LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Contre la pénurie de vivres : L’intervention énergique et urgente de l’Etat

Publié le lundi 4 juillet 2005 à 07h58min

PARTAGER :                          

La période de soudure a été, cette année, précoce. Même si la campagne agricole de l’année dernière n’a pas été particulièrement bonne comme celles de 2002 et 2003, on ne devrait pas s’attendre à ce que le sac de 100 kg de maïs coûte 25 000 F CFA voire 30 000 F CFA en des endroits du pays au mois de juin.

Des régions n’ont même pas facilement accès aux vivres. Tout simplement parce que des commerçants véreux ont préféré vendre leurs produits ailleurs, notamment dans les pays voisins, alors que d’autres ont choisi de les retenir dans leurs magasins.

Dès lors, il faut comprendre la colère à peine dissimulée et l’indignation des consommateurs. Devant une telle situation, tout le monde s’interroge et se tourne, en dernier ressort (quoi de plus normal), vers l’Etat. Car, c’est son rôle (et il faut le souligner avec force) d’intervenir pour préserver la paix sociale. La faim, c’est la porte ouverte à toutes les dérives sociales et même à l’instabilité politique. Nous avons toujours en mémoire les troubles sociaux qui se sont produits, cette année, au Niger voisin et récemment, en Guinée du fait de la vie chère.

Les tenants de l’économie libérale classique soutiennent qu’il n’appartient pas aux Etats d’intervenir dans les échanges économiques sauf pour faire respecter les règles du jeu. En d’autres termes, il faut laisser faire, laisser aller même si les plus faibles, les plus vulnérables, les plus pauvres doivent souffrir d’un tel système.

Comment comprendre qu’au nom de la liberté de vendre où, quand et comment leurs produits céréaliers, comme c’est le cas actuellement, des commerçants véreux en viennent à affamer des populations ? Nul ne comprendra encore moins n’acceptera cette façon de voir les choses.

Il n’est pas juste comme d’aucuns l’affirment, de dire que les pouvoirs publics ne font rien pour juguler cette situation. Il serait plus correct de leur demander d’aller plus loin dans leur action en rendant disponibles et accessibles les vivres. Au besoin, les pouvoirs publics devraient perquisitionner les magasins, fixer les prix des vivres et réglementer les activités des vendeurs des produits céréaliers.

Cette politique (s’il faut l’appeler ainsi) permet tout simplement de parer au plus urgent. Le plus important c’est l’autosuffisance alimentaire, c’est le droit à la souveraineté alimentaire. La lutte contre la pauvreté, c’est d’abord la création et une gestion rationnelle, rigoureuse des richesses agricoles.

Sur ce terrain-là, on ne peut que saluer et encourager le gouvernement dans sa politique de gestion de l’eau à travers entre autres, la création d’infrastructures hydroagricoles, les nombreuses remises de matériels agricoles aux producteurs, le Programme Saaga pour modeler les aléas climatiques et partant, accroître la quantité d’eau.

Dans un pays à 90% agricole, soumis aux aléas climatiques, il faut beaucoup d’imagination et d’invention, car il suffit d’une mauvaise campagne agricole pour que tout le monde perde le sommeil. Alors que les 90% de la population déjà pauvres ne parviennent pas toujours à se nourrir correctement, a fortiori nourrir le reste. Dans une économie moderne, on n’a pas besoin d’un tel pourcentage de la population pour couvrir les besoins alimentaires du pays. C’est parmi les mêmes paysans qu’on trouve les cotonculteurs. Autant on encourage la culture du coton dont le Burkina est l’un des premiers producteurs africains, autant on devrait le faire pour la culture des céréales. On ne peut pas être premier producteur de coton et souffrir d’insécurité alimentaire.

A quelque chose parfois, malheur est bon. La pénurie de vivres qu’on constate dans le pays est artificielle. Leurs auteurs qui veulent bâtir leur fortune en affamant le peuple doivent être considérés comme des criminels et traités comme tels.

Bessia BABOUE
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)