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Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

Publié le mardi 26 décembre 2017 à 16h42min

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Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

Le Tribunal de grande instance de Ziniaré a tenu une audience foraine dans la commune rurale de Laye dans la région du Plateau Central, ce vendredi 22 décembre 2017. Sur le banc des accusés, une exciseuse de 55 ans et cinq de ses complices. Elles ont toutes été condamnées.

L’excision a la peau dure au pays des Hommes intègres. Malgré l’interdiction par la loi et les multiples campagnes de sensibilisation, des parents continuent d’exciser leurs enfants dans la clandestinité. Grâce à la collaboration entre les autorités judiciaires et le Groupe d’appui en santé, communication et développement (GASCODE), sur financement du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), six femmes ont été jugées lors de l’audience foraine de Laye. Les faits remontent à 2016 et 2017. N. Alimata, 55 ans, est accusée d’avoir excisé dans le village de Niou, six fillettes dont l’âge est compris entre 3 et 9 ans et une femme qui venait d’accoucher en 2016. Et également d’avoir répété la même action avec cinq autres fillettes et une femme qui venait d’accoucher en septembre 2017.

L’accusée après des minutes d’hésitation finit par reconnaitrs partiellement les fait pour ce qui est des six fillettes en 2016. Mais jure n’avoir jamais touché à une femme en délivrance sauf pour l’aider à accoucher, ni d’avoir excisé des enfants en septembre 2017. Les cinq autres à la barre, B. Awa (43 ans), N. Rakièta (65 ans), S. Rasmata (40 ans), S. Clarisse (41 ans) et O. Abibou (40 ans), accusées de complicité d’excision, d’avoir aidé, assisté et payé les frais de l’excision avaient pour défense Me Hamidou Sawadogo.

Exciser égale à rendre service

Selon l’enquête préliminaire, N. Alimata est une exciseuse réputée depuis des années. Bien qu’ayant assisté aux séances de sensibilisation sur les méfaits de l’excision, elle continue de « rendre service » au gens. Pour l’appréhender, il a fallu que des policiers déguisés en civils lui tendent un piège en sollicitant ses services. Croyant faire une bonne affaire, elle a vite cédé à la tentation et a été arrêtée puis déférée à la maison d’arrêt et de correction avec ses complices depuis plus de trois mois. Le certificat médical établit après les soins des victimes parle d’ablation du clitoris, d’ablation totale ou partielle des petites lèvres et des grandes lèvres.

A la question de la présidente du TGI de savoir pourquoi avoir fait exciser sa fille, O. Abibata, tout comme les autres, a brandi la coutume. Pour elle, cela est une pratique des grands parents donc elle n’a pas marqué de refus lorsque sa mère N. Rakièta (malade lors du procès) lui a fait la proposition. Et selon les témoignages, c’est cette dernière qui non seulement a touché les autres mères assises sur le banc des accusés, mais a marchandé avec l’exciseuse en question de venir « l’aider à arranger » ses petites filles. Surtout qu’elle dit ne pas savoir que cela était interdit. Les pères des fillettes appelés à la barre ont nié avoir été mis au courant de l’entreprise de leurs épouses.

Le ministère public près le TGI de Ziniaré, a relevé des contradictions dans les déclarations des accusés concernant la somme déboursée pour le service devant la Police nationale de Boussé, au Parquet et devant les juges. De 2000 FCFA par fille excisée, la somme est revenue à 1000 FCFA face aux juges. Le Procureur du Faso Abdou Fataho Ouédraogo a déploré le fait que des personnes âgées puissent mentir sans vergogne pensant se tirer d’affaire. Et la président du Tribunal Fati Kaboré de renchérir que même si l’excision avait été faite gratuitement cela n’enlève en rien l’interdiction par la loi, donc l’infraction est consommée et punissable.

18 mois fermes pour l’exciseuse

Pour cela, le Procureur du Faso a requis la condamnation de l’exciseuse à une peine d’emprisonnement de trois ans et une amende conformément à la loi et 12 mois fermes pour les cinq complices. Me Sawadogo, avocat des complices a demandé la clémence du TGI pour ses clientes qui ont reconnu les faits et demandé pardon. Pour lui, trois mois déjà en incarcération est une assez bonne leçon. Il assure que ses clientes seront celles qui dissuaderont les autres de commettre un tel forfait.

Félicité Bassolé, Secrétaire exécutive GASCODE

Le Tribunal a donc décidé de condamner l’exciseuse à 18 mois fermes et à une amende de 300 000 FCFA. B. Awa en a pris pour 6 mois fermes et 150 000 FCFA d’amende, N. Rakièta a été condamnée à une amende ferme de 900 000 FCFA et S. Rasmata, S. Clarisse, O. Abibou à 6 mois fermes chacune. Et toutes les six ont été condamnées aux dépens. Des peines selon la présidente du TGI qui devront interpeller plus d’un à abandonner cette pratique qui laisse des séquelles irréversibles et vitales chez la femme (stérile, mort). [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Marcus Kouaman
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 26 décembre 2017 à 16:52, par pigeon vert En réponse à : Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

    Pour nous africain ,l’excision est une identite . Nous l’avons dans nos chromosome ,c’est a dire dans le sang . On nait avec. On ne peut pas abandonner l’excision , on ne peut que la transmettre de generation en generation . La fille excisee est fidele et soumise a son mari .Ses enfants grandissent dans un foyer calme et serein dans l’amour ,dans la paix et avec une bonne education . Par contre, les filles qui n’ont pas connu l’excision ,sont insoumises ,trop distraites dans leur foyer conjugal . En Europe, beaucoup d’entre elles etanchent leur soif sexuel avec des animaux domestiques , ou achevent leur vie dans le divorce .
    L’excision en soit n’est pas mauvaise ; c’est sa pratique archaique qui l’est . J’exige avec fermete a nos bourgeois politico-bureaucrates ,de faire fi aux financements de ONU ,et legaliser l’excision afin qu’on puisse la pratquer sans danger dans les differentes hopitaux de la ville . Les organisation internationales doivent nous (africains) aider a ameliorer nos condition de vie et non a changer de vie . Ces personnes ressources du plateau central qui soupirent injustement sous vos brimades ,sont vaincus mais pas convaincus : donc l’excision va continuer son chemin . Arretez donc de baillonner le monde paysan ,Allez plutot a leur rencontre . Chers concitoyens ,n’assayez pas d’arreter le vent avec vos bras.

    • Le 26 décembre 2017 à 23:01, par Éberlué En réponse à : Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

      Le Petit Robert nous dit que le pigeon est un "oiseau au bec grêle, aux ailes courtes …, de couleur très variée selon les espèces".

      Notre pigeon de service serait vert.

      Difficile de répondre à ses roucoulements, qui datent d’on ne sait quel siècle …

      Il serait si souhaitable, toutefois, que l’on puisse "pratquer sans danger dans les differentes hopitaux de la ville" un autre type d’excision consistant à réséquer la partie du cerveau qui permet d’éructer des débilités telles que "l’excision est une identite . Nous l’avons dans nos chromosome ,c’est a dire dans le sang . On nait avec. On ne peut pas abandonner l’excision … les filles qui n’ont pas connu l’excision ,sont insoumises" et autres rares inepties du genre !

      Entre les deux types d’excision, mon choix est vite fait.

      • Le 27 décembre 2017 à 03:32, par 421 En réponse à : Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

        Éberlué, vous souffrez de la berlue. La verite est celle-la : Au Burkina Faso ,il n’y a pas de lutte contre l’excison ; mais il y a des bourgeois politico-bureaucrates qui s’enrichissent illicitement au nom de la lutte contre l’excision . Si l’ONU ferme son robinet d’argent ,la lutte contre l’excision prend fin immediatemant. Pourquoi ?. Parce que c’est l’argent qui est le moteur et non la souffrance des femmes .
        Je vous defie de me montrer les mefaits d’une excision pratiquee a l’hopital . Nous avons des hopitaux et des medecins tres competants.
        Liberons donc notre genie createur au profit du bien etre de la population.

        • Le 27 décembre 2017 à 21:11, par Éberlué En réponse à : Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

          Pigeon vert alias 421

          Les pigeons (verts) seraient-ils particulièrement lents à la compréhension ? Qu’elle soit pratiquée en milieu hospitalier ou ailleurs, l’excision dont il est question dans cet article reste un acte de barbarie !

          De grâce, rejoignez le reste du monde au vingt et unième siècle et "liberons donc notre genie createur" en faveur des grandes valeurs humaines et non au service de l’obscurantisme et de la sauvagerie.

    • Le 27 décembre 2017 à 08:58, par ZION En réponse à : Audience foraine à Laye sur l’excision : Une exciseuse et ses cinq complices condamnées

      Désolé pour cet internaute mais l’excision n’a jamais été une identité africaine,ce sont des pensées archaïques et des croyances injustifiées et dépassées que de croire à un quelconque bienfait de l’excision.Tous les maux qui sont causés par l’excision aux femmes ne sont visibles et l’État œuvre pour éradiquer cette pratique barbare et inhumaine.Aucune justification pour une personne qui est reconnu coupable de l’excision,force doit rester à la loi,nul n’est censé ignoré la loi.DURA LEX SED LEX.

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