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Culture : « La réalité du masque peut nous aider », affirme Honoré Damité SIDIBE.

Publié le jeudi 1er février 2018 à 17h03min

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Culture : « La réalité du masque peut nous aider », affirme Honoré Damité SIDIBE.

Du 24 février au 03 mars 2018 aura lieu la 14èmeEdition du FESTIMA (Festival International des Masques) de Dédougou. L’on assistera à un beau défilé des différents visages de nos masques d’ici et d’ailleurs (masque en feuilles, en fibres, en tissus, masque du jour, masque de nuit, masque à figure d’animaux, à visage humain etc…). Pour en savoir davantage, nous avons rencontré Honoré Damité SIDIBE. Il commence par nous faire comprendre que lui-même fait partie de cette génération de personnes qui sont nées à un moment où la tradition du masque existait de façon bien forte et visible ; c’est au cœur de cette société pétrie par la tradition du masque, qu’il est venu à la religion. Sa position face à cette question est d’autant plus aigüe qu’il est issu de la famille propriétaire des masques de son village. Pour lui, aujourd’hui, comme responsable de sa communauté religieuse, comment réapprendre à certaines personnes des différentes religions à aller à la rencontre de nos peuples, plonger dans nos cultures, accepter de les ouvrir à d’autres cultures pour vivre dans une harmonie intérieure ? La réalité du masque pourra nous y aider selon lui. Mais comment ?Lisons plutôt cet initié, ce qu’il nous dit du masque en général.

Le masque est-il quelque chose ? Ou bien le masque n’est-il qu’un homme ?

Honoré Damité SIDIBE : Comme l’a si bien dit Monseigneur Anselme Titianma Sanon, lors d’une conférence donnée au FESTIMA des masques tenu en février 2012, je vous informe qu’il était le parrain choisi pour présider cette édition, je cite : « La tradition du masque n’est pas une religion, mais une dimension des religions du monde, les religions cosmo-biologiques comprenant des croyances, des cultes (cérémonies, rites) et des observances, notamment le secret du masque et de l’initiation. De ce fait, le masque peut être le véhicule de sentiments religieux tels le sacré, le saint, le spirituel, le mystique et l’éthico-moral… ».

Alors, le masque est perçu comme un trait d’union entre le visible et l’invisible ! Le masque, son visage, sa danse, son accoutrement, bref ce que nous voyons traduit une toute autre réalité que nous ne voyons pas. Le visible perçu renvoie à l’invisible non exprimé. Du coup, celui qui s’arrête à ce qui est extérieur sans pouvoir plonger dans la réalité profonde de l’intérieur est appelé un non initié, un profane. C’est pourquoi le masque crée ce trait d’union entre le profane et le sacré.

Le masque est perçu ensuite comme un trait d’union entre le profane et le sacré !Un non initié ne peut pas porter le masque. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’initiation dans la plupart des cas finit avec la sortie des masques ; les nouveaux initiés sont alors habilités à porter pour la première fois le masque, signe de leur capacité de passer du profane au sacré et de tenir cette chose sacrée sans la divulguer ni la profaner.

C’est pour cette raison, qu’au moment de la confection du masque, les futurs initiés sont invités et lorsque le masque est fini, on les interroge : qui est derrière les feuilles ou les fibres… Le non initié qui a vu le visage de celui qui est maintenant dans le masque répond en donnant son nom. Il est alors fouetté jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il faut dire : c’est le masque et non tel… Du coup, porter le masque devient une forme culturelle, une expression de la culture.Et c’est cela que la musique, la danse, l’habillement du masque deviennent propres à chaque groupe, village, région, pays etc… Le masque est alors regardé comme expression culturelle.

Le masque traduit une expression culturelle !C’est là que chaque expression du masque cache une richesse que nous regardons sans voir parce que nous ne sommes pas initiés à la culture du peuple porteur de ce type de masque. Nous devenons des élèves, des apprenants à côté de ceux dont c’est la culture ; ceux-là deviennent les maîtres qui nous entraînent dans la lecture des différents codes.La forme du masque a sa signification : tête de crocodile, tête de faucon, tête de lièvre, tête d’antilope, tête d’hyène… tout ce que le peuple en question veut traduire comme symbole, totem, histoire propre de sa culture se trouve visualisé dans la forme que prend le masque.

Les matériaux utilisés pour confectionner le masque prennent également toute leur signification et leur intégration profonde dans la culture, dans l’environnement du peuple en question : masque en feuilles, et pas n’importe quelles feuilles ! Masque en fibres, masque en tissus, masques ornés de cauris ou dansant avec des grelots ; masques portant un fouet, un bâton, une machette, un sabre ou masques aux mains nues etc… Et c’est là que la nature devient l’espace, le lieu et l’expression de cette force.Le masque nous entraîne dans une expression de la force de la nature !

Le masque sort alors pour rythmer les saisons des travaux des champs ; il sort au début pour marquer le temps où Dieu féconde la terre par le don de la pluie et alors le masque danse en vue de saluer et comme pour appeler les premières pluies qui vont venir ouvrir la terre et lui donner de faire germer toute espèce de plantes et d’herbes… Il signifie la nouvelle création des jeunes pousses de feuilles et d’herbes, traduisant par là que la vie qui sort des racines de l’arbre et qui irrigue l’arbre, la vie qui jaillit du sol resté jusque là sec et aride est bien plus forte que la sécheresse et la mort. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

David Demaison NEBIE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 février 2018 à 12:31, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Culture : « La réalité du masque peut nous aider », affirme Honoré Damité SIDIBE.

    - Damité, ton nom bwamu est plein de sens. Damité signifie ’’Savoir se contrôler’’ ou ’’Se contrôler’’. Damité en tout cas ce que moi Kôrô Yamyélé je sais, c’est que dans l’ancien temps il y a environ 50 ans maintenant , dans le bwamu, chaque fois qu’on sort les masques il pleut. Surtout les masques en feuilles dits ’’Ngnonkon lèbè’’ ou ’’Mangeurs de Gnonkon’’. Pour ceux qui ne le savent pas le ’’Gnonkon’’ c’est simplement ce que les mossis appelent ’’Gonré’’.

    Par Kôrô Yamyélé

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