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Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

Publié le vendredi 30 mars 2018 à 23h39min

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Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

Des avocats de la défense ont tourné le dos au tribunal, ce vendredi 30 mars 2018, lorsque le président, Seydou Ouédraogo, s’est opposé à leur demande de deux mois minimum pour citer les témoins des accusés du putsch de septembre 2015. Pour Me Néa de la partie civile, le juge a échappé à un piège tendu par la défense.

« Nous sentons manifestement qu’il faut juger coûte que coûte même si il n’y a pas de vérité dedans », a déclaré Me Mathieu Somé, sorti de la salle d’audience avec des « frères d’armes » de la défense. Ils iront sans doute se concerter, si l’on en croit ses propos.

Quitter la salle, un droit

Pour Me Néa Sayouba de la partie civile, cette décision de la défense de vider la salle est « très curieuse ». Il rappelle que la question de la citation des témoins des accusés a été longuement débattue la semaine dernière et qu’il n’appartenait ni à la juridiction ni au parquet encore moins à la partie civile de donner des moyens à la défense pour qu’elle ait des témoins qui vont témoigner en sa faveur. « La défense veut qu’on entende des témoins qui vont venir disculper peut-être leurs clients. C’est donc eux qui ont intérêt à ce que ces gens soient entendus », soutient l’avocat qui reconnait ce droit aux avocats de la défense de quitter la salle.

« Vigilance du président »

Me Sayouba Néa, avocat (partie civile)

Toujours selon Me Néa, ça n’aurait pas été légal d’accorder les deux mois à la défense. « Si on le faisait, c’était, pour nous, violer la loi. Si on vient demander deux mois et que le juge l’accorde, c’est comme si dans le même jugement, il avait rendu deux jugements contradictoires. Ce qui est une cause de la nullité de la décision de cette juridiction à venir », déduit Me Néa. A en croire ce dernier, le président a été très vigilant car, convaincu, que les avocats de la défense voulaient attirer le tribunal dans « un piège ».

« C’est ça le jeu »

Me Prosper Farama, avocat (parties civiles)

De son côté également, Me Prosper Farama s’est exprimé sur un ton quelque peu ironique : « Quand je pense au cas de Lingani et Henri Zongo qui ont essayé un coup d’Etat en 1989, où il n’y a eu aucun coup de feu tiré, aucun blessé, aucun mort, rappelez-vous, ils ont été jugés en une nuit et exécutés la même nuit. Eux (les avocats de la défense) ont eu le plaisir de faire durer les choses, de quitter la salle. C’est ça le jeu. On est dans un procès, dans un Etat démocratique et nous prenons acte », a-t-il dit.

Pour lui, le départ des avocats n’a aucune conséquence parce que ce qui aurait pu empêcher que le procès se tienne, c’est que les accusés n’aient pas d’avocats à leur disposition. « Mais là, ils ont tous des avocats. C’est comme si nous de la partie civile, nous décidons de ne pas venir à l’audience pour assister nos clients. Le tribunal constate que nous sommes juste absents et continue », a-t-il justifié.

« Je suis indépendant »

Me Halidou Ouédraogo

Notons que tous les avocats de la défense n’ont pas quitté la salle. Cinq sont restés dont Me Halidou Ouédraogo, l’un des conseils de l’ancien Bâtonnier, Mamadou Traoré, poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires. Pourquoi n’a-t-il pas suivi les autres ? « On n’est pas dans le même cabinet. Les avocats sont nombreux mais ne sont pas dans le même cabinet. Mon cabinet, c’est moi qui l’ai créé. Donc, je suis indépendant. Mon droit, c’est la notion de mon indépendance. Le tribunal a décidé de continuer et c’est légitime », a-t-il conclu.

L’audience a donc continué dans l’après-midi avec la lecture de l’arrêt de renvoi. De 13h30 jusqu’à 17h, heure à laquelle, le président Seydou Ouédraogo a suspendu l’audience. Elle reprendra ce samedi 31 mars, avec la suite de la lecture de l’arrêt de renvoi et l’examen des demandes de liberté provisoire.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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  • A l'ouverture de l'audience le 27 février
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Vos commentaires

  • Le 31 mars 2018 à 08:26, par Sapience En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

    Maître Farama, vous faites rire. Nous sommes en démocratie, mais bien sûr. C’est la raison pour laquelle, tout le droit doit être dit et non des insinuations. Soyez plus audacieux et dites clairement les choses. Vous avez condamné les présumés coupables et vous avez hâtes de l’annoncer au public.

    AAAAh et puis on se connaît.....................

    • Le 2 avril 2018 à 12:31, par sidwaya En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

      Sapience avec tout le respect que je te dois c’est toi qui fait rire.!!!! ta réaction choque !!! Quant -est ce que les gens comme Sapience seront sincères. AAAAh et puis on se connait........ Oui on se connait car il n’y pas eu coup d’état, pas eu le moindre coup de feu à ouaga, il n’y a pas eu paralysie de plusieurs activités pendant plusieurs jours. Oui !! il n’y a pas eu de mort , de blessés d’autorités séquestrées ..et j’en passe. Tu fais rire !!!!

  • Le 31 mars 2018 à 09:03, par Ka En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

    Merci maître Farama pour votre citation que Henri Zongo et Jean Baptiste Lingani n’ont même pas eu des avocats commis d’office pour se défendre avant d’être fusillé a la sauvette : ’’’Et j’ajoute par Diendéré Gilbert et Blaise Compaoré.’’’ Je dis ici pourquoi ces avocats mafieux jouent les ruses et la comédie en quittant la salle : Le constat est simple : ‘’’’’Ces mafieux avocats étaient habitué au temps du régime de Blaise Compaoré où la justice était à une vitesse variable selon les humeurs naturelles des magistrats qui vendaient notre justice au plus offrant :’’’’ Avec les juges militaires qui veulent dire le droit et condamner les coupables sans monnayer quoi que ça soit, ces avocats mafieux voient disparaître leur manque à gagner, c’est pourquoi tout ce cinéma.

    Mais s’il y a une vraie justice au Burkina, les coupables seront condamnés, c’est ça aussi le changement voulu par le peuple.

    • Le 31 mars 2018 à 22:58, par lalas En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

      mais il n’ya rien à juger.meme un fou peut juger ces assassins.des juges farfelus payés pour rien.degagez ces juges et tués ces tares qui ont mis ce pays en retard

      • Le 1er avril 2018 à 10:03, par AB En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

        Je vous trouve beaucoup de courage de dire cette vérité que beaucoup n’osent pas dire même s’ils le pensent très fortement. En effet, il n’y a rien à juger. Dès que le putsch à capoté et que Diendéré s’est rendu et l’a reconnu, tous ses complices du putsch auraient dû être alignés avec lui et fusillés dans la foulée. Ce n’est même pas une question d’Etat d’exception ou d’Etat de droit. C’est comme cela. C’est d’abord une affaire militaire qui relève de la loi martiale. Un soldat qui délibérément via un coup d’Etat ou autres faits, porte atteinte à la sûreté d’un Etat, s’il est pris et le reconnait en toute conscience, sans torture comme ce fut le cas pour Diendéré, doit être passé par les armes. C’est un principe qui s’applique partout dans le monde. Attention : je ne parle pas ici de soi-disant soupçons de coup d’Etat que nos dictateurs utilisent pour éliminer ceux qu’ils craignent, comme Blaise l’a fait avec ses sbires Diendéré, Bassolet et autres. C’est totalement différent. Pourquoi les militaires dans les pays occidentaux ne font pas coup d’Etat. Ils savent très bien que cela relève de la loi martiale qui n’a rien à voir avec les tergiversations politiques et qui n’a rien à voir avec les juridictions civiles.
        Au Burkina, on a manqué de couilles et on a tergiversé et on tergiverse encore avec cette parodie de justice soit disant militaire. On attend de voir comment elle va gérer les avocats plus ou moins mal intentionnés et on attend de vois comment elle va juger ses assassins putschistes et suites qui seront données à leur jugement. les gens qui ont péri dans cette affaire méritaient aussi de vivre, peut-être même plus que ces putschistes qui nous rient au nez lors des audiences depuis de début du procès.

        • Le 2 avril 2018 à 17:20, par Ka En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Pour la partie civile, le président a été vigilant au piège de la défense

          AB : Etant contre la peine de mort et tous ceux qui ôte les vies que Dieu nous a offerts gratuitement, le sort de Gilbert Diendéré est dans les mains de Dieu : Car il y a aussi une certitude divine qui dit que l’on récolte toujours sur terre ce que l’on a semé, malgré la miséricorde de Dieu et la foi après le pardon de Dieu. Si tu as semé la mort, attends-toi à la récolter aussi : Et tout le peuple Burkinabé sait que la palme d’or des exécutions sommaires liées à des putschs supposés ou réels, revient au régime de Blaise Compaoré, et celui qui était à la manœuvre, ironie de l’histoire, est le Général Gilbert Diendéré. Il peut donc se réjouir de ne pas connaître le sort qui avait été réservé au commandant Jean Baptiste Lingani et au Capitaine Henri Zongo.

          Et je dis que la tenue même de ce procès, sous ce format, est une avancée de notre jeune démocratie. Et celui qui doit être le premier à le reconnaître est Gilbert Diendéré lui-même, et je pense qu’il doit remercier à l’équipe de la transition qui lui a mis au frais pour le décideur du jour qui est Roch Kaboré et son équipe.

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