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Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

Publié le mardi 27 février 2018 à 23h47min

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Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

Le procès du coup d’Etat manqué du Conseil national de la démocratie (CND), dirigé par le Général Gilbert Diendéré, a drainé du monde, ce mardi 27 février, à la salle des banquets de Ouaga 2000. Comme l’on pouvait s’y attendre, leaders d’OSC, responsables politiques, proches ou non des 84 accusés, étaient présents. Nous avons arraché quelques mots à certains d’entre eux, avant l’ouverture du procès mais aussi à la suspension des débats.

Avant le Procès…

Aziz Dabo, secrétaire exécutif adjoint et porte-parole de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA)

« Au niveau de la NAFA, nous sommes assez satisfaits. Nous pensons que les familles des victimes le sont aussi avec la tenue de ce procès. Cela fait bientôt deux ans et cinq mois que tout le monde attend l’expression de la vérité sur ce putsch manqué de septembre 2015. Tout de même, nous avons des craintes parce qu’il y a eu des signes avant-coureurs, et un certain nombre de choses se sont passées au niveau de la justice militaire. Je citerai par exemple l’éviction des avocats étrangers de notre mentor Djibrill Bassolé, le remplacement de certains juges tels que Rapadnaaba Sébastien, Norbert Koudougou, etc. Notre mentor a bénéficié d’une liberté provisoire qui, selon ses médecins traitants, devait lui permettre d’avoir des soins adéquats. Mais, un arrêté ministériel du ministre de la Défense est venu l’assigner à résidence au mépris d’une décision de justice. C’est une immixtion et une violation flagrante des règles de droits. Nous appelons les juges à prendre leurs responsabilités. Nous les invitons à travailler en toute impartialité, équité et transparence en faisant fi des pressions dont ils sont victimes. Parce que de ce procès va découler le futur du Burkina Faso : les gens pourront se parler, se pardonner, communiquer et on pourra penser à une réconciliation nationale pour amorcer une relance économique. »

Oscibi Johann, blessé du coup d’Etat

Oscibi Johann

« Nous sommes très heureux d’être là parce qu’enfin nous allons avoir des réponses à nos interrogations. Cela fait plus de deux ans qu’on s’interroge : Pourquoi ? Pourquoi on a voulu renverser la Transition ? Pourquoi ont-ils tiré sur les manifestants à mains nues ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Nous attendons la vérité et je crois qu’avec ce procès, nous allons enfin sortir de l’état de mensonge. La priorité pour nous, c’est de savoir qui a tué nos camarades et pourquoi ? Ceux qui sont coupables doivent être sanctionnés. Ceux qui doivent rejoindre leur famille politique pour contribuer au développement de notre nation doivent rentrer chez eux. »

Serge Bambara, alias « Smockey », artiste musicien et membre du Balai Citoyen

« Nous attendons que la justice se fasse sans faux-fuyants, sans détours et provocation inutile, sans aucun camouflage. Que ceux qui veulent dire toute la vérité le fassent de sorte à ce que tous ceux qui sont impliqués dans ce putsch puissent payer de leur crime et qu’il y ait un semblant de justice pour les familles. La justice ne pourra jamais ramener les fils et filles qui sont morts mais elle peut contribuer à panser les plaies, à soulager les cœurs et les esprits. Nous n’en demandons pas plus. Que la justice burkinabè joue son rôle. Depuis l’insurrection populaire, il y a un message fort qui a été envoyé par le peuple burkinabè sur les questions de justice. Ce peuple a soif de justice, de démocratie. L’occasion est donnée à cette justice-là de blanchir sa ligne et de montrer qu’elle est capable de se dépoussiérer (…) On doit pouvoir laisser la justice faire son travail sans autre forme de pression. Nous souhaitons que ce procès puisse se dérouler dans de bonnes conditions et dans le calme jusqu’à ce que le Droit soit dit »

A la première suspension…

Dramane Ouédraogo, président de l’Association des blessés de l’insurrection populaire (ABIP)

Dramane Ouédraogo

« C’est un début et en général il y a toujours des complications. La défense est en train d’amener des arguments qui ne tiennent pas la route mais sachons qu’avec la patience, l’on peut tout obtenir. En tant que président de l’Association des blessés de l’insurrection populaire, je sais que le problème actuel de ce coup d’Etat réside au fait que ceux qui sont partis veulent récupérer le Burkina Faso à leur compte. Nous savons que les acteurs qui sont en train d’être jugés sont ceux-là qui ont endeuillé des familles. Je me suis déplacé de mon village natal Ouahigouya pour venir très tôt assister à ce début de procès et je sais que nous aurons des lendemains meilleurs. J’ai foi qu’il y aura des non-dits à ce procès. »

Pk Victor Pouahoulabou, président de l’Union des familles des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 (UFMIP)

Pk Victor Pouahoulabou

« Tout le peuple burkinabè est présent ce matin pour l’ouverture de ce procès. Nous pensons que les choses vont bien avancer parce qu’il y a déjà une ouverture. Nous comptons sur notre justice pour juger ces bourreaux-là et nous pensons que la vérité jaillira de ce procès. Nous voulons justice pour nos martyrs, pour le peuple burkinabè, pour le développement de notre pays. Parce que sans justice, pas de développement. C’est la première fois que nous vivons une telle chose. Je salue le courage du peuple burkinabè. Nous devons rester mobilisés pour suivre ce procès-là jusqu’à la fin. »

A la deuxième et dernière suspension de la journée

Michel Traoré, avocat de la défense

Michel Traoré

« On ne peut passer le temps à dire qu’on défend la démocratie, qu’on agit au nom de la loi en même temps qu’on la viole. Je m’explique. Les actes nominatifs, règlementaires doivent être publiés dans le journal officiel afin que tout le monde en prenne connaissance parce que les citoyens ne sont pas censés savoir ce que l’exécutif a pris comme décision. Lorsque ces actes sont pris, il faut un délai de huit jours pour que ce soit opposable à toutes les parties. Ils ont renouvelé les membres du tribunal militaire. La nomination de ces derniers, le 22 février, doit être portée à la connaissance du public et de ceux auxquels les textes doivent s’appliquer. Au jour d’aujourd’hui, tout a été ficelé sans avoir respecté ce délai de huit jours. Nous avons estimé que dans la logique des choses, il ne faut pas dire à la population qu’on est en train de respecter les textes alors qu’on les viole. Nous ne voulons pas participer à la violation des textes car nous estimons que si des gens doivent être jugés, ils doivent l’être dans le carcan normal et légal. Or ici, nous sommes en train de plaider devant une juridiction qui n’a aucune validité. Entre guillemets, c’est une juridiction d’exception. »

Maître Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile

Maître Guy Hervé Kam

« J’ai vécu le procès sans étonnement. Dans ce genre d’affaire, lorsque les charges pesant sur les personnes poursuivies sont énormes, en général, est utilisée ce qu’on appelle la défense de rupture. C’est à dire chercher par tous les moyens à discréditer la juridiction qui va siéger. C’est exactement ce qui s’est passé aujourd’hui. De toute façon, nous reviendrons et tôt ou tard les personnes poursuivies devront rendre compte devant le peuple burkinabè. Dans la mesure où le président du tribunal a suspendu sans donner une nouvelle date, nous attendons tous simplement que les personnes poursuivies de même que la partie civile et les témoins soient cités à nouveau pour une nouvelle audience. J’avoue que ce n’est pas la déception parce que c’était tout à fait prévisible. Cela confirme que ceux qui crient à la détention arbitraire et autres, qui disent qu’ils sont pendant deux, trois ans sans jugement, montrent par là qu’ils ne veulent pas être jugés et répondre des Burkinabè qui sont morts, ou blessés. Ils ne veulent pas dire pourquoi, mais ils le diront un jour ».

Herman Frédéric Bassolé
Dimitri Ouédraogo (Stagiaire)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 février 2018 à 01:42, par Moi En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

    Il n’y avait pas très longtemps je disais à Monsieur Kere qu’il cherchait à nous tromper. Il y a une des trois stratégies que les avocats aiment utiliser pour la défense des accusés particulièrement lorsque les faits reprochés à ses derniers sont irréfutables à 95% de confiance : la défense de rupture. Elle consiste à denier à la juridiction toute qualité pour juger, à refuser le jeu judiciaire et à faire du prétoire un lieu de débat politique. L’avocat estime en ce moment que ses clients n’ont de compte à rendre qu’à une justice divine, ou que la juridiction est l’instrument qu’il ne reconnaît pas. Il saisit l’opportunité du procès pour avoir une tribune politique, c’est l’irruption du militantisme, de la parole politique dans la parole judiciaire. Nelson Madela avait utilisé cette défense de rupture pour la bonne cause lors de son procès. La défense utilise la même tactique pour défendre les accusés.

    Par ce choix de la tactique de défense des accusés, les avocats de la défense nous disent par eux-mêmes que ceux qui sont accusés sont coupables des faits qui leur sont reprochés

    Le peuple burkinabè est un peuple brave et par conséquent nous devons être fier de ce peuple et le félicitons pour la tenue de ce procès sur le territoire burkinabè. La responsabilité commence par la résolution des problèmes en interne. Celui ou celle qui a réussi à régler ses problèmes en interne sans l’aide extérieur montre par là-même sa capacité à se diriger soi-même. Donc bravo au peuple burkinabè pour cette victoire d’étape !

    Un simple citoyen !

  • Le 28 février 2018 à 06:49, par Sidbéwendé Zoungrana En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

    Rien ne doit surprendre dans ce qui s’est engagé dès l’entame de ce Procès quand on sait comment les "Avocats" se comportent. En effet, leurs jeux de prédilection étant de tout faire pour transformer le vrai en faux et vice versa dans l’intérêt de leurs clients. Ils sont et restent dans leur rôle. Faire tout pour faire échouer. Oui. C’est cela qu’il faut savoir et attendre d’eux. Quant à l’Organisation elle-même, ses attitudes prêtent largement à réflexion. Quand on facilite le "Mouta-mouta" en empêchant le peuple de suivre le déroulement des choses ne peut qu’aboutir à cela. Par ailleurs, on peut entrevoir de l’amateurisme, voir l’absence de professionnalisme des Acteurs dirigeants de ce Procès. Comment ignorer ou ne pas tenir compte de la règlementation du Tribunal Militaire ? Pourquoi aller au Procès sans que les bonnes conditions de la composition dudit Tribunal ne soient réunies, sachant que le "Non-Respect" de celle-ci entraîne de facto, la récusation de ce Tribunal. Voilà une faille créée à dessein pour saboter le procès. Et la Défense, sachant cela n’a aucunement hésité de s’en approprier pour atteindre ses objectifs qui ne sont rien d’autre que d’empêcher sa réussite. A moins que cela n’a été sciemment fait pour effectivement jouer le jeu. Pourquoi, sachant que telle ou telle personne constitue pour le procès de pièces importantes dans l’affaire, on se permet de les extirper en les nommant à des postes devant et pouvant les éloigner avec comme bonus, des couvertures diplomatiques qui les maintiendront loin de la chose ? Or, il est su que sans leur présence, même en tant que simples témoins reste capitale pour le bon déroulement des choses. Ne nous voilons pas le visage. Tout est fait pour. Cependant, la patience du peuple est si grande que même avec les gymnastiques des politiques, la vérité, si elle n’est pas sue jusque-là, le saura un jour.

  • Le 28 février 2018 à 09:28, par Marou En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

    Bonne gens, en quoi le non respect du délai de 8 jours peut jouer sur la manifestation de la vérité ? soit ce délai n’est pas respecté mais je ne vois pas en quoi cela constitue un avantage pour la partie civile. je ne vois pas comment la partie civile peut utiliser le non respect de ce délai pour confondre la défense. franchement je suis extrêmement déçu de cette attitude des avocats de la défense. mettez de l’intelligence dans l’interprétation des lois.

    • Le 28 février 2018 à 14:32, par Sambiga En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

      Monsieur Marou, on va s’aider. Ce n’est pas la partie civile (les victimes et leurs avocats) qui a évoquée le nom respect du délai de 8 jours pour que l’acte de nomination du président du tribunal soit opposable aux tiers (ou communément appelé en droit son ’entrée en vigueur’). C’est plutôt la défense (les accusés et leurs avocats) qui a évoqué cela. Dans quel but ? Et bien, ce comportement de la défense est juste une MANŒUVRE dans le but de gagner du temps. Il n’y a pas plus ’diable’ qu’un avocat. C’est pourquoi je n’aime pas la profession et que je n’ai jamais fait le concours, bien qu’étant juriste. Mentir pour avoir la vérité et donc la justice, il n’ y a rien de plus malhonnête que cela. C’est dommage que le droit que j’ai appris admet cela (au moins jusqu’à ce que la vérité éclate à l’issue du procès), car le fondement du droit ou de la justice n’est autre chose que la VÉRITÉ. C’est sur la base de cette vérité que sont tirées les conclusions juridiques, voire les décisions de justice.

  • Le 28 février 2018 à 12:20, par bédjou En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

    Eh oui, il fallait bien s’attendre à une telle attitude des avocats de la défense. Ils vont utiliser le dilatoire pour essayer de bloquer le déroulement normal du procès. En réalité, Ils ne veulent pas la tenue du procès, car les faits sont clairs et ils n’ont aucun moyen de sortir les accusés de la condamnation qui est inéluctable. Alors, il faut donner l’impression à l’opinion qu’on veut aller rapidement au procès pour blanchir ses clients alors qu’en réalité on le craint et on en veut même pas du tout. Tôt ou tard la vérité sortira. Nous sommes confiants à cet effet. La patrie ou la mort, nous vaincrons

  • Le 28 février 2018 à 12:36, par Marou En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

    Bonne gens, en quoi le non respect du délai de 8 jours peut jouer sur la manifestation de la vérité ? soit ce délai n’est pas respecté mais je ne vois pas en quoi cela constitue un avantage pour la partie civile. je ne vois pas comment la partie civile peut utiliser le non respect de ce délai pour confondre la défense. franchement je suis extrêmement déçu de cette attitude des avocats de la défense. mettez de l’intelligence dans l’interprétation des lois.

  • Le 28 février 2018 à 14:32, par Balladin En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

    Moi je dis : faisons comme au Far West : on les pend haut et court d’abord, ensuite on fera le jugement. Évidemment on ne les pend pas tous ; on n’est pas Sekou Touré le Guinéen ni Pol Pot le cambodgien .

    • Le 1er mars 2018 à 08:21, par Wako En réponse à : Procès du putsch du CND : Quelques réactions de leaders d’opinion et d’avocats

      M. Baladin, il ne faut pas chercher à salir ici la mémoire de Sékou TOURE qui demeure un vaillant et intrépide combattant, un digne fils de l’Afrique qui a combattu la France coloniale du Général De Gaulle. L’Afrique devait être fière des gens comme lui. Les guinéens qui ont été tués en son temps, ont été des traitres à la cause guinéenne. Ils ont été jugés et exécutés. Il ne faut pas faire d’amalgame et de confusion ici. Je vous invite à revisiter l’histoire. Attention, dans vos recherches, sachez faire la différence entre les historiens acquis à la cause coloniale française et les historiens honnêtes.

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