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Congrès de l’L’ADF/RDA : « Justement, nous voulons que ça chauffe »

Publié le mercredi 29 juin 2005 à 07h23min

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Du 2 au 3 juillet 2005, se tient à la Maison du peuple, le congrès de l’ADF/RDA. Congrès qui risque de se tenir dans une ambiance orageuse, à en croire des rumeurs persistantes de dissensions au sein du parti de l’Eléphant. Nous avons rencontré Sidiki Belem, président du comité d’organisation de cette importante rencontre, qui va assurément lever le suspense sur un potentiel candidat à soutenir ou pas, à la prochaine présidentielle du 13 novembre 2005.

Vous êtes en plein dans les préparatifs de votre congrès. Comment les choses évoluent-elles ?

L’ADF/RDA est un parti de masse qui est présent dans toutes les provinces et dans tous les milieux. Il est donc normal que ses activités intéressent beaucoup de monde dans ce pays. Pour revenir à ce congrès des 2 et 3 juillet, le comité d’organisation travaille nuit et jour pour qu’il soit un succès tant sur le plan de l’organisation qu’au niveau des décisions politiques qui seront prises. C’est ainsi que 19 comités ont été mis en place pour mettre en œuvre les différentes actions qui sont inscrites dans l’agenda. Les activités majeures du congrès concerneront d’abord les cérémonies, d’ouverture et de clôture. En dehors de ces deux cérémonies, qui seront ouvertes à l’ensemble des militants, militantes et sympathisants, le président du parti donnera une conférence de presse juste à la cérémonie de clôture.

Des activités du congrès seront exclusivement réservées aux délégués mandatés par leur base. Ces délégués viendront des 13 conventions régionales des 45 Fédérations. En feront partie, des comités nationaux des cadres, des anciens, des femmes, des jeunes, des élus locaux et municipaux du parti et des membres du bureau politique national. Pour se faire une idée du nombre de participants, il faut savoir que chaque Fédération aura à désigner obligatoirement, procès-verbal à l’appui, cinq (5) représentants qui seront les véritables mandataires du parti. Il y aura donc plus de 500 délégués officiels que nous allons gérer. A Ouaga de trouver les 3000 autres invités pour remplir la Maison du peuple. A en juger par l’allure des préparatifs, tout se passe très bien et nous allons être dans les délais.

Quel est le thème de ce congrès et pourquoi l’avoir choisi ?

« ADF-RDA, quel programme alternatif pour le Burkina Faso ? ». Un thème qui a été choisi parce que nous avons toujours eu des programmes, mais nous estimons qu’il fallait les retravailler pour qu’ils soient adaptés au contexte national et international. Vous savez, le RDA date de 1946. En fonction de certaines réalités, il faut mettre ce parti à jour. Depuis un an, nous avons mis sur pied une commission chargée de revoir ce programme de fond en comble et de mettre sur pied un programme alternatif. Chez nous, comme nous sommes en démocratie, le congrès seul peut valider le programme. Voilà pourquoi nous le soumettrons à cette instance.

Pourquoi justement vous parlez de programme alternatif ?

.Nous sommes un parti et nous pensons gérer l’Etat. Nous l’avons géré trois fois successivement et aussi en partenariat avec des régimes. Nous pensons...ce n’est même pas que nous pensons, nous sommes sûrs que nous allons gérer ce pays.

On aura remarqué que ce congrès se tient à quelques mois de la présidentielle du 13 novembre. Est-ce un congrès d’investiture ?

Bon...Ceux qui suivent...heu... L’ADF-RDA aura son candidat. Maintenant, qui sera le candidat de l’ADF-RDA ? Ce sera au congrès du parti d’en décider. Nous ne sommes pas comme certains partis qui, dans une chambre, décident qui sera leur candidat. Nous datons de 46. Nous avons toutes les générations et nous travaillons d’une manière démocratique. Il faut que toutes les instances se réunissent et c’est à elles de voir, selon le contexte actuel et la réalité du parti, quel choix stratégique il faut faire. Il ne revient pas à un individu d’en décider. Il y en a qui vont vite en besogne. Nous avons lu dans les journaux toutes sortes d’inepties ! Cela n’engage que leurs auteurs. Mais nous restons convaincus que ce n’est que l’instance suprême, qui est le congrès, qui doit décider qui sera le candidat. Est-ce le président du parti, est-ce un militant, est-ce un cadre, est-ce une personne internationale, comme certains partis l’ont fait dans le temps ? C’est à l’instance suprême de décider.

Il semblerait qu’il y a deux camps qui s’opposent actuellement chez vous sur le candidat à présenter ou à soutenir. Qu’en dites-vous ?

Nous aimons ce genre de débat, car c’est cela aussi le RDA. Vous savez, c’est un problème de famille. Il faut que l’on discute. Chacun donne son point de vue. Notre président est ouvert et il écoute tout le monde. Il l’a même bien dit que :« Je me rallierai au camp qui semble le plus majoritaire, je ne suis qu’un esclave du parti. Je ne m’imposerai pas pour l’intérêt supérieur du parti ». Dans l’histoire du parti, ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se présente. Rappelez-vous le camp Issoufou Conombo, Gérard Kango ou celui de Joseph Ouédraogo ! C’est cela aussi un parti qui vit ! Voilà d’ailleurs pourquoi je suis content de militer dans le RDA ! S’il fallait seulement dire que c’est Pierre ou Paul et chacun s’aligne derrière comme des moutons... Les gens ont leurs opinions. Qu’ils disent ce qu’ils pensent ou ce qu’ils veulent ! C’est une preuve de vitalité et de dynamisme du parti.

Il paraît que le parti a investi Gilbert Ouédraogo pour rencontrer des candidats déclarés ?

Ce n’est pas « il parait » ! C’est une réalité. Ce sont les membres des instances suprêmes, réunies en session extraordinaires, en l’occurrence les membres du bureau exécutif national chargé de gérer le parti entre les congrès, qui l’ont décidé. Nous sommes le premier parti d’opposition. Après le CDP, c’est nous ! Qu’on le veuille ou pas. Nous avons estimé qu’à la veille d’une candidature, on ne peut pas, dans l’intérêt supérieur de la nation, se dire candidat ou présenter un candidat sans échanger avec d’autres candidats déjà déclarés. Ce n’est pas fair-play ! S’il y a un deuxième tour, il faudra forcément parler l’alliance ! Vous pensez que c’est à cette étape que l’on va commencer à négocier d’alliance ? Il faut que dès le premier tour, l’on sache quels sont les programmes des autres et quels sont les moyens dont ils disposent pour les mettre en action. Nous, nous présentons le nôtre et l’on juge.

D’aucuns disent que vous finirez par soutenir la candidature de la majorité au pouvoir, à savoir celle du CDP...

Candidat de la majorité ou pas, c’est le congrès qui va décider. Si le congrès dit que nous allons soutenir un candidat quelconque, nous le soutiendrons sans état d’âme. Maintenant, ce n’est pas quelqu’un de l’extérieur qui va nous dicter ce qu’il faut faire ! C’est une gestion de famille et jusqu’à présent, nous n’avons rien dit parce que nous fonctionnons comme dans l’ancien temps. Lorsqu’il y a un problème, tous les vieux du village se retrouvent et se penchent sur la question. S’ils choisissent une option, même si elle est mauvaise, vous vous ralliez ! Si vous n’êtes pas d’accord, vous sortez du village !...

Mais il y a quand même un problème. Votre président est le chef de file de l’opposition ! Donc il lui est à priori difficile de soutenir le candidat de la majorité. Si tel est le cas, il n’est plus le chef de file de l’opposition !

Est-ce que cette opposition même...Moi je pense qu’il faut être honnête et...Notre chef de file a la tête sur les épaules hein ! Certes il a été nommé chef de file de l’opposition, mais quelles sont les dispositions qui ont été prises pour mettre cet statut de chef de file de l’opposition en marche ? Rien ! Quant à l’opposition, chacun se contente de... Treize candidats déjà ! Nous, nous ne sommes contre personne. Nous pensons que la gestion de notre parti, l’ADF-RDA, n’incombe pas au chef de file de l’opposition en tant que tel, mais à la base et aux instances suprêmes. Les délégations qui viendront à Ouagadougou nous diront ce qu’il faut faire.

On présume donc qu’il y aura de l’électricité dans l’air et que ce sera un congrès chaud !

Mais c’est ce que nous voulons ! Quand ce n’est pas chaud dans un parti ce n’est pas bon ! Nous, nous voulons que les débats soient vivants. Je vous demande de repartir à l’Assemblée nationale aux temps des Gérard Kango.

Je ne sais pas quel âge vous aviez, mais demandez les cassettes. C’était chaud, vivant et intéressant. Les gens y affluaient et il n’y avait pas de place ! Aujourd’hui ils se réunissent, et on ne sait même pas que l’Assemblée se réunit. C’est cette vitalité que nous voulons ramener dans la politique. Nous invitons tous ceux qui ont des idées à venir les défendre jusqu’au fond. Que ceux qui pensent qu’il faut soutenir Blaise ou un chat viennent développer leur argumentaire jusqu’au fond.

Et les idées qui vont passer seront les arguments majoritaires ! Nous allons voter et trancher. La démocratie va ainsi triompher. Dans le cas contraire ce n’est pas la démocratie. Ni le bureau exécutif national, ni le président du parti, ni aucune autre structure ne peut décider de qui sera notre candidat. Maintenant quant aux intellectuels, qui, à gauche à droite racontent leurs histoires, c’est leur problème ! Il y en a qui ne connaissent pas le RDA. Ce qu’ils font ce n’est pas du RDA ! Mais c’est bon ! Dans un parti il y a du tout et nous prenons cela en compte.

Interview réalisée par Issa K. Barry
L’Observateur

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