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Crise du travail : Quelles perspectives ?

Publié le lundi 30 avril 2018 à 11h22min

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Crise du travail : Quelles perspectives ?

A l’occasion de la fête du travail, les Services Chrétiens Stratégiques du Burkina Faso à travers cette réflexion, partagent leur vision sur la crise du travail au Burkina Faso, encouragent tous les acteurs à plus d’ardeur au travail et souhaitent bonne fête de travail à tous.

Le Burkina Faso traverse une grave crise du travail ces dernières années, aujourd’hui renforcée par le contexte socio-politique.

Dans le secteur public, cette crise se traduit par les multiples protestations et revendications, l’absentéisme et le manque d’intérêt pour le travail, la culture de la médiocrité, l’indiscipline, l’incivisme.

Dans le secteur privé, la crise du travail se résume par les difficultés de création d’entreprise, l’absence de protection des entreprises locales, le favoritisme à l’égard des amis, les proches et les multinationales avec un pillage organisé des ressources locales, le manque d’une stratégie de promotion et de protection de l’expertise locale.
Sur le plan socio-économique, la crise du travail est caractérisée par le manque d’emplois, la désorientation des jeunes dans le choix des carrières, le manque de vocation, le manque de vision et de perspectives dans le choix des carrières, l’absence d’initiatives privées.

La crise du travail a d’énormes conséquences sur la vie de la nation et menace de disloquer davantage la société.

Au niveau social, la crise a pour corolaire la frustration et la révolte au sein des désœuvrés, la multiplication des actes d’incivisme, la perte d’autorité par les pouvoirs en place.

Elle a créé plus de clivages entre travailleurs (avec des travailleurs privilégiés et des travailleurs de second rang), instauré un sentiment d’injustice et une crise de confiance entre les différentes classes de la société.

Au niveau économique, la crise encourage davantage la fraude et la corruption. Les pertes financières et matérielles pour l’Etat sont importantes. Selon la revue « l’Economiste » qui cite l’institut Free Afrik, 68 grèves et sit-in ont été enregistrés en 2017, 41 grèves et sit-in en 2016, 16 en 2015 et 2014 (http://www.leconomistedufaso.bf/2018/01/22/revendications-sociales-68-greves-sit-in-2017/). Les pertes financières s’estiment à 75 milliards de francs CFA entre 2016 et 2017.

Le blocage de l’administration, la fraude et la corruption contribuent à la faible productivité, l’affaiblissement des différents secteurs d’affaires et au ralentissement de l’économie.

Au fond de cette crise, l’argent est devenu la seule motivation au travail. Tandis que les travailleurs tendent à accepter tous les compromis pour l’argent, les pouvoirs publics et les patrons essaient de réduire la clameur par l’entremise de l’argent. Malheureusement, pris comme source de motivation, l’argent ne fait qu’augmenter la déperdition des valeurs morales et de la dignité.

Les causes profondes de cette crise du travail sont entre autres la faillite de la cellule familiale, première entreprise sociale et économique ; la perte des valeurs morales et spirituelles au moment où l’argent est le mieux prêché dans les chapelles ; la crise de l’éthique du travail ; la mauvaise vision du travail ; la cupidité et l’égoïsme ; l’injustice sociale ; le manque d’exemple et de modèle ; l’absence de formations appropriées ; la vente d’illusions à la jeunesse ; les ambitions démesurées et le désir de tout posséder maintenant ; l’absence de coaching et de mentoring.

Bref, la crise du travail se justifie par notre vision erronée du travail.
Sur un plan social et psychologique, le travail est une nécessité qui permet à l’homme d’avoir un revenu pour satisfaire ses besoins vitaux et se sentir en sécurité. Il permet aussi à l’homme d’appartenir à un groupe social donné, de s’intégrer dans un environnement, de satisfaire son estime de soi en prouvant ses talents et compétences par des actions valorisantes et se réaliser.

Dans la perspective chrétienne, le travail est une vocation divine, un mandat donné à l’homme. La chose la plus évidente que Dieu a donné à l’homme à la création, c’est le travail. Dieu établit l’homme dans un jardin et l’instruit de l’entretenir. En entretenant le jardin qui était son cadre de vie et son entreprise de subsistance, l’homme prenait soin de lui-même.

Etres, créés à l’image du divin, le travail est l’œuvre de Dieu en nous. Nous travaillons parce qu’Il travaille en nous. Le travail est un saint appel, un sacerdoce qui nous est fait. L’Apôtre Paul ne dit-il pas entre autre : « Que celui qui refuse de travailler, renonce aussi à manger ! ».

Dans cette perspective, l’individu et la famille constituent les pierres de base de construction de la société. La famille reste le cadre de base d’initiation et d’apprentissage du travail. C’est là que l’on développe l’amour, la passion et la discipline pour le travail, l’éthique du travail, les facultés de communication, l’esprit d’équipe dans le travail, les facultés de gestion et d’administration et le caractère, qui nous serviront plus tard dans nos carrières et professions diverses. Quand la famille échoue dans cette mission, l’individu ne saurait acquérir ces valeurs à travers d’autres cadres. Les institutions académiques offrent une formation d’ordre technique et intellectuel ; notre cœur, notre âme et notre vision se forment dans le contexte familial.

C’est aussi au sein de la famille que s’organise le transfert des valeurs et principes aux générations suivantes. L’absence de transmission générationnelle par le canal familial a une influence considérable sur les facteurs économiques d’une nation. Les familles saines engendrent des enfants sains qui permettent une société productive. Par conséquent, les lois qui affaiblissent la famille affaiblissent la nation. C’est la raison pour laquelle l’institution familiale doit être préservée avec le plus de précaution possible.

Les racines déterminent les fruits. Les fondations sur lesquelles repose le travail déterminent la crise du travail. Ce principe renvoie aussi à la loi des semailles et des moissons. Nous récoltons ce que nous avons semé. Si nous voulons un changement, nous devons revoir notre semence actuelle dans l’intérêt des générations futures mais pas dans l’espoir de jouir des fruits maintenant. Le livre des Galates le dit clairement : « Ne vous trompez pas vous-même on ne se moque pas de Dieu. L’homme récoltera ce qu’il aura semé ».

Quelques principes fondamentaux doivent guider notre action et notre motivation au travail.

Le service est la source de motivation au travail : Nous travaillons pour servir les autres et la nation toute entière. Cela justifie les énormes sacrifices concédés par nos pères, ceux qui ont bâti cette nation pour que nous l’héritions.
Le travail est au service de l’homme et non l’homme au service du travail comme le prêchent certaines écoles ou théories économiques. Le travail aide l’homme à s’épanouir et à se réaliser tout en étant au service des autres.

Le travail se construit et se transmet de génération en génération : Nous devons léguer des valeurs du travail (amour, sacrifice, discipline, respect de l’autorité, etc.) aux générations qui viennent. Les plus jeunes nous observent, et s’inspirent de cela comme modèle de construction et de valeur d’action.

Le contentement nous évite la course à la prospérité matérielle par les chemins raccourcis : Dans notre société de consommation, plus on possède, mieux c’est, et le bonheur serait lié à l’acquisition de biens. Dans le livre de 1 Timothée, il est écrit : « Si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. » Notre culture pense plutôt que : « Si tu peux t’offrir la meilleure nourriture, de beaux habits à la mode, une nouvelle voiture de luxe et une belle maison dans un quartier résidentiel, alors tu auras accès au bonheur. »

L’apôtre Paul affirme : « Car j’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette… »
Se contenter n’est pas une qualité innée mais un apprentissage.
Le contentement, c’est accepter d’un cœur paisible ce que nous possédons, qu’il s’agisse de notre vocation, de notre position dans la vie ou de nos finances, en comptant sur la bonté et la fidélité de Dieu.

L’excellence est le résultat d’un processus : Ce processus se développe dans la discipline, la maitrise de soi, la patience, la tempérance et la douceur.
Pouvoir sacrifier notre orgueil sur l’autel de l’évaluation de nos actes, nous rend efficaces dans notre travail : Il faut tirer parti des évaluations et ne pas se mettre sur la défensive. Lorsque l’atmosphère de travail est de nature défensive et accusatrice, la croissance s’arrête. Ce type d’atmosphère sape la productivité.

Un bon gouvernement (personnel, familial, communautaire, économique ou politique) produit la vie, la prospérité et l’efficacité. Il donne une vision, stimule la croissance générationnelle, produit la justice et la liberté, y compris dans le domaine du travail.

Bonne fête du travail à tous.

Les Services Chrétiens Stratégiques du Burkina Faso
www.scsbf.org
scs.burkina@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2018 à 11:41, par Mafoi En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Au moins vous,vous tapez bien dans le mille contrairement à certaines organisations religieuses qui passent leur temps à racketter,à abrutir de pauvres gens.En effet,s’enrichir pour devenir milliardaire en utilisant le nom de Dieu est une faute morale tout comme ces fous d’allah qui tuent juste pour le plaisir de tuer parceque leur religion le leur autorise,ce qui est à mon sens un vrai crime contre l’humanité

  • Le 30 avril 2018 à 13:13, par Courage En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Je salue la qualité de la pensée. Si seulement nous pouvions aller vers des réflexion matures et des actions intelligentes dans l’intérêt de notre nation.
    Que faire aujourd’hui face à ces multiples grèves ? Certaines sont peut être justifiées, d’autres ne sont que de l’exagération. Sur quelles valeurs le travail se fonde dans ce pays ? Il ya lieu de mener un débat sain sur la question dans l’intérêt de notre peuple. Le pays n’appartient ni aux syndicats, ni au pouvoir MPP. Ils ne peuvent donc prendre le pays en otage et bloquer sa marche pour des intérêts égoistes.
    Sauvons notre pays par le travail. Que le gouvernement se mettent véritablement au travail suivi par tous.

  • Le 30 avril 2018 à 13:24, par HUG En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    C’est l’injustice entre les travailleurs qui est à l’origine de ces grèves. Tant que le pouvoir du MPP et ses acolytes ne combattrons pas ce tare, les grèves continuerons même s’il pense que le plus dure est passé (satisfaction des revendications des enseignants, de la justice, de la santé, des contrôleurs et inspecteurs de travail, des financiers, des journalistes et autres).

    • Le 1er mai 2018 à 16:53, par Patinda En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

      Il est écrit : tu n’envieras point autrui.
      C’est vrai que c’est difficile à accepter mais c’est possible. L’écrit nous enseigne que ce n’est pas dans l’accumulation de richesses qu’on trouve le bonheur mais savoir extraire le bonheur dans ce qu’on a. Cela n’est pas facile certes, mais c’est possible. Et bien possible. Il y’a des vieilles personnes qui sont dans les quartiers, qui ne possèdent presque rien mais qui sont craintes et écoutées par les plus nantis du quartier. Celui là n’a rien mais si tu l’observes vivre, tu sens qu’il est heureux dans son foyer, tous ses enfants sont sages, respectueux et assidus.
      Enfin, es-tu sûr que celui qui bénéficie de l’injustice est plus heureux que toi ? La cible c’est le bonheur et non les gadgets.
      Salut

  • Le 30 avril 2018 à 13:25, par Le Capitaine En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Merci de nous rappeler la valeur du travail ! Que Dieu nous bénisse et fructifie nos valeurs pieuses !

  • Le 30 avril 2018 à 15:00, par YEGUEMA En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    "Un bon gouvernement (personnel, familial, communautaire, économique ou politique) produit la vie, la prospérité et l’efficacité. Il donne une vision, stimule la croissance générationnelle, produit la justice et la liberté, y compris dans le domaine du travail".
    Ceci dit,une mal gouvernance (personnel, familial, communautaire, économique ou politique) produit la mort, la décadence et inefficacité à tous les niveaux. Il occasionne l’absence de vision, stimule la décroissance générationnelle, produit l’injustice et sape la liberté, y compris dans le domaine du travail !!!
    En bon entendeur, salut et bravo pour la clairvoyance du propos ! Cela vaut mille fois mieux que mille études que l’on commanditerait à tour de bras !Mais bon...........hummmmmm !

  • Le 30 avril 2018 à 15:07, par kouanda daouda En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Bonjour Fasonet
    sur votre barre de rubrique je ne vois pas sport. il sera souhaitable que nous puissions lire le sport burkinabé surtout le fasofoot au jour le jour sur votre mur .
    merci déjà pour le travail abattu.

  • Le 30 avril 2018 à 16:21, par LE FOND En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Merci pour cette lecture. Il est important de pousser la réflexion sur la valeur du travail au-delà de tout clivage religieux ou politique. C’est l’avenir du Faso qui en dépend. Nous avons été reconnus comme des travailleurs consciencieux et valeureux. Préservons ces valeurs à tout prix.

  • Le 30 avril 2018 à 16:38, par Le leader En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Merci Services chrétiens stratégiques pour cette réflexion stratégique. Nous en avons besoin. Sauf si nous voulons mourir demain, nous devons revoir la valeur "travail". Si nous continuons de penser à nous, demain nous mourrons

    Ser

  • Le 30 avril 2018 à 17:52, par Elie En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Merci aux Services Chrétiens Stratégiques du Burkina Faso (SCSBF) pour cet écrit très riche en enseignements. Que les gens sachent que le bonheur ne réside pas dans la possession des nombreux biens matériels. Le bonheur est un état d’esprit et le matériel n’a rien à y voir ! Et comme l’a dit SCSBF, cet état d’esprit n’est pas une qualité innée mais nécessite un apprentissage !

  • Le 30 avril 2018 à 18:21, par Konsebe En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Je salue dans un premier temps l’initiative de SCS qui a opté de donner de la voix afin d’attirer l’attention sur une problématique comme seule de la crise du travail. Félicitations pour ses analyses et bon courage pour la suite. Je prie qu’elles fassent réfléchir plus d’un. J’espère que ça ne sera pas la dernière. Shlom !!!

  • Le 1er mai 2018 à 03:26, par fredy En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    Merci pour cette réflexion digne d’intérêt.
    Notre pays est a la croisé des chemins. Des inégalités criardes sapent le moral des travailleurs et devalorisent le travail. La course effrénée vers l’argent nous conduira a la ruine. Le patriotisme et la volonté de rendre service a cette nation ne sont plus a l’ordre du jour. L’accumulation de la richesse n’est pas mauvaise, mais elle doit etre le fruit d’un travail honnête et juste.
    Que Dieu sauve cette nation.

  • Le 1er mai 2018 à 08:17, par le révolutionnaire En réponse à : Crise du travail : Quelles perspectives ?

    je tire mon chapeau à ceux qui ont réfléchit sur ce thème.regardez ce qui se passe autour de nos différents Ministères.Dans chaque service il y’a un programme annuel d’activité.Est ce qu’il y a nécessité de faire le mouvement du personnel au cours de l’exécution de leur programme annuel d’activité ? Sous la révolution les affectations se faisaient en juillet et les nominations en conseil de Ministre en Août.Maintenant en janvier on affecte un agent de catégorie C a 300km de son ancien poste.imaginez -vous le désagrément.( il a deux choix) ;
    1- S’il bouge sans sa famille à cause de la scolarité son foyer prend un coup et il y’aura des abandons de poste.2-s’il veut sauver son foyer la scolarité des enfants prend un coup. au niveau des cadres décentralisés:un directeur qui élabore son programme annuel et est muté au 1er trimestre est ce normal s’il n’a pas de faute professionnel ? ceux qui posent ces actes prennent des antirétroviraux car ne réfléchissent pas.conséquence c’est l’Etat qui perd. lourdement payer pour être un responsable in-vitro.le premier ministre doit taper sur la table.

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