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L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

Publié le mardi 3 avril 2018 à 23h49min

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L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

Ceci est une tribune de Somé Kountiala Jean de Dieu Traducteur-Interprète
 ; Bénéficiaire du programme américain Fulbright. Master en enseignement des langues, politique, et cultures, University of Southern Indiana

Des voix singulières comme la mienne peuvent ne pas avoir une grande portée dans le Burkina d’aujourd’hui où la foule est graduellement conditionnée à des discours politiques et/ou syndicaux. Toutefois, ne pas s’exprimer sous ce prétexte est non seulement une violence contre soi, mais aussi une complicité à un génocide systémique. Je compte donc utiliser ma voix pour parler de ce que je sais et maitrise le plus. Et j’ai opté d’écrire périodiquement aux journaux du pays pour me faire entendre.

J’ai suivi de près le débat sur le Fonds Commun et j’ose croire que cette énergie nationale pour une justice sociale ne se limitera pas à la fermeture du ‘’robinet de motivation’’ des agents du ‘’Ministère de l’argent.’’ Cette volonté de réparation et ce souci de rendre service aux contribuables burkinabè ne doit pas se limiter au ‘’Ministère de l’argent.’’ S’ils se limitent à ce ministère, je rejoindrai les agents de ce ministère qui parlaient d’une ‘’jalousie’’ des malheureux candidats aux concours de ce ministère. Mon souhait est que chaque Ministère du Burkina se penche sur l’injustice entretenue en son sein pour rendre tous les systèmes du Burkina Faso plus fonctionnels.

A la tête de ces ministères, je vois le Ministère chargé de l’éducation nationale qui doit agir pour réparer et prévenir les risques du système actuel. Notre système éducatif fait actuellement face au meilleur et au pire des temps, si je peux emprunter les termes de David A. Sousa (2003). Par meilleur des temps je fais allusion à la potentialité en ressources humaines et aux recherches, études, et recommandations disponibles pour l’amélioration du système. Par le meilleur des temps je fais aussi allusion à la croissance des effectifs scolaires et universitaires ainsi qu’aux initiatives privées pour l’accompagnement de l’État dans ses efforts de satisfaction de ces effectifs. Nous avons des Burkinabè spécialistes de l’éducation qui rentrent de partout et peuvent aussi contribuer à la formation des acteurs de l’éducation.

Par le pire des temps du système éducatif burkinabè, je fais allusion aux risques de la non-satisfaction de cette masse innocente qui compte sur l’école pour des solutions aux problèmes sociaux et existentiels. En plus d’enseigner les enfants, l’école d’aujourd’hui est beaucoup plus sollicitée pour l’éducation et la formation. Les enseignants et les professeurs sont défiés à aller au-delà des curricula pour jouer le rôle de papa, maman, grand-père et grand-mère, tout à la fois ! Avec un père banquier en poste à l’ouest et une mère infirmière à l’est, avec des parents constamment en quête de la scolarité, de la popote et des frais de subsistance, l’école devient de plus en plus le seul lieu où l’enfant apprendra à vivre et à être, d’où la nécessité d’ouvrir le bon œil national sur la question éducative.

Le pire des temps sera l’échec de la relève de ce défi. Nous sommes déjà à la pente de cet échec, mais nous avons toujours assez d’énergies pour ramener le véhicule sur le bon chemin. Pour jouer ce nouveau rôle complexe de l’école, nous devons prendre au sérieux la formation des acteurs de l’éducation et la gestion du système dans son grand ensemble. Nous ne pourrons pas relever ces défis avec un seul centre de formation des professeurs des lycées et collèges. Nous ne pouvons pas relever ces défis avec des milliers d’enseignants vacataires livrés à eux-mêmes et qui luttent au quotidien pour maitriser ne serait-ce que le curriculum. J’ai été un enseignant vacataire pendant six ans et c’est à ma sixième année que j’ai reçu la visite des inspecteurs pédagogiques suite à la demande de mon établissement. Nous ne pouvons aussi pas relever ces défis si les chefs d’établissements privés et publics ne reçoivent aucune formation formelle en gestion des hommes et en fixation des objectifs éducatifs constamment mesurés.

Nous ne pourrons pas réussir ce nouveau challenge s’il n’y a pas de rigueur dans le recrutement, la formation, et la gestion des personnes enseignant. A défaut d’ouvrir la formation de l’ENSK à toute personne désirant faire carrière dans l’éducation (chose impossible avec la capacité d’accueil de l’école), nous devons urgemment introduire des cours de méthodologie et de la pédagogie de l’enseignement dans les programmes académiques. Nous devons, ensuite, règlementer le métier de vacataire et faire en sorte qu’il soit possible de faire carrière de vacataire pour ceux qui le voudront. Actuellement beaucoup font la vacation parce qu’ils n’ont rien à faire ou parce qu’ils ont des besoins d’argent. Donc, quand l’opportunité s’offre à n’importe quel moment de l’année scolaire, le vacataire n’hésite pas à la saisir et ce sont les enfants et leurs parents qui paient le premier prix. J’ai aussi quitté mes élèves à un moment donné et je trouve aujourd’hui que cela devait arriver dans tous les domaines, sauf dans le domaine de l’éducation. Pour que ça n’arrive pas, il ne suffit pas de prendre des mesures, mais de former et garantir un avenir à ceux qui font la vacation.

Pour éviter le pire à l’avenir, faisons en sorte que tous les enseignants soient formés à l’art et à la science de l’éducation et que les professeurs titulaires restent dans leurs classes du début jusqu’à la fin de l’année scolaire. Cela suppose aussi une réflexion sur le stage des élèves de l’ENSK qui partent en stage au milieu de l’année scolaire. Ils partent prendre des enfants qui ont pris un trimestre pour s’adapter au style d’enseignement de leur professeur du premier trimestre et doivent encore prendre leur deuxième trimestre pour s’adapter aux styles d’enseignement de ces stagiaires qui sont généralement plus angoissé par leur succès aux examens de certification.

Somé Kountiala Jean de Dieu
Traducteur-Interprète

Bénéficiaire du programme américain Fulbright
Master en enseignement des langues, politique, et cultures
University of Southern Indiana
Email : jeandedieusome87@yahoo.com

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2018 à 18:42, par mao En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    Salut l’artiste ! Vous êtes un intellectuel hors pairs

    • Le 4 avril 2018 à 08:11, par Zao En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

      Sans rancœur, sans jalousie justement, et à moins que ce soit l’auteur lui-même qui se qualifie ainsi, je ne vois pas en quoi il est "un intellectuel hors pairs" !! c’est ce genre de jugement qui pousse beaucoup à écrire pour se faire voir sur fasonet alors qu’ils n’ont rien à dire.

      • Le 4 avril 2018 à 13:57, par K. Jean de Dieu SOME En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

        M./Mme ZAO, j’apprecie votre intervention, mais je ne suis pas l’auteur du commentaire ci-haut.. Votre observation est juste, mais elle n’est pas l’objectif de cet article. Si l’article fait parti des messages vides dont l’objectif de l’auteur est de se montrer, je travaillerai a mettre du contenu la prochaine fois. Fraternellement !

  • Le 4 avril 2018 à 06:11, par Gangobloh En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    Bien chacun de nous doit interroger sa conscience et voir si en dehors de sa famille, qu’est ce qu’il apporte à la société qui contribué à son formation professionnelle. La réussite personnelle égoïste profite/ t - elle à toute la société . La relève sera hypothétique si chacun lutte pour son ventre et sa famille .

  • Le 4 avril 2018 à 07:35, par le pire des pires En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    Bonjour monsieur SOME, je reviens sur une phrase clé de cet article dit ceci :"je rejoindrai les agents de ce ministère qui parlaient d’une ‘’jalousie’’ des malheureux candidats aux concours de ce ministère." Moi, je dirais que c’est un grand défi que ces agents ont lancé aux ministres "moutons" qui aiment aller chercher les agents d’autres ministères pour des nominations à leur sein. Si je prends le cas du ministère des affaires étrangères, ce sont ces mêmes agents du ministère de l’économie qui ont envahi les représentations diplomatiques et tellement ils sont déterminés ils organisent les tests pour nommer les trésoriers, les adjoints trésoriers et les percepteurs en plus dans les coulisses ils veulent ajouter les adjoints des percepteurs. Alors, ils ont passé les concours du ministère des affaires étrangères et ont échoué ceci dit qu’ils sont candidats malheureux.
    Vous saviez ces histoires de fonds communs, qui ne fait pas rentrer de l’argent ? Tout le monde. L’enseignant qui t’a enseigné est responsable de ton soi disant intelligence ; le policier ou le gendarme qui t’a accompagné pour aller récolter les fonds est la première personne mal vue par le contribuable ; les agents du ministère des affaires étrangères qui ont traité des conventions pour la libre circulation des biens et du personnel et des textes régissant le trafic du commerce entre notre pays et les forces étrangères ont aussi joué un rôle important pour la mobilisation des ressources financières. Vous voyez que nous sommes dans un État ignorant sinon tout ce qui se passe autour de ces fonds communs ne devraient pas arrivé. Vous pillez les fonds pour handicaper le développement du pays car pendant ce temps nos universités souffrent du manque des salles pour formations, nos écoles sont sous paillotes, nos villages souffrent manques d’infrastructures sanitaires, des forages et des postes des forces de défenses et de sécurité pendant ce temps nous prenons des milliards pour partager aux agents qui sont payés par mois le travail rendu. Je crois que si le gouvernement ne prend soin de régler cette situation une bonne fois, la prochaine insurrection viendra par là. Les commerçants sont les burkinabè comme ces agents du ministère de l’économie et des finances et pourquoi c’est leur effort que ces derniers cités vont prendre pour remplir leurs postes ?

    • Le 5 avril 2018 à 03:32, par Lombodoua Kini En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

      Vive le developpement personnel. Pour moi est toujours mieux que pour nous. Grace aux fonds communs, mon ami LOmbodoua s’ est tape 4 villas en 15 ans de service.Il est entre comme agent de constatation et d’ assiettes en 1988 apres avoir echoue a passer la premiere annee d’ ISP( IDR). Nous autres on a eu la chance qu’ on passait. Aujourd’ hui moi je suis professeur certifie de sciences naturelles. J’ ai achete ma parcelle apres 10 ans de service sur pret bancaire. J’ ai du attendre 3 ans pour eponger ma dette et j’ ai pris un autre pret pour la fondation. Quand je vois que mon ami a 5 villas et moi je lutte toujours pour cloturer la mienne, franchement, je suis jaloux. Oui. Lombodoua, je suis jaloux de toi parce que tes 5 villas , tu ne les as pas eu parce que tu as travaile plus que moi. Pas parce que tu etais plus intelligent que moi.

  • Le 4 avril 2018 à 08:33, par HUG En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    Vous avez dit vrai, il faut que chacun fasse correctement son travail puisque la récompense du travail fait est le salaire. Que dit l’enquête parlementaire sur le système éducatif. Des enseignants qui font seulement deux 02 heures de cours par semaine alors qu’ils devraient faire plus. Aussi on remarque un nombre élevé d’enseignants dans les villes. Qu’est ce qui explique cela ? On est dans quel pays ? Cependant il y a des enseignants qui font correctement leur travail, à ceux là courage à eux.

  • Le 4 avril 2018 à 11:17, par lesondeur En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    je suis tout à fait d’accord avec le frère Somé ! J’ ai fait la germanistique à l’UO. J’ai enseigné neuf ans durant en milieu rural comme urbain. pendant ce temps, j’ai aidé des promotionnaires en droit et en économie qui étaient en situation de chômage. aujourd’hui, ils sont devenus des inspecteurs et des magistrats ; je ne les envie point. mon salaire a permis de faire de ces camarades des millionnaires. je vis toujours avec mon salaire de prof sans gène.

  • Le 4 avril 2018 à 13:46, par Amelde En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    Article très édifiant sur un sujet qui mériterait un peu plus de sérieux de la part du gouvernement. Gouverner ce n’est pas seulement régner et préparer le renouvellement de son mandat, c’est avoir de la vision et être capable de poser des actes qui transformeront qualitativement le pays dans les 10 à 20 an à venir.

  • Le 16 avril 2018 à 07:02, par Kansie Ollo En réponse à : L’autre fonds commun : Le meilleur et le pire des temps !

    Merci pour l’effort. Je vous encourage a poursuivre et a participer aux débats nationaux comme vous le faites.En plus d’éclairer, cela vous aidera personnellement a vous former d’avantage, je souhaite, politiquement. Vraiment du courage

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