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L’avenir du lait local se décide maintenant !

Publié le jeudi 31 mai 2018 à 23h26min

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L’avenir du lait local se décide maintenant !

Les producteurs laitiers de 5 pays de l’Afrique l’Ouest et du Tchad déterminés à promouvoir le lait local et réclament des politiques laitières durables

Ce vendredi 1er Juin 2018, Journée Internationale du lait, les producteurs et productrices de lait, du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad, accompagnés d’une large coalition composée d’organisations paysannes, de consommateurs et consommatrices, de chercheurs et chercheuses, d’ONG, de mini-laiteries, d’industriels locaux, lancent une campagne de défense et de promotion du lait local.

Pour la première fois, ces acteurs se réunissent pour affirmer ensemble :
• le rôle clef du lait local dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région du Sahel,
• l’énorme potentiel économique des filières laitières basées sur la collecte de lait local.

48 millions de familles de pasteurs et d’agro-pasteurs de l’Afrique de l’Ouest tirent une part importante de leurs revenus de l’élevage et notamment de la production et de la transformation du lait local. Et pourtant cette filière laitière est confrontée à d’énormes défis climatiques, économiques et politiques, dont la concurrence déloyale de 500 milliards de FCFA d’importation annuelle de poudre de lait importée.

Cette campagne de promotion du lait local vise à sensibiliser la population à une consommation informée et responsable. Le consommateur et la consommatrice recherchent de plus en plus à savoir ce qu’ils consomment et qui profite des retombées financières.

« Nous appelons la population en général, les familles et les ménages en particulier, à augmenter leurs consommations de produits laitiers de qualité, issus du lait local. Cette action contribuera non seulement à la promotion et au renforcement de la production nationale mais aussi bénéficiera significativement à l’économie de notre pays ainsi qu’à la création de richesse et d’emplois en milieu rural, surtout pour les femmes et les jeunes. » Explique Madame Garriko, productrice et transformatrice de lait dans la zone périurbaine de Ouagadougou au Burkina Faso.

En effet, en plus de la mobilisation sociale autour du lait local et la démarche pour une consommation responsable, les producteurs et productrices, les acteurs et actrices, mènent un plaidoyer fort auprès des gouvernements et des institutions pour :
• l’amélioration de l’accès à l’alimentation bétail, en lien avec les enjeux de la production ;
• l’augmentation du pourcentage de lait issu des exploitations familiales dans l’industrie laitière, en lien avec les enjeux de la collecte ;
• la mise en place d’une politique commerciale et fiscale favorable au lait local issu des exploitations familiales, afin d’assurer des prix de lait favorables au développement des filières locales.

La filière du lait local représente un grand potentiel de développement pour les zones dans lesquelles évoluent les producteurs et productrices. Le lait de vache représente entre 20 et 40% des revenus issus de l’élevage dans les pays sahéliens.
En Afrique de l’Ouest, le pastoralisme et l’agropastoralisme font vivre et génèrent des revenus et de la sécurité alimentaire pour plus de 48 millions de pasteurs et agro-pasteurs. La filière laitière locale procure directement des emplois et des revenus à de très nombreuses catégories d’acteurs : éleveurs et employés des laiteries, collecteurs de lait cru, vendeurs de produits laitiers, fournisseurs d’intrants et de services. Le lait local assure une partie importante de la consommation des pays sahéliens, notamment en milieu rural et dans les villes secondaires. La filière permet également de lutter contre les inégalités de genre étant donné qu’elle procure aux femmes des revenus leur permettant de vivre plus dignement.

Malgré son apport non négligeable à l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest et au Tchad, la filière lait local fait face à d’énormes défis (alimentation bétail, collecte, concurrence du lait en poudre…). Moins de 15% du lait local est collecté alors que les importations de poudre de lait (avec une proportion importante et croissante de poudre de lait réengraissée en matière grasse végétale) sont estimées à plus de 500 milliards de Francs CFA en 2015 et devraient croître d’environ 30 à 40 % entre 2015 et 2025.

Au moment où les Etats d’Afrique de l’Ouest travaillent à une offensive lait dans le cadre du plan d’investissement agricole régional de la CEDEAO (PRIASAN de l’ECOWAP), que des négociations importantes autour d’accords commerciaux approchent (TEC , renégociation des accords de Cotonou, APE …) et que les groupes laitiers multinationaux, en grande partie européens, réalisent des investissements importants sur le continent africain, les producteurs et productrices de lait et la large coalition qui les accompagne, saisissent donc cette opportunité pour faire valoir leurs demandes et leurs besoins.
Leur plaidoyer vise également l’amélioration de l’accès aux financements, la valorisation et la reconnaissance du rôle et de la place des femmes dans la filière lait local et l’optimisation de la gouvernance du secteur.

Les producteurs et productrices de lait de l’Afrique de l’Ouest bénéficient aussi du soutien des producteurs de lait en Europe. Ceux-ci, face aux politiques laitières européennes, unissent leur force aux producteurs et productrices de lait en Afrique de l’ouest et au Tchad car les choix politiques dont dépend la survie des petites exploitations en Europe ont également des conséquences en Afrique de l’Ouest.

Les exploitants familiaux des deux continents sont les victimes d’un modèle économique qui privilégie les géants de l’agroalimentaire aux dépens des populations locales et d’une production durable et responsable.

Le mouvement est donc lancé, pour soutenir le plaidoyer des producteurs et productrices de lait local, rendez-vous sur
• Facebook : https://www.facebook.com/monlaitestlocal/
• Twitter : https://twitter.com/monlaitestlocal

1. GRET, Broutin C., Levard L., Goudiaby M-C. (2017). Quelles politiques commerciales pour la promotion de la filière « lait local ».
2. De Haan, C. (editor) (2016). Prospects for Livestock-Based Livelihoods in Africa’s Drylands. World Bank Studies. Banque Mondiale. : https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/24815
3. Estimations réalisées dans le cadre du projet The Milky Way to Development en 2016.
4. CIRAD, Orasmaa T. (2016). Suppression des quotas laitiers en Europe, Quelles conséquences pour l’Afrique de l’Ouest ?, Note politique n°1. http://www.agroalimentaire.sn/wp-content/uploads/2017/02/Note-quotas-laitiers-et-cons%C3%A9quences-en-Afrique-de-lOuest.pdf
5. Tarif extérieur commun
6. Accords de partenariat économique


A propos des coalitions :

La campagne régionale regroupe au niveau régional plus d’une dizaine d’organisations dont APESS (Association pour la promotion de l’élevage au sahel et en savane), CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), GRET, IPAR (Initiative Prospective Agricole et rurale), IRAM (Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de développement), RBM, Réseau Lait Equitable, ROPPA (Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest), des représentants des industriels (TIVISKI), SOS FAIM, VSF-Belgique

Les pays focus ont mis en place des coalitions porteuses de la campagne au niveau national qui incluent les acteurs pertinents et les membres nationaux des organisations régionales.

• Burkina Faso  : APESS (Cellule Nationale de Coordination), CPF (Confédération Paysanne du Faso), CRUS (Conseil Régional des Unions du Sahel), GRET, Iprolait, Oxfam, PASMEP (Plateforme pour la Sécurisation des Ménages Pastoraux) ; SOS FAIM, UMPL-B (Union Nationale des Mini laiteries et Producteurs de Lait)

• Sénégal  : ANIPL (Association nationale pour l’intensification de la production locale), APESS (Cellule Nationale de Coordination), FENAFILS (Fédération nationale des acteurs de la filière lait local au Sénégal), Kirène, Oxfam, Ranch de Dolly, RBM, SOS Faim

• Mali  : AOPP (Association des organisations professionnelles paysannes) Mopti, Sikasso, APESS (Cellule Nationale de Coordination), APCAM (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali) CAB, CAD – Mali, Coopérative Badenya, Coprolait Dêh Gongasso, Coopérative Lait Kolondiéba, Coopérative Sikasso, Dèmèso Soudou – Kossam Bankass, FENALAIT Kassela, Oxfam, Profilait, PRODEVALAIT, RBM Sigida nono Koutiala Bamako, UR.Lait Koulikoro, VSF – Belgique

• Mauritanie : Alliance Citoyenne, (CJJ) Club des jeunes journalistes, FONADH (Forum des Organisations nationales des droits de l’homme), REFPAM (Réseau des femmes parlementaires mauritaniennes), ROSA (Réseau des Organisations sur la Sécurité Alimentaire), Oxfam, TIVISKI (représentants des industriels)

• Niger : Billatari CRA/Ti, Coopérative Lait Kawtal Kollo, FNEN DADO (Fédération Nationale des Éleveurs du Niger), Fromagerie La Crémière du Sahel, GAJEL, Karkara, Pi-lait Niamey, ML Higiène, PFPN (Plateforme paysanne du Niger), Sudubaba

• Tchad : APESS (Cellule Nationale de Coordination), COPAFIB, Oxfam

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Vos commentaires

  • Le 1er juin 2018 à 09:17, par TANGA En réponse à : L’avenir du lait local se décide maintenant !

    Produisons le lait que nous voulons consommer.
    Aussi même si ce n’est pas sur cette page, c’est important de savoir sur l’histoire des OGM (nourriture) et les OGM moustiques.
    J’attire l’attention de sur le fait que ce ne sont pas seulement les paysans que nous devons sensibilisés MAIS SURTOUT NOS GOUVERNANTS. Le paysans ne cherche qu’à produire et les récoltes sont maigres ce ne lui permet pas souvent d’en garder comme semence. C’est en ce moment là que les malins génies, les importateurs, LES DECIDEURS SANS SCRUPULES, permettent aux paysans d’avoirs des semences OGM.
    Chers tous, si les gouvernants ne prennent pas des mesures pour interdire l’importation, punir énergiquement les importateurs et aider les paysans, je vous assure il n’y aura pas besoin de BOKO HARAM ou de DJIHADISTES pour mettre le pays à genoux car nous tomberons tous malades par ce que nous mangerons des choses qui nous rendrons malades et que l’on ne pourra pas soigner ; Nous deviendrons des mendiants de semences car celui qui les produit ne veut pas que nous puissions en produire aussi ; Nous détruirons nos sols avec les produits qui vont se greffer aux semences pour soit disant les protéger.
    IL EN EST DE MEME POUR LES MOUSTIQUES GENETIQUEMENT MODIFIES.
    Si ce n’est pour faire des essais dans notre pays, pourquoi ne pas nous dire où et où cela a porté fruits ? Nous ne savons pas quelles sont les conséquences DONC NOUS NE VOULONS PAS !
    Toujours à propos des moustiques, C’EST LA PIRE DES BETISES QUE DE CROIRE QUE NOUS POUVONS ELIMINER TOUS LES MOUSTIQUES DU CONTINENT SI NON DU MONDE. Par ce que même si ceux se trouvant chez nous ne peuvent pas se multiplier, il y en a chez les voisins et les voisins des voisins. Chers tous il n’y a rien à faire, c’est des problèmes que l’on veut introduire chez nous avec notre bénédiction ! Savez vous donc l’histoire de Ebola ?
    De toutes les façons, ceux là qui devrons dire un mots pour accepter cela (sur toute la ligne) n’ont qu’à savoir qu’ils porteront sur eux la responsabilité de ce qui nous arrivera. Ils ont des enfants aussi.

    Webmaster, laisses passer.

    tangatapsoba@yahoo.fr

  • Le 1er juin 2018 à 09:25, par Le Capitaine En réponse à : L’avenir du lait local se décide maintenant !

    FELICITATIONS !!!
    Je vous soutiens et vraiment il était temps qu’on se penche davantage sur la promotion et la consommation de nos produits locaux en général et laitiers en particulier.
    Pensez à établir une liste officielle des laiteries nationales légalement reconnues et faire en sorte que le consommateur ait une idée claire de la qualité de la production laitière. Le consommateur est exigeant alors soyez à la hauteur ! Courage !

  • Le 1er juin 2018 à 11:13, par HUG En réponse à : L’avenir du lait local se décide maintenant !

    En tout cas c’est une bonne chose. Il faut promouvoir le développement autocentré. Cela permettra d’offrir de l’emploi aux jeunes. Retenez ceci on ne développe pas mais on se développe selon le professeur Joseph KI ZERBO.

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