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Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

Publié le mercredi 20 juin 2018 à 00h33min

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Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

Le Burkina a adopté, le 31 mai 2018, la loi portant code pénal, avec pour principale modification, l’abolition de la peine de mort. Trois semaines après, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), avec l’appui de l’Institut Général-Tiémoko-Marc-Garango pour la gouvernance démocratique (IGD), a rendu publics les résultats d’un sondage réalisé en septembre 2017 sur la peine de mort, et qui a concerné l’ensemble du territoire national. La présentation des résultats de cette enquête a eu lieu via un dialogue démocratique, ce lundi 18 juin 2018, à Ouagadougou. Il ressort que 54% de Burkinabè pensent que la loi devrait conserver la peine de mort pour les personnes qui commettent des crimes violents (meurtre, viol, attaques à main armée).

L’enquête a été réalisée dans le cadre d’Afrobaromètre ( http://afrobarometer.org/fr/press), un réseau de recherches panafricain et non-partisan qui mène des enquêtes d’opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques et les questions connexes en Afrique.
L’exercice a concerné un échantillon représentatif de 1 200 personnes réparties sur l’ensemble du territoire national. Ce sondage affiche des résultats-clés qui varient en fonction de l’occupation de l’interviewé, son milieu de résidence, son niveau d’instruction, l’âge, le sexe, etc.

De façon globale, on retient que plus de la moitié des Burkinabè pensent que la peine de mort devrait être maintenue.

Ainsi, à la question de savoir si la loi devrait conserver la peine de mort pour les personnes qui commettent des crimes violents (comme le meurtre, le viol ou les attaques à main armée), 54% y sont favorables alors que 40% (4 personnes sur 10) sont de l’avis contraire. Tenant compte du sexe et du milieu de vie, 51% de femmes sont favorables au maintien de la peine de mort contre 41% qui sont défavorables (et 8% disent ne rien savoir).

Toujours sur la même question, 56% des hommes se disent favorables à l’application de la peine de mort contre 38% qui émettent l’opinion contraire (6% sont ni d’accord ni en désaccord). Le sondage indique qu’en milieu rural, ils sont 55% de Burkinabè qui estiment qu’il faut conserver la peine de mort, 38% sont « contre ». En milieu urbain, les Burkinabè sont plus favorables à sa suppression (47% sont favorables à son maintien et 47% estiment qu’il ne faut pas la conserver).

Suivant l’âge et le niveau d’instruction, le sondage révèle que 46% des personnes âgées de 60 ans et plus demandent le maintien de la peine de mort contre 48% qui jugent nécessaire son abolition. Ce pourcentage monte chez les moins âgés, de 36 à 59 ans, d’où 50% sont favorables à l’application de la peine de mort et 43% sont « contre » tandis que 7% sont sans avis. Chez les Burkinabè âgés de 18 à 35 ans, 57% estiment qu’il faut la peine dans le dispositif juridique national pendant qu’ils sont 36% à s’y opposer.

Suivant tout autre critère…, 54% des Burkinabè ayant un niveau secondaire et post-secondaire sont pour le maintien de la peine de mort contre 42%. Pour ceux qui ont le niveau du primaire, 55% trouvent bon le maintien de la peine de mort au Burkina et 40% sont pour sa suppression (5% sont ni d’accord ni en désaccord).
Pour les enquêtés n’ayant aucune éducation formelle, 53% disent être favorables à ce qu’on conserve la peine de mort dans le code pénal tandis que 39% expriment l’avis contraire (et 8% sont sans avis).

La peine de mort est-elle un bon moyen de dissuasion contre le crime ?

À cette interrogation, 51% des Burkinabè ont répondu par l’affirmatif (ils se disent persuadés que la peine de mort est un bon moyen de dissuasion contre le crime), contre 44% qui ont dit le contraire.
Aussi, 48% des sondés estiment qu’il y a des crimes pour lesquels la peine de mort est justifiée, 44% pensent qu’aucun crime ne justifie la peine de mort.

Comme ont peut le constater, selon le sondage, la plupart des Burkinabè ne sont pas tout à fait prêts pour qu’on supprime la peine de mort, pourtant abolie avec la nouvelle loi adoptée le 31 mai 2018 (http://lefaso.net/spip.php?article83745).

C’est pourquoi, pour le présentateur du résultat de ce sondage, Assegna Anselme Somda, chargé de programme du CGD, les opinions exprimées montrent bien que les pouvoirs publics et la société civile doivent redoubler d’efforts pour sensibiliser l’opinion publique dans le contexte actuel caractérisé par la montée de l’extrémisme violent. Sans quoi, jauge-t-il, l’abolition de la peine de mort pourrait se heurter à un désaveu populaire.

Le chargé de programme du CGD Assegna Anselme Somda (à gauche) et le directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo, lors des échanges avec les participants

Une observation consolidée par les nombreuses réactions qui ont suivi la présentation des résultats du sondage. En effet, si des intervenants se sont montré favorables à l’abolition, de nombreuses autres se sont interrogés sur l’opportunité de supprimer la peine de mort dans le contexte actuel où le Burkina est en proie à des attaques terroristes.
D’autres par contre, tout en étant favorables à l’abolition, se disent dubitatifs au regard de la « précipitation » (la nouvelle constitution en attente d’adoption ayant déjà pris en compte la question) et du contexte (l’affaire François Compaoré) de son abolition.

Pour le directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo, c’est pour permettre aux citoyens burkinabè, de tous horizons, de bien cerner la question et que cela soit consolidant pour la démocratie, que de tels cadres d’échanges sont nécessaires. De son avis, la loi étant déjà adoptée, il faut s’y conformer. « Dura lex sed lex » (la loi est dure, mais c’est la loi), a rappelé Dr Ouédraogo à la fin de ce dialogue démocratique qui a regroupé leaders et représentants de partis politiques, de la société civile, des religieux, des juridiques et autres défenseurs des droits de l’homme.

OL
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Vos commentaires

  • Le 20 juin 2018 à 02:15, par homme intègre En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    mm si un Homme tue 10mille autres hommes, nul na le droit de tuer un individu ; raisonnons en humains et non en animaux

  • Le 20 juin 2018 à 08:05 En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Oui je fait partie de ceux qui sont contre. mais dans cette affaire il n’ya que la cas le cas François qui préoccupent les politiques et les hommes de droit.

  • Le 20 juin 2018 à 08:17, par Tempilla En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Quand on arrive devant le juge avec quelqu’un, on ne peut plus dire qu’il sera tué.
    Mais si pendant son interpellation, il y a eu échange de tir et qu’il soit mort ? Et si dans la circulation l’accusé a un accident mortel ? Et si il y a eu lynchage populaire ???
    Tout ça compte pour dire que prononcée ou pas, la peine de mort existe !!!

  • Le 20 juin 2018 à 09:31, par tienfoo ! En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Je suis de ceux qui se sont réjouis de l’adoption de ce nouveau Code Pénal. Pas seulement pour l’abolition de la peine de mort, mais aussi pour la criminalisation de l’accusation de sorcellerie, certains aspects du mariage forcé(en particulier ceux des enfants)...Donc, dire que l’abolition de la peine de mort est « la principale modification » me semble une appréciation très approximative de ce nouveau texte ! Et sincèrement, j’ai du mal à cerner l’opportunité de cette sortie médiatique du CGD ! Pourquoi attendre que la loi soit votée et nous dire après qu’une majorité des Burkinabè serait contre cette abolition et que "dura lex sed lex" ? Si c’en est là une proposition où une suggestion visant à ne pas adopter ladite loi, elle est bien tardive comme vous le reconnaissez !

  • Le 20 juin 2018 à 10:08, par Sylvanus En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    « Comme ont peut le constater, selon le sondage, la plupart des Burkinabé ne sont pas tout à fait prêts pour qu’on supprime la peine de mort, pourtant abolie avec la nouvelle loi adoptée le 31 mai 2018 ».
    Vous allez trop vite en besogne. Le plus fort taux de sondés favorables à la peine de mort est de 57% et c’est chez les Burkinabé de 18 à 35 ans. A mon avis, pour qu’on parle de PLUPART il faut aller au-delà de 70%. Je pense qu’à ces taux-là (50 à 57%), il faut plutôt dire qu’on constate que les Burkinabé sont partagés sur la question, avec une LÉGÈRE AVANCE tout de même pour ceux qui sont en faveur du maintient de la peine de mort.

  • Le 20 juin 2018 à 13:40, par rosine En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Non à l’abolition !

  • Le 20 juin 2018 à 14:03, par Nabi Kiera En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Je me demande si les gens comprennent quelque chose à cette histoire d’abolition de la peine de mort. Si nul n’ a le droit de tuer quelqu’n et surtout de façon cruelle et criminelle, au nom de quelle loi ils disent abolir la peine de mort ? En d’autres termes, c’est dire aux criminels continuer de tuer qui vous voulez. La peine de prison est temporaire et vous retrouverez la liberté.
    C’est bien tout cela. Cela facilite l’application de la justice naturelle. Oui les gens se rendront justice par le lynchage populaire et l’éxécution du criminel dès que qu’on le prend la main dans le sac.

  • Le 20 juin 2018 à 15:28, par ouli En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Ma préoccupation est que je n’arrive pas a comprendre le paradoxe entre la lutte contre le terrorisme, la criminalité et l’abolition de la peine de mort (c’est très paradoxal), notre état vient de faillir l’une de ses missions première et essentiel s’il adopte cette constitution son état actuel dans un contexte actuel.

  • Le 20 juin 2018 à 15:43, par Ka En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Si ce sondage s’avère réelle, disons que les criminels dans de notre pays dépasses la norme. Mais que ceux qui sont pour la peine de mort, sachent qu’aucune mort n’est acceptable, encore moins belle, surtout d’un être très cher, fusse-t-elle brutale ou attendue lors d’une maladie, ne pensons pas aux fusillades ou la corde au cou.

    Les personne qu’on tue ont de la famille, et ces famille après l’exécution de leur parent quoi qu’il a fait sont totalement perdu et vidé comme toute une famille normale. Et on en veut à tout. Et l’on pense aux hypothèses qui auraient pu l’empêcher. Mais hélas, à l’instant de la survenue, on n’y croit pas, car on pense même qu’une résurrection miraculeuse serait possible. Mais, on se rend vite à l’évidence de l’inacceptable réalité. Pourquoi la mort existe-t-elle ? Des questions absurdes certes, mais ayant perdu tout repère de la vie. On a envie de ne pas exister. C’est vraiment très douloureux.

    Pendant ce temps, d’autres personnes inconscientes posent des actes intolérables à vos yeux, surtout émanant de personnes foncièrement hypocrites, avec des larmes de crocodile comme ceux qui sont pour la peine de mort. Dieu nous a donné cette vie précieuse gracieusement, il est le seul à la reprendre au moment qu’il veut. L’homme qui ne peut donner la vie à une mouche, doit avec l’humilité respecté toute vie dans ce bas monde. Cela est ma philosophie chrétienne qui m’encourage à accepter l’abolition de la peine de mort dans notre pays.

  • Le 20 juin 2018 à 16:51, par koudoulais En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    "There are three kinds of lies : lies, damned lies, and statistics." Mark Twain. La manipulation de l’opinion est au profit de qui ? Comment avez vous évaluer la taille de l’effet ? Elle dépend de plusieurs facteurs intrinsèques liés même à l’étude : La force et la fidélité des questionnaires et de l’échantillonnage, la sensibilité du répondant en terme de maturité par rapport à la question de la peine de mort, de la variabilité globale des répondants, la taille de la différence entre ceux qui sont favorables et non favorables à l’abolition de la peine de mort.

    Jusqu’à quel degré les résultats sont ils généralisables à l’ensemble des burkinabè ? Il serait mieux de dire 54 % des sondés et non des burkinabè.

    Éduquons pour en finir avec l’ignorance et non à enfoncer le clou !

  • Le 20 juin 2018 à 17:59, par Lionceau En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    Mes amis, nous n’avons même pas besoin du CGD pour savoir si les Burkinabè sont favorables ou pas à la peine de mort.

    - Imaginez tout simplement ce qui peut arriver à un individu pris en flagrant délit de meurtre par la population à rood-wooko ou à markoussi, ou au grands marchés de bobo ou Koudougou avant l’arrivé de la police.

    - Imaginez la même chose à Paris, à Londres ou à New york.

    Vous déduirez de vous même qui des Burkinabè ou des français anglais ou américains sont favorables ou pas à la peine de mort.

    Mon cher Thomas, je t’aime bien et j’admire ce que tu fais, mais là là seulement ce n’est pas que 54%. Si tu dis faux, emmène un présumé djihadiste sérieux à rood-wooko voir ce qui va arrivé. Même un simple voleur de sandales n’en sort pas vivant à fortiori un assassin.

  • Le 20 juin 2018 à 19:00, par Chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    La décision de suppression de la peine de mort a été adoptée aux forceps et la justice française a bien senti le stratagème (cousu de fil blanc) ; il en est de même pour les accords d’extradition. Au vu de cette situation, il y a comme une manipulation du droit à des fins politiques et l’extradition de F.C. est définitivement comprise. Il vaut mieux travailler à ramener la sérénité plutôt que de vouloir jouer sur les bas instincts du peuple (plus facile à faire). Cela ressemble fort bien à une escroquerie. La justice française se laissera-t-elle escroquer si facilement ? A bas les insurrescrocs ( insurgés escrocs) !

  • Le 21 juin 2018 à 03:59, par koudoulais En réponse à : Abolition de la peine de mort : plus de la moitié des Burkinabè n’y sont pas favorables

    M ou Mme Lionceau.

    Interrogez votre conscience voir si ces actions traditionnelles sont bonnes ou mauvaises ? La question de l’abolition de la peine de mort ne peut pas être rejetée ou acceptée par une approche statistique (cela peut aider), mais par une approche analytique de cause à effet. Cela exige de nous un examen de conscience non émotionnel.

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