Et le président Gilbert Ouédraogo de préciser que ce n’est pas un soutien au CDP mais à Blaise Compaoré. C’est à ne rien y comprendre. Quand on aime les roses il faut savoir supporter ses épines, elles piquent et cela peut être douloureux. On se rappelle qu’à une certaine époque quelqu’un avait dit quelque part que l’ADF/RDA est la seconde épouse de Blaise Compaoré. Le monogame et bon chrétien qu’est notre chef de l’Etat s’était vu, sans le vouloir, imposer une polygamie.

On comprend, en Afrique, la famille a force de loi et c’est pourquoi les anglophones aiment dire « is mariage a private affair ? » Oui le mariage n’est pas une affaire purement privée ; il met en branle plusieurs personnes et sert de liant à des familles. C’est pourquoi dans certaines langues africaines on parle « d’attacher le mariage » pour dire unir deux personnes.
Le mariage a aussi cet inconvénient qu’il peut être cassé ; c’est ce qui est arrivé à la seconde épouse. Il y a eu divorce et qui dit divorce dit aussi incompréhension et palabres dans le sens de bagarre.

Des gens qui dansaient le Tango ou le « coupé-décalé » (pour être branché) finissent par se tourner le dos et même chercher à se poignarder. On en est resté là jusqu’au jour où les deux tourtereaux qui (re)voyageaient en catimini, ont finalement décidé de renouer les liens et cela aux dépens de certains membres de la famille. C’est toujours comme ça dans les couples, on reprend les relations au détriment des amis qui se sont trop engagés dans la défense d’une partie.

Comme rien n’est immuable quelqu’un d’autre paye les pots cassés et est indexé comme la cause de la rupture, on l’écarte et revoilà le couple parti pour de nouvelles aventures. Cette fois-ci, l’ADF/RDA repart avec Blaise Compaoré en voulant toujours, ce qu’elle n’a pas réussi à l’époque, à le séparer du CDP. Les mêmes causes produisent les mêmes effets disent les physiciens. Le CDP a prévu ce scénario, c’est pourquoi à l’investiture de Blaise Compaoré, il a dit clairement qu’il est le candidat du CDP.

Maintenant les « amis » mouvanciers transformés en AMP et parmi lesquels un tri au tamis très fin a été opéré, peuvent soutenir le CDP à porter haut son candidat. L’accès n’est pas direct, il y a une adresse sous-couvert. Le CDP a mis des garde-fous, c’est pourquoi la bataille de l’ADF/RDA durant la campagne sera âpre et rude. Lui laissera t-on quelquefois le loisir d’affirmer son identité et du même coup préparer les batailles futures sur le dos du CDP sans bourse déliée ? Certainement pas !

Et dans cette relation de « je t’aime moi non plus » avec le CDP, il serait particulièrement intéressant de voir les meetings de soutien à Blaise Compaoré surtout à Ouahigouya et Ouagadougou. Il y aura du « grabuge » ; on se marchera énormément sur les lacets dans un jeu de qui perd gagne.

En allant vers Blaise Compaoré, l’ADF/RDA s’est fermé complètement la porte de l’opposition qui n’était qu’entre baillée. Elle est avec Blaise Compaoré et son principal allié, le CDP la surveille comme du lait sur le feu.
La meilleure chose qui puisse arriver à l’ADF/RDA après avoir franchi le rubicond est d’avoir le sort de la CNPP/PSD, c’est-à- dire être phagocyté par le CDP. Comme cela les choses seront claires avec une vie tranquille pour ses dirigeants comme certains ex de la CNPP/PSD actuellement.

Mais prendre en otage Blaise Compaoré et laisser le CDP orphelin est hors de question même si c’est pour créer une nouvelle formation politique. Le CDP veille au grain et c’est pourquoi certains disent que le soutien de l’ADF/RDA à la candidature de Blaise Compaoré est en fait la seconde grande victoire des « Infiltrés ». Ils ont eu raison de Hermann Yaméogo et les voilà encore tordant le cou des choses pour diriger les lourds pas du pachyderme vers Blaise Compaoré, non pour l’écraser, mais pour le soutenir avec tout son poids.

Et comme une explication vaut toujours mieux qu’une absence d’explication, le jeune président de l’ADF/RDA semble avoir fait sienne la sagesse qui dit que quand on ne peut pas lutter contre le voleur, il faut l’aider à transporter son butin. Mais il y a à craindre que l’ADF/RDA ne devienne une galette, l’endroit et l’envers grillé à point.

Par Kassim Kongo
Bendré