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Education : « L’unité organique de la CNSE n’est pas encore à l’ordre du jour »

Publié le jeudi 1er février 2018 à 17h04min

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Education : « L’unité organique de la CNSE n’est pas encore à l’ordre du jour »

Après la signature d’un protocole d’accord, le week-end dernier, mettant fin à la crise de quatre mois qui a secoué l’Ecole burkinabè, la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) a rencontré la presse pour lui témoigner sa gratitude et faire le bilan de la lutte qualifiée d’« historique ». C’était ce jeudi 1er février 2018 à Ouagadougou, à la Bourse du Travail.

Trois grèves, des sit-in hebdomadaires d’abord de trois heures puis de six heures (…) des tractations de plusieurs heures au Premier ministère avant l’apparition de la fumée blanche, dans la nuit du 27 au 28 janvier. La Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) a donné du fil à retordre au gouvernement et sans doute des insomnies aux parents d’élèves et à la presse. Toujours sollicités pour la visibilité des actions de X ou Y (même si cela est à relativiser), il est cependant inhabituel de voir les journalistes bénéficier d’un « gratias maximas » de la part des syndicats après la fin d’un quelconque bras de fer avec les autorités.

La CNSE a dérogé à la règle, ce jeudi, en remerciant les hommes et femmes des médias « pour avoir compris, diront-ils, et fait vôtre le combat des syndicats de l’éducation et de la recherche, en le considérant comme une cause nationale juste et noble ». Et comme annoncé lors de son assemblée générale pour expliquer les points du protocole d’accord, ce « contrat social » signé avec le gouvernement, Wendyam Zongo et ses camarades ont dressé le bilan de leur lutte.

Les acquis

Le porte-parole de la CNSE, Wendyam Zongo

« Notre objectif a été atteint même si cela ne l’a pas été à 100% », s’est réjoui le porte-parole de la CNSE, Wendyam Zongo, entouré de cinq autres secrétaires généraux de syndicats membres de la coordination. Pour ce dernier, la lutte entamée le 5 octobre n’avait pas pour objectif que de satisfaire les revendications des enseignants mais de résoudre aussi les difficultés rencontrées par les parents et les élèves pour l’accès et la qualité du système éducatif.

Ainsi, sur le plan des acquis financiers, les conférenciers disent constater des gains appréciables tant au niveau des échelons en 2018 (deux pour certains travailleurs et trois pour d’autres) qu’au niveau des indemnités spécifiques et de logement pour les enseignants en classe.

Une vue des journalistes

En ce qui concerne les conditions de travail, la Coordination nationale des syndicats de l’éducation se réjouit que le protocole prévoie des mesures de renforcement de la gratuité (production des manuels de qualité et e quantité), la restauration des bourses et l’amélioration des conditions de leur allocation, la création d’internats régionaux et provinciaux, l’augmentation graduelle des cantines scolaires, etc.

L’entorse

Badiel Souleymane. SG de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER)

Si la coordination a tenu quatre mois durant dans son combat, Wendyam Zongo pense que cela est dû entre autres à la détermination, la perspicacité de la direction collégiale, le choix des formes de lutte consistant à boycotter les évaluations. Toutefois, il note que la lutte a été entachée par quelques insuffisances. Il s’agit, à en croire les conférenciers, de la poursuite « quasi normale » des cours dans les établissements privés.

Les élèves, un adjuvant dans la lutte

Durant, le bras de fer qui opposait la coordination au gouvernement, plusieurs manifestations d’élèves, frisant l’incivisme, ont été constatées dans le pays pour soutenir les enseignants. A Fada N’Gourma, à Koudougou, à Boussé pour ne citer que celle-là.

Les conférenciers ont déploré ces actes d’incivisme même s’ils notent « qu’on ne peut pas faire d’omelettes sans casser les œufs ». Sur la question du drapeau mis en berne à Koudougou, Séma Blégné du Syndicat national des enseignants africains du Burkina Faso (SNEA-B) pense qu’il faut relativiser les choses : « Quand les élèves ont fait cela, ils ont dit à la presse avoir conscience que le drapeau est mis en berne que lorsque le pays est en deuil. Pour eux, c’est un deuil pour la nation que de voir des élèves faire quatre mois sans évaluation et voir leur année scolaire aller à vau-l’eau », a-t-il rappelé. Et de charger le gouvernement « Si nous ne cautionnons pas l’incivisme, nous pouvons comprendre certaines réactions des élèves (…) C’est l’autorité qui n’aurait pas dû laisser la crise s’enliser jusqu’à quatre mois au point que les élèves prennent peur pour leur avenir. »

L’avenir de la CNSE

Pour la CNSE, la question de l’unité organique n’est pas encore à l’ordre du jour

Après la signature du protocole, quel avenir pour la Coordination ? Pour Badiel Souleymane de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), Souleymane Badiel, la CNSE existe bien avant la création du ministère de l’éducation dans sa configuration actuelle. Et le plus important, à l’en croire, reste l’unité d’action. « La question de l’unité organique n’est pas encore à l’ordre du jour. Peut-être qu’elle le sera dans l’évolution des choses et du reste, le plus important, c’est la prise en charge des problèmes des travailleurs et de l’éducation. Nous allons nous donner les moyens de renforcer ce cadre de lutte pour à la fois prendre en charge la mise en œuvre du protocole d’accord mais aussi les autres grandes questions de l’éducation », a rassuré le SG de la F-SYNTER.

Un nouvel interlocuteur pas si étranger

Anatole Zongo SG du syndicat national du secondaire et du supérieur (SNESS)

Notons que lors des revendications du CNSE, certains acteurs avaient demandé la tête du ministre en charge de l’éducation nationale, Jean Martin Coulibaly. A la faveur du remaniement ministériel du 31 janvier, celui-ci a été éjecté de son poste. Il est remplacé par le Pr Stanislas Ouaro, précédemment président de l’Université Ouaga 2. Que pense la Coordination de l’homme ? Pour Zongo Anatole, SG du syndicat national du secondaire et du supérieur (SNESS), le plus important n’est pas de « changer Pierre par Paul »mais c’est de résoudre les préoccupations du monde de l’éducation.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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