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Jeu politique et relations sociales : Quand des frères, des époux ne se disent plus bonjour !

Publié le samedi 2 juillet 2005 à 08h38min

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Certaines questions relatives au jeu politique et aux relations sociales que les uns peuvent entretenir avec les autres sont un sujet d’interrogations. Cette préoccupation est le fait qu’en Afrique et particulièrement au Burkina, divergences de vues politiques peuvent aisément se confondre à inimitiés personnelles.

Sans chercher à remettre en cause cette fâcheuse attitude courante de démarcation physique au motif de ne pas partager les mêmes idéaux qu’autrui-ce qui est en partie à la base de ces “fixations” sur les personnes et non sur les idées que l’on constate bien souvent-il faut remarquer qu’il y a matière à "humaniser" le jeu politique.

Cette attitude ne peut en réalité se justifier à un moment où la différence entre un libéral et un socialiste n’est plus étanche, où la liberté d’expression est une réalité et surtout que tous les acteurs ont pour préoccupation de travailler, dans une compétition saine à l’amélioration des conditions de vie de ceux au nom desquels et pour lesquels cette bataille est censée se livrer.

Les politiques passent, le pays demeure

La conséquence de cette façon de voir les rapports sociaux, sous le prisme du jeu politique, est que des frères ne se disent plus bonjour, des couples ne partagent plus le même toit, des amis cherchent à se nuire et pire, des nationaux, pour se venger, sont prêts à imaginer des "infos" ou des "scoops" pour détruire leur pays, pour la simple raison qu’ils n’ont pas la même vision du monde que la classe dirigeante.

Il y a donc lieu d’interpeller la jeunesse burkinabè sur ces "attitudes rétrogrades" qui n’ont aucune raison d’exister. Et pour cause ! Le jeu politique est mouvant et l’intérêt du pays au-dessus de tout. Chaque acteur ne fait qu’apporter sa contribution à l’édification d’une nation que tous veulent forte et prospère. Il importe de ce point de vue que les antagonismes, dont l’exacerbation peut conduire à des dérives regrettables, ne remettent pas en cause notre besoin de vivre ensemble.

N’en déplaise à certaines langues et sans préjuger de l’intimité familiale, il y a des couples dans ce pays qu’il faut saluer pour leur courage et les valeurs d’unité, fussent-elles familiales, qu’ils défendent.

Au premier chef, il faut saluer cette "exception burkinabè" où vivent paisiblement et harmonieusement des couples de confessions différentes. Leur mérite est d’autant plus important à souligner que ces genres d’unions sont fortement marqués par des rapports très antagoniques sous d’autres cieux !

Il faut surtout saluer ce courage des couples qui partagent une vie sentimentale alors même que leurs idées politiques sont divergentes. Un courage qui résiste aux "analyses", aux récriminations des radicaux de tous bords. Courage enfin de faire sa vie malgré tout, de servir loyalement le peuple burkinabè tout en construisant une vie familiale et en défendant malgré tout ses idées.

A ces couples, nous disons félicitations et souhaitons que leur exemple serve la jeunesse burkinabè afin que le jeu politique n’entache pas les rapports sociaux.

La lutte des classes et des castes, les idéologies du collectivisme et les "dictatures", qu’elles soient du prolétariat ou de la bourgeoisie, ne peuvent en aucun cas, être des raisons valables pour refuser de dire bonjour à son voisin.

En l’occurrence, pour favoriser l’ancrage démocratique que tous les acteurs prétendent rechercher, sans pour autant en épouser les valeurs, chacun devrait participer aux débats, ouverts à tous, concernant les affaires de la cité. Il s’agit d’apporter sa pierre à la stabilité et à la prospérité de ce pays dont le devenir incombe à tous.

La tolérance, un bon sens à partager par tous

Cet apprentissage de l’exercice démocratique devrait aussi commencer à voir le jour au sein de nos institutions d’enseignement, secondaire ou supérieur, afin que les débats contradictoires, l’acceptation de la différence, se fassent dans un cadre républicain où le respect de la liberté de l’autre est de mise. Exercice délicat parce que pouvant remettre en cause certains acquis organisationnels, cette démarche n’en demeure pas moins incontournable si l’ambition d’être de bons démocrates est réelle.

Tout est dans la préparation et dans l’état d’esprit ; c’est pourquoi d’ors et déjà, il faut saluer les efforts qui ont été déployés pour qu’aujourd’hui le débat politique soit sain et que l’esprit de tolérance soit partagé par bon nombre d’acteurs, tout en interpellant les retardataires à emboîter le pas pour une vie républicaine exemplaire.

Si, autant que chaque acteur le prétend, c’est le développement du Burkina Faso, donc le bonheur des citoyens, qui est le vrai combat, le jeu politique gagnerait à mettre en valeur le travail, la participation, la réflexion, la construction et la paix au lieu de semer les graines de la violence, de la casse et du bavardage car pour sortir notre pays de la pauvreté, il faut travailler beaucoup plus que les autres.

Thierry Breton, ministre français de l’Economie et des Finances ne vient-il pas de dire, alors qu’il révisait à la baisse le taux de croissance prévisionnel pour 2005 que "les Français doivent travailler plus tout au long de leur vie afin de créer de la croissance" ?

Voilà qui devrait inspirer plus d’un afin que les relations parfois scabreuses qu’entretiennent certaines personnes du fait de leurs divergences de vues soient réorientées vers des valeurs plus nobles, car à y regarder de près, ce sont ces attitudes qui dévalorisent le politique et poussent la jeunesse à chercher à satisfaire des besoins individualistes au lieu de se créer des inimitiés inutiles personnelles, pense-t-elle, en voulant s’investir dans la politique au service de la Nation.

Brice SAGNAN
L’Hebdo

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