Au moment où le taux de prévalence du VIH /Sida connait une baisse considérable au Burkina Faso, -1% selon les dernières enquêtes, les personnes handicapées elles, restent cependant les plus vulnérables. En effet, l’enquête bio comportementale sur la vulnérabilité des personnes handicapées face au VIH au Burkina, conduite par l’équipe de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), sous la houlette du Pr Seni Kouanda , a révélé une prévalence qui serait supérieure à 4 fois la moyenne nationale, soit un taux de prévalence de 4,6% . Les résultats de l’étude ont fait l’objet d’un atelier de dissémination ce mardi 24 avril.

Pr Seni Kouanda, IRSS

Financée par l’ONG Humanity & inclusion ( précédemment Handicap International), à hauteur de 88 millions de francs CFA, cette enquête réalisée de septembre à octobre 2017, a permis de toucher 3000 ménages dans les régions du Centre, du Centre –Est, des Hauts Bassins et du Centre –Ouest du Burkina. « Dans chacune des régions, nous avons fait une enquête ménage sur la base d’un certain nombre de critères. Nous avons sélectionné aléatoirement des ménages en vue d’identifier les personnes handicapées (handicap physique, auditif, oculaire, mental (…). Ce sont ces personnes qui ont été interviewées à l’aide d’un questionnaire et nous avons également procédé à un prélèvement de sang pour pouvoir déterminer la prévalence de l’infection à VIH » a expliqué le Pr Seni Kouanda.

Clément Bagnoa, représentant le directeur des programmes de l’ONG Humanity & inclusion

Et si la prévalence de l’infection à VIH des personnes handicapées s’est avérée supérieure à la moyenne nationale, Clément Bagnoa, Coordonnateur technique des projets santé et réadaptation de l’ONG Humanity & inclusion , représentant le directeur des programmes de ladite ONG, soutient que de nombreuses barrières dans le système de santé et des facteurs socio-économiques, seraient à l’origine de l’épidémie chez les personnes handicapées. Il s’agit notamment , selon lui, de la limitation fonctionnelle des personnes handicapées, de leur accès limitée aux services de conseil/dépistage , de prise en charge, et des atteintes à leurs droits, notamment les violences sexuelles, la marginalisation et la stigmatisation .

Eviter un rebond de l’épidémie

Didier Bakouan, SP du CNLS

Les résultats de l’enquête, à en croire le Secrétaire permanent du Conseil national de lutte contre le Sida, Didier Bakouan, permettront de mieux orienter les interventions au sein de cette population à haut risque et d’alimenter les plaidoyers au niveau national pour des réponses au VIH inclusives des personnes handicapées. Déjà, il confie que la présente enquête a permis de reclasser les personnes handicapées, autrefois classées dans le groupe de la population générale, dans le groupe à haut risque. « Placées désormais dans le groupe à haut risque, nous allons cibler d’avantage nos interventions .Il faut mettre cette population sous surveillance parce qu’il faudrait maintenant agir, appeler tous les partenaires qui interviennent dans la lutte contre VIH-SIDA, à intervenir auprès de cette population pour éviter qu’elle soit le foyer du rebond de l’épidémie » a signifié le SP du CNLS, Didier Bakouan. Puis de souligner que la révision du cadre stratégique national de lutte contre le SIDA 2016-2020, permettra d’accorder une attention particulière à ce groupe dont l’ONG Hunanity & inclusion estime également qu’il est impératif de concevoir des mesures spécifiques.

Entamé en janvier 2017, le projet VIH et Handicap d’une durée de trois ans, entend contribuer à la réduction de nouvelles infections chez les personnes handicapées dans 6 pays que sont le : le Burkina Faso, le Sénégal, le Cap vert, la Guinée Bissau, le Mali et le Niger. Cela, en soutenant la promotion des droits humains, en s’attaquant aux obstacles juridiques, et en améliorant leur accès aux services de prévention, soin et soutien relatifs au VIH, via un plaidoyer régional.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net