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Jolly Drabo : la belle et les bêtes

Publié le lundi 4 juillet 2005 à 07h58min

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A une vingtaine de km de Ouagadougou, le village de Kouba (route Kombissiri) a enregistré parmi ses habitants une nouvelle résidente. Jolly Drabo, c’est d’elle qu’il s’agit, est une résidente iconoclaste. Ex mannequin, infirmière, promotrice de boxe, cette dynamique dame s’est donné comme dernier rôle l’agropastoral.

Dans sa ferme dénommée « Dynolly ferme », elle s’active autour de ses porcs en attendant d’agrandir son business. Le parcours d’une amoureuse de l’agro-business.

Pénétrer dans la porcherie de dame Jolly Drabo demande d’abord à sacrifier à un rituel d’hygiène : il faut plonger ses chaussures (notamment la semelle) dans un « bain de grésil » afin d’éviter d’éventuelles propagations de microbes dans le « logis » des porcs. En prenant ces dispositions la propriétaire des lieux sait de quoi elle parle et ce qu’elle fait. Les porcs sont très sensibles aux parasites et Jolly Drabo formée au métier d’infirmière aux Etats-Unis avec un peu de pratique en médecine vétérinaire s’applique donc à éviter des contacts et propagation qui peuvent nuire aux animaux.

Dans la porcherie, la journée commence par des soins à prodiguer aux porcs. En cette journée du vendredi 6 mai dernier, cinq à six porcins ont reçu des piqûres d’antibiotiques suite à une bagarre entre animaux qui a occasionné des blessures. D’autres petits qui avaient développé des parasites ont reçu aussi des soins appropriés. Le mâle du troupeau le verrat Bill fait l’admiration de Jolly Drabo et il y a de quoi. Il a été le seul géniteur de plus d’une soixantaine de pourceaux avec huit truies.

L’entretien d’une porcherie n’est pas chose aisée. A la fragilité sanitaire des animaux s’ajoute une nourriture riche et variée qui doit s’adapter à leurs besoins d’embouche. Pour les soixante-dix (70) porcs de la porcherie, il faut de l’attention et de la patience pour bien les élever.
« Le problème de parasites est récurrent et en se grattant ils ont des blessures qu’il faut soigner », explique la propriétaire des lieux.

En outre, l’alimentation des porcs n’est pas à la portée de tous. Il faut pour cela du Dresh (approvisionnement à la BRAKINA), du son de maïs, de tourteau, de blé pour une alimentation complète. Une partie du haricot et du maïs cultivés sur place sert aussi de nourriture aux porcs. Il y a aussi la cherté des produits pharmaceutiques qui vient alourdir le coût de la gestion de la porcherie. Ces difficultés ne sont pas pour autant un handicap pour notre ex-mannequin qui, courageusement, relève les défis quotidiens de sa ferme qu’elle nomme amoureusement Dynolly ferme.

La porcherie, admirablement gérée il est vrai, est la première étape de l’ensemble Dynolly Ferme. Héritière d’un amour de la terre et de l’élevage légué par son grand père, Jolly Drabo compte faire de sa ferme un « Eden » de l’élevage et de l’agriculture,

Renforcer Dynolly ferme

Chaque projet aura sa place dans les 5 hectares que compte cette ferme, « Pour cette ferme, j’ai investi mes petites économies et les grosses œuvres ont déjà été réalisées.. ». Sans apport extérieur et à la force du poignet, petit à petit Dynolly Ferme pousse à son rythme. Un château d’eau, alimentée par une pompe qui tire l’eau à 77 mètres du sol répond aux besoins de la ferme. Les parcs à animaux sont prévus notamment pour les bœufs et les petits ruminants.

Quatre employés s’occupent de la porcherie. Au nombre de ceux-ci, Jean-Paul Rouamba. « Je m’occupe de l’alimentation des porcs et du nettoyage de la porcherie. J’étais éleveur de poulets, mais comme aide-éleveur de porcs, je me porte bien. Il y a cinq mois que je travaille ici, mais je n’ai pas de problèmes ».
La propriétaire des lieux compte aider et intégrer à l’avenir ses employés. Mais en attendant, il faut agrandir Dynolly Ferme. Un agrandissement qui demande beaucoup de moyens. La rigidité des structures de financement ne sont pas pour arranger les choses. « Le ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques nous aide beaucoup à travers le projet ARIOPE et je dois même participer à un deuxième stage à Porto Novo au Bénin par le biais de ce projet. Sinon les autres demandes d’appui restent lettres mortes, les institutions financières étant très rigides et méfiantes. Du reste, aucune de ces institutions n’a pris le risque de venir voir sur place ce que j’ai déjà entrepris ».

Face à ces difficultés, il faut s’unir pour avoir plus de force. C’est ainsi qu’avec l’association des éleveurs de porcs de Ouagadougou (ASEP) dont elle est secrétaire chargée de l’information et de la communication, Jolly Drabo s’attelle avec ses militants à mieux organiser leur structure. C’est dans ce sens que les mesures d’hygiène et les conseils prodigués en matière de peste porcine ont permis aux membres de l’association de sauver cette année leurs animaux du fléau qui a décimé dans Ouagadougou et ses environs les porcs. « La peste porcine plane toujours et il faut plus d’intervention de l’Etat pour lutter contre », dira Jolly Drabo.

Cahin-caha les affaires marchent puisque le porc marche à Ouaga. Une femme dans le domaine de l’agro-pastaral ? « Le problème ne doit pas se poser pour un homme ou pour une femme de faire tel ou tel travail, il faut essayer et aimer ce qu’on fait », pour qui l’amour pour la terre est chevillé au corps.

Depuis 2004 son affaire a pris forme avec la porcherie en attendant les bœufs, vaches, poulets, moutons, chèvres. « Avec un petit coup de pouce, je transformerai ce terrain en espace vert et je pourrai employer une dizaine de familles », dira l’ex-mannequin. Pour réussir son œuvre, ce n’est pas la détermination, le courage ni l’intelligence qui manquent à cette self made woman. Bon vent à l’artiste agropastorale.

Fernando Guetabamba


Le parcours d’une battante

Jolly Drabo est pourrait-on dire une dame du monde. Née à Bobo-Dioulasso, elle fait ses études primaires dans cette ville et le secondaire à Ouagadougou. Les études supérieures sont poursuivies en France ou les opportunités de son physique s’adaptaient à l’exercice délicat du mannequinat. La voilà donc dans ce milieu (en France et aux Etats-Unis) qui « fait rêver mais qui demande aussi beaucoup de résistance et de méfiance », où elle s’y fait sans grande difficulté.

De retour en Côte d’Ivoire, elle reste dans le milieu du mannequinat et de la mode. Les Etats-Unis d’Amérique la reçoivent pour des études d’infirmière. Une fois son parchemin en poche, elle rejoint Abidjan mais l’appel de la terre natale se fait pressent. Le 10 juillet 1999 elle est définitivement de retour au bercail. « Je rentrais chez moi d’abord, parce que c’est très important de rentrer chez soi, le reste viendra après », dira-t-elle philosophe. Après une année de vacances sabbatique, elle fait des démarches pour avoir un lopin de terre pour une exploitation agropastorale. Kouba un village à une vingtaine de km de Ouagadougou (route Kombissiri) la reçoit où un domaine de 5 hectares (qu’elle borne) lui est attribué.

A partir de 2003 - 2004, l’aventure pouvait donc commencer. Après un stage au Bénin, Jolly Drabo commence par l’élevage et l’embouche des porcs. Plus de soixante porcs, toutes tailles confondues, sont élevés selon les normes requises en la matière.

Tous les jours que Dieu fait, Jolly Drabo est dans sa ferme à partir de six heures du matin. Sa taille mannequin semble contraster avec les mouvements lourds et « gauches » des porcs. Du mannequinat à l’élevage, des regrets. ? « Alors là pas du tout ! Au contraire chaque difficulté que je rencontre me donne des forces pour persévérer dans ma tâche. J’aime la nature, les animaux et j’aime ce que je fais ». « La belle et les bêtes », c’est ce qui est l’environnement de Jolly Orabo qui a quitté les salons parfumés et feutrés du show biz pour les rigueurs de l’élevage et de la boue. Sans regret.

F.G.
Sidwaya Magazine

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Vos commentaires

  • Le 3 octobre 2005 à 13:11, par Alfa Touré En réponse à : > Jolly Drabo : la belle et les bêtes

    Felicitations et courage à ma soeur et merci pour l’article.
    J’aimerais avoir son mail car ce parcours est exeptionnel
    Mille fois merci

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