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Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Nord : les OSC s’inquiètent de la situation d’extrême famine

Publié le mercredi 13 juillet 2005 à 07h19min

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Considérant la situation d’extrême paupérisation qui sévit dans notre pays,

Considérant la précarité des conditions de vie de nos populations,

Considérant le déficit céréalier constaté dans certaines régions de notre pays dont celle du Nord,

Considérant les ravages commis par les acridiens sur les récoltes,

Considérant le déficit pluviométrique constaté dans ces régions lors de la saison hivernale passée,

Vu l’impact de tous ces phénomènes sur les conditions de vie des populations entraînant souvent leur mort et les invalidant pour la campagne agricole présente,

Nous, organisations de la société civile, réunis au sein des Caucus, interpellons le gouvernement, les partenaires techniques et financiers ainsi que tous les acteurs de la vie nationale sur :

1°) La nécessité d’augmenter le tonnage des céréales alloués aux différentes localités afin de juguler un tant soit peu la famine qui sévit véritablement dans nos campagnes et même dans nos villes.

2°) L’urgence qu’il y a à veiller à la redistribution transparente des céréales au niveau décentralisé afin d’éviter les spéculations qui ont malheureusement cours dans certaines localités autour desdites céréales.

3°) C’est pour cela que des commissaires seront envoyés dans tous les départements de la région afin de faire un rapport détaillé sur la gestion de ces céréales destinées à la vaillante et courageuse population à laquelle nous rendons un vibrant hommage bien mérité.

Aussi, avec l’aide de Dieu et de nos ancêtres, nous prions de tous nos cœurs pour qu’il pleuve abondamment.

Nos prières sont couplées d’une grande inquiétude sur l’avenir des récoltes de cette année car la population affamée n’aura pas assez de semis et pire de forces nécessaires pour cultiver ce qu’elle a semé.

L’heure est donc très grave.

C’est pourquoi, des actions immédiates doivent être menées :

Le tô étant l’aliment de base de nos populations, il est vraiment inadmissible que la matière première qui sert à sa préparation à savoir le mil soit vendu à un prix hors de portée de nos populations soit 25 000 F CFA à Ouahigouya, le sac de 100 kg, et de 35 000 F CFA à Dori, nettement plus cher que le riz.

La population, d’une manière générale, se nourrit maintenant de riz.

Aussi, proposons-nous les solutions suivantes au gouvernement et à ses partenaires afin d’endiguer les spéculations qui se font autour du mil :

A. Etant donné que le riz est un produit d’importation, ce qui n’est pas le cas du mil, nous suggérons si possible son subventionnement immédiat avant les vacances gouvernementales si non à la reprise nous constaterons un bilan macabre de morts de famine. Cette subvention baissera le prix du riz et entraînera inéluctablement l’arrêt de la spéculation sur le mil et permettra aux populations de varier leur menu.

Un mécanisme de suivi sur la vente de ce riz subventionné sera instauré, associant la société civile et l’autorité pour démasquer et dénoncer tout spéculateur de ce riz.

B. Connaissant la solidarité légendaire des Burkinabè, une action dénommée "Opération Kongo Dehors" doit être lancée par le gouvernement ou toutes les bonnes volontés qui ont pitié d’autrui donneront un peu de ce qu’ils ont pour faire face à cette famine.

Nous lançons un cri du cœur, de détresse à l’endroit de tous les partenaires techniques et financiers, tous les opérateurs économiques, toutes les organisations de la société civile du Burkina et d’ailleurs et toutes les bonnes volontés d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

C. Un proverbe de chez nous dit qu’"il n’y a pas de honte le jour de la naissance", de même il n’y a pas de honte à déclarer ces zones sinistrées. Nous pensons que de telles mesures permettront d’éviter les désastres survenus dans certaines régions de l’Afrique, la Somalie autrefois et le cas présent du Niger.

Le gouvernement se bat en octroyant du mil à la population même si cela est insuffisant. Nous pouvons affirmer que le gouvernement, malgré ses efforts, seul ne peut pas solutionner ce problème d’où une solidarité, une synergie d’actions sont nécessaires.

C’est parce que cette famine se profilait à l’horizon que nous avions interpellé le gouverneur de la région du Nord, lors de son installation officielle sur la nécessité de prendre rapidement et efficacement des mesures préventives contre la famine. C’est le lieu pour nous ici de saluer les efforts du gouverneur qui, à plusieurs phases du processus, nous a associés, il n’a ménagé aucun effort pour toucher du doigt les réalités de sa région en instituant des tournées d’écoute de sa population. Nous en profitons également pour réitérer notre entière disponibilité dans le sens de la résolution de cette crise alimentaire.

Nous osons croire que notre appel sera entendu et que des mesures idoines seront diligemment mises en œuvre pour soulager la population qui souffre, se meurt et meurt.

Fait à Ouahigouya, le 9 juillet 2005

Pour la coordination régionale des Caucus

Le Coordonnateur,
Tasséré SAVADOGO

Le rapporteur
Odilon Bahina DAH
Président CAUCUS droit humains et
Revendications spécifiques

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Vos commentaires

  • Le 15 juillet 2005 à 12:00 En réponse à : > Nord : les OSC s’inquiètent de la situation d’extrême famine

    bonjour,
    Nous vous informons que les villes jumelles de Ouahigouya : Vence ( France) et Lahnstein ( Allemagne) ont procédé au mois de Mai dernier à un financement de sacs de mil et de maïs pour un montant total de 13 000 euros. Une grande partie de ces vivres ont été distibués gratuitement aux personnes très démunies à Ouahigouya et dans les villages environnants couverts par les projets de la ville de Vence.
    Une autre partie ont été vendus à un prix social. Nous suivons de très près et ceci depuis longtemps la situation de notre ville jumelle, puisque ce jumelage entre nos trois villes fonctionnent depuis 1978.
    Pour le comité de Vence, le vice-président chargé du jumelage Vence/Ouahigouya. Bernard JOUDON Vence 15 juillet 2005

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