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e-Education au Burkina Faso : Opportunité, nécessité ou luxe ?

Publié le jeudi 19 avril 2018 à 00h08min

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e-Education au Burkina Faso : Opportunité, nécessité ou luxe ?

Les Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) constituent un puissant outil pour réduire le fossé grandissant dans le secteur de l’éducation et soutenir la quête d´une éducation axée sur les besoins de l´avenir. Quatre spécialistes, le Pr Afsata Paré-Kaboré, le Dr. des. Clément Compaoré, le Dr Bachir Ismaël Ouédraogo et M. Boudi Landry N´Do se sont prononcés sur le sujet.

Le e-learning, abréviation de l’anglais « electronics learning », renvoie à l’apprentissage par les Technologies de l’information et de la communication. Selon Boudi Landry N´Do, spécialiste en gestion de projets informatiques, ce mode d’apprentissage présente plusieurs enjeux. « On a un nombre élevé d’apprenants dans les classes et peu d’enseignants pour ceux-là. Ce qui rend l’enseignement plus rude pour les enseignants et l’apprentissage difficile pour les apprenants avec une augmentation rapide de la population », note le spécialiste pour qui le e-learning sera une solution pour la formation des futurs apprenants.

Mettre les enseignants en situation de pratique

(Source http//www.leerbeleving.nlwbts1cycle.gif)

Toutefois, un défi majeur doit être relevé, celui du matériel informatique et de la connexion internet car sans cela, pas de formation en ligne dont les avantages ne sont plus à démontrer : pas de barrière géographiques, possibilité d’une formation de masse, économies de papier, gain de temps. Selon Afsata Paré-Kaboré, Professeure titulaire à l’UFR/Lettres et Sciences humaines de l’Université de Koudougou, le e-learning pourrait être une étape ultérieure pour le Secondaire, car pour l’instant « c’est surtout l’enseignement supérieur qui est ciblé pour cela même si on sait que ça se prépare bien avant. » « Au secondaire, poursuit-elle, il y a encore des efforts à faire. En effet, la meilleure formation en technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) que l’on puisse donner aux futurs enseignants est celle qui les met en situation de pratique : qu’ils manipulent vraiment des ordinateurs par exemple et autres outils, qu’ils s’exercent à utiliser les logiciels courants, qu’ils apprennent les usages possibles de l’informatique en éducation (recherche d’information, illustrations, présentations PPT, transmission de documents, d’informations, etc.) . »

L’ingénierie pédagogique

Dr. des. Compaoré

Pour le Dr. des. Compaoré, expert en Ingénierie et Conseil en formation à distance, il ne fait aucun doute que le secteur de l’apprentissage en ligne a beaucoup de souffle de nos jours. « Cependant, nuance-t-il, ce n´est pas non plus l’attaquer que d´insister que son avenir semble être en étroite relation avec sa capacité à attester sa plus-value en termes de contribution à l’amélioration de la performance et du rendement des apprenant aussi bien à court qu’à moyen terme ».

A en croire l’expert, l’essentiel dans ce mode d’apprentissage demeure la complexe moelle pédagogique qui lui est sous-jacente, c’est-à-dire l’ingénierie pédagogique. « En apprenant l’ingénierie pédagogique, nous sommes en train de changer le rôle et la place de l’enseignant ainsi que de la cognition, de la responsabilité active et de l’environnement des apprenants comme individus et groupes d’individus. L’éducation se décentralise. Elle devient aussi une industrie de conception et d’élaboration de cours d’apprentissage numérique. Une industrie telle que nous n’en avons jamais vue dans les siècles passés », explique-t-il.

« Document, ouvre-toi ! »

Dr Bachir Ismaël Ouédraogo

Promoteur de l´Organisation pour la promotion de l’éducation nationale (OPEN), Dr Bachir Ismaël Ouédraogo est un expert en économie des énergies renouvelables, développement durable, risques et politiques des changements climatiques. Selon lui, l’enseignement en Afrique et au Burkina Faso en particulier, pose le problème de l’accès à une documentation de qualité. C’est pour ce faire que OPEN a entrepris depuis 2011 avec le soutien de différents partenaires, la numérisation de toute la documentation relative aux différentes classes du CP1 à la Terminale pour l’enseignement général et de la Seconde à la Terminale pour l’enseignement technique. Dans le souci de rendre cette base de données accessible à tous et à moindre coût, OPEN, selon Dr Ouédraogo, met à la disposition des élèves et étudiants une plateforme virtuelle qui leur permet d’avoir accès aux cours, devoirs, examens, exposés, livres ainsi qu’à une documentation de qualité sur toutes les matières téléchargeables gratuitement à travers le lien http://openeducationbf.com/index.ph....

« 75% des téléchargements sur notre site viennent des provinces et des départements éloignés de la capitale. Cela se justifie en partie par le fait que le besoin en documentation est criard dans ces régions et c’est là que nous devons concentrer le maximum de nos efforts », a laissé entendre Docteur Bachir Ismaël Ouédraogo qui rappelle que OPEN expérimente avec succès, au profit des acteurs du monde rural, la version offline sur support SD carte et clé USB de son site notamment.

Pour un usage bienséant des ressources

Prof Afsata Paré-Kaboré

« Les TIC/TICE ne doivent pas être vues comme une panacée. On a des problèmes en éducation et formation, certes, mais ce serait une erreur de croire qu’il suffit de disposer des TICE pour les enrayer. TICE ou pas il y a des problèmes qu’il faut résoudre : des problèmes d’équité, de qualité, de stratégies pédagogiques, etc. Et en matière de TIC/TICE, il faudra être surtout très regardant pour un usage bienséant des ressources et des plateformes d´apprentissage numérique, pour éviter les dérives et l’utilisation détournée de l’outil », a prévenu Pr Afsata Paré-Kaboré. Et de lancer un appel aux différents acteurs (décideurs, enseignants, parents, jeunes, promoteurs, etc.) pour une démocratisation de cette modalité d’éducation et de formation afin que le fossé qui sépare les membres d’une même communauté en la matière, comme en ce qui concerne d’autres aspects de la vie, ne perdure pas, ne se creuse pas davantage mais s’amenuise.

Synthèse de Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net


Contacts des intervenants :

Pr Afsata Paré-Kaboré : kabpar@yahoo.fr
Dr. des. Clément Compaoré : clementc_lmu@yahoo.de
Dr Bachir Ismaël Ouédraogo : bachirismael@gmail.com
M. Boudi Landry N´Do : boudi.ndo@hotmail.fr

www.openeducationbf.com, site web de l’Organisation pour la Promotion de l’Education Nationale (OPEN)

Portfolio

  • Boudi N'DO, Msc.
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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2018 à 11:35, par Jerkilo En réponse à : e-Education au Burkina Faso : Opportunité, nécessité ou luxe ?

    Il y a plus d’une dizaine d’années que les problèmes des TICE et du e-learning se posent et sont discutés au niveau des institutions d’éducation au Burkina. Mais l’obstacle principal à son développement est le problème des moyens (équipements) et de la formation des acteurs (enseignants). Les universités et autres structures de formation (ENS, IDS, ENEP, etc.) sont insuffisamment équipées en matériels informatiques et en connexion internet, à plus forte raison les enseignants dans les lycées et CEG sans électricité et équipements informatiques. Le Burkina est en retard d’un siècle, car en Europe et en Asie, même au préscolaire les enfants utilisent des tablettes avec connexion.
    PS : la photo du Pr Afsata PARE/KABORE me laisse perplexe, est-ce une erreur ou une métamorphose complète

  • Le 19 avril 2018 à 20:51, par Le quidam En réponse à : e-Education au Burkina Faso : Opportunité, nécessité ou luxe ?

    Les TICE, nous offrent effectivement beaucoup d’opportunités pour améliorer la qualité de notre éducation qui est visiblement en mal depuis un certains temps. Mais il manque juste une volonté politique pour faire de ces TICE une réalité dans notre pays. Beaucoup de lycées ont été dotés de salles d’informatique depuis les années 86-87 comme le lycée Bogodogo, le Zinda, le LTO, le LOC, le Yamoaya et j’en passe. Mais la réalité est que ces lycées n’ont pas reçu l’accompagnement nécessaire pour permettre la maintenance des machines et leur remplacement en cas de vétusté. Sinon ce sont ces salles d’informatique qui serviraient aujourd’hui à propulser le e-learning. Vivement que les autorités politiques se penchent sur la question si elles veulent vraiment que les produits qui sortent de nos établissements et universités puissent résister la concurrence au niveau international car, ces outils font parties désormais de notre quotidiens et il serait difficile de les contourner vu les multiples avantages qu’ils nous offrent notamment l’accès facile à la connaissance à travers les banques de données disponibles sur le Net.

  • Le 21 avril 2018 à 13:12, par senadja En réponse à : e-Education au Burkina Faso : Opportunité, nécessité ou luxe ?

    Avant de développer l’enseignement en ligne , il faut que le dispositif des inscriptions a l’université soit d’abord en ligne afin de permettre aux étudiants de s’inscrire ou qu’ils soit . car allez s’aligner a tout moment pour déposer les dossiers c’est insulter nos informaticiens du Campus.
    merci aux différents présidents d’y songer.

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