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Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

Publié le vendredi 10 août 2018 à 16h48min

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Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

Dans cette lettre adressée au président du Faso, les délégués du Conseil supérieur des Burkinabè de l’extérieur (CSBE) en France estiment que les modalités de vote des Burkinabè de l’étranger n’ont pas été fixées par consensus. En d’autres termes, ils se disent surpris par le contenu du nouveau code électoral. Lisez plutôt !

Le forum national de la diaspora s’est tenu à Ouagadougou du 11 au 13 juillet 2018. Il a réuni des délégués CSBE (Conseil supérieur des Burkinabè de l’extérieur) et des personnes ressources de la diaspora. Durant ledit forum, un ensemble de thèmes dont celui du vote des Burkinabè à l’étranger ont été traités. Ce thème a fait l’objet d’un exposé par le ministre de l’Administration territoriale qui a indiqué que des consultations étaient en cours et qu’il s’en suivra une proposition de projet de loi du gouvernement à l’Assemblée nationale. Le ministre a exposé essentiellement des hypothèses sur les conditions et les modalités de vote.

De même, à l’occasion d’un dialogue direct entre Son Excellence et les membres des différentes délégations de la diaspora, vous avez tenu le même discours sans pour autant donner des éléments évidents de la participation effective de la diaspora aux élections de 2020. Cela nous a laissé perplexes et fait entendre que rien n’était décidé concrètement. Il en résulte que le forum n’a pas été le lieu où le vote des Burkinabè à l’étranger a été véritablement traité de manière à prendre en compte des contributions de la diaspora dans l’élaboration du nouveau code électoral.

C’est donc avec une certaine surprise que nous avons appris l’adoption, le 30 juillet 2018 dernier, du nouveau code électoral dans lequel les modalités du vote des Burkinabè de l’extérieur ont été déterminées.

Le code adopté contient des stipulations favorables à l’effectivité du droit de vote des Burkinabè établis à l’étranger. À ce titre, l’article 48 dispose que « Sont également inscrits sur les listes électorales, les Burkinabè résidant à l’étranger et régulièrement immatriculés à l’ambassade ou au consulat général dans les pays de leur résidence ». Cela matérialise juridiquement, en effet, la possibilité, désormais, pour les diasporas d’exprimer leur droit de vote.

Cependant, certaines dispositions du code adopté suscitent des interrogations. Si le vote des Burkinabè de l’étranger est un sujet important pour les principaux acteurs concernés, en l’occurrence les politiques et les diasporas, des points du nouveau code électoral peuvent être discutés. Ces clauses auraient peut-être été rédigées autrement si des contributions de la diaspora avaient été sollicitées et prises en compte. Dans ce sens, nous soulignons ici principalement deux points qui retiennent notre attention :

• Les documents de votation. En effet, l’article 52 du nouveau code indique que « Pour justifier son identité au niveau national ou à l’étranger, l’électeur produit la Carte nationale d’identité du Burkina Faso ou le passeport ordinaire tous en cours de validité ». L’un ou l’autre de ces documents tient lieu de carte d’électeur, complète l’article 53.
La réalité administrative des Burkinabè établis à l’étranger induit des questionnements quant aux documents de votation.

Qu’en est-il de la carte consulaire ? À quoi sert-elle réellement et notamment pour la diaspora ? Pourquoi n’est-elle pas mobilisée et mobilisable dans le cadre des élections auxquelles participent la diaspora ? Quels sont les documents dont l’usage facilite et assure davantage la crédibilité du vote de la diaspora ?

• Les lieux pouvant abriter les bureaux de vote. L’article 72 souligne que « À l’étranger, il est créé un bureau de vote dans chaque ambassade et/ou consulat général dont la juridiction diplomatique compte au moins 500 Burkinabè immatriculés.
En cas de nécessité, il est créé plusieurs bureaux de vote au sein de l’ambassade ou du consulat général ».

Sur ce point également, des interrogations émergent quant à la pertinence de la disposition. Les ambassades et les consulats généraux sont-ils suffisants pour recevoir les potentiels électeurs ? N’aurait-il pas été plus pertinent de prévoir, en ce même article, la possibilité de créer des bureaux de vote en dehors des ambassades et des consulats généraux au besoin ?
Cette dernière question nous apparaît très pertinente car le coût d’un déplacement pour voter peut influer sur la mobilisation électorale à l’étranger.

En conséquence :

Considérant que ces dispositions du nouveau code électoral constituent une entrave notoire à la pleine participation des Burkinabè de l’extérieur aux consultations nationales,
Considérant que le vote des Burkinabè est un droit constitutionnel,
Nous, délégués CSBE de France, par cette déclaration, regrettons que la diaspora n’ait pas été consultée en amont dans l’élaboration du nouveau code électoral. Demandons d’ores et déjà aux autorités du Burkina Faso de prendre des dispositions permettant l’établissement et le renouvellement du passeport, de la CNIB et des cartes consulaires dans les ambassades et les consulats généraux.

En outre, appelons les Burkinabè de la diaspora et ceux de la France à se prononcer particulièrement sur les articles discutables du nouveau code. À ce titre, afin de recueillir les avis et propositions, il est mis à disposition, du 10 au 24 août 2018 :
Pour la France :

-  Un courriel : csbefrance@gmail.com
-  Une page Facebook : CSBE France
-  Les délégués signataires pour recueillir physiquement ou à distance les avis et propositions de groupes ad hoc et de structures organisées souhaitant s’exprimer sur la question.

Ces avis et propositions feront l’objet d’une analyse/synthèse. Nous produirons ainsi la position majoritaire et les propositions de la diaspora qui vous seront communiquées par la même procédure.

Paris, le 10 août 2018
Signataires :
KAGAMBEGA Marcel
OUEDRAOGO Hermann
SIRIMA Ardiouma
SOMÉ Roger
TAPSOBA Desiré
YOUGBARÉ Antoine
ZOUMBA Nongainéba Benjamin

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Vos commentaires

  • Le 11 août 2018 à 04:56, par Mafoi En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    A part le nombre de bureaux de vote qui reste discutable,l’autre volet sur la carte consulaire ne tient pas,point barre !Si un immigré burkinabè n’est pas fichu de fournir la carte d’identité nationale burkinabè,qu’il continue son je-m’en-foutisme en prenant de la distance par rapport au vote des Burkinabè de l’extérieurs.C’est aussi simple que cela.D’ailleurs puisque vous êtes en France,pourquoi vous ne réclamez pas pour qu’on puisse voter avec la carte de séjour puisque la nationalité du détenteur y est mentionnée ?Ah oui...j’oublie que vous tous,délégués CSBE,vous êtes à 99% des Français avec des cartes d’identité françaises,des passeports français
    Ensuite par rapport au fameux forum national de la diaspora du 11 au 13 juillet dont vous faites cas en préambule,javais souligné que c’était pour la fiesta et vous venez de me donner raison.
    Conclusion,j’ai toujours été contre le vote des Burkinabè de l’extérieur pour des raisons budgétaire et de fraude mais comme les autorités en ont décidé autrement à condition d’avoir sa CNIB ou son passeport,en légaliste je prends acte de la décision et je ne comprends pas cette pollution médiatique au sujet de la carte consulaire

    • Le 12 août 2018 à 02:57, par boubacar En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

      Est-ce qu’il est interdit d’avoir la double nationalité au Burkina ? Non. Ou bien tu es jaloux ? De plus c’est un débat intellectuel et il faut avoir du recul et tenir compte des Burkinabè qui sont en CI et ailleurs en grand nombre. La carte consulaire tient lieu de carte d’identification. Pourquoi vouloir écarter les Burkinabè de côte d’Ivoire et du Ghana, qui ont pour la plupart la carte consulaire ? À moins d’établir plusieurs éuipes permanentes dans les ambassades et consulats pendant 2 ans pour établir la CNIB, il est difficile de satisfaire les besoins en CNIB en CI et au Ghana. Combien de CNIB une équipe de la police peut établir par jour ? Admettons 100, ce qui m’étonnerait d’ailleurs vu les précaution de vérification de sécurité. En une année une équipe peut établir donc moins de 36 500 car il faut enlever les jours fériés. Faites le décompte pour établir des millions de CNIB. Du côté des passeport, c’est pire.

  • Le 11 août 2018 à 12:18, par Vraiment En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    ’’’’’’’’Nous, délégués CSBE de France, par cette déclaration, regrettons que la diaspora n’ait pas été consultée en amont dans l’élaboration du nouveau code électoral.’’’’’’’’’’’’’’’’’’’
    Mais, je tombe des nues quoi ? Vous pensez que vous êtes plus Burkinabè que nous qui sommes resté au pays ou quoi ? Il n’ y a pas eu de référendum pour cela mais les députés qui représentent le peuple (vous et nous) ont discuté et voté.
    Il faut que vous cessiez de fatiguer nos tympans avec votre affaire de carte consulaire et de lieu de vote à l’étranger. La loi s’applique à tout le monde. Ce n’est obligé de voter.
    Moi je dis et je le répète. ’’Que la diaspora sache qu’elle ne nous imposera pas un Président qui ne connait pas le Burkina, en faisant voter des non burkinabè’’

  • Le 11 août 2018 à 14:38, par Mazawa En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    Si un Burkinabè résident en France n’a pas de passeport c’est grave.

  • Le 12 août 2018 à 09:23, par le relou En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    Je suis étonné de voir le nom de ZOUMBA sur cette déclaration. Je le pensais plus clairvoyant que ça. Quant à Hermann c’est pas étonnant vu qu’il est CDP. Mais je dis hooo nous en France ici en tout cas ça ne nous pose pas de problème de voter avec nos passeports puisque nous en avons. Vous avez consulté qui avant de pondre cet écrit ? De toute façon il n’engage que vous.Nous on v voter. Si vous voulez pas voter tans pis pour vous. E d’ailleurs même ceux qui ont écrit ça là qui d’entre vous a sa carte consulaire même ? On se connait ici là. N’importe quoi

  • Le 12 août 2018 à 10:08, par CDKD En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    Il s’avère, en vous lisant, que le "Forum national de la Diaspora" de juillet dernier n’a réellement été que le forum national du...gouvernement ; au sens où celui-ci s’est habilement, à coups/coûts de billets d’avion, servi dudit forum comme d’un para-soleil ou para-poussière qui vous réduit finalement au statut de simples faire-valoir de sa politique électorale déjà arrêtée sans vous !...
    Je suis surpris que vous en soyez surpris, dans la mesure où (c’est connu) la politique est moins le domaine des bisounours que des ours ; vous qui, comme délégués, ne faites pas de politique mais permettez à des citoyens de faire de la politique en exerçant leur citoyenneté, même loin du pays : la politique, quand elle est mauvaise, ne sait justement que faire de la citoyenneté, l’ignore et la dévalorise paradoxalement ; au point qu’un bon gouvernement "qui fait son travail" (ainsi avez-vous été normalement et solennellement conviés au forum, avec les moyens du gouvernement du Burkina) peut être politiquement mauvais. C’est en ce sens et dans ce contexte d’un désajustement voire d’un conflit aberrant entre la politique et la citoyenneté (qui ne date pas d’aujourd’hui en Afrique particulièrement, ni ne se circonscrit au seul Burkina Faso) que se lève en ce moment même le débat autour du code électoral qui s’enfonce dans cette question : peut-on faire de la politique sans ou même contre les/ses citoyens ?...

    Roger SOME, tu retrouveras évidemment ici de quoi poursuivre notre débat fraternel et intellectuel, et ce qui justifie mon hypothèse qu’il est, non pas impossible ni insensé de faire de la politique, mais vain et peu honnête de faire la politique (pas vous les délégués qui, dis-je, ne faites pas d’abord de la politique) sans analyse de la politique, autrement dit, sans autre chose que la politique, celle notamment d’occupation de postes comme d’occupation d’autant de...vides qui sont les vides de la mauvaise politique...

    CDKD

  • Le 12 août 2018 à 17:11, par L’ancêtre En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    Les délégués CSBE feraient mieux de se démarquer des politiciens. Ce papier est un papier politique. La preuve certains délégués n’ont pas signé. Je reconnais dans la liste le président UPC France. C’est d’ailleurs lui qui a beaucoup œuvré pour faire sortir le papier.
    Entre nous un Burkinabé qui ne peut pas avoir la CNIB ou son passeport, celui-là n’a rien à faire dans un bureau de vote. Le vote c’est pour exprimer son appartenance à un pays. Le droit de vote est un droit hautement patriotique. La preuve vous pouvez tout faire dans un pays étranger sauf voter. Pour voter il faut avoir la nationalité surtout à une élection présidentielle, c’est important. Donc les documents exigés ne doivent pas souffrir de débat, le débat peut être les lieux de vote.
    L’ancêtre

  • Le 13 août 2018 à 14:42, par Kevin En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : Le CSBE France se dit surpris par les modalités

    Je voudrai souligner ceci : le debat sur les pieces de votation ne devrait point avoir pour but d’indexer tel ou tel document comme etant assez securise ou pas mais il a pour but la maximization de la participation de la diaspora a l’election presidentielle prochaine tout en prenant en compte le defi des fraudes. Si on decide que la diaspora ne votera pas, alors elle ne votera pas. Point. Mais si on decide de faire voter la diaspora, il ne faut pas le faire d’une maniere minimaliste car tout Burkinabe a droit a l’egalite CNIB ou pas , carte consulaire ou pas. Je respecte la loi votee en tant que loyalist meme si dans son mode d’adoption elle reste discutable. Mais force est de reconnaitre que l’addition de la carte consulaire BIOMETRIQUE aux pieces de votation aurait ajoute les chances que tout Burkinabe , au moment precis de l’election, soit en mesure de se presenter a l’urne. Donc aurait participe a encourager et donc maximiser une participation encore plus massive de la diaspora aux prochaine elections. Ce qui, comme je l’indiquais un peu plus haut, devrait constituer l’objectif premier.
    La loi etant adoptee, je pense qu’il est temps de redirectionner le debat vers les lieux de votations. Je trouve que la decision de ne retenir que les les embassades et consulats comme centres de vote est loin de tenir en comptes les realites du terrain en dehors du Burkina et participe a nourrir cette idee selon laquelle un effort est consenti du cote de notre gouvernement pour minimiser le vote des burkinabes de l’etranger. Reste a savoir pourquoi. Le defi n’est en aucun cas d’ouvrir un centre de vote a chaque coin de rue dans un pays autre que le notre . NON. Ce ne serait ni possible ni realiste. Le defi est plutot de placer tres strategiquement 2 a 3 centres de vote supplementaire dans les pays ou besoin est, notemment en Cote d’Ivoire et au Ghana. J’espere que les discussions en cours a ce sujet aboutiront.
    En tant que Burkinabe residant avec quelques 400 compatriotes en Floride USA, nous comprenons la problematique et pensons qu’il serait d’interet pour le gouvernement actuel que des centres de vote soit egalement ouverts dans des lieux autre que les embassades et consulats et qu’un effort soit consenti afin que ces dits bureaux de vote soit a la portee du plus grand nombre.
    Merci

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