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Opposition burkinabè : ne courtisons pas le désastre !

Publié le lundi 18 juillet 2005 à 07h20min

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Ces derniers temps, la rumeur s’abreuve à la source des menaces de mort qui auraient été proférées à l’encontre de personnalités politiques, notamment des candidats du groupe ’’Alternance 2005’’ à la magistrature suprême. Bien sûr, les uns et les autres s’en émeuvent, puisqu’il s’agit d’ôter ce que chacun de nous a de plus cher : la vie.

Les téléspectateurs de ’’la chaîne du plaisir partagé’’ auront suivi la démarche effectuée par le ministre de la Sécurité à l’endroit des intéressés, en les recevant pour des échanges qu’on dit avoir aplani certaines incompréhensions. C’est vrai qu’il n’existe au monde aucun gouvernement qui puisse avoir vocation à la sainteté ; au martyre non plus.

Alors, on se demande si ce catastrophisme qu’essaient de distiller certains individus mal intentionnés ne mériterait pas d’être nuancé : qui a intérêt à faire quoi et qui peut espérer tirer profit de telles rumeurs ? Ce sont là des questions que l’on pourrait se poser, lorsqu’on sait que les exclus, les bannis et autres déflatés des bureaux politiques pardonnent assez difficilement, lorsqu’ils supposent avoir été victimes d’un coup de Jarnac. C’est vrai que des menaces, il pourrait y en avoir en provenance de partout. N’est-ce pas cela aussi qui fait dire que tout métier comporte des risques ? Le plus important est de ne pas céder à la panique, qui donnerait raison à ces maîtres chanteurs d’un nouveau genre.

Sur le plan politique proprement dit, depuis l’annonce faite par l’ADF-RDA de soutenir la candidature de Blaise Compaoré, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Faso et, cerise sur le gâteau, Philippe Ouédraogo serait en train de récupérer le PAI avec tous ses droits. Des décisions qui viennent encore battre en brèche les déclarations de ceux-là qui prétendent que le Faso en est au degré quasi zéro de la culture démocratique. Lorsqu’on commence d’interpréter à sa manière le sens du mot démocratie, on peut en devenir la première victime...

Il y en a, perpétuels grognons devant l’Eternel, qui se sont mis à critiquer de manière indécente la déclaration des évêques. Sans doute est-ce leur droit, celui de penser et de parler librement, reconnu par la loi fondamentale ! Ils semblent toutefois oublier, ou encore l’occultent-ils sciemment, que la direction des âmes implique aussi le souci du bien-être physique, moral, social, voire économique, de ses ouailles. Hélas, les amnésiques de la politique se donnent toujours de bonnes raisons de ne pas comprendre, et cette vérité ne paraît pas toujours évidente aux yeux de l’homme de la rue...

Ici et là, on assiste à des explications - qui ressemblent plus à des règlements de comptes inutiles - qui n’apportent rien d’original au débat qui préoccupe tout le monde à présent : la présidentielle. En effet, lorsqu’un individu affirme qu’il agit en coquin quand il est avec certaines personnes et en honnête homme quand il agit seul, à laquelle de ces deux affirmations croire ?

Persuadé sans doute que sa campagne a été effectuée à moitié par ceux-là qu’il considère à tort ou à raison comme de simples figurants dans la pièce qui se jouera au sommet le 13 novembre prochain, le CDP est jusque-là resté calme, un exercice assez difficile, quoi qu’on dise, puisque ailleurs montent les cris des sirènes d’individus qui voudraient habilement exploiter les psychoses d’une jeunesse en mal de repères et en quête d’emplois. Et c’est pourquoi le parti au pouvoir est taxé de fabricant de tous les maux du Faso. Comme s’il n’y avait que lui !

A présent que presque tous les candidats sont en lice, on aimerait bien savoir ce que pense celui-là qui remet son mandat en jeu ! On le sait généralement réservé, mais ses silences, dit-on, seraient tout aussi expressifs que son langage : des changements ne sont-ils pas perceptibles déjà, ici et là ? Ceux-là qui le disaient ’’otage’’ du CDP, pour atteindre en fait des individus, auront compris, depuis le soutien de l’ADF-RDA, que les choses vont changer.

D’ailleurs, rappelons ce que le président déclarait, il y a dix-sept années déjà, à l’hebdomadaire ’’Jeune Afrique’’ : « ...Ceux qui me connaissent savent que je ne peux être pris en otage par personne... Au Burkina les gens ont, de tout temps, porté la contradiction au chef de l’Etat. Quand une position est erronée, il se trouve toujours des camarades pour s’y opposer. Et c’est ainsi depuis l’indépendance. Qu’est-ce que je perds à ce qu’on me contredise ? Cela ne me diminue en rien... »

A l’époque, les Burkinabè cherchaient à se remettre d’atroces courbatures de tout genre et un vent d’espoir avait soufflé. Plus personne n’épiait personne...
Au Burkina Faso, certaines choses s’oublient difficilement et l’opinion publique ne varie pas du jour au lendemain. Pour sûr que d’ici là l’on entendra siffler des trains transportant leurs lots d’inquiétudes et de peurs pour détourner l’opinion.

Déjà, des voix déclarent que certains candidats à la présidentielle ont échoué, avant même que d’être allés en campagne ; par leurs propres fautes. Faut-il en rajouter à ce désespoir et ces échecs annoncés ? Il appartient à tous d’essayer de faire un usage plus humain de la politique ; ne courtisons pas le désastre.

A. Pazoté
Journal du jeudi

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