C’est depuis le 26 mai 2017 que l’alerte a été donnée sur la circulation du virus de lac de Tilapia, en Egypte. Ainsi, cette maladie spécifique des poissons non transmissible aux êtres humains était découverte pour la première fois sur le continent africain. Mais, il avait été signalé pour la première dans le monde, en 2014, en Colombie, en Equateur, et en Israël. En 2017, en plus de l’Egypte, le virus de lac du tilapia a été remarqué en Thaïlande et aux Philippines. Cette maladie sévit ou a déjà sévi dans six pays actuellement. Et, il était important pour le gouvernement de prendre des mesures conservatoires pour éviter son arrivée au Burkina. Car, il est très mortel pour les poissons. Cet arrêté porté par le ministère des ressources animales, est co-signé par les ministères en charge du commerce, de l’économie, de l’environnement et des ressources halieutiques.

Comme il fallait s’y attendre, dès la publication de cet arrêté, les réseaux sociaux ont commencé à s’enflammer, provoquant des inquiétudes et des interrogations sur les dispositions à prendre face aux poissons Tilapia actuellement sur le marché national. C’est donc pour stopper tout risque de désinformation que le ministère des ressources animales et halieutiques a initié cette conférence de presse afin que soit mis à la disposition des populations burkinabè « l’information juste et transparente » sur cette disposition réglementaire.

Une interdiction pour des raisons économiques et non sanitaires

Pour donner la substance de l’arrêté interministériel et ses implications, trois cadres du ministère étaient au présidium pour la tenue de cette rencontre avec les Hommes de médias. Il s’agit de : Amado Ouédraogo, le secrétaire général par intérim du ministère des ressources animales et halieutiques ; Henri Zerbo, le directeur général des ressources halieutiques ; et Dr Adama Maïga, directeur de la santé vétérinaire et de la législation.

« C’est une maladie spécifique des poissons qui n’est pas transmissible aux êtres humains. Quand elle intervient dans un élevage, elle peut entrainer 90 à 100% de mortalité. Donc, c’est un problème économique et non un problème sanitaire. C’est pourquoi on a pris cet arrêté pour pouvoir que les gens prennent des dispositions pour éviter d’importer vers les pays infectés au risque de perdre toute leur production. C’est pourquoi, nous avons élaboré cet arrêté interministériel pour des mesures conservatoires. S’il n’y a pas de texte, on ne peut pas empêcher quelqu’un d’importer du Tilapia d’un pays. C’est pourquoi, nous avons pris cet arrêté pour réglementer l’importation du Tilapia au Burkina Faso », a expliqué Dr Adama Maïga. Avec la prise de cet arrêté, désormais, l’importation des poissons Tilapia est conditionnée par « un certificat d’origine qui atteste que le poisson a été produit dans le pays avant d’avoir l’autorisation d’importer ce poison vers le Burkina ». Tous les pays voisins n’ayant pas pris cette mesure conservatoire, lorsqu’ils doivent traverser le territoire burkinabè, les importateurs de Tilapia de ces pays n’auront plus le droit d’ouvrir leurs cargaisons, de l’entrée à la sortie du territoire nationale.

Le Burkina importe les 4/5 de sa consommation en poisson. En 2016, le pays a importé plus de 80 000 tonnes contre une production nationale de 22 000 tonnes. En 2017, la production nationale devrait légèrement augmenté. « Au Burkina, toutes nos importations proviennent de la Chine, nous n’avons jamais importé des pays sus-cités dans l’arrêté. Donc, ces Tilapia répondent aux conditions d’importations fixées », a précisé Henri Zerbo.

Aucun danger à consommer de tilapia

Les amateurs du poisson braisé n’ont donc pas de soucis à se faire, en cette veille de fête des amoureux. « Toutes les études ont montré que le virus de lac du Tilapia n’est pas transmissible à l’Homme. C’est pourquoi, il n’est pas nécessaire de douter de la qualité des poissons que nous consommons. Il n’y a aucun danger à les consommer », a assuré Dr Maïga.

Abondant dans le même sens, le secrétaire général par intérim, Amado Ouédraogo a invité les entrepreneurs à continuer à élever le Tilapia qui est prisé par les consommateurs burkinabè. Aujourd’hui, ils sont environ 200 promoteurs privés exerçant dans l’aquaculture au Burkina, un secteur pourvoyeur d’emplois. « Au Burkina, nous élevons actuellement deux types de poissons que sont le Tilapia et le Silure, mais principalement le Tilapia. Nous invitons les promoteurs privés à ne pas avoir peur et continuer à investir dans le domaine. Car, nous produisons seulement 1/5 de la consommation nationale », a-t-il lancé.

Moussa Diallo
Lefaso.net