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Rôle des médias et de la jeunesse dans les conflits violents : Mieux outiller les journalistes

Publié le mardi 5 juillet 2005 à 07h18min

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Du lundi 13 au jeudi 23 Juin 2OO5, des séminaristes venus du Mali, du Niger, du Sénégal, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et du Burkina ont prit part à un atelier sur « le rôle des médias et de la jeunesse dans les conflits violents ».

Analyse des conflits, leurs causes, paradigmes de paix et stratégies d’édification de paix, compréhension des médias et des conflits, modèles occidentaux de manipulation de l’information de guerres, pratiques africaines de manipulation de l’information en temps de conflits violents, pratiques des manipulations... ont été des exposés suivis par les participants.

Avec la guerre d’Irak et l’instabilité en Côte d’Ivoire, il soi de va , que les médias ont eu à jouer un rôle capital, manipulés comme ils étaient par les différents acteurs Le Docteur Boukacar Diallo de l’Université de Niamey, un des facilitateurs à cet atelier en répondant à nos questions sur les manifestations des manipulations de l’information a dit : pour bien apprendre les mécanismes de l’information en temps de conflits violents en Afrique, il faut remonter à ce « qui se passe dans les vieilles démocraties occidentales où il y a eu des exemples très frappants de manipulations de l’information.

La manipulation de l’information est son altération, sa falsification, le détournement des faits de leur véritable signification. Dans la manipulation, il y a le mensonge, l’intoxication, la propagande et surtout le désir d’influence.

En Occident, un journaliste par un appel au pied de la fédération américaine est parvenu à engager les États-Unis dans la guerre entre l’Espagne et Cuba. En 1845, Goebbals, idéologue du nazisme est parvenu à engager les médias et l’ensemble de la société allemande dans la guerre rien que par la manipulation.

La manipulation se fut par la construction d’un certain nombre d’images, l’utilisation de certain nombre de maux qui touchent les offerts des populations. Par exemple en 1991, les Etats-Unis et leurs alliés ont mis en place un mécanisme de diffusion de fausses informations qui était censé influencer les esprits occidentaux ». Pour Monsieur Diallo, l’Afrique a des médias modernes qui ont des origines occidentales et s’y identifient en cas de conflits violents.

La société doit agir en retablissant la vérité

Des événements conduisent à un conflit qui ont très souvent des sources internes. Lorsque un état ou un leader d’un pays démissionne par rapport à des causes qui ont même engendré à travers la mal gouvernance, ils trouvent des prolongements à ces crises aux Etats voisins.

Cela a déjà eu lieu entre le Niger et le Bénin en 1960, 1963, 2OOO et 2OO1, entre le Mali et le Burkina en 1974 et 1989 entre le sénégal et la Mauritanie en 1989 sans oublier le Cameroun et le Nigeria. La manipulation permet de détourner les opinions publiques d’un éventuel sursaut démocratique qui les amènent à lutter et à renverser les pouvoirs donc, les dirigeants engagent le pays sur la base d’informations qui sont fausses , qui touchent et affectent les populations comme c’est l’exemple actuel de la Côte d’Ivoire.

Sur ce point, le docteur Diallo a dit : « les hommes politiques ivoiriens refusent de voir la racine du problème en tentant de démontrer que le mal vient de l’extérieur. Or, la racine du mal est intervenu et provient de la mal gouvernance. Les hommes politiques sont essentiellement les acteurs de cette crise ». Ces instructions peuvent déboucher sur des drames comme au Rwanda, a dit le Docteur Diallo.

Pour lutter contre la manipulation de l’information, le meilleure méthode, selon le docteur Diallo, est l’éducation des populations africaines à une consommation saine de l’information. Les citoyens doivent être suffisamment informés et formés pour éviter d’être manipulés dans une situation de conflit. Il s’agira de construire un débat démocratique et que les citoyens apprennent à débattre de leurs problèmes et de la manière la plus intellectuelle et pertinente qui soit.

Les journalistes doivent lutter pour une liberté d’expression et de pensée et que les médias respectent la déontologie qui permet aux journalistes de refuser d’être le canal d’une quelconque manipulation. Le docteur Diallo a insisté sur la professionnalisation des médias qui peut limiter la manipulation de l’information et surtout la société civile qui doit contrôler les pratiques de l’information car dès qu’il y a le sentiment que l’information est fallacieuse, et peut servir à une cause violente, la société doit agir en rétablissant la vérité.

Pour le docteur Diallo, les médias et la jeunesse doivent changer de comportements. Les journalistes doivent être des hommes de paix qui refusent de servir une cause injuste car quelles que soient les raisons d’un conflit ou d’une guerre, c’est toujours une mauvaise chose. Cet atelier visant à outiller les participants de moyens de prévention ou de gestion des conflits, faire d’eux des vérificateurs de paix, des gens qui vont participer à construire la paix dans leurs pays. La paix est souvent menacée et pour le docteur Diallo, même lorsqu’il n’y a pas de menaces sensibles sur la paix, les médias et les journalistes doivent rester toujours vigilants.

Jacques Nonguierma
AIB/Kaya

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