’’, compare-t-elle.

Pour la promotrice, entreprendre dans le domaine de l’agriculture, c’est donc à la fois répondre à un désidérata personnel d’initier, générer de l’emploi, et servir ainsi un idéal national.

Dans cette perception des choses, elle a vive à l’esprit cet appel de Thomas Sankara à cultiver et consommer burkinabè. « Malheureusement je n’ai pas connu Thomas Sankara. Mais de ce que j’ai entendu de lui, ce que j’ai pu lire sur lui dans plusieurs domaines dont celui de l’agriculture, je pense qu’on gagnerait à emboîter ses pas : il faut que le Burkina arrive à se nourrir, le pays a des ressources pour cela.
C’est par là qu’on pourra vite aller au développement, évidemment primordial, mais de manière adaptée au pays. Il ne faut pas seulement faire venir des investisseurs, il faut faire en sorte que la production nationale bénéficie à la population. Mon souhait le plus ardent, c’est de pouvoir contribuer de façon conséquente à nourrir le Burkina Faso », décline-t-elle.

Le tournesol, le maïs et le riz … pour commencer !

Virginie De Clercq-Coulibaly s’est donc investie dans l’exploitation de la terre à travers la culture du tournesol, du maïs et du riz pluvial. Partant d’un site d’exploitation encore vierge de 500 hectares mise à disposition par la commune de Toussiana, avec le soutien de son mari responsable de la transformation de ces terres vierges en terrains agricoles, sont actuellement exploités une superficie de 50 hectares pour la culture du tournesol, une de 30 hectares pour le maïs et enfin 2,5 hectares pour le riz.

Pour une production estimée entre 800 et 1000 kilogrammes à l’hectare (pour le tournesol), elle a en conscience un défi immédiat, celui d’améliorer le rendement. « Ce n’est pas suffisant, et l’objectif est d’atteindre 1500 à 2000 kg par hectare », dit-elle. Les graines de tournesol récoltées sont transformées : pressées à froid, elles donnent une huile d’excellente qualité nutritive, indiquée contre les maladies cardio-vasculaires, l’huile de tournesol. Elle précise : « mon idée, ce n’est pas d’exploiter les terres avec des intrants chimiques et risquer de perdre leur bonnes qualités et de les appauvrir.

C’est difficile, mais je tente de produire sans l’utilisation d’engrais chimiques qui donnent un rendement élevé certes, mais avec des conséquences importantes à long terme sur les terres et sur la santé de l’homme. C’est pourquoi l’engrais composté, du fumier est préférable. Il est possible de produire au Burkina sans engrais chimique et de mettre à la disposition des populations des produits naturels et même bio », évoque Mme De Clercq-Coulibaly.

A ce jour près de 150 travailleurs sont employés sur ces terres, dont une vingtaine de permanents. « Je suis satisfaite de mon activité, mais ça demande beaucoup de présence sur le terrain ; parce que quand je m’absente, je constate au retour que beaucoup de choses ne sont pas faites ou pas comme je l’aurais voulu », confie-t-elle. Parmi d’autres une difficulté relevée est celle de la disponibilité en ressources humaines. Pour y faire face en hivernage les étudiants et les élèves constituent une bonne part du contingent engagé.

Et finalement de cette situation Mme De Clercq-Coulibaly tire la réelle satisfaction de savoir que cette catégorie sociale arrive, grâce à cette initiative, à se payer les études tout en cultivant l’esprit de combativité en s’activant pendant les vacances et les congés.

Le goût du risque et de l’effort !

Virginie De Clercq-Coulibaly a en ligne de mire, en plus de la production, de procéder à la transformation des produits puis à la commercialisation. Mais les fonds sont limités : « un apport des investisseurs et un coup de main des banques seraient bienvenus. Un certain nombre de partenaires potentiels et d’organismes financiers ont été approchés », exprime-t-elle.

Ce n’est pas tout : la native de Toussiana entend participer au projet de faire de sa localité un véritable pôle agricole avec des activités connexes (transformation des produits agricoles, stockage, conditionnement, ateliers pour l’entretien et la réparation matériel agricole, etc.). Et dans cet ordre d’idée, à Toussiana est envisagé une foire agricole où les paysans viendront montrer leur savoir-faire et exposer leurs produits, fruits et légumes, céréales, et les éleveurs leur bétail, mais aussi d’autres acteurs comme les producteurs de jus, confitures, fruits séchés, dérivés du karité, farines, qui présenteront le produit de leurs activités au grand public et aux acheteurs professionnels.

A ceux-ci pourront s’ajouter des fabricants de matériels agricoles, des semenciers, des producteurs d’intrants, et tous ceux qui de près ou de loin sont actifs dans le domaine agro-alimentaire.

L’entreprenariat n’est donc pas pour Virginie De Clercq-Coulibaly un simple acte de se créer une activité, c’est aussi un élan patriotique qui l’anime. « Nous cherchons à lutter pour l’auto-suffisance alimentaire au Burkina, vu que les gens n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins à partir de leurs productions », constate-t-elle. Toute chose qui oblige les paysans à s’adonner à d’autres activités pour faire face aux besoins de base de leur famille. « C’est pour cela qu’avec l’appui de mon mari, nous tentons de le faire à grande échelle », explique-t-elle, louant en passant l’apport de son époux dans ses efforts.

« Je suis une personne très optimiste »

Entreprenante dès son plus jeune âge elle l’était déjà, car, dévoile Mme De Clercq-Coulibaly, « bien avant, au début des années 2000, j’ai commencé par vendre des mangues, fraîches et séchées, des goyaves, des oranges, des mandarines, des citrons, des tarots, des patates douces et d’autres fruits et légumes à Toussiana ». Elle ne cache pas sa fierté d’avoir évolué et appris aux côtés de sa mère, à qui (tout comme à son père) elle ne cesse au passage de rendre hommage.

Dès lors, forte de ses convictions et de son expérience, Virginie De Clercq-Coulibaly, qui à côté de ses activités professionnelles poursuit encore des études à l’université Aube Nouvelle (ISIG), ne manque pas de messages pour ses frères et sœurs. « Il ne faut pas avoir peur d’entreprendre. Il faut oser : qui n’ose rien, n’a rien. Rien n’est facile et rien ne s’obtient facilement, il faut accepter de subir certaines contraintes, de faire des sacrifices, il faut surmonter les obstacles, il faut de la rigueur. Dès lors pour les jeunes femmes de mon âge, et qui ont envie de travailler, tout devient possible. Mais il ne faut pas se dire « je ne fais pas ci, je ne fais pas ça », il ne faut pas se limiter au bout de son nez, il faut voir loin. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

O.L
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 22 août 2018 à 21:07, par aboubacar En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Courage, femme battante et soucieuse du développement durable. Le pays a besoin de telles initiatives pour donner corps à son épanouissement.

  • Le 23 août 2018 à 07:55, par Moctar En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Très belle initiative. Félicitation Mme De Clercq, courage.

  • Le 23 août 2018 à 10:53, par abdou En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Belle et courageuse. Bon vent à toi. C’est une telle jeunesse dont on a besoin.

  • Le 23 août 2018 à 16:57, par Maria de Ziniaré En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Bravo à Madame De Clercq. Je fais remarquer qu’Il n’y a pas de « née » de « épouse » de « / » dans le nom d’une femme. Administrativement le nom vient toujours en dernier après le ou les prénoms. Si la femme décide de prendre le nom de son mari, son nom de jeune fille devient de fait un prénom et précède le nom de son mari.
    Le nom complet de la dame n’est pas « Virginie De Clercq née Coulibaly » ni « Virginie Coulibaly épouse De Clercq » ni « Virginie De Clercq / Coulibaly » mais simplement « Virginie Coulibaly De Clercq ».

    • Le 2 septembre 2018 à 07:15, par Lapaz En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

      Et puis ?
      Est ce une obligation pour vous d’intervenir dans le forum et de distraire le monde avec vos connaissance en Français ? On parle de courage, d’entreprenariat, d’agriculture et d’épanouissement de la femme et vous c’est virgule, slash et autres symboles de la langues française ? Madame Virginie, bon courage te bonne continuation dans vos activités.

  • Le 23 août 2018 à 23:16, par Zimm En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Felicitations et Courage Mme Coulibaly De Clercq, en lisant l.article je sens de votre part de la Vision, de la Motivation et meme une certaine Resilience, des points necessaires pour reussir / continuer a reussir quand on entreprend, alors Bon vent.

  • Le 24 août 2018 à 09:30, par Yaguibou En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Bravo à Mme De Clercq, je nourris la même réflexion depuis quelques temps,investir dans le même domaine est ce que je peux avoir des conseils de la part d’elle ??

  • Le 25 août 2018 à 11:51, par kidrh En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Sans dénier l’exemplarité et le courage de cette dame, son nom fait penser qu’elle à du répondant derrière elle, en l occurrence son conjoint. Bien souvent ce n’est pas l’ambition d’entreprendre qui fait défaut mais le nerf de la guerre.
    Il n’est pas évident que sans le nom d’autres continents qu’elle porte qu’elle aurait obtenu 500ha de terres .
    Ceci dit toutes mes félicitations et mes encourages à elle.

  • Le 27 août 2018 à 09:35, par DZ En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Félicitations à toi et beaucoup de courage ma chérie que DIEU t’accompagne.

  • Le 27 août 2018 à 14:47, par neocolo En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Belle technique d’accaparation des terres par les occidentaux. Combien de paysans ont été spolié de leurs terres pour totaliser une superficie de 500 hectares dont se vante Virginie mais qui en réalité, appartient a monsieur De Leclercq. Bonne chance quand meme.

    • Le 2 septembre 2018 à 07:33, par Lapaz En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

      Je ne penses pas qu’elle ait besoin de votre ¨bonne chance quand même¨ après l’avoir traité de soit disant complice de la spoliation des terres. La jalousie mal placé du Burkinabè fait qu’il va toujours resté derrière les autres. Continuez seulement à critiquer négativement les autres, ils avancent

      • Le 3 septembre 2018 à 01:12, par Neocolo En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

        Internaute Lapaz, je m’attendais a ce type de reaction raison pourlaquelles je suis revenu a plusieur reprise esperant une reponse de ce type. Je connais bien mes parents et leur mentalité.
        Et pourtant les faits sont tètues et sont là. Le probleme des terres en Afrique et une probleme très serieux et recurrent comme on peux le constater en Afrique du Sud, au Zimbwe. Cela pousse à de nouvelles tetchniques d’accaparement des terres.
        Une fois les terres attribués on assistera a des des conflits d’expropriation impossible comme dans les pays ci-dessu citées ou la communauté internationale se melera comme au Zimbabwé.
        Je persiste et signe, nos petits enfants payerons le prix de ce laxisme tot ou tard. Lapaz, soyez juste patient. Et j’ajoute , vous n’avez encore rien vu maintenant que les Chinois entrent dans la danse vous verez ce qu’adviendra des terres de nos ancetres. La question basique que tu devra te poser est celle la : Les produits issues de ces 500 hectares sert a nourir les burkinabé ou est exporté voila le genre de question qu’il faut poser. A qui profite les revenus de ces terres ?
        Notre misère vient de notre naïvété à croire que les gens viennent toujours chez nous pour nous aider. Pourquoi le ferait-ils s’il n’avaient un tant soit peu à gagner ?
        On parle de mondialisation et pourtant nos enfants meurent en essayant de traverser les mers vers l’occident. pourquoi ne pas leur donner le visa tout simplement si la mondialisation est juste et que les ressources sont universelles et accessible à tous ? Voila la realités des choses. Sors ta tête entre tes fesses et regardes Lapaz.

      • Le 3 septembre 2018 à 01:16, par Neocolo En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

        Lapaz juste pour ton education lit :
        Les terres à vocation agricole au Burkina Faso sont estimées à 11,8 millions d’hectares, mais seulement 5,7 millions d’hectares sont cultivées.
        L’agriculture burkinabé est très majoritairement une agriculture familiale avec 900 000 exploitations environ de moins de 5 ha, soit 72 % du total des exploitations. Les exploitations de plus de 20 ha, au nombre de 15 000 environ, sont très minoritaires. Elles sont en partie détenues par des investisseurs privés. Une classe intermédiaire entre 5 et 20 ha existe toutefois ; elle représente 335 000 exploitations, soit 26 % de l’ensemble.

  • Le 30 août 2018 à 14:37, par django En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Dès lors pour les jeunes femmes de mon âge, et qui ont envie de travailler, tout devient possible. Mais il ne faut pas se dire « je ne fais pas ci, je ne fais pas ça », il ne faut pas se limiter au bout de son nez, il faut voir loin.
    Ça en dit beaucoup je pense, comme quoi !!!

  • Le 12 septembre 2018 à 18:53, par Aboudou Moumuni KERE En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Courage madame, vous avez une grande vision et les outils pour réussir. la ressource temps fera le reste.

  • Le 17 novembre 2018 à 16:42, par jeunedame seret En réponse à : Virginie De Clercq née Coulibaly, une géante dans l’agro-alimentaire à Toussiana

    Du calme, Néopolo et Lapaz ; du calme. Si magouille et gaamation il y a, c’est surtout avec la presse en premier. Les journalistes ont bien affiché une belle image de femme cultivatrice brillante avec perruque qui se bat bien contre le soleil auquel elle n’est pas habituée. Belle publicité. Courage Virginie. Bravo De clercq. Je souhaite que les Ouédraogo vous rivalisent.

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