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Conférence publique du FPR à Koudougou : ‘’Le Burkina ne pourrait se développer sans changement de mentalité ’’ (Dr Aristide Ouédraogo, président du parti)

Publié le mardi 3 juillet 2018 à 11h26min

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Conférence publique du FPR à Koudougou :  ‘’Le Burkina ne pourrait se développer sans changement de mentalité ’’ (Dr Aristide Ouédraogo, président du parti)

Le Front patriotique pour le renouveau (FPR) déroule son programme d’activités. Trois mois après son lancement, et une semaine après son partenariat avec un autre parti politique de l’opposition, Dr Aristide Ouédraogo et ses camarades responsables du parti sont à l’assaut du terrain. Samedi, 30 juin 2018, le parti a sonné la mobilisation dans la cité du « cavalier rouge », Koudougou, autour d’une conférence publique sur le thème : « La gouvernance et les régimes politiques au Burkina Faso : impact sur le développement de la nation ». Une occasion qui a réuni un grand monde de toutes les catégories sociales.

Pour le président du FPR, Dr Aristide Ouédraogo, le développant est avant tout une question de mentalité et les partis politiques se doivent, de ce fait, d’œuvrer à l’éveil des consciences et au changement des mentalités. C’est pourquoi, dit-il, son parti a fait du développement de cet aspect, un de ses axes prioritaires. Ce qui justifie cette conférence publique autour d’un thème dont la pertinence a été saluée par les participants. En témoigne la forte mobilisation dans cette imposante salle.

Décor ainsi campé devant un public de toutes les franges sociales, la charge est ensuite est revenue principal orateur, Dr Mahamoudou Oubda, enseignant-chercheur en Histoire africaine à l’Université Norbert Zongo. A la modération, Baïlou Raymond, par ailleurs secrétaire général du FPR.

Le conférencier entame son sujet à proprement dit par la définition des concepts-clés. Dans le vif de son sujet, c’est un véritable cours d’histoire politique qui a été servi à l’auditoire. Du premier régime politique à celui de Roch. Les participants n’en demandaient certainement pas plus.

Ainsi, le premier régime politique est perçu par le conférencier comme ‘’régime colonial’’, car, de son avis, le pays subissait le poids colonial. « La période coloniale de l’histoire du Burkina Faso (1896-1960) est marquée par sa domination par des puissances occidentales. Le pays entre sous domination française. La période allant de (23 décembre) 1896 à 1904 est marquée par la conquête et la pacification du pays par les troupes coloniales. La direction des affaires est laissée aux officiers chargés de maintenir la sécurité et de ‘’jeter les fondements d’une administration à l’européenne’’.

De 1904 à 1919, les pays voltaïques sont rattachés à un ensemble sous-régional appelé le Haut-Sénégal-Niger qui comprend de larges portions des territoires actuels du Niger, du Burkina Faso et surtout du Mali. Un décret du 1er mars 1919 crée la colonie de la Haute-Volta, membre du groupe des colonies de l’Afrique occidentale française (AOF). Le 5 septembre 1932, un décret du ministre des colonies Albert Sarraut supprime la colonie autonome de la Haute-Volta. Le territoire et les habitants sont repartis entre les colonies adjacentes.

Pendant la colonisation, ce fut la période la plus difficile pour le pays. Ses habitants vont subir le travail forcé, de lourds impôts et toutes sortes exactions et d’humiliations. La reconstitution de la colonie de la Haute-Volta intervient le 4 septembre 1947 suite à l’action conjuguée des chefs coutumiers notamment le Moogo Naba Kom 2, de l’Église catholique, de l’élite intellectuelle naissante, des anciens combattants et la volonté de la métropole d’accélérer l’autonomisation des colonies afin de contrer les velléités indépendantistes encouragées par le bloc communiste », a ressorti Dr Mahamoudou Oubda.

Revisitant donc le régime du président Maurice Yaméogo, l’enseignant-chercheur en Histoire africaine a parcouru la Ière République (1960 à 1966) qui va prendre fin par le soulèvement populaire du 3 janvier (1966). Le président, Maurice Yaméogo, contraint donc à la démission, est succédé par le commandant Sangoulé Lamizana (militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé).

Selon Dr Oubda, les causes de l’insurrection populaire du 3 janvier 66 sont à rechercher dans les rapports entre le pouvoir et les partis politiques, la chefferie traditionnelle, les institutions religieuses ainsi qu’avec les syndicats (répression contre les forces syndicales).

La chute de Maurice Yaméogo favorise, poursuit le conférencier, l’avènement d’un régime d’exception ; l’armée ayant été appelée à prendre le pouvoir. « Nous pouvons observer, dans cette fin de la Ière République, plusieurs éléments : l’insurrection a un caractère politico-syndical ; le pacifisme de l’insurrection qui se déroule sans casse, sans destruction de biens publics ou privés, sans pillage ; les mobiles de l’insurrection sont écrits sur des pancartes : ‘’du pain, de l’eau, de la démocratie ! ‘’ », a rappelé Dr Oubda, affirmant que Maurice Yaméogo a eu la lourde tâche historique d’asseoir les bases de l’Etat moderne burkinabè post-colonial à travers la Ière République.

Aboubacar Sangoulé Lamizana, qui a accédé au pouvoir le 3 janvier 1966, exerce le pouvoir pendant près de quatorze ans. A en croire le conférencier, malgré les efforts de redressement de l’économie, le pays reste empêtré dans une crise économique aggravée par les cycles de sécheresses des années 1960 et 1970. L’exercice du pouvoir par M. Lamizana est rythmé par des régimes constitutionnels et des régimes d’exception. Il s’agit du gouvernement militaire provisoire (janvier 1966- juin 1970) ; de la IIème République (29 juin 1970 - 8 février 1974) ; du gouvernement de renouveau national (8 février 1974-1976) ; du gouvernement "de transition" et gouvernement "d’union nationale" ; (1976-1978) et de la IIIème République (13 décembre 1977- 25 novembre 1980).

Le 25 novembre 1980, un coup d’État porte au pouvoir le Comité militaire de Redressement pour le Progrès national (CMRPN). Le colonel Saye Zerbo, porté à la tête du pays, s’engage résolument dans une politique tournée vers les campagnes, avec un certain succès au départ et tente une moralisation de la vie publique. Une crise au sein de l’armée va conduire, en novembre 1982, à un coup d’État qui porte les jeunes officiers au pouvoir. C’est l’avènement du Conseil du Salut du Peuple (CSP), une des périodes les plus agitées de l’histoire du Burkina.

« Assaillis par divers courants politiques, les jeunes militaires hésitent entre le retour à une vie constitutionnelle normale et le basculement du pays dans la voie progressiste. Le premier courant est représenté par le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, porté à la tête de l’État et le second qui bénéficie du soutien des jeunes officiers par le capitaine Thomas Sankara. Le 4 août 1983, les militaires du Centre national d’Entraînement commando (CNEC) de Pô, sous la conduite du capitaine Blaise Compaoré, prennent d’assaut Ouagadougou. Le Conseil national de la Révolution (CNR) est alors proclamé sous la direction de Thomas Sankara. Le CNR opte pour un régime de type progressiste. Des querelles touchent l’armée et le 15 octobre 1987, le président du CNR trouve la mort au cours d’une fusillade sanglante », rappelle le conférencier, Dr Oubda.

Au CNR, succède le Front populaire (FP), dirigé par le capitaine Blaise Compaoré. Après une décennie de régimes d’exception, le Burkina renoue avec l’État de droit en adoptant par référendum le 2 juin 1991, une nouvelle Constitution. Le pays se dote, pour cette IVème République, d’un parlement bicaméral composé de l’Assemblée des députés du peuple et de la Chambre des représentants. Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en octobre 1987 (élu pour la première fois en 1991, réélu en 1998, 2005 et 2010), démissionne le 31 octobre 2014 suite à l’insurrection populaire.

Le pays s’engage dans une transition politique à l’issue de laquelle, Rock Kaboré est élu président du Faso en novembre 2015.

Au bout de son exposé, le conférencier est arrivé à une conclusion qui interpelle notamment la jeunesse. Ce qui rejoint l’appel du FPR qui, dans son manifeste, rappelle à la « jeunesse engagée » que le chemin qui conduit à la maturité et à la liberté véritable se forge toujours dans le feu de l’adversité. « Le Burkina Faso reste un pays pauvre. Les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat n’ont pas réussi à développer le pays qui est confronté aux problèmes de santé, d’eau potable, d’autosuffisance alimentaire, d’éducation, de chômage, de sécurité, de mœurs... C’est un Pays pauvre Très Endetté (PPTE). D’où la nécessité pour sa jeunesse de s’engager en capitalisant les acquis des devanciers et en prenant leçons de leurs erreurs », souligne l’enseignant-chercheur en Histoire africaine, Dr Mahamoudou Oubda,

Cette conférence publique qui fut une véritable excursion dans la vie du pays, a suscité à la fin de l’exposé sur le thème, de réactions nombreuses réactions de la part du public. D’où la satisfaction pour les responsables du Front patriotique pour le renouveau (FPR) qui voient en ce succès, l’expression d’un besoin réel des populations de se ‘’nourrir’’ de telles activités.

Fort de cet intérêt, le FPR se voit encore galvanisé à poursuivre, sur cet axe, le déroulement de son programme d’activités sur l’ensemble du territoire national.

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