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Sécurité : Et si on y mettait un peu (plus) de sérieux ?

Publié le mardi 20 mars 2018 à 17h30min

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Sécurité : Et si on y mettait un peu (plus) de sérieux ?

Il est révolu ce temps où le Burkina Faso était dans l’œil du cyclone, protégé comme un œuf de Pâques. Aujourd’hui, le pays dandine sous la furie des terroristes prêts à ne laisser aucun régime quitter le pouvoir, immaculé. La récente attaque perpétrée contre l’Etat-major général des Armées et qui a drainé une énième fois du monde au cimetière municipal de Gounghin vient remettre à l’ordre du jour la question de la sécurité des institutions, mais aussi la vigilance des forces de sécurité. A défaut de déjouer toutes les attaques à l’avenir, il est temps de minimiser les risques et de faire passer l’envie à ces « fous » de jouer avec les nerfs des Burkinabè.

Les condamnations n’y feront rien, les décorations à titre posthume non plus : l’hydre terroriste aura toujours le Burkina Faso dans son viseur. Même les « potions » concoctées au cours du forum national sur la sécurité ne seront d’aucune utilité contre ces monstres tant qu’elles sommeilleront dans les tiroirs des ministères et seront brandies à l’approche des élections. Ce n’est pas faire preuve de pessimisme que d’y penser. Le qualificatif sceptique serait plus indiqué. En repensant aux attaques terroristes, depuis Samorogouan, en octobre 2015, jusqu’à Ouagadougou, le 2 mars 2018, l’on se demande si l’armée a véritablement « tiré les enseignements nécessaires » comme, le rassurait le Général de Brigade, Pingrennoma Zagré, en octobre 2016 juste après l’attaque d’Intagom qui a fait quatre victimes côté militaires. Certes des mesures ont été prises, des patrouilles ont été accentuées, les hommes sont « mieux » équipés, mais les autorités militaires et politiques peuvent mieux faire. Et ils le doivent.

Sécuriser les soldats du feu

S’il y a bien un Burkinabè qui est prêt à « sauver ou périr », c’est bien le Sapeur-pompier. En septembre 2015, alors que les kalachnikovs crépitaient à Ouagadougou, ils étaient dans les rues pour porter secours aux résistants atteints par les balles assassines de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Leur ambulance a même été prise pour cible aux alentours du stade Joseph Issoufou Conombo (ex-stade municipal) par les putschistes. Fort heureusement, aucune victime n’a été enregistrée dans le corps des sapeurs-pompiers. Ça, c’était en 2015. Nous sommes en 2018. L’Etat-major de la Gendarmerie nationale, la Base aérienne, la Police nationale n’ont pas attendu que la capitale soit « giflée » une troisième fois avant de se fondre derrière du barbelé, du sable et des blindés.

Que diantre attendent les premiers responsables de la Brigade nationale de sapeurs-pompiers (BNSP) pour sécuriser les casernes. Il est rare de voir une sentinelle faire le guet, arme au poing devant ces lieux vulnérables. La BNSP est compétente en matière de protection civile et les sapeurs-pompiers devraient savoir que le danger est omniprésent. La nouvelle menace exige une vigilance à 360° de tous les « boys », qu’ils soient militaires ou paramilitaires. La sécurité est non négociable et même s’il faut détacher deux ou trois bidasses pour sécuriser les soldats du feu, il faut le faire car avec « une seule lance on n‘abat pas l’éléphant ».

Autre mesure à prendre pour permettre à nos hommes d’être toujours aux aguets, c’est de sanctionner tous ceux qui utilisent leurs téléphones portables pendant la garde. Il n’est pas rare de voir des hommes en tenue, autour des édifices qu’ils sont censés protéger, dégainer leur téléphone et commencer à le bidouiller comme des geeks. Allez savoir ce qu’ils font ? SMS, internet ou réseaux sociaux. Certes, il arrive de vouloir prendre les nouvelles des enfants et de madame, mais cela ne doit pas être une habitude de toujours tripoter son smartphone. Les hommes sur le terrain doivent prendre conscience que le téléphone n’est pas un jouet et ne doit être utilisé qu’en cas d’urgence. Quant à la hiérarchie, elle doit miser sur la sensibilisation, encore et encore. Et si la négligence persiste, il faudra alors sévir. Il y va de la sécurité de tous. Car comme le disait l’acteur français, Patrick Louis Richard, « C’est quand tout va bien que la vigilance doit être maximale ».

Depuis la recrudescence des actes terroristes, les principales routes du pays sont contrôlées à l’entrée des villes par les forces de sécurité. Un travail lassant sous cette canicule pour ces hommes qui doivent vérifier l’identité des passagers des véhicules qui entrent et sortent des principales villes. Il n’est pas rare de voir un véhicule d’une compagnie de transport stationner 15 minutes voire plus, à cause de certains voyageurs sans papiers d’identité. De quoi provoquer le courroux des autres passagers, pressés d’arriver à destination.

Que faire ? Exiger que tout voyageur, avant d’embarquer dans un car, présente le document d’identité qui a servi à l’achat de son ticket de voyage. Certes, cette mesure pourrait provoquer des grincements de dents mais la discipline doit être de rigueur dans les gares routières. Exiger les pièces d’identité ne va peut-être pas empêcher des hors-la-loi de passer comme une lettre à la poste au niveau des postes de contrôle, mais cela contribuera certainement à éviter les longues « pauses » constatées sur les routes nationales et facilitera le contrôle des individus par les forces de sécurité. Imaginez, dix personnes arrêtées sans document d’identité et conduites devant le chef d’une équipe de police ou de gendarmerie. Imaginez ensuite l’attroupement que cela pourrait créer… et la vulnérabilité des hommes en cas d’attaque soudaine…

La sécurité ne doit pas être une panacée et il est temps de se réveiller. Il ne faut pas attendre que l’Etat-major soit attaqué pour fouiller les citoyens au cimetière. Nos autorités et chefs militaires gagneraient également à se soumettre aux contrôles de sécurité. La confiance n’exclut pas le contrôle et un contrôle, ça ne tue pas. A bon entendeur…

HFB
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Vos commentaires

  • Le 20 mars 2018 à 16:26, par Mafoi En réponse à : Sécurité : Et si on y mettait un peu (plus) de sérieux ?

    C’est sûr qu’un pays insécure n’a aucun avenir car aucun investisseur sérieux ne viendrait s’y hasarder.Ceci étant dit,nous étions déjà en insécurité et cela ne date pas d’aujourd’hui.C’est parceque les actions des ces fous d’Allah sont spectaculaires sinon :
    - Combien de Burkinabè meurent par jour par le simple fait qu’ils ne peuvent pas se soigner décemment ?
    - Combien de Burkinabè meurent par jour à cause de la faim,de la malnutrition ?
    - Combien de Burkinabè meurent par jour à cause de nos comportements irresponsables sur les routes ?
    Je peux ainsi multiplier les exemples à l’infini mais apparemment cela n’émeut pas grand monde,toujours c’est "Dieu" qui l’a décidé
    Fatalisme,quand tu nous tiens jusqu’à embrumer nos cerveaux !

  • Le 20 mars 2018 à 20:45, par zongo Paul- Marie Nicodeme En réponse à : Sécurité : Et si on y mettait un peu (plus) de sérieux ?

    Bien analysé ! Tant que le Président de notre pays ne va pas appliquer la sanction à. tout fautif dans l’exercice de ses fonctions,le Burkina ne pourra que mal se porter ; en effet le comportement de certains hommes de tenue frissent. avec la négligence. Sinon, comment comprendre qu’ après l’attaque d’un hôtel de renom dans le Malin voisin,des mesures n’aient été prises pour parer à toute éventualité ? Comment peut-on négliger la sécurité d’un dépôt d’armes tel que celui de Yimdi ? Bref,tant d’interrogations sans réponses ! De mon humble avis, à défaut de pouvoir situer les responsabilités dans une situation de forfaiture, le supérieur hiérarchique devrait répondre et endosser les conséquences. Comment aime à le dire en substance le Professur BADO Laurent" Il est difficile de faire du neuf avec du vieux ".

  • Le 21 mars 2018 à 00:32, par KIENDREBEOGO issaka tel 70189806 En réponse à : Sécurité : Et si on y mettait un peu (plus) de sérieux ?

    Je souscris entièrement à la proposition des jeunes de bobo pour la création de comité de vigilance citoyenne pour renseigner les fds de toute action terroristes ; mais il ne faut pas que ça soit des initiatives personnelles ; il faut que son excellence le président du faso, de façon pragmatique, invite les populations par decret à créer des réseaux de veille et d’antiterroristes dans tous les lieux
    ( secteurs,communes,arrondissements,provinces,villes et campagnes,administrations,dans les secteurs d’activité) et de façon volontaire et sans rémunération car la sécurité est l’affaire de tous les citoyens ; c’est en ce moment que le peuple est debout ; seules les populations organisées peuvent vaincre les terroristes ; ils mènent une guerre asymétrique et il faut les contrer et les terroriser avec la mise en place de structures asymétriques et hybrides (composées des gens de toute les confessions religieuses) ;les terroristes ne seront jamais vaincus militairement ; seule une population unie ,organisée et debout peut bouter ces individus sans foi ni loi.

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