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Crise alimentaire : Soudure, wallaye, c’est chaud !

Publié le lundi 18 juillet 2005 à 06h59min

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Les grosses pluies de ces derniers jours ont fait oublier aux citadins les cris de famine des campagnards. Or, le rafraîchissement du temps est loin de calmer les ventres vides de ceux qui ont tout perdu à cause de la mauvaise pluviométrie de la campagne écoulée et de l’invasion des criquets. Seule consolation, la possibilité de disposer de feuilles vertes et autres végétaux qui ont surgi du sol à la faveur des premières gouttes de pluie.

Malgré les différents efforts du gouvernement, les grains de mil se raréfient dans les mortiers. Dans de nombreuses régions, y comprises celles qui, traditionnellement, ont toujours été à l’abri de la disette, les céréales se font rares, si elles ne sont pas tout simplement hors de la portée des bourses des pauvres paysans. La spéculation et le prétexte du mauvais état des routes dans certaines zones sont à l’origine de la flambée des prix.

L’équation est cornélienne. En effet, que peut faire un paysan qui, pour disposer de liquidité, était contraint de vendre un peu de sa récolte, maintenant que cette récolte elle-même n’existe plus ! Les plus chanceux sont ceux qui disposent de volaille et de quelques animaux domestiques. Là encore, il faudra espérer que la famine n’ait pas fait son effet.

Vues de la ville, les opérations de secours d’urgence annoncées à grands renforts de chiffres, notamment en tonnage, donnent l’impression d’une quasi-inondation des contrées en céréales. Or, aussi simple que 1 + 1 = 2, une tonne de mil c’est simplement mille kilogrammes, soit dix sacs de cent kilo. Dans la distribution la plus généreuse, il a rarement été possible de donner deux sacs de mil à chaque famille, ce qui aurait fait espérer qu’en consommant un demi-kilo par jour par personne, chaque famille pourrait tenir péniblement cent jours, soit environ trois mois et dix jours.

A propos de dons, on aura remarqué que c’est quasiment les mêmes opérateurs économiques qui se sont encore saignés par la grâce de Dieu. Dommage que certains cercles huppés, pourtant prompts à organiser des galas de bienfaisance, n’aient pas encore emboîté leurs pas et que le mois de la Solidarité n’ait pas encore été célébré par anticipation. Qu’à cela ne tienne !

La générosité est une chose à laquelle sans doute les sinistrés seraient sensibles, mais le cri de détresse entendu çà et là, c’est de mettre le mil à portée de prix de tout le monde. Le hic, c’est qu’après s’être engouffré dans le libéralisme économique, le pays des Hommes intègres se trouve dans l’incapacité même de chatouiller les commerçants désormais libres de fixer leurs prix. En fait, c’est sur eux que les sinistrés devraient crier haro !

Pour l’avenir, l’Etat burkinabè, désormais habitué aux humeurs de dame nature, devrait prendre le taureau par les cornes pour instituer un ministère plein chargé d’orienter et d’organiser l’approvisionnement du peuple. Les produits vivriers devaient faire l’objet d’une exception commerciale à l’image de l’exception culturelle. Sans blague ! Pour un pays en proie à des sécheresses chroniques et à des déficits alimentaires permanents, la circulation du mil devrait être surveillée comme un oléoduc. C’est le carburant de la vie au village.

Journal du jeudi

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