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Union fraternelle des croyants de Dori : Un atelier régional au profit des voix modérées de la région

Publié le vendredi 23 février 2018 à 17h42min

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Union fraternelle des croyants de Dori : Un atelier régional au profit des voix modérées de la région

En prélude au lancement officiel de son projet dénommé « agir ensemble pour une coexistence pacifique dans un environnement mieux sécurisé au Sahel », l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC-Dori) en partenariat avec Oxfam, a organisé un atelier régional de mobilisation et de sensibilisation des communautés religieuses avec les voix modérées. C’était le mercredi 21 février 2018 à Dori.

C’est plus exactement dans la salle de conférence de son centre ‘’DUDAL JAM’’ « école de la paix » en langue locale peulh, que s’est ouvert cet atelier de mobilisation et de sensibilisation autour du thème « nécessité et obligation pour les croyants à vivre et promouvoir la tolérance, le dialogue et le vivre ensemble ». Pour l’occasion, deux panélistes, Monseigneur Laurent Dabiré, évêque de Dori et le grand Imam de Dori, Mamoudou Cissé, ont à travers leur communication essayé d’aborder les tenants et aboutissants de ce thème afin qu’il soit plus explicite dans l’entendement des participants venus des provinces du Séno, de l’Oudalan et du Yahga.

« Nécessité et obligation, croyants, tolérance-dialogue et vivre ensemble »

Il s’est donc agi pour Monseigneur Laurent Dabiré, de structurer sa présentation autour de trois grands points. D’entrée de jeu, il a procédé à la définition de termes que sont ‘’nécessité et obligation, croyants, tolérance-dialogue et vivre ensemble’’.
Ce faisant, il estime que ‘’nécessité et obligation’’ sont deux termes qui renvoient à la cohérence de la vie avec le credo des personnes. Et d’ajouter qu’il s’agit d’une suite logique, d’une fécondité telle que son absence entrainerait le dessèchement et la mort.
S’agissant du terme ‘’croyants’’, « ce sont ceux qui croient en Dieu et à son action primordiale dans le monde », souligne Monseigneur Laurent Dabiré avant de faire savoir que « la foi est une dimension essentielle de l’homme croyant dont le vécu engendre une religion ».

‘’ Tolérance-dialogue et vivre ensemble’’, sont trois notions qui de l’avis de l’évêque entretiennent des liens évidents entre elles. Pour ce dernier, la tolérance permet le vivre ensemble dans le sens d’un « être-avec-les-autres » et « être-pour-les autres ».

« Nécessité, obligation de vivre ensemble dans la tolérance et le dialogue »

Après une ébauche de définition pour chacun des termes contenus dans le thème, l’évêque de Dori s’est ensuite adonné à l’interprétation du thème, s’appuyant bien entendu sur les saintes écritures.

Dans le Nouveau et l’ancien testament

Monseigneur Laurent Dabiré, évêque de Dori

Pour le premier niveau, le Nouveau testament, l’évêque avance : « l’évangile fait état d’un esprit d’ouverture, d’accueil et de paix en vue d’une humanité nouvelle où les hommes sont appelés à vivre en frères ». Pour illustrer son propos, il le fait suivre des versets du précepte de l’amour (Jn 13, 34), l’amour des ennemis (Mt 5, 43-48), du bon samaritain (Lc 10, 25-37) et bien d’autres.

Quant à l’ancien testament, ‘’Monseigneur’’ s’est attelé à citer le décalogue (code universel), Jonas et les habitants de Ninive, tout le livre de Jonas/la conclusion (Jonas 4, 9-11), la veuve de sarepta (1 Rois 17, 8-16), et l’Universalisme de Dieu et la tolérance (Exode 22). Pour rappel, les éléments susmentionnés sont tous des évangiles tirés de l’ancien testament.

Le comportement du croyant

C’est en se prononçant sur le comportement du croyant ou encore son rôle que l’évêque de Dori a mis un terme à sa communication. Ici, il a été question de plus mettre l’accent sur le comportement du croyant dans le sens de la tolérance. Et donc de dégager trois types de tolérance :
-  La tolérance inscrite dans les textes sacrés ;
-  L’interprétation qui en a été faite (doctrine) ;
-  Et la tolérance du fidèle qui est guidé par sa foi et ses dons propres.
Somme toute souligne-t-il, le croyant doit être un faiseur, artisan de paix. Afin de parvenir à être cet artisan de paix, mention est faite de l’appropriation des armes dites religieuses (prière, jeûne, aumône) et humaines (engagement politique et économique, actes concrets de construction de la paix).

Le grand Imam de Dori, Mamoudou Cissé

La communication du grand Imam de Dori, Mamoudou Cissé, est venue en complément d’information à la précédente communication faite par l’évêque. A l’exception qu’elle s’est voulue on ne peut plus claire sur la définition à donner à l’islam. Pour ce guide religieux, l’islam est une religion de paix ; c’est une religion qui enseigne et a enseigné de tous temps la tolérance, le bien, et le vivre ensemble. Le grand Imam de Dori conclut en soutenant qu’il faille travailler à ce qu’il n’y ait plus de gens qui utilisent la religion musulmane à des fins personnelles ; fins qui ne sont pas admis par l’islam.

En marge de ces deux communications, les différents participants, scindés en deux groupes, ont été amenés à formuler cinq engagements sur la base d’une question pour chaque groupe.

Pour le groupe 1, à la question « que dois-je faire en tant que croyant pour améliorer le vivre ensemble dans ma région ? », il est ressorti les points ci-après :
-  Aimer, pardonner et comprendre les autres ;
-  Climat de paix, confiance avec les autres ;
-  Prier, jeûner, et faire l’aumône ;
-  Accepter la différence ;
-  Etre un modèle dans mon comportement.

De ce qui est des engagements du groupe 2 à la question « que dois-je faire en tant que croyant pour améliorer la sécurité dans ma région ? », l’on note :
-  La vulgarisation et l’utilisation des n° verts ;
-  Le renforcement de la collaboration entre FDS, communautés religieuses et populations ;
-  La création de cellules de veilles citoyennes ;
-  Etre vigilant et participer aux renseignements ;
-  Propager la tolérance.

Participants présents à l’atelier

L’Union fraternelle des croyants est une organisation interconfessionnelle née dans les circonstances douloureuses de la famine de 1969. L’initiateur a été le Père Lucien Bidaud, curé de la paroisse de Dori à l’époque. En tant que ONG, elle a une vocation nationale et internationale dans la réalisation de sa mission de promotion du dialogue pour la paix et le développement. Son objectif principal, réaliser l’union entre les chrétiens, les musulmans et les autres confessions religieuses en vue d’assister les plus démunis et les conduire vers un développement par eux-mêmes et pour eux-mêmes.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2018 à 03:38, par Jonassan En réponse à : Union fraternelle des croyants de Dori : Un atelier régional au profit des voix modérées de la région

    J’admire l’islam pratiqué dans nos contrés. J’admire l’islam MODERE, je crois que cet islam-là, pratiquée par nos pères, conduit au paradis MAIS est-ce qu’elle n’est pas en perte de vitesse ? Est-ce que le christianisme de paix, prôné par le pape François, tiendra le coup ? Après l’insurrection de Daesh "rien ne sera plus comme avant". Daesh a au moins réussi à ouvrir les textes sacrés islamiques au reste du monde et c’est avec regret que l’on constate qu’il peut ne pas avoir tort. N’est-ce pas de l’hypocrisie que de combattre Daesh et d’avoir peur de toucher au fondement de Daesh ? Qu’est-ce qu’une interprétation rigouriste et une interprétation modérée ? Est-ce que "les voix modérées" sont dans le droit chemin ? Donc, notre islam à nous, comment faut-il le sauver est une question fondamentale ? Si l’on réussit, on n’aura même plus besoin de ces unions fraternelles de croyants. Je peux vous sortir des versets qui affirment avec force que y’a problème à parler d’union fraternelle de croyants. Est-ce que nos traditions peuvent apporter quelque chose à ces religions importées ? Oui, mais pas sans remettre en cause les fondements de ces religions. Sinon, traditionnellement nous sommes des frères d’un même terroir ; pourquoi faut-il partir de la religion pour revenir à cette fraternité ? Pourquoi ne pas partir de cette fraternité pour rejoindre la religion ? Je félicite les évèques et les imams modérés mais j’ai peur pour vous : je ne vous trouve pas suffisamment outillés pour vous défendre et survire à Daesh, pas seulement au Daesh des bombes, mais au Daesh des érudits, les voix NON modérées de la région...

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