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Agriculture : Un projet relève les raisons de la faible adoption des paquets technologiques

Publié le jeudi 15 février 2018 à 14h08min

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Agriculture : Un projet relève les raisons de la faible adoption des paquets technologiques

Les rendements agricoles au Burkina demeurent faibles, malgré la mise en place des innovations dans le domaine. Le projet sur la problématique de l’orientation des investissements vers l’intensification agricole durable en Afrique, a travaillé pendant deux ans pour comprendre les raisons de la faible adoption des paquets technologiques dans l’agriculture. L’heure est maintenant au partage des résultats. C’est au cours d’un atelier organisé ce 15 février 2018 à Ouagadougou que la restitution a été faite.

Le projet sur l’orientation des investissements vers l’intensification agricole durable en Afrique, a été mis en œuvre au Burkina Faso entre 2014 et 2017. Deux ans durant, les chercheurs de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles du Burkina Faso (INERA) avec l’appui des partenaires, ont travaillé à déceler les raisons de la faible adoption des paquets technologiques dans le domaine agricole. Avec pour conséquence la baisse continue ou la stagnation des rendements des producteurs agricoles.

« Différentes stratégies d’intensification de l’agriculture ont été développées et promues par la recherche agricole dans le but de réduire les écarts entre les rendements expérimentaux et ceux obtenus par les agricultures », a expliqué Dr Isabelle Dabiré, coordonnatrice du projet. Les stratégies dont elle parle concernent notamment l’adoption des nouvelles technologies et leurs paquets, les pratiques de gestion et de conservation des eaux, des plantes et des sols, etc.

Malgré tous ces apports, les lignes ne bougent pas véritablement. Il était donc important de comprendre les contraintes auxquelles les agriculteurs font face dans l’adoption de ces stratégies. A en croire le directeur général de l’INERA, Hamidou Traoré, il est impérieux d’identifier des approches innovatrices prometteuses qui permettent de promouvoir l’intensification durable, parce que « l’atteinte d’une croissance durable de la productivité agricole pour les principales cultures de base est un défi majeur pour presque tous les gouvernements africains ».

Réorienter ou adapter

C’est surtout la région du Nord qui a été la zone de l’étude, avec un accent particulier sur le sorgho, principale céréale avec plus de 80% des terres cultivables.
L’une des révélations de l’étude est le manque de moyens des acteurs clés de la production agricole, pour l’acquisition des moyens technologiques. « Les femmes et les jeunes sont plus impliqués depuis la préparation des sols, jusqu’à la récolte. Mais c’est cette tranche qui manque véritablement de ressources », révèle la coordonnatrice du projet.

Estelle Plat, directrice de l’ONG américaine Innovations for Poverty Action (IPA), pour le Mali et le Burkina et partenaire du projet, partage un autre résultat.
« On a démontré avec cette étude que si on approche les producteurs au moment où ils ont de la liquidité, ils sont à mesure d’acheter les intrants et investir. Cela a beaucoup plus d’impacts que les prix subventionnés. Quand on leur propose des intrants juste après la récolte, ils peuvent acheter trois à quatre fois plus d’engrais, que quand on leur propose d’acheter les intrants au moment de la saison agricole, même avec des prix subventionnés. Le projet montre que la subvention n’est pas forcement efficace pour augmenter les investissements dans les intrants agricoles », révèle-t-elle.

La suite aux décideurs

L’atelier qui réunit plusieurs acteurs du monde agricole, permettra donc de proposer des stratégies pour donner une suite aux conclusions du projet. Le directeur général de l’INERA, Hamidou Traoré a laissé entendre que les résultats permettront de renforcer les capacités des partenaires de la recherche et du développement, les décideurs politiques et d’autres partenaires dans la région sahélienne en matière d’orientation des investissements dans le secteur agricole.

Pour sa part, Estelle Plat directrice de IPA, a précisé que les recommandations politiques seront disséminées. Les résultats du projet sont en eux-mêmes des axes d’intervention pour corriger les difficultés rencontrées dans l’adoption des paquets technologiques dans l’agriculture.

« Ce qui est très important, IPA conduit des études rigoureuses et scientifiques. Les résultats qui sont issus de cette étude peuvent être pris comme des preuves scientifiques sur lesquelles le gouvernement et les décideurs politiques peuvent se baser pour mieux définir ou redéfinir certaines de leurs politiques », a conclu Estelle Plat.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2018 à 15:05, par agronome En réponse à : Agriculture : Un projet relève les raisons de la faible adoption des paquets technologiques

    "Quand on leur propose des intrants juste après la récolte, ils peuvent acheter trois à quatre fois plus d’engrais, que quand on leur propose d’acheter les intrants au moment de la saison agricole, même avec des prix subventionnés". Drôle d’affirmation lorsque les récoltes sont abondantes et que les producteurs vendent à vil prix pour faire face à leurs urgences comme payer les frais de scolarité des enfants, etc. C’est encore mettre en avant l’agriculture conventionnelle avec des charges élevées à cause des intrants couteux comme engrais et pesticides chimiques. C’est accroitre la dépendance du producteur avec les risques de s’endetter, etc. Allons vers l’agriculture durable avec peu d’intrants et relative autonomie du producteur en intrants comme les semences paysannes, fumure organique, etc. C’est un paradoxe mais les faits sont têtus car les engrais chimiques appauvrissent les sols !

  • Le 17 février 2018 à 10:12, par agronome Sorgho En réponse à : Agriculture : Un projet relève les raisons de la faible adoption des paquets technologiques

    Notons le manque d’appui logistiques et de motivations financières, pour les agents de vulgarisation qui effectuent ces activités avec leurs salaires et moto personnelles. Les agents terrains qui sont en permanence contactes avec les producteurs, connaissent mieux les réalités des producteurs ; il ne sont pas associés dans la prise des décisions, ils appliquent les protocoles des outils de vulgarisation taillés sur mesure dans les bureaux à Ouagadougou et inadaptée .

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