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Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

Publié le vendredi 15 juin 2018 à 11h28min

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Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

Ce jeudi 14 juin 2018 à la reprise du procès du putsch manqué de septembre 2015, la légitimité du président du tribunal était encore contestée par un avocat de la défense. Me Solange Zèba, conseil de Moussa Zerbo dit « Rambo ». Pourtant, des réquisitions avaient eu lieu à ce sujet à plusieurs reprises et les débats avaient longtemps achoppé avant que les requérants ne soient déboutés. L’on en est encore à ce niveau, alors que le terrain semblait déblayé ce jour pour enfin connaitre le fond du dossier. Cette réquisition était celle de trop pour la partie civile. Les nerfs n’ont pas tenu. « Ça devient déprimant », a soupiré Me Prosper Farama. Finalement cela n’a pas prospéré, mais le procès est renvoyé au 29 juin.

A deux reprises le président du tribunal a annoncé que l’interrogatoire des accusés allait enfin commencer. Mais rien n’y fit. A chaque fois, des incidents l’ont obligé à revoir son plan. La dernière, c’était le 12 juin dernier. Des avocats de la défense avaient fait savoir que deux accusés ( Relwendé Compaoré et Mamadou Traoré) n’avaient toujours pas d’avocats et que de ce fait, il fallait leur en trouver avant le début des débats au fond. Une nouvelle demande de renvoi était ainsi formulée.

Ce qui n’était pas l’avis du parquet et des avocats de la partie civile qui avaient estimé qu’en attendant que le bâtonnier soit saisi pour commettre des avocats en vue de la défense des deux accusés, le procès pouvait se poursuivre avec les accusés qui avaient des conseils. Des interminables débats s’en étaient suivis, comme à l’accoutumée.

Le président Seidou Ouédraogo avait alors renvoyé les deux parties deux à dos, leur donnant rendez-vous ce 14 juin pour trancher sur la question.

Déboutés, ils attaquent sur un autre front !

A la énième reprise de ce procès, le président du tribunal a rejeté la demande de renvoi formulée par des avocats de la défense. Des avocats seront commis pour la défense des intérêts de Relwendé Compaoré et Mamadou Traoré. Mais pendant que cela se fait, le procès peut bel et bien continuer, avec l’appel à la barre des autres accusés qui seront assistés par leurs conseils.

Le procès peut donc continuer ? En tout cas, dans la salle des fêtes de Ouaga 2000 qui ne connait plus l’engouement des premiers jours, le public s’attendait certainement à écouter les premiers accusés appelés à la barre. Ils attendront encore. Puisque Me Solange Zèba, avocat de Moussa Zerbo dit Rambo, et nouvellement commise d’office, va informer le président et le Tribunal qu’elle a déposé une requête aux fins de récusation de deux magistrats, devant la chambre criminelle de la Cour de Cassation. Le président du tribunal (Seidou Ouédraogo) lui-même et Emmanuel Konéné, ne sont pas à leur place et devraient s’abstenir de connaître du dossier.

Une question qui a longtemps occupé les débats, notamment au début du procès. Solange Zèba va alors demander au président de surseoir à la continuation de la procédure, à l’instruction du dossier à la barre, en attendant la décision de la chambre criminelle de la Cour de Cassation. « Nous ne pouvons pas prendre la parole devant vous, pendant que nous remettons en cause votre juridiction », lancera-t-elle au président.

Le parquet montera alors au créneau pour informer le président que la requête n’a pas respecté la procédure en la matière. La loi pénale est d’interprétation stricte, rappelleront le commissaire du gouvernement Alioune Zanré et ’’ses hommes’’. Et la loi dit que c’est le secrétaire général de la Chambre criminelle qui doit informer le président du tribunal, de ce qu’une requête aux fins de récusation a été déposée contre des magistrats de sa juridiction. Pourtant, dans le cas présent, l’avocate Solange Zèba a juste notifié cette demande de récusation par voie d’huissier.

Pour Me Guy Hervé Kam de la partie civile, ce énième incident est la preuve que la défense a décidé de tout faire pour perturber le procès. Pour lui, c’est juste une information que Me Solange Zèba a donnée au président, et de ce fait, il n’y a pas de suite à donner, l’audience doit se poursuivre.

« Ça devient déprimant. Il y a des questions sans intérêt ni pour le procès, ni pour le droit. Ça frise la provocation », reprend Me Prosper Farama qui note que la demande de sa consœur est un non-sens juridique et que l’audience ne peut être nullement suspendue. Agacé, l’avocat de la partie civile ajoutera que « Ça devient théâtral ».

Après avoir entendu les différentes positions, le président suspend l’audience pour apprécier. Au retour, Seidou Ouédraogo rejettera la demande du conseil de « Rambo » pour vice de forme. Par contre, « pour une bonne administration de la justice », le président a renvoyé le procès au 29 juin. Les premiers accusés comparaitront-ils enfin ? Rendez-vous dans deux semaines !

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2018 à 13:12, par Sapience En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Me Guy Hervé Kam, je vous invite à la patience et au respect des décision du tribunal. Aussi, qu’il vous plaise d’aller lire les conclusions des travaux sur la mise à plat du système de rémunération des agents publics. Il appert que la question judiciaire constitue le défit du moment. De plus l’interview de Étienne Traoré, conforte l’opinion d’une gouvernance partisane de la justice au Burkina Faso.

  • Le 15 juin 2018 à 13:35, par Sapience En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Aux citoyens burkinabé, sans être un spécialiste du droit, je dis ceci :

    Les Droits fondamentaux garantissant une bonne justice se répartissent entre les droits au juge et les droits de la défense.

    Le droit au juge, je laisse le soin au tribunal militaire de le faire entendre aux différentes parties.

    Quant au droit de la défense, c’est une exigence majeure de tout système de garantie des droits fondamentaux que ce soit lors d’une procédure contentieuse (devant une juridiction) ou non contentieuse (médiation, procédure gracieuse ou disciplinaire). Le droit de la défense consiste en le fait de pouvoir être entendu, de bénéficier de conseils, et de bénéficier du principe du contradictoire. Une juridiction qui écarterait un avocat entraverait les droits de la défense.
    La loi définit l’importance de l’indépendance, de la souveraineté et de l’incorruptibilité de la justice.

    Parmi les droits de la défense retenons celui-ci : « Toute personne doit pouvoir se défendre, soit personnellement, ou bien assistée par un avocat ».
    Enfin il est capital de rappeler que la justice considère que toute personne mise en cause est présumée innocente. Cette règle est souvent mise à mal par l’impact de la rumeur. Il faut donc arrêter avec les conclusions occultes et les jugements de valeur répandus par la rumeur sur les réseaux sociaux et dans la presse.

    Le secret de l’instruction du dossier a été maintes violé par une certaine presse écrite, dans le but d’instrumentaliser l’opinion publique. Quel Pays !!!!

    Alors, ne bafouons pas les règles de droits. En langage populaire, on ne sait jamais ce que demain nous réserve.

  • Le 15 juin 2018 à 13:51 En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Ils ne veulent pas être jugés d’autant que la plupart de ces criminels vivent à la MACA dans un confort indécent aux frais du contribuable et il est aussi plus que probable que leur mirobolant salaire continue à leur être versé.De mon point de vue,pour leur faire revenir à de meilleurs sentiments,il faudra durcir leurs conditions de détention et vous verrez qu’ils n’utiliseront plus des artifices bidons pour se la couler douce éternellement dans cette MACA qui ressemble à un hôtel 5 étoiles

  • Le 15 juin 2018 à 14:24, par Ka En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Oui maître Farama vous aviez raison, votre obstination de dire la vérité tout haut vous a coûté il y a un temps votre liberté et vous confirme d’être un avocat professionnel et dévoué : Et je confirme que la salle des banquets avec ce procès enfantin est devenu la salle des opérettes et des artistes en herbe pour agacé le peuple Burkinabé et les familles des victimes.

    Nous pouvons crier victoire, car l’ombre et la mort des âmes tuées hantent déjà les criminels et leurs avocates comédiennes et des avocats comédiens. De passage, et en voyant de ce qui se passe avec notre justice moribonde, saluons la justice Ivoirienne avec des juges et avocats des deux cotés très murs et professionnels, lors des procès des accusés de la crise Ivoirienne de 2011 : Par rapport à nos gigolos accusés et leurs avocats de pacotille, le Burkina est mille fois en retard de sa justice équitable, à cause du régime de l’introverti Blaise Compaoré avec sa justice qui était pour qui offrait plus d’argent est acquitté dans l’impunité et de l’injustice. C’est cette justice corrompu qui continu de nos jours avec des margouillats au plus haut du pouvoir qui veulent protégés les criminels en puissance. Que Dieu vienne au secours du peuple Burkinabé prisonnier de sa justice moribonde.

  • Le 15 juin 2018 à 19:30, par sapience En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Monsieur, tout de même la justice ne s’est affranchie du fils de Ziniaré en exil ? JE CROIS QUE LE PROBLÈME DE NOTRE JUSTICE SE TROUVE AILLEUR. Avis aux experts en audité des institutions judiciaires.

  • Le 15 juin 2018 à 19:51, par Nobga En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Nous avons consenti d’énormes efforts pour que la justice soit indépendante, qu’elle soit bien rémunérée afin d’être à l’abri de toute tentation, mais peine perdue, il ne nous reste que nosvyeux pour pleurer. Seulement, tout se paye cash sur cette terre. Qui pouvait croire non seulement au départ précipité de Blaise mais également à ce que François soit poursuivi, même si cela n’aboutit pas de sitôt ? Le crayon de Dieu n’a pas de gomme ! On attend patiemment jusque ce que justice soit faite.

  • Le 16 juin 2018 à 08:15, par Bougoumbarga En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Mais au faite, "que comprendre de notre Justice" ? Incompétence, complicité ou sabotage ? Tout ceci de la part de tous les acteurs. Tantôt c’est la Défense qui joue pour le retardement, la non-réalisation de ce procès, ou c’est la partie civile qui tout en déplorant et dénonçant les comédies infantiles de la Défense tandis que le Tribunal lui-même tergiverse sur ses prérogatives sans pouvoir justifier et exercer son Autorité dans ce procès ; tantôt, on sent des implications sous-manteau du Pouvoir et de "l’Opposition" qui empêche les choses d’avancer. Déduction peut être faite que personne, nous disons personne de tous les bords concernés n’est décidé, engagé pour que ce procès ait lieu. Et si oui qu’il en est ainsi, que purement et simplement ce procès soit annulé car le peuple en a assez et n’entend pas se laisser prendre pour un idiot. Si parmi tous nos Magistrats il n’y a aucun assez probe, propre et compétent pour diriger ce procès et le mener jusqu’au bout, qu’on l’arrête. Ou encore si aucune preuve n’existe pour le justifier, cessons de gaspiller le temps et l’argent des contribuables pour financer rien que des perdiems ; chaque jour étant pointé par les bénéficiaires pou en encaisser. Par contre, si les preuves en la possession du Tribunal sont évidentes, qu’on puisse se mettre au-dessus de toutes ces élucubrations et "taper" bien fort pour faire avancer les choses n’en déplaise aux empêcheurs de danser en rond. C’est comme aussi dans le cas de l’Affaire de Compaoré François où est notée une incapacité, une incompétence notoire est enregistrée de la part de nos Magistrats de répondre aux exigences de la Justice française pour faire avancer les choses. Tout le monde sait que François Compaoré a bel et bien été à la base, sinon l’organisateur en Chef des assassinats de David Ouédraogo et Norbert Zongo. Mais malheureusement, notre Justice est et reste incapable de réunir et donner les preuves qu’il sied pour obtenir l’extradition demandée aux fins de jugement. Pis ! On sait tous qu’avec ou sans sa présence, on peut le juger par contumace. Tous ces jeux sont joués pour éviter l’ouverture d’autres dossiers (crimes économiques notamment) ne puissent être ouverts car beaucoup de personnes de pointe aujourd’hui y sont impliquées. Allez-y comprendre.

  • Le 16 juin 2018 à 10:57, par Ka En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    Sapience : Si tu étais un internaute neutre qui était parmi les internautes de bonne foi qui ont combattu un régime sanguinaire dont une famille a voulu s’éterniser au pouvoir, et que le peuple et sa jeunesse s’est soulevé et dire que ça ne se fait pas, je t’aurai consacré une de mes critiques fondées sur des argumentations solidités. Mais depuis que tu es arrivé sur le forum en partisan d’un introverti qui a pris son peuple pour un mouton, tu ne mérites pas quoi que ça soit de Ka. Lorsqu’on voit ce que vous aviez fait à notre pays durant 27 ans : Le constat est clair avec cette justice dans le noir : En te lisant, on comprend pourquoi vous aviez eu la fâcheuse habitude de violer le droit et les valeurs fondamentales de notre société. Cette situation a conduit à la banalisation du mal, à la déresponsabilisation, à la criminalité politique, à l’impunité et la déliquescence des mœurs.

  • Le 18 juin 2018 à 09:31, par SAC En réponse à : Procès du putsch : « Ça devient déprimant ! », soupire Me Prosper Farama

    On arrête de payer les honoraires des avocats et autres pour faits de reports ; on met les présumés dans les mêmes conditions que ceux de la MACB ou MACO et on va voir si ce procès va continuer à être reporté. ça frise ce que ça frise ; mais je crois que les présumés ne sont pas assez courageux. Surtout que la peine de mort est abolie, personne ne sera pendu ni fusillé comme ça se faisait avant. Des recours pourront être faits après, surtout que le peuple n’est pas dupe pour savoir qu’un procès est tronqué ou pas.

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