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L’Albinisme : quels regards des peuples ?

Publié le mercredi 13 juin 2018 à 11h31min

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L’Albinisme : quels regards des peuples ?

Le 13 juin de chaque année est déclaré « Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme » par l’assemblée générale des Nations unies (depuis une résolution de juin 2014), pour faire connaître et améliorer le sort des personnes atteintes dans le monde, victimes de préjugés, brimades et agressions. En ce 13 juin 2018, comme le voudrait la tradition internationale, lefaso.net vous propose, à travers ces lignes ci-après, de revenir sur la perception qu’ont certains peuples de cette « anomalie génétique ».

Jadis considérée comme « une malédiction du bon Dieu » par certains peuples et de plus en plus perçue comme une aubaine pour ce qui est des rituels occultes, l’albinisme est un sujet qui fait couler encre et salive dans nos sociétés. Quelles sont les interprétations réelles des peuples ? C’est ce que l’on tentera de vous décrire un peu plus bas.

Quelle définition ?

Définie comme une anomalie génétique et héréditaire qui affecte la pigmentation, l’albinisme se caractérise par un déficit de production de mélanine. Il est de fait classé dans la catégorie des photo-gènodermatoses, affections génétiques de la peau aggravées par la lumière solaire.
Ce déficit peut aller jusqu’à l’absence totale de pigment mélanique dans l’iris et les téguments (épiderme, poils et cheveux, plumes), malgré la présence normale en nombre de cellules pigmentaires ou mélanocytes.

Couramment connu pour toucher la race humaine, il est également perceptible chez les mammifères, les oiseaux, les poissons, les amphibiens et les reptiles, qui sont, eux aussi, nommés albinos. L’albinisme ne doit cependant pas être confondu avec « le leucistisme » qui touche tous les pigments et pas seulement la mélanine. Les iris sont colorés et la rétine normalement constituée.

Les personnes atteintes d’albinisme sont particulièrement sensibles à la lumière (photophobie), et aux effets ultraviolets et ont de ce fait un risque plus élevé de brûlures, voire de cancer de la peau quand elles s’exposent au soleil. Les manifestations oculaires et cutanées peuvent être sévères.

Êtres à la capacité de nuisance et de pouvoir

Nombreuses sont les croyances qui font des albinos des êtres à la capacité de nuisance ou de pouvoir. Du caractère de nuisance que l’on leur reconnait, ils sont le plus souvent assimilés au fruit d’un adultère, à des êtres immortels, ayant la capacité de disparaître et réapparaitre tel un fantôme.
Aussi est-il avancé qu’ils sont mentalement insuffisant ou en deçà de la moyenne intellectuelle générale. Peu importe la raison, certains sont socialement rejetés.

Et pour la majeure partie du temps, les mères sont rendues coupables de transmettre cette « malédiction ». L’on en veut pour preuve un propos du président de l’Association nationale pour l’intégration des personnes albinos (ANIPA) au Burkina Faso, Fabéré Sanon : « On l’accuse d’avoir dormi enceinte à la belle étoile dans un endroit interdit ou d’avoir été infidèle à son mari pendant la grossesse ».

En Océanie, l’albinos est perçu comme le fruit d’une relation malsaine entre la femme et un esprit malin qui emprunte l’enveloppe corporelle du mari pour la tromper. Ainsi, à peine venu au monde, il est immédiatement condamné à mourir.

Du côté de la Tanzanie, les attaques envers les albinos a gagné en nombre lors des élections générales (présidentielle, législatives, locales) du 25 octobre 2015. Comme explication, les candidats politiques, s’adonnant à la sorcellerie, n’hésitaient pas à acheter des organes d’albinos pour en faire des porte-bonheur susceptibles de les faire gagner.

De manière générale, les albinos sont vus comme des êtres surnaturels qu’il faut impérativement faire périr ou mettre à l’écart pour que règne une certaine quiétude sociale.

Considérés comme des divins dans d’autres contrées

« Certains expliquent leur présence par une intervention divine positive. Chez quelques Amérindiens avoir un albinos dans sa communauté est une fierté. Les Indiens Pueblos et Hopi, y voient une figure religieuse envoyée par les cieux pour rendre leur tribu plus belle et meilleure. Pour les Hopi ou les Zunis, l’un des parents aurait mangé un épi de maïs blanc avant sa conception ou aurait simplement eu une relation avec un homme blanc.

De plus, ils sont souvent liés aux astres, dont la Lune. On les appelle « les enfants de la Lune » (bien que ce terme désigne une autre maladie rare en médecine) », a cité Anaïs Gningue, dans « Les perceptions de l’albinisme selon les sociétés ». Il ressort également de cet écrit que certains peuples, notamment les Kanaks de Nouvelle-Calédonie, vouent un culte aux albinos qu’ils considèrent comme des messagers des dieux.

Somme toute, l’on devrait retenir que l’albinisme n’est qu’une anomalie génétique et héréditaire qui affecte la pigmentation. Il ne saurait donc être assimilé à un quelconque sort de la part du bon Dieu ou autres divinités.

Source : « les perceptions de l’albinisme selon les sociétés », Anaïs Gningue ;
Wikipédia.org

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2018 à 07:47, par Kôrô Yamyélé En réponse à : L’Albinisme : quels regards des peuples ?

    - Joli bébé tout rond ! Toubabou.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 14 juin 2018 à 09:26, par HUG En réponse à : L’Albinisme : quels regards des peuples ?

    Courage à vous et à vos proches car ce n’est pas facile. Mais ne céder pas à la stigmatisation et à la discrimination car on a besoin de la contribution de tous pour la construction du pays. Malheureusement nous avons un pays ou le populisme est en vogue. Est ce que cette couche de la population est prise en charge par le ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille ?

  • Le 14 juin 2018 à 11:04, par Dosso En réponse à : L’Albinisme : quels regards des peuples ?

    Je suis né d’une mère albinos, mais je ne le suis pas. Quand je regarde ce bébé, c’est avec amour, c’est comme ma mère.

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