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Kieryaoghin (Komsilga) : Le Mouvement de solidarité pour le droit au logement dénonce un aménagement illégal

Publié le jeudi 7 juin 2018 à 23h40min

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Kieryaoghin (Komsilga) : Le Mouvement de solidarité pour le droit au logement dénonce un aménagement illégal

Encore une histoire de lotissement au Burkina. A Kieryaoghin, communément appelé Boulbi, dans la commune rurale de Komsilga, l’aménagement effectué par la Coopérative burkinabè de l’habitat (CBH) n’est pas du goût des membres du Mouvement de solidarité pour le droit au logement (MSP-DROL)-section Boulbi. Face à la presse ce jeudi 7 juin 2018, le MSP-DROL a dénoncé les actions de certains conseillers municipaux qui, de concert avec la CBH, ont procédé à un aménagement illégal.

L’histoire remonte à 2008, où des villages de la commune rurale de Komsilga, Kieryaoghin, Saonré et Kamsaontinga, ont bénéficié d’une autorisation de lotissement, suite à une demande formulée depuis 2003 par les notables de Komsilga. « A l’époque, le maire lui-même n’a pas pu procéder au lotissement parce qu’il y avait un conseiller démarcheur du CDP (Rasmané Ouédraogo), qui avait pris cette autorisation pour en faire une affaire privée », a confié le président du Mouvement de solidarité pour le droit au logement (MSP-DROL), Seydou Traoré.
Puis d’asséner : « Se disant originaire de Boulbi et en plus conseiller, il avait confectionné ses propres bornes et procédé à un recensement pour aménager le terrain, mais nous nous sommes opposés ».
Toutefois, il soutient que monsieur Rasmané Ouédraogo a préféré poursuivre son « lotissement sauvage ». « En 2014, les bornes ont été posées. Nous avons rencontré le maire de Komsilga de l’époque qui nous a confié qu’il n’était pas associé à cette opération », a-t-il noté, précisant que selon les textes, l’autorisation de lotissement n’était plus valable, plus de deux ans après.

La CBH entre dans la danse

Après les évènements de 2014, monsieur Traoré confie que deux conseillers, dont Rasmané Ouédraogo et Désiré Kaboré, sont revenus à la charge avec une opération de recensement. « Ils prenaient 2 500 F CFA par personne. Là encore, nous nous sommes opposés et nous sommes repartis voir le maire actuel de Komsilga, qui nous a également dit qu’il n’était pas informé. Nous avons attiré son attention en lui signifiant qu’il faudrait redemander une autorisation pour procéder à un nouvel aménagement », explique M. Traoré.

Par la suite, à en croire Seydou Traoré, la Coopérative burkinabè de l’habitat (CBH), de mèche avec les deux conseillers, est entrée dans le jeu. « Cette fois, ils ont réussi à convaincre le maire lui-même qui nous avait pourtant dit qu’il n’en savait rien. Il y a eu des arrêtés au niveau du Conseil municipal qui autorisaient la Coopérative à aménager des parcelles. Ce qui est illégal », a ajouté le président du MSP-DROL, précisant que la CBH a été mise en place par des cadres du ministère en charge de l’Habitat.

Las de tous ces manèges, le MSP-DROL dit avoir sollicité un audit auprès de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC), qui a relevé des défaillances dans son rapport, notamment le recensement. Et aux dires de Seydou Traoré, l’ASCE-LC a suggéré aux différents acteurs de se référer à la section du MSP-DROL de Boulbi pour reprendre le recensement en tenant compte des autochtones, et de reverser la contribution des habitants (2 500 F CFA) à la commune.
« Nous avons invité le président de la Coopérative (le 10 avril 2018) et nous lui avons demandé de tout arrêter, tout en lui signifiant qu’on ne s’opposait pas à la poursuite de l’aménagement. Nous voulons simplement que tous nos membres puissent être pris en compte dans le recensement. Il nous a promis de nous revenir, mais à notre grande surprise, l’aménagement s’est poursuivi », a-t-il regretté.

La CBH faisant la sourde oreille, le MSP-DROL dit par la suite, avoir adressé une correspondance au ministre en charge de l’Habitat pour attirer son attention. « Il (le ministre), nous a affirmé que la coopérative n’avait pas d’approbation et nous a rassurés que les activités de la coopérative seront suspendues », a-t-il noté. Toutefois, il soutient que La coopérative a poursuivi ses activités, le conduisant à rencontrer le ministre cette fois. « Le ministre a demandé à la coopérative d’arrêter ses activités au risque de retirer son agrément. La CBH a donc suspendu ses activités », ajoute M. Traoré.

De 35 hectares à 225 hectares

D’une autorisation d’aménagement de 35 hectares, Seydou Traoré soutient que la coopérative est en train d’aménager un espace de 225 hectares. « A notre grand étonnement, nous avons appris dans les colonnes du journal Le reporter, que le maire qui prétendait ne pas être au courant, a fait ressortir des arrêtés qui donnaient quitus à la coopérative d’aménager.
Aussi, alors que le ministre nous avait rassurés qu’aucune entreprise ne bénéficiait d’une approbation pour faire des aménagements, nous avons appris que la coopérative bénéficie d’une autorisation d’aménagement de 35 hectares, signée par les ministres en charge de l’Administration territoriale et de l’Urbanisme », a-t-il indiqué.

Aujourd’hui, le MSP-DROL appelle les Burkinabè à ne pas acquérir un terrain à Boulbi. « Il y a des citoyens qui sont en train d’acheter ces parcelles en signant des décharges. Nous attendons que la coopérative revienne, qu’on recense toute la population pour faire la répartition comme il se doit », a conclu Seydou Traoré, précisant que le MSP-DROL ne s’oppose pas à l’existence de la coopérative, mais plutôt à sa « pratique mafieuse ».

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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