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Pascal Drouhaud (UMP-France) : "Nous sommes à l’écoute de tous »

Publié le mercredi 6 juillet 2005 à 07h43min

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Sidwaya : M. P Drouhaud, dites-nous dans quel cadre se situe votre séjour à Ouagadougou ?

M.P.D : L’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) est le premier parti de France. Il est normal que lorsqu’on représente une force politique aux affaires à Paris, qu’on ait des relations avec le continent africain.

La géographie, l’histoire, les relations économiques, humaines, historiques, culturelles sont là. Il serait inconcevable que l’UMP n’ait pas de relations avec les partis politiques en Afrique.

Nous sommes à l’écoute de l’Afrique et des populations africaines, que l’UMP n’essaye pas de comprendre les mouvements de pensée, d’évolution sociologique, politique, culturelle qui caractérisent l’Afrique dans un monde ouvert. Mon séjour à Ouagadougou a plusieurs raisons :

- à l’UMP, nous aimons le Burkina Faso, parce qu’il est un pôle de stabilité dans une région en proie à des tourments ;

- le Burkina Faso est un pays emblématique pour les francophones. Par son dynamisme culturel, en témoigne le FESPACO, et par l’exemplarité de son évolution politique par la solidité et la flexibilité de ses institutions. Depuis, toutes les élections se sont tenues régulièrement.

Dans ce contexte, l’UMP se doit d’avoir des relations avec le Burkina Faso, pays central en Afrique de l’Ouest. L’action forte que mène le président du Faso au sein de l’UEMOA, de la CEDEAO, de la CEN/SAD et de l’Union africaine y est pour beaucoup.

Politiquement l’UMP doit être à l’écoute du plus grand nombre. Pour nous, cela est très facile. Nous avons la volonté d’engager des relations graduées. Cela signifie que l’UMP a des liens particuliers avec des formations politiques.

L’un, naturel que l’UMP a au Burkina, est avec le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Est-ce que les Burkinabè attendent que nous nous enfermions dans une exclusivité, je ne le crois pas. Ce que nos amis du CDP attendent de nous, c’est que nous ayons l’intelligence d’être à l’écoute du plus grand nombre. Si notre lien est fluide avec le CDP, il n’est pas exclusif. Dans le cadre de ces relations graduées, nous entretenons des relations avec l’ADF-RDA et son président Gilbert Ouédraogo. Lors du congrès de l’UMP, en 2002, nous avions invité nos amis du CDP, Roch Marc Christian Kaboré, le président Ludovic Tou, des membres du cabinet du Premier ministre et le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, dans le cadre des activités décentralisées.

Nous avons aussi des liens avec l’ADF-RDA et son président, Me Gilbert Ouédraogo, qui était aussi au congrès de l’UMP, de novembre 2004. Il est normal que nous soyons invités à assister à son congrès. Nous y étions, tout en rappelant les liens que nous avons avec différentes forces politiques du Burkina Faso.

Notre responsabilité n’est pas de donner des leçons, ni de distribuer des bons points. En tant que parti de gouvernement et de Français qui aiment l’Afrique, notre responsabilité est de comprendre les évolutions des sociétés amies du continent africain. Nous sommes à l’écoute de tous, dans le respect des identités de chacun.

Je note des points de convergence. La promotion de l’intérêt général est au cœur du programme de l’ADF-RDA.

S : Historiquement, on peut comprendre vos relations avec l’ADF-RDA, le RDA ayant historiquement soutenu le Général de Gaulle dont l’UMP se prévaut. Vos liens privilégiés avec le CDP paraissent surprenants, le CDP s’apparentant à l’Internationale socialiste, comment expliquez-vous cela ?

P.D : L’UMP est régie par un principe tout simple : l’unité dans la diversité. Cela signifie l’unité des valeurs démocratiques, dans l’engagement, le dynamisme, l’écoute de la société, le pragmatisme... et par la diversité des familles politiques qui composent l’UMP. Il y a une forte sensibilité gaulliste à l’UMP. Mais les membres du parti ne sont pas seulement les gaullistes, ce n’est pas l’ex/RPR. Ce sont les centristes et aussi les libéraux.

L’intelligence politique de l’UMP consiste à rester à l’écoute des forces politiques, à promouvoir les avancées de l’unité, de la démocratie. Cela est source de stabilité et de paix.

Les clivages que vous avez cités, n’ont pas grand sens. Notre relation politique, c’est avec une Afrique qui respecte les traditions et une Afrique qui trouve sa place dans un monde ouvert, où la compétition est très forte.

S : Le Président Compaoré sera probablement candidat. Peut-être que Me Gilbert Ouédraogo sera le candidat de l’ADF-RDA. La fin du congrès est pour bientôt, qui allez-vous soutenir ?

P. D : La question pour nous ne se pose pas en ces termes. La problématique est simple : il s’agit de promouvoir la voie de la démocratie, de l’Etat de droit. Nous n’avons pas pour ambition de dire, c’est ce candidat que nous soutenons, ce serait une aberration, une ingérence inacceptable. Le sens de responsabilité pour l’UMP est de rester à l’écoute de tous ceux qui ont un idéal pour le Burkina Faso ; comme le Président Compaoré, comme Me Gilbert Ouédraogo et tous ceux qui veulent contribuer à la cohésion nationale avec de grands projets de société.

S : Le développement de l’Afrique sera au rendez-vous du Sommet de Gleneagles. Qu’est-ce qui peut en sortir pour l’Afrique ?

P.D : Lors du sommet du G8, la France et le président Chirac vont une fois de plus défendre les intérêts des pays africains ; et avant tout, de l’Afrique francophone, n’oublions pas que l’Afrique est plurielle.

Dans ce monde ouvert, c’est unis que nous francophones existerons et pourrons défendre nos intérêts communs. Le président Chirac a pris des engagements forts dans ce sens.

C’est ensemble que nous devons concevoir la place de pays comme le Burkina Faso dans les grands échanges internationaux.

S : La France qui dit défendre les intérêts des pays africains est contre le démantèlement des subventions agricoles en Europe, alors que des pays comme le Burkina exigent cela pour la promotion de ces producteurs, n’est-ce pas paradoxal ?

P.D : Vous touchez à la politique agricole commune. Ce n’est pas un problème français, c’est un problème européen. L’Europe, comme l’Afrique, est engagée dans une réflexion de fond sur sa construction, sur son budget. La politique agricole commune représente plus de 40% du budget européen. L’Europe à vingt-cinq essaye de redéfinir les axes d’impulsion internes qui soient complémentaires de la relation franco-allemande.

La France est un pays qui est au sein de l’Europe, et il est normal que l’Europe cherche à promouvoir ses propres productions, alors qu’elles constituent le premier marché au monde.

S : A la veille du Sommet du G8, le Premier ministre britannique a le vent en poupe, alors que la France qui se veut « l’alliée naturelle » de l’Afrique bat en retraite ?

P.D : Il faut distinguer rhétorique et action. La géographie est là. La France est une puissance de la Méditerranée. La France a les liens historiques qu’on connaît avec le continent africain et l’Afrique francophone. On ne peut pas les effacer. La France au Burkina est le premier client, le premier investisseur, le premier fournisseur. Il y a des projets en matière de développement de nos amis anglo-saxons, et il faut s’en féliciter.

S : Au cours de votre séjour au Burkina Faso, vous avez eu des entretiens avec les milieux politiques, administratifs. Peut-on les qualifier de positifs ?

P.D : Chaque fois que je viens au Burkina Faso, mon séjour est fructueux. Je me sens bien dans ce pays. J’ai beaucoup d’amis, notamment politiques. J’ai été rendre visite à des responsables gouvernementaux, au maire de Ouagadougou. Et bien entendu, j’ai assisté au congrès de l’ADF-RDA.

Toutes ces actions m’ont permis d’avoir une vision large et diversifiée du Burkina. La relation entre l’UMP et le Burkina Faso se situe dans la diversité.

Entretien réalisé par Tiergou P. DABIRE
Sidwaya

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