LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Développement local : Une tournée pour évaluer la contribution du deuxième Programme national de gestion des terroirs

Publié le dimanche 4 mars 2018 à 14h57min

PARTAGER :                          
Développement local : Une tournée pour évaluer la contribution  du deuxième Programme national de gestion des terroirs

La marche vers le développement durable passe inéluctablement par le développement des communautés locales. Le Burkina en a conscience et s’est doté en 2001, d’un deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT2). Structuré en trois phases quinquennales, ce vaste programme s’est donné pour mission d’améliorer durablement la capacité productive des ressources rurales et d’assurer l’émergence d’une économie locale plus dynamique. Un voyage de presse organisé du 26 février au 2 mars 2018, par le réseau ‘’ initiatives des journalistes africains pour la coopération et le développement ‘’ (IJACOD), en collaboration avec le PNGT2-3, a permis à une dizaine de journalistes de toucher du doigt les actions réalisées à travers ledit programme national, dans les régions du Mouhoun, des Hauts-Bassins, des Cascades et du Centre-ouest.

De 2001 à nos jours, quel bilan fait-on du deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT2), qui après ses deux premières phases, ambitionne dans sa troisième phase PNGT2-3 (2013-2018) , de renforcer les capacités des communautés rurales et des structures décentralisées pour la mise en œuvre de plans locaux de développement favorisant la gestion des terres. Et ce, à travers des ressources naturelles et des investissements rentables au niveau des communes. Zoom sur la contribution de ce vaste programme national dans certaines régions du Burkina.

Une bénéficiaire du jardin de Kiembara

Pour cette première étape, à la date du 26 février, l’honneur est revenu à la commune rurale de Kiembara, localité située dans la province du Sourou, précisément dans la région de la boucle du Mouhoun. Dans cette commune, forte de ses 14 villages et 37 768 âmes, les hommes de média ont pu constater les actions menées par le PNGT2 au profit des populations. Contrainte autrefois de s’approvisionner dans les localités voisines, Kiembara dispose depuis 2011, d’un périmètre maraîcher de 2 hectares. « Suite à un besoin exprimé par les femmes, nous avons sollicité l’appui du PNGT2 pour la réalisation de ce jardin. C’est alors que nous avons bénéficié d’un financement de 15 millions, et ajouté à la contribution de la commune à hauteur de 11 millions, nous avons réalisé le jardin, un château d’eau, des plaques solaires et 4 bassins d’eau. (…) Les femmes ont également bénéficié d’une formation sur le fonctionnement du jardin » a noté Joséphine Niamoukara, maire de la commune de Kiembara. Ainsi, si ce périmètre maraîcher ambitionne d’améliorer la sécurité alimentaire dans cette région du Burkina, ce jardin aura permis à ses 140 bénéficiaires, dont 130 femmes, d’améliorer leurs revenus et partant, d’accroître l’assiette fiscale de la commune.

Josephine Niamoukara, maire de la commune de Kiembara

Dans ce jardin, où madame Haoua Yaro, son époux et les autres maraichers cultivent particulièrement des oignons en raison des problèmes récurrents d’eau, elle confie enregistrer un bénéfice de 50 mille francs CFA à chaque récolte. « J’utilise une partie de la récolte pour la consommation familiale et la vente me permet d’investir dans la scolarité des enfants » a-t-elle témoigné. Et que dire des ces 12 boutiques de rue réalisées en 2014 par la commune de Kiembara, avec l’appui financier du PNGT2-3. En effet, si les boutiques, ont permis aux commerçants de disposer d’un cadre de travail plus adapté, celles-ci ont entrainé une augmentation du flux des échanges commerciaux. Dans cette dynamique, madame Niamoukara, à la tête de la commune de Kiembara depuis 2006, n’aurait pas imaginé le développement de sa commune sans l’appui technique et financier du deuxième programme national de gestion des terroirs. Et quand on évoque la fin du programme, prévue pour le 31 décembre 2018, Joséphine Niamoukara s’inquiète : « Si le projet prend fin, vous risquez de vous retrouver avec les mort-nés des communes ». Puis d’ajouter : « Nous souhaitons que les bailleurs de fond continuent de nous appuyer dans le développement des communes. L’approche du PNGT étant plus facile et ses procédures de financement étant moins complexes, son impact est visible au plan local. Cette année, sans le financement du PNGT2-3, nous avons fonctionné sur la base du fond permanent à hauteur de 20 millions de francs CFA seulement ».

Un programme indispensable ?

Lassanou Kazawa, maire de Bondokouy

De Kiembara à Bondokuy, les actions du PNGT2 sont bien visibles dans cette localité, située au Nord-Ouest du Burkina Faso. « Avec la fin du programme qui s’annonce, à défaut de le reconduire, on espère au moins qu’il y aura un autre programme, sinon, le développement économique des communes risque de prendre un coup » a signifié Lassanou Kazawa, maire de la commune de Bondokuy.
En effet, en 2016, la commune de Bondokuy a bénéficié d’une gare routière construite à hauteur de 24 864 210 FCFA, dont un apport financier de la commune elle-même , à hauteur de 1 184 010 francs CFA . « Avant la réalisation de la gare, il y avait beaucoup d’accidents. C’est ainsi que des conseillers ont eu l’idée de mettre en place une gare routière en vue de recadrer les activités et accroître le chiffre d’affaires par rapport au recouvrement et au budget communal » a indiqué le maire, Lassanou Kazawa.

Boutiques construites avec l’appui du PNGT à Kiembara

Si à travers ce projet, une vingtaine de boutiques a été construite à l’intérieur de la gare, le maire de Bondokuy précise que le PNGT2 a accompagné sa commune depuis 2010 , dans la réalisation de plusieurs infrastructures dont un magasin communal, une cinquantaine d’hangars au niveau du marché central de Bondokuy et la formation des conseillers municipaux. Outre ces infrastructures, le PNGT2-3 a consenti la somme de 2 554 074 788 FCFA au profit de la région de la boucle du Mouhoun. En sus, c’est un total de 5 813 006 389 francs qui ont été investis durant les deux dernières phases du programme dans ladite région, pour l’acquisition d’infrastructures socio-économiques, hydrauliques, pour la conservation des eaux , des sols, dans le secteur des énergies renouvelables et l’amélioration de la production animale et végétale.

96 microprojets dans la région des Haut-Bassins

De Dédougou à Karangasso Vigué, commune située à 57 km de Bobo-Dioulasso, le PNGT2-3 a contribué à soulager les élèves et les enseignants du village de Klesso, en appuyant le conseil municipal à construire une école de 3 classes en 2014. Autrefois sous abris précaire, cette infrastructure d’un montant de 15 945 942 FCFA , a permis d’améliorer le niveau de scolarisation de 223 élèves, selon le directeur de l’école, Kam Sié Seraphin.

Et selon Edmond Charles Sawadogo, coordonnateur du PNGT2-3 de la région des Hauts-Bassins, de souligner que ce sont au moins 96 micro-projets qui ont été réalisés dans les 30 communes rurales de ladite région, dans le cadre du programme national. A ce propos, le PNGT2-3 a accompagné les collectivités en matière de gestion de ressources naturelles, notamment la protection des verges, les activités de reboisement, les aménagements de forêts, la réalisation de fosses fumières, des cordons pierreux. Au titre des infrastructures, on note également , la construction de CSPS, de dispensaires, de maternités, de constructuction ou de réhabilitation de salles de classes, de constructions de logements d’enseignants, de même que l’appui en équipements scolaires et l’accompagnement technique en termes de renforcement de capacités. « Les communes disposent d’un plan communal de développement à partir duquel est conçu un plan annuel d’investissement communal. (…) Nous signons des conventions de co-financement avec les communes à travers lesquelles, toutes les activités qui doivent être réalisées au cours de l’année sont consignées » a expliqué monsieur Sawadogo, soulignant que la maitrise d’ouvrage est assurée par la commune.

Quand le PNGT2-3 tente de sauver le marigot Houet

L’école de Loaga C , dans la commune de Poa

Si les silures sacrés représentent l’emblème de la ville de Bobo Dioulasso, le marigot Houet lui, reste menacé par des problèmes environnementaux, en l’occurrence les eaux usées, dont celles de la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso (MACD), l’érosion, l’absence de végétation pour absorber le CO2 et la réduction de l’écosystème aquatique. Conscient de l’intérêt de ce site, le Conseil régional des Hauts-Bassins, a entrepris la protection de cette source, avec le soutien du PNGT2-3. Cela, avec la participation des populations. D’un cout total de 52 665 910 FCFA, dont une contribution des bénéficiaires à hauteur de 3 200 000 FCFA, ce projet ambitionne d’inculquer aux populations, les bonnes pratiques en matière de gestion des ressources naturelles et de préserver les silures sacrés. De Bobo-Dioulasso, cap a été mis le 28 février sur la région des Cascades, dont le chef-lieu de la région, Banfora, est à environ 85 km de Bobo. Là, si les trente boutiques du marché de Sidéradougou, font la fierté de cette commune située à 65 km de Banfora, se rendre dans cette partie du pays relève d’un véritable parcours de combattant et même un calvaire. Et si l’objectif de cette réalisation est de contribuer à booster les activités de la commune, le maire de Sidéradougou, Lagassani Ouattara, ne rate pas l’occasion de plaider pour le désenclavement de sa commune, dont l’état actuel du tronçon inquiète les usagers, notamment en saison pluvieuse.

Les femmes du groupement féminin de boulangerie-pâtisserie de Douna en pleine préparation des gâteaux

A Douna, commune rurale située à environ 45 km de Banfora, le groupement féminin de Boulangerie-pâtisserie met sur le marché, du pain, des biscuits et des gâteaux à base des produits locaux. Avec l’appui technique et financier PNGT2-3, ce projet d’un coût total de 5 657 729 FCFA, dont 100 000 FCFA au titre de la participation des bénéficiaires, contribue à l’autonomisation financière des femmes. Et pour cette troisième phase, de juillet 2013 à décembre 2017, le PNGT2 aura réussi à embrasser toutes ses composantes d’intervention, soit la somme de 1 milliard 400millions de FCFA investie au profit des communautés, selon le coordonnateur régional des Hauts-Bassins, Djibril Traoré. La région du Centre-Ouest n’étant pas en reste, au titre des actions ayant bénéficié de l’appui du programme national, figurent entre autres, la construction de 39 boutiques de rue, dont 10 en 2014 dans la commune de Poa , la construction de 3 salles de classes en 2017 dans le village de Loaga (commune Poa), en remplacement d’écoles sous paillotes et le jardin maraîcher d’un hectare au profit du groupement féminin de Sougrinoma de ladite commune.

De 2013 à nos jours, ce sont au total, 1680 microprojets qui ont été réalisés à hauteur de 20 milliards de FCFA, au profit des 302 communes que compte le Burkina. En termes d’appui technique, ce sont 18 492 personnes, dont 15, 90% de femmes qui ont été formées dans les 13 régions du Burkina Faso. L’exécution globale financière de la phase du programme s’élève à 21 906 640 290 FCFA. D’un cout total de 159, 7 milliards de FCFA, le PNGT2 est financé par plusieurs bailleurs dont l’Association internationale de développement (IDA), le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique