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Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

Publié le lundi 20 août 2018 à 18h09min

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Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

A l’instar des autres musulmans du monde, ceux du Burkina vont fêter l’Aïd el kébir (Tabaski), ce mardi 21 août 2018. A la veille de cette date, une équipe de Lefaso.net s’est rendue au marché à bétail de Sougr-Nooma, connu sous le nom de « Marché de bétail de Tanghin », à Ouagadougou.

Il est 10h, lorsque nous arrivons devant la porte de cette gigantesque infrastructure sise dans l’arrondissement N°4 de la capitale. Sous ce ciel couvert de nuages, on note, dès l’entrée, un marché mouvementé et sous une surveillance d’agents de sécurité. Une présence qui fait du bien aux usagers de ce tronçon, au vu des embouteillages des veilles de Tabaski. Les discussions entre les nombreux commerçants de moutons et les clients vont bon train.

Pris tout de suite pour des clients, nous avons été accostés par des vendeurs, chacun allant de son système d’approche et de « marketing ». Sitôt renseignés sur leurs interlocuteurs que nous sommes, les commerçants n’ont pas hésité à égrener les difficultés qu’ils rencontrent cette année, en cette veille de la « fête du mouton ».

Installé depuis plus de douze jours dans ce marché à bétail, Seydou Ouédraogo, vendeur de moutons, nous confie que « le marché est bizarre », pour dire que les affaires tournent au ralenti. Cette année, poursuit-il, il a du mal à écouler son bétail. M. Ouédraogo déclare avoir vendu « seulement quatre moutons » hier, dimanche 19 août. Aujourd’hui, il confie avoir vendu, pour le moment, deux moutons. « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent », a-t-il émis pour évoquer la morosité du marché.

Selon ses explications, les clients trouvent les moutons chers, malgré qu’ils aient revu les prix à la baisse par rapport à l’année dernière. « Mais on les comprend aussi », se résigne-t-il. Les moutons de Seydou Ouédraogo varient entre 50 000 et 100 000 francs CFA.

Oumarou Ouédraogo exerce le métier de vendeur de bétail depuis dix ans. Mais il estime que cette année, il y a peu d’animaux et moins d’achats par rapport aux années précédentes. Lui également affirme que les prix des béliers sont moins chers par rapport aux années antérieures. Et cela varie selon la qualité du mouton, explique-t-il.

Ce mouton coûte 200 000 F CFA

La vente du bétail est une source de revenus pour certaines personnes en difficulté. C’est le cas de Salam Sawadogo qui, selon ses propos, exerce ce métier pour subvenir aux besoins de sa famille. Pour lui, la plupart des clients se plaignent du manque d’argent. Tout en ayant un regard mitigé sur le marché, M. Sawadogo ajoute que les animaux de cette année sont chétifs, ce qui « ralentit le marché ». Son plus gros bélier est proposé à 200 000 francs CFA alors que l’année dernière, le même était estimé à 400 000 francs CFA.

« Chaque année, c’est le même constat… »

Saïdou Nikiema

Parmi les clients, cette dame, accompagnée de son fils, qui est venue acheter deux moutons. Préoccupée à discuter des prix des moutons avec le commerçant, elle n’a pas le temps de répondre à nos questions. Face à notre insistance, elle finira par lâcher : « Chaque année, c’est le même constat. Les prix des moutons sont élevés… ».

Un autre acheteur, Saïdou Nikiema, nous raconte que c’est dans ce marché à bétail qu’il vient chaque année pour se procurer son mouton de Tabaski. Lui, par contre, trouve les prix abordables, par rapport aux années précédentes. Séance tenante, il s’est acheté un mouton à 110 000 francs CFA.

La dame et son fils

Un autre fait dénoncé par ces commerçants est ce qu’ils ont qualifié de « concurrence déloyale » en cette période des préparatifs de la Tabaski. En effet, ils déplorent le fait que des individus vendent des moutons à des prix bas, dans les quartiers. Ce qui joue sur le marché à leur niveau ; chaque commerçant dans ce marché paie des taxes sur chaque animal.

Pour faire face aux réalités, certains commerçants suggèrent que le gouvernement finance l’élevage à travers l’ouverture de fermes, car de nombreuses personnes veulent pratiquer l’élevage mais ne disposent pas de ressources nécessaires.

Cryspin Masneang Laoundiki
Aïcha Drabo (stagiaire)
LeFaso.net

Portfolio

  • Maïga Boukary et son mouton de 150 000 F CFA
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Vos commentaires

  • Le 20 août 2018 à 20:19, par EX TALIBAN En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

    Quelle génocide planétaire des moutons qui se prépare dans la logique de la barbarie islamique nul n’est épargné même les pauvres animaux génocidés au nom de leur dieu Allah

  • Le 20 août 2018 à 22:00, par Sorbonne En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

    Ce qui est sûr un commerçant ne dit jamais que ça va, donc finalement on prête plus attention a ceux qu’ils disent. Qui se rappelle une seule année où lors d’interview de ce genre les commerçants disent que ça va ? Moi non. Ce matin j’ai payé mon mouton a kaboinssin. Le vendeur m’a juré que lui même a payé le mouton hier à 67500F et me demande de d acheter à 70000F .je l’ai fait comprendre que je n avais que 60000f. Finallement il a accepté ,je le remercie mais je ne crois une seconde qu’il ait accepté vendre son mouton à perte. Dans l antiquité GREC le voleur et le commerçant avait le même Dieu.

  • Le 20 août 2018 à 22:55, par Mafoi En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

    Des moutons à 400 000 francs,il ne faut pas quand même délirer et je comprends pourquoi vous confondez les époques où dans le passé,certains fils à papa se permettaient de laver leur bagnole avec du champagne pour fayoter.Mes chers commerçants,c’était la belle époque où une minorité de voyous prenaient les caisses de l’état pour leur portefeuille personnelle et d’ailleurs c’est cette illusion d’optique qui fait que certains Burkinabè comme vous les commerçants,croyaient et pensent toujours que tout était rose avant.Ce qui est archi faux.En fait c’est la donne a changé et elle doit nécessairement changer car même en France où le pouvoir d’achat est multiplié par 10 par rapport à ici,tu iras cuire pour tes enfants ton mouton à 400 000 fcfa,tu ne trouveras aucun preneur à ce prix

    • Le 21 août 2018 à 08:40, par A qui la faute ? En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

      Merci beaucoup ! Comment expliquer ces prix ? On ne prend pas plusieurs mois de salaire pour faire la fête d’un jour, quel Dieu a demandé ça ?. Même en France effectivement où l’éleveur de mouton salarié de 18 ans est payé au minimum au SMIC (750.000 fcfa /mois), le prix du mouton de la meilleure qualité possible est moins cher. C’est ainsi que les produits chinois de qualité douteuse remplissent nos frigos alors nous sommes un pays de cultivateurs et d’éleveurs en majorité.

  • Le 21 août 2018 à 00:24, par YAAM SOBA En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

    C’est du jamais vu au Burkina Faso, si ce n’estque sous le régime du MPP. L’économie de notre pays agonise avec ces amateurs.

  • Le 22 août 2018 à 08:33, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

    - Mon ami, au lieu de dire ’’On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent’’, tu aurais pu dire ’’On dirait que cette année, nous vendeurs de moutons avons été trop gourmands’’.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 26 août 2018 à 20:42, par jeunedame seret En réponse à : Préparatifs Tabaski 2018 : « On dirait que cette année les gens n’ont pas l’argent »

    Tour pour l’exhibition. Les musulmans se compliquent la vie avec cette religion commerciale. Pourquoi alors vendre le mouton si c’est juste pour un sacrifice religieux dans la foi ? Un seul mouton symbolique pourrait même servir une ville. Et si chacun élevait maintenant son mouton pour sa tabaski ? Bientôt la cherté du sucre et des glaces pour le ramadan. Quel cynisme !

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