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Journées du maraîcher du Sahel 2018 : Le bouli, trait-d’union entre la femme et son autonomisation

Publié le vendredi 2 mars 2018 à 23h24min

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Journées du maraîcher du Sahel 2018 : Le bouli, trait-d’union entre la femme et son autonomisation

Pour la 13e année consécutive, l’Union fraternelle des croyants de Dori organise du 1er au 4 mars 2018, les Journées du maraicher du Sahel (JMS) sous le thème « Le bouli maraicher, un outil d’autopromotion des femmes rurales au Sahel ». Lancée officiellement, ce vendredi 2 mars, sous les auspices du Secrétaire général de la région, cette édition a pour marraines le ministre en charge de la promotion de la femme, Laurence Ilboudo Marshall, et la Représentante-résidente de l’Unicef au Burkina, Dr Anne Vincent.

Le « bébé » de l’Union fraternelle des croyants de Doria bien grandi. Depuis 2006, il cristallise l’attention de tous les producteurs du Sahel qui doivent leur salut aux boulis, ces mares artificielles qui sont devenues au fil des ans, de véritables « mines d’or » dans la région. Toute comme l’année dernière, les Journées du maraîcher du Sahel, version 2018,font la part belle au bouli, notamment sa contribution dans l’auto-prise en charge des communautés locales et plus spécifiquement des femmes.

Un business rentable

Une vue des officiels dont l’Evêque de Dori,Monseigneur Laurent Dabiré, et le grand Imam de Dori, Mamoudou Cissé

Selon le coordonnateur de l’UFC-Dori, François Ramdé, l’Union accompagne une trentaine de groupements de paysans constitués à plus de 80% par des femmes (1814 femmes sur plus 2 232 producteurs). « Elles sont très mobilisées et voient le bouli comme une réelle opportunité d’accroître leur pouvoir économique », a-t-il confié. Et ce n’est pas Sawadogo Salamata, productrice de pommes de terre au sein du groupement maraicher « Kom la viim de Lamdamoal »qui dira le contraire. Avec 4 kg de pomme de terre mise en terre, elle a récolté cette année plus de 200 kg qu’elle compte vendre à 400 F le kilo. Mathématiquement, si tout se passe bien, la productrice devrait s’en tirer à bon compte avec 80 000 F CFA. De quoisoutenir son époux dans les dépenses quotidiennes de la famille, tout cela, grâce aux boulis, puits et forages construits par l’UFC-DORI.

Accroissement de la production de 40%

François Ramdé, coordonnateur de UFC-Dori

En plus de permettre aux productrices et producteurs de « se frotter les mains », les JMS visent à stimuler une saine concurrence entre ceux-ci dans le but d’accroitre la production, de même que sa qualité. Selon M. Ramdé, entre 2006 et 2018, les JMS ont permis, par le truchement de cette saine concurrence, d’accroitre la production globale de 40%. « Les Journées du maraicher du Sahel sont la partie visible de l’iceberg, car il y a tout un paquet d’accompagnements qui vise à valoriser l’ensemble des sites par l’amélioration de la production et de la commercialisation. Aujourd’hui nous sommes fiers des résultats engrangés. Nous avons des groupements de producteurs qui ont noué des partenariats stables avec des institutions et sociétés de la région », explique le coordonnateur de l’UFC-Dori.

« N’oubliez pas vos propres enfants ! »

Dr Anne Vincent, Représentante-résidente de l’Unicef au Burkina lors de la coupure de ruban

Les JMS 2018, ce sont deux marraines : Laurence Ilboudo Marshall, ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, et Dr Anne Vincent, Représentante-résidente de l’Unicef au Burkina. Présente à la cérémonie d’ouverture, cette dernièredit soutenir les JMS parce qu’ils abordent la question de l’autonomisation de la femme et celle de la nutrition, au regard de la campagne agricole jugée peu satisfaisante. A en croire Dr Anne Vincent, deux millions de personnes seraient cette année en insécurité alimentaire au Burkina. Et le corollaire de cette insécurité reste la malnutrition aiguë sévère qui pourrait toucher 180 000 à 200 000 enfants. Toujours selon les chiffres, 40% des enfants au Sahel sont atteint de malnutrition chronique et 10% de malnutrition aiguë. « S’ils ne sont pas pris en charge, ces enfants seront condamnés », a-t-elle alerté avant d’interpeller les productrices et producteurs : « Produisez, vendez, mais n’oubliez pas vos propres enfants. Il faut qu’ils profitent aussi de ce maraîchage pour avoir une bonne diversification de leur alimentation dès l’âge de six mois ».

Visite des stands par les officiels

Après avoir lancé un appel aux structures présentes à conjuguer leurs efforts avec ceux de l’UFC-Dori dans l’encadrement du monde rural afin de faire face aux aléas climatiques dans le sahel, le Secrétaire général de la région, représentant du Gouverneur, Hyacinthe Yoda, a salué la collaboration gagnante entre musulmans et chrétiens sous le leadership de l’UFC depuis près de cinquante ans.

L’inauguration de la foire marchande,où exposent une vingtaine de groupements maraichers, et la dégustation de mets faits à base des produits frais et bio récoltés des jardins (pomme de terre, l’oignon, la laitue, le chou, la carotte) ont mis fin à la cérémonie de lancement. Il est attendu à la clôture de l’événement, la proclamation des résultats du concours du « meilleur groupement maraicher. »

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net


Encadré

L’UFC-Dori en bref

L’Union fraternelle des croyants a vu le jour, suite de la famine de 1969. Mise en place par le Père Lucien Bidaud, Curé de la paroisse de Dori à l’époque, cette organisation comptait douze volontaires musulmans et catholiques dont la mission était de distribuer les vivres aux populations démunies affectées par la famine. Aujourd’hui, l’Union intervient dans la promotion du dialogue pour la paix et le développement socioéconomique. D’ailleurs, le 22 février dernier, elle a lancé son projet « Agir ensemble pour une coexistence pacifique dans un environnement mieux sécurisé au Sahel ». Le répondant juridique de l’UFC est l’Evêque de Dori, Monseigneur Laurent Dabiré, tandis que le répondant moral est le grand Imam de Dori, Mamoudou Cissé.

HFB
Lefaso.net

Portfolio

  • De la carotte produite par le groupement de Djomga
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