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Gestion des terroirs :’’ Une décentralisation sans développement local, c’est une coquille vide’’

Publié le mardi 6 mars 2018 à 00h00min

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Gestion des terroirs :’’ Une décentralisation sans développement local, c’est une coquille vide’’

Entamé en 2001, le deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT2), arrive à échéance le 31 décembre 2018. Près de quinze années après sa mise en œuvre, le comité de pilotage et les bénéficiaires dudit programme notent des acquis, des avancées, mais aussi, des gaps importants à combler. Cela a été notifié au cours d’une conférence de presse tenue le vendredi 2 mars 2018, dans la commune de Poa (Koudougou), à l’issue du voyage de presse organisé par le réseau Initiative des journalistes africains pour la coopération et le développement (IJACOD), en collaboration avec le deuxième programme national de gestion des terroirs, phase III (PNGT2-3).

« Si le PNGT n’existait pas, je me demande quel visage la communalisation intégrale allait revêtir. Au niveau des collectivités territoriales, quand il arrive le moment de budgétiser nos besoins, on se demande comment on allait s’en sortir sans l’appui du PNGT2 » s’est interrogé le maire de la commune rurale de Soa, Tambi Pascal Kaboré. Dans la même veine, le ministère de tutelle du PNGT renchérit : « Si les bénéficiaires sont satisfaits, le ministère ne peut que s’en réjouir » a signifié Brama Barro, chargé d’études au secrétariat général du ministère de l’agriculture.

Et le maire de la commune de Poa, Daouda Bagué, de soutenir qu’en termes de retombées, l’impact du deuxième programme national de gestion des terroirs est vérifiable et louable. A l’actif du PNGT2, des infrastructures marchandes, des réalisations dans le secteur de l’eau, de l’assainissement, de l’éducation et de la santé, mais Daouda Bagué soutient : « les bénéficiaires ont toujours besoin d’accompagnement car les problèmes existent toujours. C’est vrai qu’un pas a été déjà fait et nous souhaitons un deuxième pas pour consolider les acquis. Pour cela, nous lançons un appel fort au gouvernement pour mettre en œuvre une autre phase pour accompagner les communes ».

Des gaps de plusieurs ordres

En termes d’acquis, notamment en matière de satisfaction, Dominique Zongo, le chef de service suivi-évaluation du PNGT2-3, estime qu’il faut toujours mettre un bémol, quand on regarde la réalité en matière d’attentes qui sont toujours résiduelles, au niveau des bénéficiaires. Selon lui, cela se ressent sur le plan de la sécurisation foncière. « La terre étant le principal capital de production qui occupe 80% de la population, ce capital foncier est sujet à des difficultés dans sa gestion qui ne sécurise pas les producteurs au point que les investissements ne peuvent pas se faire avec sérénité » a-t-il noté. A ce propos, il souligne que le PNGT2, avec d’autres acteurs, ont toujours été aux côtés de l’Etat burkinabè lors des différentes réflexions pour aboutir à une politique nationale de sécurisation foncière et à l’élaboration d’une loi. Toutefois, il reconnait : « A ce jour, il y a un grand gap qui reste à combler. Il est en de même de la gestion pérenne des ressources naturelles qui demeurent un défi important ».

Par ailleurs, le chef de service suivi-évaluation du PNGT a relevé qu’un certain nombre de microprojets sont en cours d’exécution. « Au cours de l’année 2018, il n’y a pas eu de nouvelle subvention. L’enveloppe disponible pour le PNGT avait été engagé au cours de l’année 2017 , mais il se trouve qu’en 2018, un certain nombre de microprojets structurants d’envergure régionale, avec une enveloppe substantielle de l’ordre de 80 à 100 millions, dont les procédures de passation sont relativement longues, sont toujours en cours d’exécution » a expliqué Dominique Zongo. A l’en croire, la non-exécution d’autres microprojets serait liée aux procédures. « Dans certains cas, les appels d’offres ont été infructueux ou certains prestataires ont abandonné le chantier, nous conduisant ainsi à résilier le contrat » a-t-il confié.

« Il y a un goût d’inachevé »

Conçu pour être au service du développement rural décentralisé au Burkina Faso, le PNGT2 , au cours de sa première phase, de 2001 à 2007, a permis de préparer le lit de la décentralisation au Burkina Faso, marqué notamment par la communalisation intégrale en 2004. La deuxième phase, elle, a consisté à soutenir les jeunes communes rurales à répondre à leurs multiples attentes en matière d’accès aux services sociaux de base, tout en renforçant leur capacité de pilotage du développement local. Quant à la troisième phase, prévue pour la période 2013 à 2018, elle devrait être celle de la consolidation, selon le coordonnateur national du PNGT2-3, Souleymane Nassa.

Souleymane Nassa, coordonnateur national du PNGT2-3

Toutefois, dit –il :« Au vu de ce que nous avons vécu par rapport à l’insurrection, les délégations spéciales, l’esprit d’accompagnement demeure. Le projet tire à sa fin, mais si on ne trouve pas une solution, comment seront nos communes en 2019, 2020 (…) sans cet outil qui les responsabilise et qui leur donne le sens d’exister dans la commune ». Et d’ajouter : « Une décentralisation sans développement local, c’est une coquille vide puisque la décentralisation est une responsabilisation à la base » soulignant que « La commune, c’est le territoire local, avec un gouvernement local.

La décentralisation n’aura pas un sens sans un développement local, sans que les conseillers n’aient un budget pour décider. Il y a un goût d’inachevé quand on regarde ce processus ». Notons que le bilan du programme est prévu pour avril 2018.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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