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Filière céréalière : Le warrantage et la tierce détention au cœur d’échanges à Ouagadougou

Publié le lundi 12 février 2018 à 23h31min

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Filière céréalière : Le warrantage et la tierce  détention au cœur d’échanges à Ouagadougou

La vente groupée des céréales, le warrantage, et la tierce détention, sont les différents systèmes de commercialisations utilisés par la Fédération des professionnels agricoles du Burkina(FEPAB) pour l’atteinte de sa principale mission, la défense des intérêts individuels et collectifs des producteurs et productrices. Cependant, ces systèmes de commercialisation nécessitent souvent un accompagnement des institutions financières mais aussi une règlementation juridique. C’est entre autres ces points cités qui ont prévalu à la tenue d’un atelier de plaidoyer dont le partage des conclusions est intervenu, le vendredi 26 janvier 2018, à Ouagadougou.

« Présenter les expériences et les attentes de la Fédération des professionnels agricoles du Burkina
(FEPAB) vis-à-vis des systèmes de commercialisation (warrantage et tierce détention) au ministère de l’agriculture » ; ce sont là les objectifs que visait l’atelier de plaidoyer tenu avec la direction générale de l’économie rurale (DGPER) du ministère en charge de l’agriculture et chargé des opérations d’entreposage agricole.
En effet, la tierce détention par ailleurs appelée ‘’grand frère du warrantage’’ par les producteurs et productrices, est l’un des récents systèmes de commercialisation expérimentés par la FEPAB grâce à l’appui de ses partenaires techniques et financiers tels que OXFAM. Ainsi et comme le soutient Athanase BIRBA, coordonnateur national de la FEPAB, « les résultats de cette activité pilote financée par ARAA/CEDEAO étaient très attendus et se doivent donc d’être partagés avec les différents acteurs intervenant dans la chaîne « entreposage et commercialisation », a-t-il indiqué pour situer le contexte du plaidoyer.

La DGPER qui était informée dès le départ de l’action a manifesté tout l’intérêt des résultats pour elle eu égard à la dynamique actuelle “l’élaboration de la stratégie de développement du warrantage et de la Tierce détention“ au Burkina.

L’expérience du warrantage

Engagés dans le processus du warrantage depuis 2011 dans les unions de Bouroum-Bouroum et Baguera, l’activité très appréciée par les producteurs et productrices s’est développée dans plusieurs unions. En fin 2017 (22 dans la région ouest) et dans d’autres régions du Burkina où la FEPA/B a des membres (centre nord, centre ouest, est, boucle du Mouhoun,…).

En termes de chiffres dans la région ouest et pour la période de 2013-2017, cela correspond à près de 14 958 sacs de maïs pour 1 442 personnes avec un crédit contracté estimé à 119 690 625 FCFA.

L’expérimentation de la tierce détention

La tierce détention a été expérimentée en 2017 dans quatre unions provinciales membres de la FEPAB (la Léraba, le Kénédougou, le Tuy et le Houet) avec l’appui d’ARAA/CEDEAO et Intermön Oxfam.

Pour la mise en œuvre, trois acteurs étaient impliqués : la FEPA/B, Ecobank et SEGAS. Pour cette expérimentation, ce sont des magasins de plus de 250 tonnes de capacité de stockage qui ont été retenus et le stock total a été de 1134 Tonnes.
De l’avis de Soumaila Sanou, secrétaire général de l’Union provinciale des professionnels agricoles du Houet, cette expérimentation a permis de déceler certains avantages surtout en matière de facilité de commercialisation, mais également quelques faiblesses. Ce sont donc ces dernières (faiblesses), d’après le propos du secrétaire général de l’Union provinciale, qui ont conduit à la tenue de l’atelier de plaidoyer.

De quelques points du plaidoyer

Soumaila Sanou, secrétaire général de l’Union provinciale des professionnels agricoles du Houet

Le warrantage, de l’analyse de cette expérience, il en ressort des difficultés d’ordres règlementaires, législatifs, institutionnels, et administratifs. « La tierce détention n’a pas de texte législatif et règlementaire spécifique ; c’est un handicap », a déploré Issoufou Porgo. La question de tiers détenteur professionnel et d’assurances adaptées constitue également des préoccupations selon le coordonnateur national de la FEPAB.
Pour Karim SERE, Responsable du Programme Moyens d’existence et chaines de valeur au niveau d’OXFAM, le warrantage et la tierce détention sont des moyens efficaces d’accès des petites exploitations familiales au crédit, car ils permettent de résoudre le problème de garantie exigée par les institutions financières. Il est donc important poursuit-il, que les différentes parties prenantes (organisations paysannes et institutions financières) se concertent et s’accordent pour surmonter les difficultés liées à leur mise en œuvre en vue de les développer au profit du plus grand nombre de producteurs au Burkina. Et de terminer, « l’Etat doit aussi contribuer à leur promotion à travers la règlementation et le financement des infrastructures de stockage », a fait savoir Karim SERE.

Quant à Soumaila Sanou, de l’Union provinciale des professionnels agricoles du Houet, c’est pour la carte de la sensibilisation qu’il opte. Il dit en substance : « Il faut d’abord faire une grande rencontre d’information et de sensibilisation auprès des acteurs céréaliers sur la question de la tierce détention, son contenu et sa démarche, la différence avec le warrantage ».

L’objectif du plaidoyer auprès de la DGPER était de partager les résultats de l’expérience, les difficultés (absence de textes règlementaires, insuffisance des entrepôts, de laboratoires de proximité pour les analyses …).

Un atelier plus élargi

Le secrétaire permanent de la Confédération paysanne du Faso(CPF), Issoufou Porgo

A la suite de la rencontre avec la direction générale de l’économie rurale du ministère en charge de l’agriculture et chargée des opérations d’entreposage agricole, un autre atelier a été organisé par la FEPAB. C’est ce qu’explique le facilitateur dudit atelier Issoufou PORGO, secrétaire permanent de la Confédération paysanne du Faso(CPF) : « Aujourd’hui nous sommes à un atelier plus élargi où l’ensemble des parties prenantes de cette expérimentation se retrouvent… ». Cet autre atelier qui a lieu après l’atelier de plaidoyer est, se rapportant aux paroles de ce dernier, pour regarder en profondeur les résultats atteints, les difficultés rencontrées, et proposer des solutions d’amélioration. Et surtout dans le but d’avoir des éléments afin de faire la capitalisation. Dit autrement, « partager avec la CEDEAO pour qu’au niveau national on puisse aller à la mise à l’échelle, mais aussi pour que les autres pays de l’espace CEDEAO puissent bénéficier de cette expérience menée au niveau du Burkina Faso », a expliqué Issoufou Porgo.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net

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