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Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

Publié le mercredi 21 février 2018 à 23h54min

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Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

Plus de deux ans d’attente d’un procès. Celui du coup d’Etat de septembre 2015. Ce 27 février 2018, s’ouvrira le déballage tant attendu. Du coté des conseils des victimes, c’est un seul souhait. Que toute la lumière soit faite et que justice soit rendue à leurs clients. Mais quelle garantie avec une justice militaire décriée par une partie de l’opinion ? Réussira-telle à faire comparaitre les témoins comme ces hauts gradés de l’armée et autres personnalités citées ? C’est le vœu de Me Prosper Farama, sans quoi, le procès sera un échec, non seulement pour la justice, mais aussi pour toute la société.

Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) a regretté ce 21 février 2018, ces “vaines agitations et polémiques puériles nées et suscitées ces derniers temps dans certains cercles politiques”. Ce, à quelques jours de l’ouverture du procès.

Me Prosper Farama remarque que les victimes mêmes ne font pas autant de tapages, elles qui attendent que justice leur soit rendue. « Pour nous la question est très simple. Est-ce que des gens ont tué ? Qui a tué ? Qui a donné l’ordre de tuer ? Si ces gens sont identifiés, est-ce qu’ils doivent être sanctionnés ? Oui », avance l’un des avocats aux côtés du MBDHP pour la défense des droits de victimes du coup d’Etat qui, rappelons-le, a fait 14 personnes tuées et des centaines de blessés, certains gardant des séquelles à vie.

« On voit des gens qui sortent et nous parlent de l’ONU avec ses recommandations, qui nous parlent de conventions internationales, c’est beau. Mais est-ce qu’il y a une seule convention internationale qui permet de tuer ses propres citoyens ? Nous n’en connaissons pas », enfonce l’avocat.

Il regrette par ailleurs que les stars dans cette affaire, soient ceux qui ont commis les crimes. On parle de la protection des droits de ceux qui ont tué, mais très peu de ceux qui ont été tués, blessés à vie.

La justice militaire n’est pas si mauvaise…

La justice militaire, cette juridiction en charge du dossier du putsch est vomie par certains pour son « inféodation » au pouvoir exécutif. Dans un ouvrage de 200 pages intitulé « La justice militaire, On supprime ou on supprime », Me Hermann Yaméogo lui-même inculpé dans l’affaire, descend aux lances flamme cette institution.
« En étant rattachée à l’exécutif, elle reçoit des injonctions de cet exécutif. C’est le ministre de la défense qui mouvemente les procédures. Alors que la constitution, jusqu’aux traités que le Burkina a signés, disent que pour qu’on prenne un tribunal au sérieux, il faut qu’il ait l’indépendance et l’impartialité », écrit-il par exemple.
Mais pour Me Prosper Farama, celui qui prétend que la justice est la pire au Burkina se trompe. Les problèmes que l’on trouve à la justice militaire, sont aussi recensés à la justice civile. Raison pour laquelle il a toujours prôné la réforme globale du système judiciaire burkinabè, pour aboutir à une justice qui ne soit plus cet héritage néocolonial, loin des aspirations du citoyen burkinabè.

Il ajoutera que ce ne sont pas que des militaires qui composent le tribunal militaire qui est présidé par un magistrat de la Cour d’appel.

Des témoins VIP ?

Le tribunal militaire se donnera-t-il enfin les moyens de faire comparaitre les témoins cités ? C’est l’une des grandes interrogations de ce procès. L’on se rappelle que lors du procès portant sur l’attaque de la poudrière de Yimdi, plusieurs témoins avaient été cités, sans que ces derniers ne viennent répondre, ou que le président du tribunal ne juge nécessaire de les faire comparaitre.

Dans le cadre du dossier du putsch, l’ancien Chef d’état major général des armées, Général Pingrenoma Zagré (maintenant ambassadeur au Ghana), l’ancien directeur général de la police, et bien d’autres officiers et civils sont cités comme témoins ? Comparaitront-ils enfin ?
« Dans tous les pays du monde, quand on convoque quelqu’un qui ne vient pas, il y a des règles procédurales qui sont prévues, notamment des mandants d’amener (…) sauf que pour certaines personnes, on a l’impression que rien n’est fait pour les obliger à comparaître », remarque Me Prosper Farama. Pour lui, il s’agit seulement pour le témoin de venir répondre de ce qu’il sait sur l’affaire jugée.

« C’est un défi qui est lancé à la justice burkinabè en général » poursuivra-t-il, car il ne faut pas donner le prétexte à certaines personnes de dire que la justice a laissé des zones d’ombre qu’elle refuse d’éclairer.

« Là, même les victimes resteront sur leur soif et auront l’impression qu’il y a des gens qui ont été impliqués et qu’on n’a pas voulu entendre (…) Si on refuse d’aller au fond des débats, nous craignons qu’à la fin de ce procès on se retrouve avec plus de questions que de réponses et là ce sera un échec patent pour toute la société », a-t-il conclu.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2018 à 18:28, par mobutu En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    De toute façon si le procès ne trouve pas des coupables et les condamner, Qu’ils considèrent que le problème reste posé.

  • Le 21 février 2018 à 19:10, par Ka En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    Maître P. Farama : Je souscris entièrement vos écrits.
    La vérité rougit les yeux, mais ne les casse pas. Pour un jugement test pour que le peuple Burkinabé cautionne les actions de sa justice, ‘’’c’est de forcer des personnes comme Pingrenoma Zagré et autres à la planque de se présenter et témoigner.’’’ Nous l’avons vu à la CPI avec des généraux Ivoiriens ambassadeurs, ou cadres, se présenter a la barre comme témoins au procès de GBAGBO et Goudé. Oui je suis de votre avis maître P. Farama que la justice militaire de 2018 de l’ère Kaboré n’est pas mauvais, car elle a passé son premier test devant un peuple meurtri en jugeant ses frères d’arme voleurs des armes de la poudrière de Yimdi, avec des condamnations justifiées sans les fusillés comme à l’époque de l’ère Compaoré.

    La justice Burkinabé pour sa crédibilité dans cette affaire ne devrait pratiquer aucun traitement de faveur à un citoyen quel qu’il soit, c’est la moindre des choses, car parmi ces accusés, certains assument par ce que le peuple sait que ces personnes ont été pris la main dans le sac, et c’est bien normal qu’on les condamne pour qu’ils payent leurs crimes et apaiser les cœurs des familles des victimes. N’importe quelle justice a travers le monde avec des états de droit, n’hésitera pas de rendre cette justice équitable.

  • Le 21 février 2018 à 21:54, par yameogo En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    Hé les gars !! Arrêtons de rêver. Comment parler de justice dans ce Faso post insurrection avec tant d’injustices qu’on étale à longueur de presse ?
    Comment parler de justice tant que le passif du défunt régime n’est pas soldé ? N’oublions tous ceux assassinés depuis les prémices de la Révolution.
    Ce procès sonnera la fin de carrière pour certains officiers qui se feront ridiculiser, qui montreront leur incompétence, et on se demandera : "c’est ça les officiers burkinabè ? C’est ça l’armée burkinabè ?"

  • Le 22 février 2018 à 15:34, par ADA DO En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    soyez optimiste pour ce qui est de la tenue du process ,et des résultats attendus .le peuple sera satisfait de ces résultats .les martyres auront gain de cause

  • Le 22 février 2018 à 16:28, par maat En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    S’il y’a une phrase qui m’a touché, c’est celle-là : "On parle de la protection des droits de ceux qui ont tué, mais très peu de ceux qui ont été tués, blessés à vie."
    Hé oui la triste réalité est que ce sont toujours les faibles qui qui sont tués et leurs droits sont brimés. Ceux qui tuent c’est-à-dire les plus forts ont envoyés leur progénitures dans des lieux sûrs pour ne pas avoir des balles perdues.
    Si le présumé innocent a des droits, la victime en a plus encore ! La justice a un long chemin devant elle.

  • Le 22 février 2018 à 17:01, par Mala En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    C’est même la conception de la procédure judiciaire qui est compliquée chez nous. Lorsque quelqu’un est convoqué, c’est comme s’il est fautif (à défaut d’être coupable). Par conséquent, tout ce qui concerne la justice est mal perçu. Les gros témoignes cités dans ce dossier sont réellement dans l’embarras. Répondre à la convocation, "c’est la honte" et ne pas répondre, c’est donner l’impression qu’on participe au développement de l’impunité et cela est mal vu. C’est pour cela, ont dit chez nous, il faut savoir choisir ses fréquentation, car après tout, si tu es cité, c’est parce que certains t’on approché d’une façon ou d’une autre. Que cela serve de leçon aux jeunes générations.

  • Le 22 février 2018 à 17:11, par patardé En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    "Pour lui (Me FARAMA), il s’agit seulement pour le témoin de venir répondre de ce qu’il sait sur l’affaire jugée". est à cette de la procédure, un témoin peut se voir inculpé ?

  • Le 22 février 2018 à 20:33, par LY En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    Merci Me pour ce bel article clair, net et sans fioritures Beaucoup de supputations et d’élucubrations avant même le début de ce procès surtout de la part de ceux qui ont gros à se reprocher !
    Le peuple insurgé meurtri dans son âme et dans sa chair restera vigilant afin que personne ne s’appuie sur un quelconque privilège social pour se soustraire au tribunal ! Sans être spécialiste du droit, je sais qu’un simple témoin peut être inculpé à l’audience si le président du Tribunal le juge nécessaire de par ses déclarations et contradictions.
    C’est vrai qu’au Burkina, dès lors que l’on vous cite comme témoin beaucoup vous voit comme coupable.
    Un témoin est un témoin qui doit dire en toute sincérité tout ce qu’il sait de l’affaire jugée.

  • Le 22 février 2018 à 22:21, par SOME En réponse à : Procès du putsch : Selon Me Prosper Farama, il faut éviter qu’à la fin on se retrouve avec plus de questions que de réponses

    Non ce n’est pas seulement au burkina que si on est convoqué on est percu comme accusé : c’est partout dans la mentalité humaine.
    Cette intervention de Me Farama montre bien qu’il y a avocat et avocat... Suivez mon regard vers certains pedants creux qui se voient deja ministre, representant de .... ou tout simplement tendent leur gamelle peu soucieux de ce l’on daignera leur y jeter dedans pour leur pitance...
    Me Farama a posé de simples questions de bon sens.

    Me Farama est le seul esclavage qui a ecouté mes conseils : en voila les resultats. Si tous mes autres esclaves suivaient les conseils de leur maitre que je suis, comme lui il a fait, le Burkina etait sauvé. Mais le burkina a deja sorti le nez hors de l’eau avec lui : donc il revit. Merci mon esclave, je suis fier de moi euh... non de TOI !
    SOME

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