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Lutte contre la Schistosomiase au Nord : Les résultats d’une étude restitués à Tougou

Publié le mercredi 2 mai 2018 à 14h30min

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Lutte contre la Schistosomiase au Nord : Les résultats d’une étude restitués à Tougou

Des chercheurs du Projet (3E, 2iE-EPFL) en collaboration avec les populations du village de Tougou (commune de Namissiguima), ont organisé un atelier participatif de restitution des résultats obtenus d’une étude menée localement sur la Schistosomiase ou Bilharziose. C’était ce vendredi 27 avril 2018 dans l’enceinte de l’école A du village sous la présidence du coordonnateur du Programme National de lutte contre la Schistosomiase.

La Schistosomiase ou Bilharziose est l’une des 17 maladies tropicales négligées recensées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à travers le monde. Au Burkina Faso, les autorités sanitaires dans le cadre de la lutte pour l’éradication de cette maladie invalidante d’origine hydrique dont souffrent environ 3 millions de personnes se sont engagées avec l’appui de partenaires à trouver des solutions.

Un atelier participatif qui tenait lieu de lancement du projet de lutte contre la Schistosomiase a été organisé à Tougou en 2015 sous le thème « La bilharziose, son mode de transmission, ses hôtes intermédiaires et la perception locale de la maladie ». Après quelques années de travail de recherche sur la problématique, autorités locales, chercheurs et populations se sont retrouvés pour partager les résultats obtenus.

Une prévalence moyenne de 5%

Tougou, bourgade d’environ 5400 habitants de par sa proximité avec le barrage qui porte son nom a été la cible de cette recherche sur la bilharziose depuis quelques années. Ce sont incontestablement les efforts conjugués de plusieurs acteurs du monde de la recherche qui ont abouti aux résultats encourageants et à des recommandations à la population de Tougou. A en croire le Dr Javier Pérez Saez de l’Ecole Polytechnique de Lausane (EPFL) qui a présenté les résultats de l’étude, il ressort une prévalence moyenne de 5% chez les enfants et les adultes.

Après avoir présenté la méthodologie qui s’est axée sur la collecte de données sur le terrain, l’enquête et les échanges avec les populations, l’analyse au laboratoire, le Dr Javier a fait ressortir des différences entre les quartiers en lien avec la proximité du barrage et la fréquence de contacts avec la ressource eau. Ces résultats selon le présentateur devront permettre de mieux cibler les efforts de lutte et d’éliminer éventuellement la maladie du village.

Au terme de la présentation des résultats, il a été recommandé à la population de Tougou d’éliminer la défécation à l’air libre, de se protéger par des vêtements adéquats pendant le contact avec l’eau, de réduire ou encadrer la baignade pour les enfants, se rendre au centre de santé en cas de constat de présence de sang dans les urines ou les selles et accepter les traitements. Les échanges directs avec les populations ont permis aux scientifiques de répondre aux préoccupations sur les possibilités d’élimination de la maladie, les conditions favorables à la contamination, l’éventualité de prise en charge des enfants identifiés porteurs des germes de la maladie etc.

Mettre les résultats à la disposition des autorités

L’équipe de recherche de l’université de Lausanne, des universités nationales burkinabè, de 2iE et des chercheurs du programme National de lutte contre la Schistosomiase ont saisi l’opportunité de la tribune à eux offerte pour donner des conseils aux populations. Le Pr Ouédraogo Hamadé coordonnateur national du Programme National de lutte contre la Schistosomiase par rapport à cette maladie pernicieuse aux conséquences désastreuses a fait savoir aux populations que la bilharziose entraine des avortements, bloque la procréation chez les femmes et peut être la cause de cancers de la prostate chez les hommes. Il a invité les populations à se faire soigner en se présentant aux centres de santé en cas d’infection.

Bélem. K Hamadé, maire de la commune de Namissiguima s’est réjoui de l’initiative de restitution de l’étude aux populations à la base. « Beaucoup d’études, de recherches se font, mais rarement les résultats sont rendus aux populations. Vous avez fait une démarche pédagogique et nous souhaitons que chaque fois que de besoin, que ceux qui nous aident viennent sur le terrain pour expliquer aux bénéficiaires les retombés de leurs actes, ce qui permettra une appropriation des résultats » a indiqué le Président du conseil municipal de Namissiguima.

Le Pr Harouna karambiri Directeur de la recherche à 2iE pour sa part a fait savoir que les perspectives dégagées de l’étude seront poursuivies dans le Yatenga. Le Pr Karambiri n’a pas manqué d’indiquer que Tougou est un laboratoire d’idées, d’innovations, un exemple de coopération scientifique qui profitera au Burkina Faso et au monde.

Une remise de médicaments de traitement de la bilharziose aux infirmiers du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Tougou pour la prise en charge des patients a mis fin à l’atelier de restitution.

Yann Nikièma
Lefaso.net

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