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Pastoralisme au Burkina : « L’avenir de ce secteur est vraiment problématique, pourtant… » (René Millogo, coordonnateur de la PASMEP)

Publié le lundi 20 août 2018 à 23h40min

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Pastoralisme au Burkina : « L’avenir de ce secteur est vraiment problématique, pourtant… » (René Millogo, coordonnateur de la PASMEP)

Le pastoralisme, ce mode d’élevage extensif pratiqué par des peuples nomades, fournirait plus de 80% des ruminants domestiques au Burkina. Mieux, et selon des spécialistes, l’élevage (de façon générale), troisième produit d’exportation du Burkina, contribue à 12% au produit intérieur brut (PIB) pour plus de 26% des recettes d’exportation. Cependant, ce secteur, le pastoralisme notamment, éprouve de nombreuses difficultés qui engagent son avenir. Dans cet entretien, le coordonnateur de la faitière des organisations de la société civile de défense et de promotion du pastoralisme (la Plate-forme d’actions pour la sécurisation des Ménages pastoraux, PASMEP), René Millogo nous plonge dans les réalités de ce domaine et plaide sa cause.

Lefaso.net : Comment peut-on présenter l’organisation dont vous avez en charge la gestion et quelle est son origine ?

René Millogo (R.M) : Nous sommes la Plate-forme d’actions pour la sécurisation des Ménages pastoraux (PASMEP), une association à but non lucratif. L’organisation existe, il y a déjà dix ans. Nous avons évolué comme Projet d’appui aux ménages pastoraux et après, vers un statut juridique d’association avec un contenu plus institutionnel. Depuis 2013, nous sommes une association de droit burkinabè, intervenant comme structure à part entière de développement rural, spécialisée dans l’appui au pastoralisme et à l’agro-pastoralisme.

La mise en place de PASMEP répond au fait que le contexte du développement rural évolue assez vite avec beaucoup d’implications et d’enjeux stratégiques ; vous avez les questions de décentralisation intégrale (intervenues dans les années 2000-2005) qui devraient, en principe, prendre en compte cette activité spécifique des communautés pastorales. Cela est un facteur important. Vous avez par ailleurs les changements climatiques et leurs effets, qui font que le pastoralisme est devenu aujourd’hui une activité assez complexe.

Nous avons aussi compris qu’il est bon, que les pasteurs jouent un rôle citoyen au niveau local et au plan national. Nous appuyons donc le renforcement de ces communautés, pour qu’elles puissent jouer un rôle citoyen pour une meilleure gouvernance du développement. C’est l’ensemble de ces facteurs, entre autres, qui nous ont motivé à nous investir dans la promotion du pastoralisme et de l’agro-pastoralisme au Burkina Faso et dans la sous-région ouest africaine.

Lefaso.net : Que faut-il comprendre par « ménages pastoraux » ?

R.M : L’idée est venue de nous intéresser, dans le cadre de nos actions de développement en milieu rural, à un groupe plus ou moins spécifique, que nous appelons « ménages pastoraux ». Ils sont constitués de personnes, de familles, de communautés…, pratiquant spécialement le pastoralisme. « Pastoralisme », dans le sens qu’il s’agit d’un système d’élevage intégrant essentiellement la mobilité du bétail (les pasteurs se déplacent avec leurs troupeaux, en fonction de la disponibilité des ressources naturelles, notamment du pâturage et de l’eau). C’est un système qui est donc extensif, pratiqué dans l’ensemble du Sahel.

Généralement, le mode de vie des producteurs, leur conception de l’élevage et leur système de production font de ce domaine, un domaine beaucoup plus complexe et pluridimensionnel. De nombreuses organisations non-gouvernementales et associations ne se sont pas vraiment intéressées à ce secteur spécifique à cause de la complexité de l’élevage pastoral.

L’on a aussi observé que les politiques au niveau national ne prenaient pas en compte suffisamment (je dis bien, suffisamment) ces groupes cibles et les enjeux sous-jacents alors qu’il s’agit en même temps d’une activité économique hautement viable pour le développement de notre pays. Nous pensons donc qu’il faut travailler davantage à tous les niveaux pour prendre plus en compte les communautés pastorales et leurs contributions au développement économique et social.

Lefaso.net : Quelle est votre zone d’intervention ?

R.M :
Notre zone d’intervention, c’est principalement le Centre-sud du Burkina Faso. Nous sommes précisément dans six communes reparties dans le Nahouri (Guiaro, Pô et Tiébélé) et le Zoundwéogo (Guiba, Bindé, Béré). Nous sommes en train de travailler actuellement à nous étendre vers le Centre-Nord, vers l’Ouest et vers la Boucle du Mouhoun.
Au niveau national, PASMEP est très active sur les thématiques transversales de développement rural à travers des actions fortes de plaidoyer (nous intervenons beaucoup dans le plaidoyer politique en faveur spécifiquement de la promotion des droits des pasteurs et des agro-pasteurs, etc…).

Lefaso.net : Quand on parle d’élevage, on a tout de suite en tête certaines localités comme le sahel, le nord. Pourquoi avez-vous opté de vous appuyer sur le Centre-sud ?

R.M : Nous avons opté pour le Centre-sud, parce que c’est une zone conflictogène. C’est une région, une zone de transit vers le Ghana ; les animaux qui viennent du sahel passent le Centre-sud où ils séjournent quelques temps avant d’aller vers le sud (Ghana). Ce qui engendre pas mal d’enjeux dans la zone. Voilà, entre autres raisons, ce qui explique pourquoi nous intervenons dans cette région frontalière principalement.

Lefaso.net : On note que les conflits éleveurs-agriculteurs sont récurrents au Burkina, pensez-vous que c’est un domaine qui n’est pas assez pris en compte par l’Etat (quand on sait que l’organisation du territoire national appartient au pouvoir central) ?

R.M : Nous pensons, effectivement, que c’est un volet de développement qui devrait être davantage pris en compte par les politiques publiques et les partenaires techniques et financiers (PTF). Car, comme on le constate, c’est un domaine d’activité qui apporte beaucoup de dividendes en termes de recettes au Burkina Faso. Beaucoup d’efforts sont certes consentis, mais ils sont très minimes par rapport aux attentes. Il y a la nécessité de travailler dans ce sens à la cohésion sociale. Les pistes à bétails existent, mais sont vraiment insuffisantes et sont souvent obstruées.

Au niveau de la décentralisation qui est intervenue, les plans de développement communaux ne tiennent pas compte suffisamment de l’élevage pastoral qui est pourtant incontournable dans ces communes. Vous verrez des communes où il n’y aucune piste à bétails fonctionnelle, aucune zone spécifique de pâturage alors que l’élevage pastorale est une activité pratiquée dans toutes les communes de notre pays. Ce qui crée un contraste avec de nombreuses difficultés, parce que les schémas d’aménagement ne prennent pas suffisamment cette activité en compte.

Pour nous donc, beaucoup reste encore à faire ; la Loi d’Orientation relative au pastoralisme (LORP) a été élaborée depuis 2002. Le contexte et les enjeux ont beaucoup évolué ; il y a les changements climatiques, les questions foncières, la démographie galopante, etc.
Pour nous, l’idéal sera donc de relire cette loi, au regard du contexte actuel, ou à défaut, faire appliquer effectivement les décrets déjà pris. C’est un plaidoyer que nous sommes en train de faire actuellement dans le cadre du programme que nous mettons en œuvre avec l’Association pour la Promotion de l’Elevage au Sahel et en Savane (APESS) avec l’appui technique de la SNV et de l’IFPRI.

C’est aussi un plaidoyer en alliance avec toutes les OSC (organisations de la société civile) pastorales pour dire qu’il est bon que des décrets d’application et des arrêtés soient pris, en tenant compte et en intégrant fortement les nouveaux facteurs tels que la décentralisation, les changements climatiques et le genre.

Lefaso.net : Au Centre-sud, il existerait des pistes à bétails, mais de plus en plus occupées par les agriculteurs. Que faut-il faire dans ce cas ?

Le député Aziz Diallo (représentant de la CODECC-Assemblée nationale), dans une remise de note commune sur les APE (Accord de Partenariat Economique) en mai 2016, en collaboration avec l’EMB et MISEREOR

R.M : Plusieurs facteurs sont à la base de cette situation. Cette zone est beaucoup sollicitée, parce qu’il s’agit d’une localité de transit vers le Ghana. Le deuxième facteur est qu’effectivement, les quelques pistes à bétail ont été obstruées par l’activité agricole principalement. On a aussi l’augmentation de la population. Donc, les besoins d’occupation des terres sont une réalité aujourd’hui, à tel point que les zones qui étaient prévues pour les animaux sont de plus en plus restreintes. Même les zones pastorales officielles initiées et délimitées par l’Etat font face à des velléités d’occupation.

Un autre facteur est lié à ce qu’on appelle de plus en plus les « agro-business men », qui occupent beaucoup de superficies (ils usent de leur pouvoir économique et politique pour s’accaparer de grandes superficies). Ce qui vient encore complexifier la situation déjà difficile pour l’exercice de l’élevage pastoral. Par ailleurs, nous assistons aussi à l’installation des mines d’or (artisanales et/ou industrielles), qui connaissent un essor réel actuellement au Burkina.

Tous ces facteurs jouent sur la pratique de l’élevage pastoral.
En termes de propositions donc, nous disons qu’il faut prendre toutes les mesures idoines pour que les textes soient effectivement appliqués. L’Etat doit continuer d’investir les moyens, les ressources, en faveur du pastoralisme, en sécurisant davantage les zones pastorales qui existent, en sécurisant les pistes à bétails existant (les baliser, les matérialiser, les réhabiliter etc..). Il faut en créer également.
Ce qui est regrettable au Centre-sud est qu’il n’existe pratiquement plus de pistes à bétails vraiment opérationnelle. Donc, il faut faire un diagnostic de la situation pour apporter des solutions durables, en créant des pistes à bétails de façon consensuelle et pacifique (impliquer tous les acteurs et prendre en compte tous les intérêts).

Les Plans communaux de développement, les schémas d’aménagement, les Plans d’investissement au niveau local devraient prendre en compte cette activité-là et l’intégrer. Le ministère des ressources animales et halieutiques (MRAH) est doté, selon nos informations, de moins de 1,5% du budget national. C’est pourquoi avec l’ensemble des OSC, nous travaillons à approcher les acteurs et surtout les décideurs et nous lançons un appel à l’Assemblée nationale, au ministère de l’économie, des Finances et du développement, au président du Faso, pour que des ressources plus accrues soient allouées au Ministère des ressources animales et halieutiques et que les textes soient effectivement appliqués pour la sécurisation des espaces pastoraux et pour un meilleur exercice de l’élevage pastoral

Lefaso.net : Avec cette situation que vous venez de décrire, et mesurant le poids de l’élevage dans l’économie nationale, peut-on dire aujourd’hui que l’avenir même de l’élevage est engagé au Burkina ?

R.M :
L’avenir de ce secteur est vraiment problématique aujourd’hui, quand bien même c’est un secteur pourvoyeur de ressources. Selon les statistiques contenues dans le Programme National du Secteur Rural (PNSR 2017) plus de 80% des ruminants domestiques au Burkina Faso sont issus du système pastoral. Donc, la majorité des Bœufs que vous voyez sont prélevés à 80% du système pastoral plutôt que dans les fermes.

Par ailleurs, le Centre d’Analyse des Politiques Economiques et Sociales (CAPES 2011) indique que près de 34% des revenus des ménages ruraux proviennent de l’élevage pastoral. Aussi, aujourd’hui, l’élevage est le troisième produit d’exportation du Burkina Faso avec une contribution de 12% au PIB et de plus de 26% aux recettes d’exportation.

C’est dire qu’il s’agit d’un secteur économiquement viable pour notre pays à plus d’un titre. C’est pourquoi, il nous faut travailler efficacement et durablement à valoriser davantage ce secteur qui emploie beaucoup de main-d’œuvre également. Si rien n’est fait, le sahel étant confronté à des soucis de sécurité, l’élevage pastoral y est beaucoup mis à mal (les troupeaux sont enlevés par les terroristes, la pratique de l’activité dans la zone sahélienne est devenue très complexe). Or, dans chaque ménage au sahel, il n’y a pas de repas sans viande. Nous mesurons donc les conséquences socio-économiques et nutritionnelles de la baisse de cette activité.

Lefaso.net : Peut-on avoir une idée du nombre d’associations qui défendent aujourd’hui le secteur ?

R.M :
Je voudrais déjà faire un clin d’œil pour dire qu’avec la SNV, qui a un programme appelé ‘’Voix pour le changement’’, nous travaillons sur la thématique de "résilience pastorale’’. Dans ce cadre, notre objectif, c’est de faire le plaidoyer politique au niveau national afin que les textes et lois soient mis en pratique pour le bien-être de l’élevage pastoral.

Pour réussir ce plaidoyer, nous avons fait un inventaire des OSC pastorales, procédé à la mise en place d’une alliance (appelée Alliance des OSC pastorales) qui regroupe une quinzaine d’OSC intervenant dans le domaine du pastoralisme pour faire des propositions aux politiques et aux différents décideurs. Il y a d’autres OSC qui frappent à la porte pour que nous consolidions les synergies d’action pour réussir ce plaidoyer collaboratif basé sur les évidences.

Lefaso.net : Quels sont les autres partenaires qui vous accompagnent dans ce combat ?

R.M : Nous travaillons aussi, au niveau international, en réseau avec de partenaires en Allemagne avec MISEREOR qui est notre partenaire financier principal. Nous travaillons également avec des organisations sœurs d’Europe telle que l’European Milk Board (EMB) qui est la Fédération Européenne des petits producteurs de Lait. Avec cette fédération basée à Bruxelles, PASMEP est fortement impliquée dans le plaidoyer sur la problématique du lait (le lait en poudre est produit par des fermiers en Europe et ce lait casse notre marché ici alors que les fermiers européens ne s’en sortent pas également).

Dans la sous-région ici, nous sommes en partenariat avec l’APESS et les structures membres du ROPPA pour nous positionner justement sur les questions liées à l’élevage, notamment l’élevage pastoral. Au Burkina, nous avons aussi un partenaire comme Diakonia pour prendre en compte la question de l’émancipation socio-économique des femmes, notamment les femmes des pasteurs.

Dans le cadre de la Campagne ouest-africaine pour la promotion du lait local, nous agissons en réseau avec OXFAM, l’Union national des Mini-laiterie (UMPL/B) et d’autres structures nationales. Nous avons plusieurs collaborations au niveau de plusieurs réseaux de plaidoyer dont la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) et nous sommes membre fondateur du Comité national pour l’agriculture familiale (CNAF).

Lefaso.net : Les principaux points de satisfaction à ce jour ?

R.M : Beaucoup de points de satisfaction. Déjà, quand vous voyez les efforts qui sont faits par l’Etat, les partenaires techniques et financiers (PTF) en faveur du pastoralisme ces dernières années, c’est aussi dû au fait que nous avons fait beaucoup de plaidoyers avec nos organisations sœurs au sahel, au Burkina et en Europe. Aujourd’hui, quand on parle de pastoralisme au Burkina, PASMEP est de plus en plus une structure qui compte, qui est écoutée compte tenu de son professionnalisme et de sa capacité de plaidoyer, etc.

Aujourd’hui, nous sommes aussi sollicités, et par les acteurs à la base et par les acteurs au niveau national. Il y a un lien de collaboration avec les services techniques déconcentrés, si fait que de plus en plus, nos efforts sont mis en commun. Nous sommes une petite équipe, mais il faut dire aujourd’hui que PASMEP a acquis une réelle crédibilité et légitimité.
Nous avons eu raison de nous engager sur cette thématique d’importance nationale. Par exemple l’Assemblée nationale, que nous avons rencontrée à plusieurs reprises, exprime sa satisfaction par rapport à ce qui est en train d’être fait (nous portons l’information aux élus du peuple sur la question).

Donc, nous sommes aujourd’hui une structure professionnelle qui est sollicitée au Burkina en matière de pastoralisme, dans la sous-région et en Europe. Beaucoup reste, certes, à faire. Mais en dix ans, on peut dire que nous avons eu raison de prendre à bras le corps ce pan du développement de notre pays.

Lefaso.net : Quelles sont les difficultés que vous rencontrées ?

R.M : La première est d’abord liée aux ressources financières, parce qu’il faut avoir les moyens de sa politique. Aujourd’hui, quand vous devez faire du plaidoyer pour être entendu, cela implique des coûts en termes d’investissement, de ressources humaines et financières, de professionnalisme, etc. Aujourd’hui, PASMEP est sollicité certes, mais il y a une exigence d’être toujours plus professionnelle dans son domaine.

La réalité est qu’au niveau même de la base, le mode de vie des communautés appelle comme une sorte d’instabilité des effets et des impacts (quand vous leur donnez des renforcements de capacités, aujourd’hui elles sont là, mais demain elles ne sont pas là du fait de leur mobilité). Donc, il y a un effort de réinvestissement perpétuel et cela est un grand défi. Nous souhaitons donc que l’Etat et les partenaires techniques mettent les moyens au niveau du pastoralisme.

Lefaso.net : Avez-vous des relais sur le terrain ?

R.M : Nous avons ceux qu’on appelle "animateurs techniques" ; ce sont des salariés de PASMEP qui sont sur le terrain au niveau des deux provinces. Nous avons aussi les "animateurs endogènes" qui sont en fait des leaders communautaires ayant un certain niveau de formation, d’engagement et qui sont nos relais en termes de mobilisation et de renforcement de capacités des communautés. Nous sommes aussi en réseau, en très bonne collaboration avec les structures déconcentrées de l’Etat qui, à nos côtés, travaillent aussi à mener des activités de façon synergique

Lefsao.net : En termes de réalisations ?

R.M : Nous faisons la promotion des mini-laiteries, de petites unités laitières en milieu rural, notamment en faveur des femmes des pasteurs (parce que, lorsque les plus jeunes vont en transhumance, les femmes sont laissées à elles-mêmes). Donc, nous développons beaucoup d’activités économiques à travers ces unités. Nous travaillons aussi sur la prévention des conflits, la gestion concertée des ressources naturelles.

Nous renforçons les capacités de participation citoyenne pour que les communautés puissent intégrer les instances de décision au niveau local. Nous subventionnons aussi du matériel (de production fourragère par exemple), les produits agro-industriels pour qu’en saison sèche, elles (les communautés, ndlr) puissent poursuivre à produire le lait. Nous subventionnons des réalisations hydrauliques comme les forages agro-pastoraux etc…

Lefaso.net : Dix ans, c’est aussi les perspectives … !

R.M : C’est de continuer à renforcer les capacités institutionnelles de notre organisation pour consolider son assise et son encrage pour pouvoir avoir le background, être un véritable interlocuteur au plan national et même en Afrique de l’Ouest en termes de développement rural et de pastoralisme. L’autre point, c’est d’élargir notre zone d’intervention pour intégrer le maximum de communautés liées au pastoralisme.

Le troisième point (pour prendre en compte une suggestion de nos partenaires), c’est de ne pas nous contenter d’intervenir sur le terrain avec les pasteurs uniquement, mais d’ouvrir nos actions aux agriculteurs, qui sont des interlocuteurs incontournables, qui utilisent aussi les produits de l’élevage.

Le quatrième point est lié à notre axe stratégique 7 qui concerne notamment la mise en place d’un centre multifonctionnel pour prendre en compte les jeunes déscolarisés, qui ne sont pas allés à l’école, notamment dans la zone de l’ouest, pour qu’ils s’intéressent à l’élevage (ce centre va prendre en compte tous les volets de formation liés au secteur).

Le cinquième point de défi est de nous investir un peu plus dans la visibilité de nos actions et de notre structure vis-à-vis du public mais surtout vis-à-vis des décideurs partenaires comme le Ministère des ressources animales et halieutiques.

Lefaso.net : A vous de conclure l’entretien !

R.M : Pour conclure, je voudrais très humblement dire merci à tous les partenaires techniques et financiers qui ont cru à notre jeune structure et qui se sont fortement impliqués dans une construction collaborative qui nous a permis d’atteindre nos objectifs de départ. Nous sommes reconnaissants vis-à-vis de nos partenaires bénéficiaires de nos actions pour la collaborative ayant permis des résultats probants sur le terrain.

L’occasion des dix ans d’existence est une réelle opportunité pour marquer un arrêt afin de mener une introspection, une autoévaluation de son plan stratégique. Cela permettra de mobiliser tous les membres et le conseil d’administration dans une nouvelle phase de consolidation pour répondre aux exigences et aux sollicitations toujours plus fortes et d’aborder avec sérénité les nombreuses perspectives.

Entretien réalisé par O.L.O
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Vos commentaires

  • Le 21 août 2018 à 00:10, par Narcisse En réponse à : Pastoralisme au Burkina : « L’avenir de ce secteur est vraiment problématique, pourtant… » (René Millogo, coordonnateur de la PASMEP)

    Voilà un combat utile pour notre pays car il touche directement les populations. l’État burkinabè doit vraiment se mettre au sérieux sur les filières traditionnelles tels que l’agriculture, l’élevage sous toutes ses formes, etc., au lieu de ne compter que sur l’or. Raison pour laquelle je salue la vision de la PASMEP et l’exhorte à brasser large pour constituer un véritable groupe de lobbying. Bon vent à vous

  • Le 21 août 2018 à 13:11, par le révolutionaire En réponse à : Pastoralisme au Burkina : « L’avenir de ce secteur est vraiment problématique, pourtant… » (René Millogo, coordonnateur de la PASMEP)

    L’élevage est très important pour le Burkina. Grace à l’élevage et à l’agriculture le Burkina Faso peut s’en sortir et devenir un pays envié. Mais de grace le pastorlisme n’est pas du tout la solution. Nous avons des ressources d’eau importante pour sédentariser et intensifier notre élevage. Du Nord au sud il y des réserves importantes d’eau souterraine et de surface pour notre agriculture et notre élevage. Pitié pour le Burkina il faut abandonner ce type d’élevage progressivement on se donne un délai de 10 ans et on abandonne le pastoalisme.
    Vive l’élevage intensif sédentarisé vive le Burkina Faso. La Patrie ou la mort nous vaincrons

  • Le 22 août 2018 à 09:11, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Pastoralisme au Burkina : « L’avenir de ce secteur est vraiment problématique, pourtant… » (René Millogo, coordonnateur de la PASMEP)

    - Mes amis, disons-nous la vérité, tout ça c’est la faute des politiques et des agriculteurs :

    Les Politiques  : Ils n’ont jamais eu une vision concrète du développement de l’élevage depuis l’indépendance du pays. Ils ont vu l’élevage à travers le prisme dominant de leurs sociétés agricoles dominantes d’où ils sont venus. Alors, concept d’habitus de Pierre Bourdieu oblige, ils ont construit des politiques d’élevage en ne pensant qu’aux petits ruminants, aux porcins et aux volailles qu’ils ont connu dans leur enfance aux villages. Ils ont négligé le côté élevage bovin avec ses exigences qu’ils ignorent totalement. Et comme parmi les agents d’élevage ils y avaient très peu de peuls dans le temps, ils sont restés inaudibles et donc n’ont pas pu alerter ni orienter de ce que les politiques d’élevage sont inadaptés à l’élevage bovin notamment. Et à la longue, les nomades sont devenus comme des parias qu’il faut éloigner avec l’exacerbation des conflits agriculteurs-éleveurs. Même de nos jours les agents d’élevage ignorent royalement que l’élevage pastoral nomade contrairement à tout qu’on peut penser, ne détruit pas l’environnement mais l’entretien du fait de la répartition de l’exploitation des ressources. Et pour les services forestiers les éleveurs sont devenus des banques gratuites ! Combien de forestiers ont-ils érigé leurs villas sur la base des amendes infligées aux éleveurs peuls notamment ?

    Les agriculteurs  : En réalité dans ce pays, les conceptions des politiques de développement ont surtout mis l’accent sur l’agriculture. L’élevage a toujours été le parent pauvre et ce n’est que récemment qu’il a eu un ministère entier. Allez demander au Dr Boubacar LY de Dori pour quelle raison il a démissionné. Sinon il fut même Directeur d’ORD ! Il n’a jamais pu faire imprimer sa vision de l’élevage au Burkina aux décideurs politiques, et pour ne pas se rendre complice de la destruction du secteur élevage, il a quitté et est allé créer son APESS ! Notre État a privilégié l’agriculture. Dans les années 70 on a distribué en masse des charrues bovines (CH9), asines (CH6) et des houes Manga aux agriculteurs pour qu’ils intensifient l’agriculture par unité de surface, c’est-à-dire mieux travailler le sol pour faire une bonne récolte par unité de surface et ne pas avoir besoin de défricher beaucoup pour avoir la même récolte. Et c’est exactement le contraire qu’ils ont fait ! Ils ont eu les charrues ? Alors ils ont agrandi les champs, rendant impossible la pâture des animaux car ces agriculteurs ont occupé tout l’espace. Ensuite l’introduction de la culture du coton a encore accentué la destruction de l’élevage nomade (ça j’en parlerai un autre jour !) tout en introduisant la monétarisation dans les économies aux villages. Ainsi au lieu d’une calebasse de lait troquée contre une calebasse de mil, l’argent est devenu l’intermédiaire. L’individualisme et devenu plus grand et le chacun pour soi a dominé tout et a déstructuré la société dans les villages. Les champs collectifs de famille ainsi que les greniers collectifs ont progressivement disparus. Désormais pour agrandir les champs, on chasse les peuls, on abat leurs animaux parce qu’ils n’ont de bases territoriales fixes c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas indexer un village et dire que c’est le leur. Aucun peul ne peut le faire dans ce pays même s’il a fait 100 ans dans un village ! Le peul n’est autochtone nulle part ! Ils sont tous de la société d’adhésion et non de la société d’appartenance, ce qui les fragilise partout et ils ne peuvent prétendre à aucun titre foncier sauf en ville s’ils ont eu une parcelle à usage d’habitation. Et comme les agriculteurs sont les plus nombreux, donc plus d’électeurs, les politiciens ont tendance à les favoriser. Voilà la vérité !

    Conclusion : Les agriculteurs (cultivateurs) sont la pègre de ce pays ! Trop d’investissements pour eux, 80% de la population active et incapables d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Il faut cesser d’être complaisants avec eux désormais et exiger d’eux des résultats !

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 24 août 2018 à 12:49, par Juste vision En réponse à : Pastoralisme au Burkina : « L’avenir de ce secteur est vraiment problématique, pourtant… » (René Millogo, coordonnateur de la PASMEP)

    Kôrô Yamyélé, Rien à redire !
    Vous avez si bien peint le tableau qu’il n’y a plus besoin d’aller voir un peintre.

    aujourd’hui, l’élevage est le troisième produit d’exportation du Burkina Faso avec une contribution de 12% au PIB avec plus de 26% aux recettes d’exportation, pour seulement moins de 1,5% de budget alloué au ministère en charge de l’élevage !

    A t-on besoin d’être un diplômé hautement qualifié venu directement de Harvard pour savoir qu’il y’a maldonne ???

    Pour un réel essor économique et social du Burkina Faso, il faudrait que nos intellectuels politiques se départissent de la politique politicienne et des préjugés de tous ordres, puis travailler sur la base d’éléments objectifs guidés par une juste vision de ce que nous voulons pour l’ensemble des Burkinabè.

    C’est bien possible ! Il faut juste une bonne dose de clairvoyance et de volonté.

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