Grace à un projet du ministère en charge de l’Agriculture, la commune de Pouytenga a eu droit à un nouvel abattoir (sous la Transition, en 2015). Les bouchers de la collectivité, qui sont en principe les premiers bénéficiaires, ont décidé d’implanter le nouveau joyau dans le village de Zoré en se conformant aux suggestions faites par un bureau d’études et il n’y avait pas de problème sous la délégation spéciale. Mais jusque-là, rien n’est fait car, à en croire le président de l’Association, El hadj Issa Balima, le maire actuel de Pouytenga ne cautionne pas ce lieu et a désigné un nouveau site qui est à 12km du centre de Pouytenga. L’une des raisons qu’il aurait avancées est que le village de Zoré ne ferait pas partie de sa commune et s’il elle venait à être érigée en commune, Pouytenga perdrait une source de revenu. Alors que le village a deux conseillers qui siègent au conseil municipal de Pouytenga.

Autre raison avancée par les bouchers, la politique. Pour eux, il est fort probable que cette résistance du maire soit une affaire politique parce que les deux conseillers municipaux du village de Zoré ne sont pas du MPP (le parti du maire), mais du CDP et de l’UPC (deux partis d’opposition). Trois fois de suite, ils (les bouchers) ont rencontré le maire mais aucun consensus n’a été trouvé. Une délégation est même allée voir le gouverneur de la région du Centre-Est qui l’a référée au haut-commissaire de la province du Kouritenga. L’autorité en question est venue sur le terrain et a procédé à un vote des bouchers pour désigner le lieu d’implantation de l’abattoir. Les résultats ont confirmé le choix du village de Zoré qui, à leur avis, est le meilleur site, puisque le marché de bétail s’y trouve déjà. Pour ne rien arranger, le maire, par des manœuvres, a fait passer par vote du Conseil municipal le choix du village de Nimpougo comme site d’implantation de l’abattoir.

Malgré cette étape, le projet n’est toujours pas réalisé car le maire campe sur sa position. Le dossier, selon l’association, est présentement à Ouagadougou au niveau du ministère. Voyant le temps passé, par cette conférence de presse, l’association compte prendre à témoin l’opinion par rapport à ce qui se passe, afin de ne pas perdre cet abattoir frigorifique, d’autant plus que celui qui existe ne remplit plus toutes les conditions qu’il faut. Ayant pris ce problème à bras-le-corps, le premier responsable du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), section Kouritenga, Saïdou Kaboré, a approché le maire qui n’a pas pu dire exactement pourquoi il s’oppose. « S’il nous avait donné des raisons politiques, on allait savoir. C’est possible que quelque chose se cache derrière », a-t-il laissé entendre.

Joint au téléphone pour avoir sa version des faits, le maire de la commune de Pouytenga, Prosper Yamégo, a marqué son étonnement de voir cette affaire relayée dans la presse. De prime abord, il affirme ne pas connaitre l’existence d’une telle association dans sa commune mais dit connaitre son prétendu président. Pendant 23 minutes au moins, il a pris son temps pour expliquer le nœud du problème. Il réfute toutes ces accusations et dit ne pas comprendre de quoi on l’accuse, puisque le problème est dans les mains des autorités compétentes.

Nous y reviendrons donc.

Marcus Kouaman
Lefaso.net