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Collaboration Forces de sécurité et populations : L’exemple de Saaba produit de bons résultats

Publié le jeudi 26 juillet 2018 à 15h38min

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Collaboration Forces de sécurité et populations : L’exemple de Saaba produit de bons résultats

Il est connu que tant que les populations pour lesquelles les services de sécurité travaillent ne collaborent pas, les résultats dans la lutte contre l’insécurité seront toujours mitigés. La solution pourrait venir d’une approche expérimentée dans la commune de Saaba. Il s’agit du processus de « Justice and security dialogue » (Dialogue pour la justice et la sécurité, en anglais), une initiative de l’ONG américaine United states institute of peace (USIP). La première phase du projet a engrangé des résultats probants. La restitution des résultats a eu lieu ce 25 juillet 2018 à Ouagadougou.

La police de proximité a connu des fortunes diverses au Burkina Faso, depuis la première phase quinquennale en 2013. L’ONG américaine United states institute of peace (USIP) met en œuvre un processus qui pourrait améliorer la situation sécuritaire des populations. En partenariat avec le Balai citoyen, elle a lancé le processus Dialogue pour la justice et la sécurité (JSD) au Burkina Faso, dans la commune de Saaba, qui connait un taux élevé de vols et de cambriolages, et pas seulement.

Quatorze femmes assassinées ces dernières années, sans qu’on ne puisse identifier un suspect ; des maires qui ne terminent pas leurs mandats, des rivalités entre forces de sécurité et groupes d’autodéfense Koglwéogo, un campus dont les étudiants sont souvent à couteaux tirés avec policiers et gendarmes, la situation de Saaba méritait bien une initiative pour amener les acteurs à se concerter pour une culture de la paix.

Le processus JSD a servi de courroie de transmission entre les différents acteurs de Saaba. Dans un processus inclusif et participatif, selon Sandrine Nama, représentante pays de USIP, ils se sont rencontrés, se sont parlé franchement, ont appris à se connaitre pour dégager eux-mêmes des solutions face aux problèmes de sécurité auxquels ils sont confrontés.

Mis en œuvre depuis 2015, JSD a ainsi permis, au cours de sa dernière année en 2017, de rassembler 134 représentants de la communauté de Saaba dont le maire, le commissaire de police, le commandant de la brigade de gendarmerie, les groupes d’autodéfense Koglwéogo. Ils ont travaillé à améliorer la sécurité en réduisant le nombre de cambriolages et de vols dans la commune.

Cette première phase pilote s’est déroulée sans grand bruit, selon la représentante résidente de USIP, Sandrine Nama. Il n’en demeure pas que les résultats engrangés ont été palpables, d’où cette session de restitution avec les journalistes, en présence de certaines parties prenantes du processus comme le chef des Koglwéogo de Saaba ou de la représentante des femmes de cette commune.

Ainsi, au cours de la phase pilote de JSD, la sécurité s’est considérablement améliorée dans la commune. Une coordination communale a été mise en place et supervise les activités de sensibilisation, afin d’emmener un plus grand nombre des populations des 26 villages de la commune à s’impliquer dans la dynamique JSD. Aussi, des cellules de veille sous la supervision de la coordination communale ont vu le jour.

En outre, le processus a renforcé les liens entre la police et la gendarmerie qui, depuis, font des rondes conjointes pour pallier le déficit de personnel et de matériel. Les formations et sensibilisation ont aussi permis de renforcer les connaissances sur les droits humains.

Thomas Dakouré, contrôleur général de police à la retraite et père de la police de proximité au Burkina Faso, se réjouit de ces résultats engrangés. Pour lui qui offre ses services au projet, quand les populations collaborent avec les forces de sécurité, la lutte contre la criminalité fait des pas de géants.

Les Koglwéogo, souvent voués aux gémonies à cause de leurs pratiques, ont été impliqués dans le processus. Le résultat, les sévices corporels qu’ils administraient aux présumés voleurs ont cessé. « Nous avons fait comprendre aux Koglwéogo qu’ils étaient aussi des défenseurs des droits de l’homme », a expliqué Urbain Yaméogo, président du Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (CIFDHA), partenaire du projet.

« Nous nous sommes dit qu’il était indiqué de convier la presse pour lui présenter le processus, un début de succès sur une collaboration effective entre les forces de défense et de sécurité et les populations qu’elles servent », explique Sandrine Nama. Au cours de la première phase, les acteurs ont décortiqué l’environnement sécuritaire et identifié les solutions dont les résultats sont déjà palpables. La phase II va consister à disséminer le processus auprès des décideurs et à consolider les acquis de la phase précédente.

La police de proximité, mise en place depuis 2003 avec un texte qui a été revisité depuis 2016, sans attendre les résultats escomptés, pourrait ainsi avoir un nouveau souffle. L’exemple réussi de Saaba peut servir de base pour une meilleure implication de toutes les villes et campagnes du Burkina, à construire des localités plus sures, pour des populations qui collaborent en parfaite harmonie, dans la paix.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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