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Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

Publié le vendredi 2 février 2018 à 14h00min

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Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

Barthélémy est son prénom de baptisé, de Chrétien. Pour ce vieux d’environ 80 ans, ce prénom doit signifier quelque chose comme Nathanaël, en fait, il ne sait pas très bien tout ce que cela pourrait signifier en réalité. Mais le prénom ‘’Tuâssi’’ donné par ses grands-parents il connait sa signification. En fait, ce prénom en langue Bwamou est le résumé, le comprimé d’une phrase, d’un évènement, d’une histoire.

Pour lui ils font partie de la grande famille BONZI et BONI. Selon lui, en fait, tous ceux qui portent le nom BONI, BONZI, BOMBIRI se reconnaissent de la même lignée, du même ancêtre chasseur. Nous l’avons rencontré le vendredi 26 janvier 2018, il nous parle de la signification de son prénom et le lien entre les familles BOMBIRI, BONI, BONZI…

Comment t’appelle-tu ?

Barthélémy Tuâssi : Barthélémy …

Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Barthélémy Tuâssi : C’est mon nom de baptisé, de Chrétien. Cela doit signifier quelque chose comme Nathanaël ; en fait, je ne sais pas très bien tout ce que cela pourrait signifier en réalité…

Mais quel nom t’ont donné tes grands parents ?

Barthélémy Tuâssi : Tuâssi…

Que signifie Tuâssi ?

Barthélémy Tuâssi : En fait, Tuâssi est le résumé, le comprimé d’une phrase, d’un évènement, d’une histoire… Avant ma naissance, ma mère était promise à un jeune homme du nom de Lansa, de la famille des Kosso-sa, dans le quartier Koundiakuy. Ce jeune homme a été recruté dans l’armée française en 1940 pour aller faire la guerre au pays des « Blancs ». Comme il ne revenait pas, un autre jeune du quartier Bonlékuy a voulu prendre ma mère pour épouse. Mon grand-père Wanlé a tout fait pour que mon père Lansa revienne. Il est revenu en permission en 1947.

Et lorsque je suis né, les grands parents m’ont donné le prénom de Tuâssi, pour affirmer aux yeux de tous qu’ils avaient raison de retirer ma maman pour qu’elle soit l’épouse de leur fils Lansa parti à la guerre. C’est d’ailleurs pour cela qu’à la naissance du frère qui me suivait, ils ont donné à celui-ci le prénom de Tuâdaba : c’est-à-dire, non seulement nous avons eu raison (Tuâssi) de prendre Yézoumahan comme épouse à notre fils militaire, mais nous réalisons dans la naissance de ce deuxième fils que nous avons eu raison sur nos concurrents ; notre position est plus forte que la leur. Tuâdaba signifie que nous sommes les plus forts. Nous sommes sûrs de nous maintenant.

Ce n’est pas possible que ces deux petits prénoms soient chargés d’une si longue et profonde histoire. Mais alors, ça, c’est uniquement pour ton prénom et celui de ton premier petit frère. Cela signifie que chacun de tes frères et sœurs porte un prénom chargé de toute une histoire et de toute une signification ? C’est dire que l’arbre que nous apercevons a des racines encore plus profondes que les branches qui montent au ciel ? Voilà que ça devient intéressant. Du coup votre nom de famille a aussi son sens et son histoire ?

Barthélémy Tuâssi : Bien sûr ! Thérèse qui suit Pascal « Tuâdaba » reçoit elle le prénom de « Tamussî » qui signifie « ma parole est belle, ma parole est juste » cela pour marquer encore les points face à ceux qui voulaient se mesurer à nous. Ensuite, Paul qui est né après Thérèse, reçut le prénom de « Zuka » en souvenir d’un évènement circonstanciel : notre grand père Wanlé, le jour de la naissance de Paul, travaillait à la réfection d’un toit et il aurait glissé du toit ; dans sa chute, il réussit à se rattraper et ne tomba pas ; alors en souvenir de l’enfant qui est né, il reçut le prénom de « Zuka » qui signifie : « j’ai glissé pour tomber mais je me suis rattrapé et finalement, je ne suis pas tombé »...

Et pour ce qui concerne l’Abbé Emile Bombiri votre petit frère : a-t-il eu aussi un nom donné par ses grands-parents ?...

Barthélémy Tuâssi : Bien sûr !... Mais bizarrement pour lui, personne ne l’a retenu car tout le monde l’a toujours appelé par son prénom chrétien d’Emile. Même les grands parents ont fini par laisser tomber ce nom qu’ils lui ont donné pour l’appeler par son prénom Emile ; c’est la raison pour laquelle nul ne se souvient du nom que tu as reçu… Cela est vraiment étrange… Je me souviens que la grande sœur de notre maman l’appelait elle par le surnom de : « Wa ninza » du fait qu’à sa naissance il était très mince, exactement comme elle. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

David Demaison NEBIE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 février 2018 à 17:12, par Mica En réponse à : Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

    Très intéressent comme histoire. Nous avons fréquente l’école primaire publique de Daboura (91-94), mais on nous n’a jamais enseigner cette si belle histoire de famille.
    Cela, nous interpelle une fois de plus, enseignons nos enfants nos histoires en lieu et place des histoires des colons.
    On dit toujours qu’un peuple se développe à travers son histoire, donc à la reforme éducative

  • Le 3 février 2018 à 09:33, par rabo En réponse à : Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

    Barthélémy : "C’est mon nom de baptisé, de Chrétien. Cela doit signifier quelque chose comme Nathanaël ; en fait, je ne sais pas très bien tout ce que cela pourrait signifier en réalité…"

    Tuâssi : "En fait, Tuâssi est le résumé, le comprimé d’une phrase, d’un évènement, d’une histoire…"

    Ces deux déclarations de Monsieur Barthélémy TUASSI résument à elles seules la perte grandiose que nous subissons en abandonnant nos us et coutumes.
    Nous épousons la culture des autres au détriment de la notre.

    Lorsque le journaliste, Monsieur David Demaison NEBIE, interpelle Monsieur TUASSI comme suit "C’est dire que l’arbre que nous apercevons a des racines encore plus profondes que les branches qui montent au ciel ?", je doute fort que nos futurs petits enfants puissent répondre à cette question.

    Qu’elle est belle cette histoire de Monsieur Barthélémy TUASSI et riche en enseignement.
    Merci à lefaso.net (Monsieur David Demaison NEBIE).

  • Le 3 février 2018 à 09:36, par AMKOULLEL En réponse à : Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

    Intéressant !! Même les prénoms de nos terroirs, us et coutumes qui sortent de nos intelligences et gratuitement offerts par notre Histoire, nous sommes incapables de les porter, de les transmettre à nos enfants. Donnons nos noms de terroirs à nos enfants SANS les coupler avec des noms étrangers de nos barbares bourreaux d’hier et d’avant hier : Eric, Blandine, Marie, Ismael, Hassan. Pourquoi les africains sont les seuls peuples à se plaire dans l’autre ?

    • Le 5 février 2018 à 10:19, par Timbila En réponse à : Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

      En fait nous avons besoin de burkinditude en tout. Je veux dire revoir l’orthographe et la prononciation des noms de famille, des prénoms dans nos langues et les noms des localités. En ce qui concerne les prénoms aujourd’hui, c’est souvent ridicule, on donne des prénoms à nos enfants sans connaitre la signification profonde. Les prénoms des télénovelas ??????. Tout changement est difficile et les initiateurs seront toujours pris pour des fous. Moi j’aime cette citation du président Nelson Mandela, tout semble impossible au départ, jusqu’à ce qu’on le réalise. On importe tout ce que font les autres.

  • Le 5 février 2018 à 10:28, par sandokan En réponse à : Daboura dans le département de Solenzo : La « petite » histoire des familles Boni, Bonzi et Bombiri

    J’ai beaucoup apprécié la franchise, la simplicité et l’humilité avec laquelle Barthélémy a relaté l’histoire de sa famille. Chacun de nous aurait souhaité connaître l’histoire de sa famille sans pour autant s’y arcbouter s’il se trouve qu’elle n’apporte rien de positif comme perspective d’avenir. Si j’étais par exemple un BONI, BONZI ou BOMBIRI, j’aurais eu une réelle fierté de connaître la signification du nom que je porte mais après, quel avantage palpable moi et ma descendance en tireront ?

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