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Chefferie coutumière : Mouss Tansoba fait allégeance au Mogho Naba

Publié le vendredi 8 juillet 2005 à 08h09min

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Le Mouss Tansoba a effectué le mecredi 29 juin, un "pélerinage" à Ouagadougou. Le but de cette sortie du grand Tansoba hors de sa résidence à Tansobtenga a été de venir manifester sa gratitude au Mogho Naba qui l’a intronisé en mai 2001. Tansobtenga est une localité située à environ 25 km dans le département de Saaba. Chronique d’un séjour plein de sens.

Intronisé le 1er mai 2001, il était un devoir pour Mouss Tansoba, de venir manifester sa reconnaissance au Mogho Naba, comme tout chef coutumier intronisé par l’empereur des Mossé. L’événement était d’importance pour les habitants de Tansobtenga, son village de résidence et pour les populations de Ouagadougou également qui voulaient surtout satisfaire leur curiosité, car il y a plus de 70 ans que l’événement ne s’était plus produit. Mouss Tansoba Liguidi, père de l’actuel Tansoba, intronisé en 1934 a régné pendant 48 ans. Il est mort en 1982.

Le trône est resté vacant depuis cette date jusqu’au 1er mai 2001, année d’intronisation de l’actuel Mouss Tansoba Guiguendé, soit 21 ans après. L’événement méritait donc qu’on lui accorde une importance particulière. Située dans le département de Saaba, Tansobtenga est à environ 25 km de Ouagadougou, la capitale. Mouss Tansoba a au contraire de ses ancêtres qui faisaient le trajet à cheval, rallié Ouagadougou en voiture, accompagné de ses soldats. C’est à l’entrée de la ville que Mouss Tansoba quittera la voiture pour sa monture.

Le cortège s’ébranle alors. Le premier ministre de Mouss Tansoba ouvrant la marche et le chef lui-même encadré par ses soldats dans leurs tenues de combat.

Côté Est du musée national non loin de l’hôpital pédiatrique Charles de Gaulle, le Goungha Naba attend celui qui, selon la légende, est son grand frère. C’est donc logiquement indiqué pour lui d’être là à son arrivée. Les retrouvailles entre les deux frères étaient teintées d’émotion visible sur les visages.

Sankoui, étape obligatoire

Après un bref entretien, Mouss Tansoba et sa suite, accompagnés de son jeune frère, le Goungha Naba, s’ébranlent à nouveau pour le quartier Bilbalgo où ils sont restés durant leur séjour.

Le cortège devant traverser la ville, la police fut mobilisée pour faciliter cette traversée. Mais avant Bilbalogo, le grand Tansoba a fait halte à Sankoui dans le quartier Wemtinga. Cette étape serait obligatoire pour lui. Les explications sur cette étape obligatoire divergent d’une personne à l’autre.

Maître Titinga Frédéric Pacéré, l’éminent homme de culture, imprégné des us et coutumes du Mogho, que nous avons rencontré à cette occasion a promis de nous l’expliquer. « Je vous expliquerai pourquoi l’étape de Sankoni en plein quartier Wemtinga est obligatoire pour le grand Tansoba. Mais ce ne sera pas maintenant. Il faut attendre la fin de son séjour... », nous a dit maître Pacéré. Celui-ci était d’ailleurs présent à toutes les cérémonies que Mouss Tansoba a effectuées au palais royal du Mogho Naba.

Au deuxième jour de son séjour à Ouagadougou, Mouss Tansoba s’est présenté à la cour en compagnie du Goungha Naba pour accomplir ce pourquoi il était venu. Il a apporté avec lui un bélier et un coq. C’est à 7h 45 qu’il fit son entrée à la cour, en voiture encadré par ses soldats en tenue de combat dont certains étaient à cheval.

Mouss Tansoba et son jeune frère aussi en tenue de combat. Les ministres du Mogho Naba étaient déjà sur place, chacun à un emplacement précis. Quelques instants, après l’arrivée de Mouss Tansoba, le Mogho Naba fait son apparition par le côté Ouest du palais où a lieu, tous les vendredis matin, le faux départ. « En l’absence du Ouidi Naba celui-ci l’était, c’est le Larlé Naba qui dirigera la cérémonie », laisse entendre quelqu’un à côté de nous. C’est lui effectivement qui conduira d’abord les ministres pour les salutations d’usage. Ce sera ensuite Mouss Tansoba, encadré de ses soldats, le Larlé Naba devant, de présenter ses hommages à l’empereur et par la même occasion de manifester ses gratitudes à celui-ci.

Faits majeurs au cours de cette cérémonie, Mouss Tansoba est resté assis sur son pouf, ses soldats debout derrière lui, contrairement aux ministres et autres chefs qui, à leur tour s’étaient assis à même le sol, penchés du côté gauche, tête baissée. Les ministres et les autres chefs, lorsque Mouss Tansoba a rejoint sa place, sont allés lui faire allégeance comme ils le font au Mogho Naba : assis à même le sol, penchés, tête baissée ans leurs bonnets.

La légende dit que Mouss Tansoba est la deuxième personnalité du royaume après le Mogho Naba. « Il a droit aux mêmes honneurs que le Mogho Naba », souligne notre interlocuteur dans la foule des curieux venus assister à la cérémonie.

Cérémonie identique

Vendredi 1er juillet 2005, comme tous les vendredis, à la cour on prépare la cérémonie du faux départ du Mogho Naba, cérémonie qui a lieu depuis la nuit des temps. Mouss Tansoba était au rendez-vous. Cette fois-ci, il a troqué sa tenue de combat contre un boubou blanc, brodé de fil couleur or, le bonnet fait de cauris a été remplacé par une chéchia rouge. Le cérémonial est presque identique à celui de la veille sauf bien sûr le faux départ.

Mais qui est celui qui a été l’hôte de Ouagadougou la semaine écoulée ? En réalité, bon nombre de gens, notamment la jeune génération, ne connaissent pas l’histoire de Mouss Tansoba. L’histoire raconte que les ancêtres de Mouss Tansoba sont originaires du Ghana voisin, notamment de Naleudogo. Selon la légende, Mouss Tansoba, de son vrai nom Somkeita et son frère cadet Sommèta, quittèrent leurs parents pour l’aventure. C’est alors qu’ils firent la rencontre avec Naba Oubri qui avait pour ambition, la conquête d’autres contrées pour élargir son royaume.

Un pacte fut scellé entre les trois hommes. Ils aidèrent Naba Oubri à fonder son royaume. Somkeita qui a pris pour nom de guerre, Koum dèegma (la mort m’a pris) promit à Naba Oubri que tant qu’il sera en vie, celui-ci n’aura rien à craindre et réalisera ses ambitions. Après l’installation du royaume, Somkeita se retira hors de Ouagadougou, à Tenkodogo et laissa le sein à son jeune frère sur place, la sécurité de Naba Oubri. Ce jeune frère, c’est le Goungha Naba. De sa retraite à Tensobtenga que l’on dit stratégique, il ne viendrait que rarement à Ouagadougou. « C’est un puissant chef de guerre, craint par tout le monde. C’est lui le grand Tansoba. Il ne vient à Ouagadougou que sur demande du Mogho Naba. Lorsqu’un Tansoba se rebellait dans le royaume c’est à lui que le Mogho faisait appel pour mâter le rebelle... », indique maître Titenga Frédéric Pacéré.

Mouss Tansoba tiendrait son nom du fait que lorsqu’il est arrivé à Tansobtenga, il y aurait trouvé un peulh du nom de Moussa. Pour le désigner, les gens disaient « Mouss Tansoba » pour dire que c’est le Tansoba de Moussa.

Etienne NASSA (nassa_parate yahoo.fr)
Sidwaya

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