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Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

Publié le dimanche 20 mai 2018 à 18h00min

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Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

Ceci est une déclaration de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) à l’occasion de la Journée de l’étudiant burkinabè. En substance, la structure estudiantine réclame justice pour l’étudiant Boukary Dabo, disparu le 19 mai 1990.

Union Générale des Étudiants Burkinabè (UGEB)

Association Nationale des Étudiants Burkinabè (ANEB/OUAGA)

Ouagadougou, le 18 mai 2018

Déclaration du comité exécutif à l’occasion de la 28e journée de l’étudiant burkinabè
La jeunesse estudiantine et le peuple burkinabè commémorent, le 19 mai 2018, le 28e anniversaire de l’assassinat de notre camarade Dabo Boukary. Militant de l’ANEB, Dabo a été enlevé le 19 mai 1990 à la suite d’une manifestation pour réclamer de meilleures conditions de vie et d’études à l’Institut des sciences naturelles/Institut de développement rural de l’université de Ouagadougou (actuel UFR/SVT) et torturé à mort par l’ex-garde présidentielle de Blaise Compaoré. Militant engagé, Dabo était un infatigable défenseur de la cause des étudiants et de celle du peuple burkinabè.

Comme tout le monde pouvait s’en souvenir, après son assassinat, le régime Compaoré a usé de subterfuges et manœuvres dilatoires pour faire passer par perte et profit ce crime, notamment en faisant croire à l’évasion de Dabo du Conseil de l’entente, avant de reconnaitre sous la pression populaire sa mort. Non seulement la bataille a dû être menée sur le terrain de la mobilisation à travers des journées d’interpellation annuelles des sections de l’UGEB chaque 19 mai, des luttes au sein du CODMPP, mais aussi sur le plan judiciaire. Ainsi après son ouverture en 2000, la procédure judiciaire relative à l’assassinat de Dabo est restée lettre morte pendant de nombreuses années sans connaitre une évolution significative.

Pendant de nombreuses années, les bourreaux de Dabo circulent librement en toute impunité, narguant le peuple. A la faveur de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a contraint Blaise Compaoré et son clan à la chute et à la fuite, de nombreux démocrates ont cru à la fin du pouvoir de déni de justice. La jeunesse estudiantine et le peuple burkinabè, après tant d’années de mobilisation et de lutte contre le pouvoir dictatorial du capitaine Blaise Compaoré, nourrissaient légitimement l’espoir que le crime de Dabo ainsi que tous les crimes emblématiques de sang seraient élucidés et leurs auteurs et commanditaires punis. Mais hélas, au-delà de l’inculpation de Gilbert Dienderé et Mamadou Bamba, de l’indication de la tombe présumée de Dabo, la procédure judiciaire n’a plus connu d’évolution de manière à faire éclater la vérité et rendre justice à Dabo.

Que manque-t-il véritablement pour juger ce dossier ? Si le dossier Dabo piétine, c’est parce qu’il connait des ramifications politiques qui touchent des tenants de l’ex-régime Compaoré et du régime de Rock Marc Christian Kaboré qui ont toujours fait et continue de faire obstruction à la justice. A ce sujet, laissons un des témoins des évènements de mai 1990 parler : « Je suis formel, Salif Diallo a ordonné la dispersion de la manifestation ...Après cela, il y a eu la chasse à l’homme sur le campus, du 16 au 20 mai…Il y a eu des indicateurs, notamment les membres des comités révolutionnaires qui indiquaient les domiciles. Moi-même, mon domicile a été visité par feu Gaspard Somé qui était au conseil, accompagné de Bamba Mamadou, le délégué CR de l’université » (extrait de l’entretien de Séni Kouanda réalisé par Tiga Cheick Sawadogo publié le 22 mai 2015 sur le site lefaso.net).

Si malgré ces indices graves, l’on continue de tourner en rond, c’est que l’indépendance de la justice est un leurre. Il faudrait à la lumière de ces faits nous convaincre que seule la lutte reste nécessaire pour un jugement diligent et correct du dossier Dabo afin d’en identifier et punir les auteurs et commanditaires à la hauteur de leur forfait. Par ailleurs, 28 années après la disparition tragique de Dabo, les mauvaises conditions de vie et d’études contre lesquelles lui et ses camarades de l’époque se sont insurgés restent d’actualité et se sont mêmes aggravées : déficit criard d’infrastructures et d’enseignants, retard et chevauchements des années, rendements académiques catastrophiques, offensives contre les libertés syndicales et velléités de liquidation de l’ANEB. C’est pourquoi l’ANEB appelle l’ensemble des étudiants à :

Observer une grève générale de 24 heures ce samedi 19 mai 2018 pour exiger l’arrestation et la condamnation des commanditaires, auteurs et complices de ce crime ;
Participer massivement aux activités commémoratives de la journée Dabo :

Le samedi 19 mai

Un grand meeting à 8h au terrain Dabo-Boukary
Une exposition-photos et commentaires de tableaux sur les luttes du mouvement étudiant sous le hall de l’amphi A600 à partir de 9h
Une prestation de la troupe théâtrale et la chorale de l’UGEB à 14h
Un concert-meeting à la cité Kossodo à partir de 20h.

Le dimanche 20 mai

Une nuit Maracaña d’hommage à Dabo Boukary à partir 16h ponctuée de la prestation du club taekwondo de l’UGEB sur le plateau de l’UFR/SVT.
Pour le succès de la journée Dabo Boukary, en avant !
Ni oubli, ni pardon !
Vérité et justice pour Dabo Boukary !
Pain et liberté pour le peuple !

Le Comité exécutif

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Vos commentaires

  • Le 19 mai 2018 à 17:32, par Nabiiga En réponse à : Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

    Je pense l’heure de la vérité a sonné car ceux qui ont assassiné Boukary se trouvent aujourd’hui derrière les barreaux alors que les cerveaux centraux se trouvent en Côte d’Ivoire et ailleurs. Rien qu’à ajouter le dossier de Boukary aux dossiers devant le procureur militaire afin de faire jaillir la vérité et les coupables punis sévèrement à la hauteur de leur forfait.
    Voilà.

  • Le 19 mai 2018 à 19:45, par SOULY N. Stéphane En réponse à : Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

    La justice finira par triompher. Ceux qui ont intérêt à ce que la lumière ne soit pas faite dans cette affaire perdent leur temps. Ceux qui sont aujourd´hui aux affaires se doivent de diligenter rapidement cette affaire. Cependant leur silence ne me surprend pas ! À l´époque déjà, ils étaient les plus proches collaborateurs du défunt régime. Ils avaient choisi de fermer leurs yeux et de boucher leurs oreilles. Même si je suis convaincu qu´ils n’ont peut-être pas participé à l´exécution du crime, ils ont une culpabilité morale. Il leur aurait suffi de condamner de vive voix ce qui s´était passé, alors aujourd´hui tout le monde se serait souvenu qu´à l´époque ils avaient dit non ! Mais hélas, ils avaient toujours peur de mettre le clan présidentiel mal à l´aise. Ils avaient peur de perdre leurs privilèges, ou tout simplement de perdre eux aussi la vie ! Qui sait !? Le MPP ne peut pas être juge et arbitre en même temps. Il doit permettre à la justice de se manifester, quelles qu´en soient les conséquences !
    La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons !

  • Le 20 mai 2018 à 07:14, par war En réponse à : Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

    Allez y demander à salif diallo et à some gaspard ce qui s’est réellement passé au conseil en 1990 pour que Dabo soit retrouve mort après avoir été débusqué dans le non loti de sainyiri actuel 1200 logements .C’est sûrement salif, contact de negociation du pouvoir odp/mt avec les étudiants, qui a dévoilé la cachette de dabo et a favorise son arrestation brutale suivie de torture par some gaspard .asthmatique, il est mort suite aux mauvais traitements et après un violent coup de pied de gaspard.Blaise et diendere n’ont rien à voir sur cette bavure et les conditions de sa mort et les coupables ont été identifiés sur ordre du blaiso.

  • Le 20 mai 2018 à 09:14, par Insurescroquerie En réponse à : Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

    On ne connaîtra jamais la vérité puisque la plupart des anciens camarades de DB sont passés de l’autre côté (suivez mon regard). En effet l’ANEB fonctionne comme une catapulte qui sert à mettre des politiciens sur orbite. Les victimes des différentes luttes constituent l’énergie (le fond de commerce) qui permet de maintenir la flamme. Si la lumière venait à être faite sur toutes ces morts, d’où viendra l’énergie pour continuer à propulser nos futurs politiciens ? Tous nos politiciens des générations 80 et 90 et actuels ont été formés par l’UGEB et l’ANEB. Beaucoup de cadres de la justice sont issus de leur rang. Pourquoi ne prennent-ils pas leur responsabilité ?

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